Le facteur.

Le facteur.

Notre facteur, c’est le plus gentil des facteurs.
Toujours à l’heure, ou presque, je l’entends venir car il n’oublie pas
de faire résonner sa sonnette après le grand virage pour que je puisse
aller à sa rencontre. C’est un code secret entre nous deux, sauf qu’un jour,
il m’a dit qu’il faisait la même chose dès qu’il y avait des enfants.
Si vous voulez suivre notre facteur, écoutez sa sonnette, il sera là.
Il est très gentil car il présente toujours les lettres agréables en premier
et cache en dessous les factures. Il dit qu’il n’aime pas distribuer les factures.
Parfois, quand j’ai une lettre pour mon copain Philippe qui habite en haut de la côte,
il le lui remet sans le timbre. C’est un autre secret entre nous. Il ne faut pas le répéter.
Alors, pour le remercier je lui donne des pommes et des poires du jardin, parfois des radis,
des carottes et il met tout çà dans ses grandes sacoches.
Ce qu’il aime le plus, c’est quand je cueille des fleurs sur les talus et que je les dépose
aux endroits convenus sur le bord de son chemin. Il les ramène à sa femme qui est très
contente et comprend son retard pour les ramasser toutes.
En fait, le facteur est avec mon père en train de boire un p’tit coup !
Dame, après toutes les côtes, il faut bien un petit remontant.
Le chef de notre facteur n’a jamais fait le parcours en vélo et il ne peut pas s’en rendre compte.
La dernière, mon père voulait donner un chaton à la voisine qui habite deux côtes
plus loin. Hé bien, c’est notre facteur qui l’a pris dans les sacoches de son vélo.
Quand je vous disais que notre facteur, c’est le plus gentil des facteurs !
Un jour, je lui ai dit que j’étais toujours heureux de le voir mais que j’étais quand même triste
parce que je ne recevais jamais de lettres.
Le lendemain, il brandissait une carte postale en ne tenant son guidon d’une seule main !
Une carte postale pour toi, une carte postale pour toi !...
Fébrile, je regardais l’objet de tous mes désirs : c’était mon facteur qui m’avait écrit !
Avec un timbre, s’il vous plaît, et oblitéré par lui-même, sûrement !
Ce jour là, je décidais que je serai toujours fidèle à mon facteur.
Et, cette promesse-là, je l’ai toujours tenue.
Hélas, un jour, le facteur est venu sans son vélo mais une 2CV.
Il était très gêné, sans savoir s’il devait être fier ou pas.
Il n’y avait plus de sonnette mais un klaxon. Pourquoi faire ?
Sa tournée avait plus que doublé et il se rendait bien compte que s’il voulait
être à l’heure à la fin de la tournée, c’est tout juste s’il avait le temps de sortir
de sa 2CV pour mettre les lettres dans la boîte. Parce que nous, nous étions obligés
d’avoir une boîte, alors qu’avant, le facteur rentrait toujours dans la cuisine,
sans son vélo, mais parfois on se demandait si le vélo n’allait pas rentrer tout seul.
Pour les pommes, les poires, les radis et les carottes, c’était plus pratique, mais encore
fallait-il qu’il ait le temps de s’arrêter. Mon père n’était pas très content de perdre
une occasion de boire un p’tit coup.
Nous avons toujours notre facteur, mais nous ne nous faisons plus qu’un petit signe
par-dessus la haie.
Notre facteur à vélo, fait partie de la grande chaîne des hommes qui relient les hommes.
Beaucoup mieux encore que les agents de l’EDF qui sont obligés de monter sur leur poteaux
pour le dire. Notre facteur, il descend juste de son vélo et on cause.
Et savez-vous de quoi on cause avec mon facteur à vélo ? Du tour de France, pardi !
Il le fait plusieurs fois, son Tour de France, avec sa tournée en vélo.
Et les côtes, il connaît !
Facteur, c’est le meilleur entraînement pour le Tour de France.
Tandis qu’en 2CV, çà ne joue pas !
Lun 06 Août 2007, 11:43 par Xavier Huon sur Mille choses

Amour sans retour

Il est là, comme tout les jours. Ponctuel. L’instant d’un rêve, d’une trêve dans sa vie de paumé. Un arc en ciel à sa solitude. Une parenthèse. Sylvain, attend dans sa voiture. Garé sur le parking il piaffe d’impatience, comme un adolescent qui va découvrir sa première expérience silencieuse mais tapageuse. L’heure passe et elle n’est pas là. Vide absolu. Il rue de doute et de colère.

Chaque jour de la il se lève, déjeune seul et vite. Un brin de toilette et un rasage minutieux vient accentuer les traits radieux d’un matin plein de déclaration. Il accourt plein d’entrain sur ce lieu de rendez vous clandestin, pour parfaire son matin. Pour donner à ces nuits la tiédeur d’un souvenir. Pour nourrir ses nuits de parfum, de couleur de femme. D’une femme.

Mais aujourd’hui elle n’est pas là.

Pas de camionnette blanche aux rideaux à fleurs garée à la vue des hommes à la dérive du temps. . Pas de porte qui s’ouvre avec un sourire d’ailleurs, pour inviter ce dernier à monter dans l’Estafette du plaisir fardé. Ce matin, il sent une certaine moiteur rouler le long de son dos. Ce matin, il sent son visage rougir d’agacement sous cette attente mal venue, pas prévue. Pas envisageable. Raison désordonnée. Pensée instable. Débâcle des sentiments mielleux.

Où est-elle ? L’a-t-elle oublié ? N’a-t-il pas son importance dans sa vie ?

Elle sait combien ce moment charnel a sa place dans ces matins , dans ses mains, dans ses pas, dans ses lectures, dans ses humeurs. Elle doit s’en douter, depuis six mois il est là lorsque les rayons du soleil balayent la camionnette pour chasser la rosée qui se pose sur les vitres. Il n’a jamais manqué un matin. Pour lui c’est un rendez-vous timide pour chasser la solitude de sa chair. Il n’est pas un client comme les autres, il est lui.
Cette fille de rien, cette putain, le fait attendre. Celle qui lui appartient a l’audace de ne pas être sur le parking, à sa place. Pourtant il sait tout d’elle. Les premiers mots, les premières phrases. Les premiers gestes pour glorifier son attelage. Il sait la moue qu’elle fera lorsque sa bouche saisit son édifice. Il sait aussi la couleur de son vernis sur ces doigts experts quand ceux-ci habillent son désir pour jouer la finale d’un moment fugace mais monnayable. Tout a un rythme, une perfection dans ses gestes. Il la voit remettre à la hâte ses bas, il connaît ses manies pour les dérouler sur ces cuisses. Il en connaît la matière, le nylon, le goût, l’odeur pour les avoir serré contre lui dans un instant égarement. Elle est son histoire d’amour. Hier encore il lui a dit à demain. C’était une promesse, un soupir. Une majuscule où chaque mot prend un élan. Un élan, un soupir. Elle est lui, il est elle.
La rosée s’agglutine sur les vitres pour faire suffoquer la chaleur des rayons de soleil.

Son cœur vibre, ronfle, respire de façon décousue, saccadée. Une panique s’installe dans ses gestes, dans ses pensées.
Une odeur de transpiration aigre se dégage de tout son corps, Sylvain perdu dans ces horaires est en sueur. Sueur d’impatience, aiguë.
Le soleil depuis longtemps a bu la rosée de ce matin de velours usé, passé.

Demain matin, Sylvain déjeunera lentement et seul parce que personne ne l’attendra.
La rosée aura pris son temps pour disparaître ce matin-là.

Fille du peuple
Ven 30 Mars 2007, 10:43 par Fille du peuple sur L'amour en vrac

Si un jour tu crois que tu m'aimes...

Ne crois pas que les souvenirs me gêne... Non ne le crois pas ...



Message personnel

Au bout du téléphone, il y a votre voix
Et il y a des mots que je ne dirai pas
Tous ces mots qui font peur quand ils ne font pas rire
Qui sont dans trop de films, de chansons et de livres
Je voudrais vous les dire
Et je voudrais les vivre
Je ne le ferai pas,
Je veux, je ne peux pas
Je suis seule à crever, et je sais où vous êtes
J’arrive, attendez-moi, nous allons nous connaître
Préparez votre temps, pour vous j’ai tout le mien
Je voudrais arriver, je reste, je me déteste
Je n’arriverai pas,
Je veux, je ne peux pas
Je devrais vous parler,
Je devrais arriver
Ou je devrais dormir
J’ai peur que tu sois sourd
J’ai peur que tu sois lâche
J’ai peur d’être indiscrète
Je ne peux pas vous dire que je t’aime peut-être


Mais si tu crois un jour que tu m’aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu’à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m’aimes
Et si ce jour-là tu as de la peine
A trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S’installe en toi
Pense à moi
Pense à moi

Mais si tu crois un jour que tu m’aimes
Ne le considère pas comme un problème
Et cours, cours jusqu’à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m’aimes
N’attends pas un jour, pas une
Car tu ne sais pas où la vie t’emmène
Viens me retrouver
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S’installe en toi
Pense à moi
Pense à moi.

Françoise Hardy ...
Mer 18 Oct 2006, 06:27 par coeur lourd sur L'amour en vrac

Babou! La Gomez dort chez le Docteur ce soir... ;-)

Bonjour Luc,

Je reviens mais... vous étiez, oui, tous les deux, la dernière... vous m’ avez fait une non assistance à Gomez en danger...
Vous, la Batterie Magnum, ..., Elle est, ..., RRRRRRRRRRRRRR
Franck a choisi Le sérrurier. Merci Franck.
Bib a son steack haché Kabira et je la vaccine la prochaine ( on va rire )
Steph, Le garde du corps GSM me réserve le Chocolate, il ne veut pas voir ta Nana ac autre chose sur Elle. ( et le Stéphane dont je parlais, c’ était bien mon fournisseur en téléphones portables de la même rue que Luc, le docteur de Gomez, et de ma bijouterie où La Montre de Plongée FOSSIL ne s’ en fait pas des faux, justement... Je la répare, la fait polir, ce n’ est pas un hasard si elle descend à 300 mètres, et moi, " L ’échelle, en apnée, connais pas, encore mieux sans bouteille! "
Ah oui, j’ ai ramassé une girolle pour le chef cuistot du Cristal mais Damien avait son GSM en Panne de batterie...
Et aussi, j’ ai vendu des bonbons des Vosges ac l’ assoce de protection mondiale des animaux pour Roméo et Juliette ( Un couple d’ Inséparables Chinchila " et j’ ai apporté des bonbons au fleuriste du marché qui m’ a dit qu’ en effet, il s’ occupait de tes décors de hall et de chambres à Tokyo ( il m ’aime bien, on a papotté fleurs, tu me connais ).

Il y a bien les ptites boîtes poubelles pour les chiens, il manque des gens hônnetes, car j’ ai papotté aussi ac une vielle dame qui s ’était faite rouler aussi dans la Flavour, en voulant héberger... Mais c’est le risque à prendre et on étaient contentes toutes deux, d ’autant plus que son cleps tenait la facture De l ’objectif Canon vendu et non livré.

Génial!

" Je sais que t’ aime jouer ( 6 mois ) "
" Mais non!!! il va vous la déchirer..."
" Pardon??? Vous Plaisantez??? Puisque je vous dit qu ’il est en train de tenir ma facture de vendeuse... il est sympa ce chien..."

Luc est supra gentil, il m’ a filé un sourire, m’ a engueulée tendrement en bon maître d’ école parce que Gomez, je l’ aime tellement que j’ en oublie que c’est une classique et pas une Basse.


A mon Père.
Depuis le temps qu’il m’ a appris à accorder en jouant les lignes d’ un Bassiste.

Fannie.
Sam 14 Oct 2006, 19:12 par Chogokinette sur Citations

Aimons nous vivants

Comme une envie de dire je t’aime
Quand on est au bout de soi même
Quand il n’y a plus aucune raison de le cacher
Comme une envie de rêver tout haut
Te dire enfin les mots qu’il faut
Les mots faciles qui ont le pouvoir de déranger

Et ce soir,
Je veux briser les ponts
Du silence
Franchir le mur du son, le temps d’une chanson

Aimons-nous vivants
N’attendons pas que la mort nous trouve du talent
Aimons-nous vivants
S’il faut danser, je veux danser maintenant
Aimons-nous vivants

Aimons-nous debout
Faisons la paix, faisons l’amour entre nous
Aimons-nous surtout
Pour ne plus jamais, jamais vivre à genoux
Aimons-nous vivants

Combien de larmes et de sourires
De mots qu’on n’a pas osés dire
Dieu que le silence est une arme qui fait souffrir!
Combien d’amours inavouées
Combien de passions condamnées
Au nom de ceux qui ne pourront jamais en mourir?

Mais ce soir,
On va se dépasser
Faire la fête,
Au nom de l’amitié, simplement pour chanter


C’est vrai, on ne peut pas changer le monde
Je sais, mais je veux y croire une seconde
Aimons-nous vivants
Maintenant




Ces quelques paroles de chanson comme le témoignage qu’il ne faudrait jamais oubier de dire aux gens qu’on les aime...
ne pas les abandonner dans leur solitude...et qu’un jour il soit trop tard.

Ces quelques paroles de chanson comme le témoignage que demain je penserais à toi, car je sais que demain ta famille et tes proches t’accompagneront dans ton dernier voyage, tu as choisi de partir il y a une .
Moi je ne pourrais pas t’accompagner, cette histoire pourrait être la mienne...
Tu as voulu partir, on n’ a pas pu te sauver...trop tard.

Tu es morte de chagrin par amour....

Marie
Mar 19 Sep 2006, 11:53 par Satine sur Parler d'amour

Coïncidence ou causalité ? (3)

Soupir : Une nouvelle et il était là. Cette fois, en plus du traditionnel camion, une voiture bloquaient le passage et elle n’a pas pu faire autrement que de se retrouver tout près de l’entrée de son entrepôt. Il était là, sur le seuil, en train de parler à son interlocuteur. Elle sentait son cœur battre à tout va alors que les yeux clairs se posaient sur elle... Elle sentait bien qu’elle ne pouvait pas se composer un visage froid. Elle sentait que ses yeux la trahiraient, elle était trop émue, trop proche de lui. Alors elle a été lâche, n’a pas levé la tête, n’a pas tourné son visage vers le sien, n’a pas souri. Elle ne s’est pas davantage attardée, elle a poursuivi sa route en sachant fort bien que bientôt, très bientôt de longs mois la séparerait de lui, peut-être était-ce même la dernière fois qu’ils se croisaient...
Sam 10 Juin 2006, 20:25 par dolce vita sur La première fois

Coïncidence ou causalité ? (2)

Brève : Pendant près d’une , elle ne le vit pas. Les entrepôts, sombres, restaient fermés. Ce matin, enfin, il était là... Avant même de traverser elle l’a pressenti. Le regard de l’homme la précédait, tellement insistant qu’elle a fini par lever les yeux vers lui dès qu’elle fut à sa hauteur. Juché tout en haut d’un camion citerne en compagnie d’un client, il attendait son regard, les yeux clairs la cherchaient, ils voulaient lire en elle et parler en même temps. Elle l’a senti comme une caresse. Elle a croisé son regard qui lui souriait, l’invitait à le rejoindre. Il n’a pas trouvé les mots pour dire, alors ce sont les yeux qui s’en sont chargés... Elle lui a rendu son sourire et a poursuivi sa route. Le regard qui avait tant à lui dire, ce sourire, elle l’a gardé bien à l’abris du vent qui ne cessait de souffler, bien au chaud, dans son coeur, pour qu’il ne soit pas malmené... Et, tout en s’éloignant de lui, elle sentait posé sur elle, tendre, son regard...
Ven 02 Juin 2006, 19:26 par dolce vita sur La première fois

Mont des brumes (5)

Un paysage urbain que l’on devine dans la brume du matin. Au loin, le bruit des bateliers. Il fait un froid humide, le soleil est loin de la ville, il ne peut percer la moiteur feutrée que l’on sent peser sur la citée... Dès l’aube, les bruits des voitures à chevaux se succèdent et envahissent la scène, se répercutent sur les immeubles à quatre étages, jusqu’au chapeau pointu de la dame de fer qui sort de son sommeil, immobile... Frédéric n’hésita pas à frapper à la porte de la maison, se sachant attendu. Il avait ajusté sa tenue, resserré son noeud de cravate, lissé sa mèche rebelle, respiré un bon coup comme avant la plongée. La porte s’ouvrit sur une ombre menue qui lui fit signe de la suivre. La pénombre des lieux ne lui permettait pas de voir qui l’invitait de la sorte. Il fut conduit ainsi jusqu’à l’atelier baigné, à cette heure, d’une lueur rosâtre qui venait de la baie vitrée, surplombante. « Je n’ai pas pu dormir », lui dit l’ombre qu’il reconnut pour l’étrange jeune femme qui l’avait reçu, il y avait moins d’une . Elle portait un déshabillé et ses traits tirés prouvaient qu’elle disait vrai. Elle le regarda avec attention et à brûle-pourpoint, lança :
- « Qui a fait cette toile, ce n’est pas lui n’est-ce pas ? ».
Il la regarda à son tour, ne sachant que faire, que dire, où poser les yeux...
- « Je ne puis pas vous répondre », murmura-t-il...
- « Bien, votre silence est un aveu. Je ne sais pas encore qui a fait cette toile, ce chef-d’œuvre.. Mais croyez bien, Monsieur, qu’un jour je le saurais et... »
Elle ne pût poursuivre, mû par une énergie soudaine, il lui avait pris les mains et l’implora :
- « De grâce, Madame, quoique vous découvriez, faites-moi la promesse de n’en rien dire. »
- « Votre supplique est charmante, or, elle me prouve une fois de plus, combien le monde se trompera en adressant à l’un les éloges revenant à un autre... ». Elle ne s’était pas dégagé de l’étreinte qui les troublait tous deux. Il précisa à voix douce :
- « Oh, mais, peut-être est-ce que le peintre a d’autres motivations en peignant que la gloire... »
- « Sans doute, il s’agit d’un peintre immatériel et qui se nourrit de lumière, de beauté et de grâce », se moqua-t-elle gentiment.
Elle le regarda plus attentivement encore, essayant de deviner dans l’ombre évanescente l’homme qui lui faisait face. Ils restaient là tous deux, proches à sentir leur souffle...
- « Vous peignez, vous même n’est-ce pas ?" , chuchota-t-elle sur un ton qui se voulait anodin.
- « Oui, certes.... » souffla-t-il, soudain troublé. Malgré sa carrure impressionnante, elle le sentit rougir comme un petit enfant pris en faute. Elle n’hésita pas :
- « Ecoutez, j’ai une proposition à vous faire.... », ses yeux brillèrent avec intensité, alors qu’elle lançait sa bombe. Il resta sans voix.
Elle lui fit prendre place sur un fauteuil auprès d’elle en s’enveloppant de son mieux du long châle qui recouvrait sa nudité. Elle sentait encore ses mains toutes brûlantes de leur étreinte...
Elle allait argumenter près d’une heure avant qu’il n’accepte. Elle allait l’introduire, malgré lui, dans le tout Paris. Son idée, elle le savait, ne pouvait échouer.
Elle le raccompagna sur le pas de la porte sans qu’Augustine ne sorte de sa cuisine, trop occupée à plumer une volaille et à discuter avec Jean, l’homme de main... Ainsi, leur rencontre resterait secrête. Tant mieux. Lorsqu’il fut sorti, elle s’adossa à la porte et mit une main sur son cœur, qu’elle ne maîtrisait plus. Un sourire très doux inonda son visage.
Dehors, le jour avait pris de l’assurance. Frédéric, la toile sous le bras, ne sentait rien d’autre que la chaleur qui, de ses mains, inondait son corps, son coeur, son âme...
Ven 02 Juin 2006, 10:14 par dolce vita sur Histoires d'amour

Polychromes (4)

La journée s’était passée dans une agitation constante auquel son esprit faisait écho. Elle ne pouvait s’empêcher de songer à John et de sourire. Il n’était pas du tout comme les hommes qu’elle avait pu rencontrer. Non, certainement pas. Il était.... différent. Elle haussa les épaules devant sa propre gaucherie. Elle essaya d’y voir clair en elle. Si souvent ces messieurs lui disaient des douceurs comme on engloutit un paquet de pop corns, sans y penser ; lui n’agissait pas ainsi. Elle se rendait bien compte que les mots dont il l’abreuvait, il les pensait longtemps avant. Ils avaient d’autant plus de prix que cela lui coûtait visiblement d’ouvrir la bouche sur ce qui touchait son intériorité, une grande pudeur l’habitait. Et il en avait encore tout plein de ces mots tendres qu’il gardait en réserve jusqu’au moment opportun. Elle le présentait. Elle avait très envie de l’appeler, de le voir, de l’entendre... « Très peu féminin comme attitude », songea-t-elle. « « Un homme propose »... Moui », se disait-elle, « quand on lui en laisse le temps »... Elle était en train de finir un article et mâchouillait un bout de pain quand la sonnerie du téléphone la fit sursauter ! « Je vais m’offrir un téléphone avec répondeur, se dit-elle, ce ne serait pas du luxe pour travailler en paix ».
C’était John. Elle changea de couleur, blêmit, rougit, un éclat de joie vint illuminer son sourire et ses yeux pétillèrent ! Il lui proposait d’aller avec elle à un concert, il avait deux places et pensait lui faire plaisir en l’invitant.
-« Fabuleux », lui dit-elle, « Sûr que ça marche. D’accord pour la prochaine, je vais m’organiser».
Elle allait le revoir et c’est lui qui l’invitait... Lui. Il avait toujours sa voix légèrement chantante qu’elle aimait tant. Elle aurait fait des bonds jusqu’au plafond ! Elle s’était retenue de ne pas hurler sa joie au téléphone pour ne pas l’assourdir... Elle se mit à improviser une danse au rythme de sa joie avant de se souvenir que son papier était urgent. Elle avait horreur du travail bâclé. Au journal, on appréciait son professionnalisme et elle n’était pas peu fière des compliments des lecteurs et de son rédacteur en chef. Ce soir, son esprit était ailleurs, elle eut beaucoup de mal à se concentrer. Dans sa tête revenait un prénom. Elle se mit à fredonner « Tonight », avant de se rendre compte du ridicule de la scène et de l’urgence de son boulot... Elle se traita d’adolescente attardée et acheva... Elle ne devait plus être dérangée ce soir là que par ses rêveries. C’est elle qui appela son amie Lindsey pour prendre de ses nouvelles...
Jeu 18 Mai 2006, 18:14 par dolce vita sur Histoires d'amour

Horaire discordant

Je travaille de soir, lui, de jour....

Je laisse durant la qui nous sépare la braise envahir mon ventre. Cette braise de plus en plus chaude en devient presque insupportable, brûlante.

Laissant échapper quelques gouttes de sève, tel un volcan jaillissant de sa lave, ma fente opprimée dans sa petite culotte ne demande qu’à être délivrée par ton membre chaud. Je suis là à travailler à installer cet harnais électrique, à fantasmer à l’idée de frotter délicieusement mes jolis petits seins sur ton visage, pour ensuite les passer sur ton pénis en érection. Je veux tes mains douces et baladeuses sur mes fesses rebondies et sa rosette timide, bien logée entre les deux beignets frais , j’imagine ta langue et ton souffle chaud l’effleurer tout en laissant ton index pénétrer mon vagin.

Toutes ces idées se bousculent dans ma tête. Quand sont passées ces pulsions génitales, je repense à ton sourire. Tu as des yeux si amoureux quand tu me regardes ! Tes longs cils noirs, ton iris bleu minuit, tout ce mystère dans ton regard ! Je vois
toutes ces petites attentions qui font de toi un homme charmant.

Je m’ennuie !

Hélas !quand je m’ennuie de toi, même si je reviens à notre amour qui grandit de jour en jour, mes pulsions animales me font repenser, toujours, à ce four qui brûle dans mon ventre.
Jeu 29 Déc 2005, 09:50 par mistelle sur Les liaisons sulfureuses

Je cherchais un ami...

Oui, cela a commencé comme un jeu. Pour rire, par bravade, par curiosité, j’ai accepté d’essayer ce moyen moderne de rencontre d’un ami à distance. Prendre le temps de connaître l’autre, prendre le temps de s’apprivoiser. Après tout cela évitait déjà les fausses interprétations de surface : pas l’illusion de nos carcasses, c’était déjà un pas de fait... J’ai patiemment parcouru toutes les conditions pour m’inscrire et envoyé la petite photo qui malgré tout révélait mon visage: et paf, les messages défilaient et pas que des messieurs (j’avais pourtant précisé, m’a-t-il semblé) ; il y avait vraiment matière à te trouver, toi, l’ami rêvé. L’ami, un vrai, un qui vous connaisse de dedans avec qui on partage ses états d’âme et ses coups de rire ou de blues, un peu de temps et de tendresse... Après quelques prises de contact à droite et à gauche, on va vite pour éliminer ceux qui sont trop légers... En général, c’était plutôt pressé. Un besoin qui ne pouvait attendre le prochain arrêt... Enfin, je t’ai rencontré. Ta situation proche de la mienne nous prêta à sourire, tes traits d’esprit qui répondaient aux miens, ta vivacité à répondre m’avaient attirée. Une touche de complicité et j’avais eu plaisir à te retrouver très régulièrement le soir après 20h30, nous jouions des parties de discussions très vives, ou la séduction jouait son rôle mais en restant discrête... Et puis, un soir, moins d’une s’était passée, patatras, "l’ami" ne devait plus tenir dans le costume étroit dont il s’était paré : le voilà qui, tel Adam, comme un ver, se révélait nu à son clavier... habitué et pas du tout gêné. "Rideau"...

J’ai recommencé très sagement à suivre les consignes, tout le processus mais cette fois, pour me désinscrire et ma photo fut retirée... Après ? J’ai soufflé.

Moralité : Plus on plane et plus il faut préparer l’aterrissage pour ne pas se casser le bout du nez...
Lun 05 Déc 2005, 14:42 par dolce vita sur Amour internet

Faites moi rêver

C’est ainsi que débuta réellement ma petite aventure. Les premiers jours, je parlais seul, palabrant sur mes sentiments envers l’atmosphère morose de notre société, tout en tentant de ponctuer mes monologues par quelques plaisanteries qui déridaient les visages (en fait je pense que mes propos étaient plus tournés vers l’ironie et le cynisme que vers le discours politique !) . J’étais heureux de voir que mes « interlocuteurs » étaient assez fidèles et que d’autres voyageurs même venaient faire le trajet dans notre wagon. Ils devaient certainement me considérer comme un phénomène, mais le principal était que chaque matin, j’avais le privilège de recevoir de nombreux sourires, accompagnés de ces « bonjour » qui manquaient tant. A la fin de la première , quelques passagers se joignirent à moi dans la discussion, désireux de parler de leurs démêlés avec l’administration (l’un des sujets que j’avais abordé la veille, comparant une fois de plus les fonctionnaires d’aujourd’hui avec les ordinateurs de demain ou d’hier d’ailleurs…).
Au fur et à mesure des matinées, les débats s’animaient peu à peu et on pouvait alors commencer à cerner quelques principaux traits de caractère.
Mais je constatais peu à peu que les gens commençaient à se lasser de tous ces propos qui ressemblaient de plus en plus aux disputes politiques des repas de famille. En toute franchise, je les comprenais vraiment. Il fallait changer de terrain. Un jour, j’entendis parler deux « nouvelles » dames, persuadées d’avoir affaire à un coup de pub de la part de la S.N.C.F. Les détrompant vivement, je répétais sans me lasser les raisons de mes discussions, en m’attachant cette fois-ci au manque de romance des transports en commun :
« N’avez-vous jamais remarqué, chaque matin, cette sorte de tristesse qui s’empare de nous dès qu’on pénètre dans le train ? C’est comme si chacun oubliait toutes ces belles paroles qu’ils ont prononcées un jour, sur la morosité générale, sur la lente agonie de la communication entre nous tous. Ceci est dû, et c’est mon intime conviction, à la décrépitude du romantisme. Parce que le romantisme, c’est être à l’écoute, continuellement. A l’écoute de tout son environnement, incluant les êtres humains au même titre que la nature. Et c’est justement de ça dont nous manquons actuellement. On n’ose plus s’ouvrir aux autres, craignant le ridicule ou trop fier pour accepter sa solitude. Ce qu’il faudrait en fait, c’est qu’on se ressaisisse, nous tous, ensemble, les habitants du train, que l’on regagne du terrain sur la grisaille qui nous entoure. Qui n’a jamais écrit quelques lignes, au hasard de ses pensées ? Qui n’a jamais tenu l’espoir ne serait-ce qu’un seul instant, d’être le héros d’une fabuleuse histoire, se laissant emporter dans un monde de fées ?
Ce monde auquel on rêve, ce monde dans lequel chacun est ce qu’il veut être, tous ces mondes que l’on crée, détruit puis recrée, on les porte en soi. On a tous notre côté romantique ! Vous, moi, on ne peut s’empêcher de rêver ! Et nous tous, ici, dans ce train, imaginez le nombre de mondes qu’on pourrait créer tous les jours ! ».
C’était venu comme ça, sans prévenir et ces chères dames en parurent enchantées. En cet instant, j’avais tout à fait oublié que le romantisme était sempiternellement lié à la mort et aux amours impossibles, mais c’était comme ça : le ‘romantisme’, tel qu’il est perçu de nos jours, prit donc le pas sur la politique, recevant plus de succès que celle-ci. Les habitants du train ne désiraient en fait qu’une chose, l’évasion par le rêve et le lyrisme.
Bientôt, les plus enhardis apportèrent des recueils de poèmes, les lisant aux autres passagers, avant de discuter sur leurs choix, leurs sentiments, leurs idées. Ceci me permit de comprendre que l’on apprend beaucoup plus d’une personne en lui parlant de poésie qu’en l’écoutant discourir sur tel ou tel sujet d’actualité. Même ceux qui ne parlaient pas montraient leurs sentiments : un petit sourire quand il faut, un regard pétillant, ou simplement plus brillant que d’habitude parfois ; tant de petites choses qui vous renseignent sur les pensées d’une personne. Ensemble, nous démolissions le mur que chaque personne, au fil des années, avait construit autour de son monde, désireuse de cacher ses rêves aux étrangers.
Un matin, dans la logique de ce que j’avais instauré, je me décidais à apporter mes propres poèmes. Ceux que j’avais accumulés, un à un, depuis quelques années déjà. Lorsque mon tour arriva, je ne savais toujours pas par lequel j’allais commencer. Et puis je me lançais :

« Sombre comme son âme, elle s’approchait de lui ;
Sans l’ombre d’un remord, il lui offrit sa vie.

Depuis ce jour lointain, où il s’était épris
De cette tendre personne, qu’il avait tant chérie,
Jamais il n’avait pu la chasser dans l’oubli.
Elle occupait ses rêves, son cœur et son esprit,
Le hantait tous ces jours, jusque tard dans ses nuits.

Quand sur lui se posaient ses doux yeux de velours,
De son coeur jaillissaient les plus purs sentiments.
Enfouis au fond de lui comme l’était son amour,
Ils lui donnaient la vie, le tiraient en avant
Dans ce monde que pourtant il avait tant haï.

Mais silencieusement, il souffrait de la voir,
Ne pouvant la toucher, n’osant la décevoir,
Conservant ses caresses, ses baisers les plus doux,
Espérant bien qu’un jour, il lui avouerait tout.

Mais ce jour ne vint pas et la folie le prit,
L’amour se transformant en une lente agonie.
Et son dernier baiser fut pour cet ange noir :
Il lui donna sa vie, son cœur et ses espoirs. »

Je lus encore deux autres poèmes, puis me tins silencieux quelques instants. J’étais dans une sorte d’état second. Je ne sais pas comment vous transcrire le trouble dans lequel je demeurais mais si j’avais pu me regarder alors, je pense que j’aurais vu le petit garçon que j’avais été et que j’étais à nouveau. C’était comme si j’étais perdu dans la foule et que je n’osais pas demander aux gens s’ils avaient vu mes parents. Durant ces deux ou trois secondes, qui me parurent durer le temps d’une enfance, j’aurais aussi bien pu fondre en larmes ou rire à en mouiller mes chaussures tellement mes sentiments échappaient à tout contrôle. Mais au lieu de cela (et fort heureusement d’ailleurs) je remarquais le silence interrogateur des passagers. Après quelques instants, une jeune femme m’en fit comprendre la raison :
« No, dis moi si j’ai rêvé mais les trois poèmes que tu viens de nous lire se terminent par la mort ?
- Ben non, t’as pas rêvé. C’est plutôt glauque non ?
- Un peu qu’c’est glauque ! ».
Là, c’était Eric qui avait pris la parole.
« Mais c’est bizarre, t’as pas l’air d’un mec triste pourtant. Tous les jours t’es là, à nous raconter des trucs pour nous faire marrer et aujourd’hui tu nous sors que t’es un mec glauque ? Là j’te suis plus. »
Je restais un moment sans voix, n’ayant pas prévu l’effet que feraient ces poèmes. Après tout, les poèmes que j’avais entendus jusque là n’étaient pas toujours d’une gaîté à vous faire sauter la vessie ! J’avais même eu l’extrême privilège d’écouter une ode funèbre à deux poissons rouges (bon je vous l’accorde, l’exemple est mal choisi, redevenons sérieux...). Pour mes amis du train, j’étais en fait devenu un vrai clown et un clown ne doit jamais dévoiler ses conflits internes à son public. Un clown doit combattre ses pleurs par les rires de son public et faire couler ses larmes par leurs yeux pleins de joie.
Mais moi je n’étais qu’une sorte de clown par intérimaire et j’avais besoin de redevenir un passager parmi les autres, lisant ses poèmes pour crever tous mes maux, comme eux le faisaient ! Ils semblaient ne pas comprendre la situation :
« Attends Eric. Il y a trois s maintenant que je me suis levé pour vous parler. Au début c’est vrai, je devais faire un peu le clown, même carrément d’ailleurs. Il fallait commencer par ça, sinon, vous n’auriez jamais osé prendre la parole. Mais maintenant regarde autour de toi, tout le monde se parle, tout le monde se dit bonjour le matin. Moi, je suis redevenu comme vous, je ne veux plus être le meneur de la conversation. On la fait tous ensemble maintenant. Et sinon, pour ce qui est de mes poèmes, ben, ... l’avantage avec un clown, c’est qu’il peut toujours cacher sa tristesse derrière son maquillage. Et finalement je ne dois pas échapper à la règle.
- Et nous, on te racontait tous nos petits malheurs, ... Alors que les tiens te font penser à... Enfin, ils sont tristes, quoi !
- Mais qu’est ce qui te fait penser à la mort comme ça ?
Les rôles commençaient à s’inverser, comme je leur avais dit, mais beaucoup plus que je ne le pensais alors. Pour les faire parler, je les avais poussés à dévoiler quelques uns de leurs petits malheurs, comme disait Sylvie. Ce n’était donc que justice s’ils m’interrogeaient sur les miens.
« Si je vous dis seulement que je suis amoureux, ce sera un peu trop banal pour expliquer la mort. Alors comme il ne reste pas beaucoup de temps avant l’arrivée à la fac, je ne vous dis rien aujourd’hui, mais je vous promets que demain vous aurez droit à une jolie petite histoire... »
Ven 02 Déc 2005, 15:46 par l'homme de sable sur Un monde parfait

Le matin

Quel que soit le pied qui touche le sol en premier, j’ai toujours l’impression de débuter une journée difficile en me levant le matin. Contre cela, la routine est le seul remède : on branche le radar, et on se laisse guider par ses habitudes : toilettes, salle de bain, cuisine, salle de bain, ... Ce trajet immuable m’aide à réaliser qu’une heure vingt-trois minutes plus tard je serai docilement en train de prendre mes notes. Mais avant d’arriver à ce stade il me reste un obstacle à surmonter : le trajet en train. Et quel obstacle !

L’esprit encore quelque peu embourbé par un réveil inachevé, on dirait que les gens craignent de rencontrer une connaissance, avec qui la discussion se résumerait à : «Le-temps-est-bizarre-ces-jours-ci-y-a-plus-de-saisons...! ». Finalement, le résultat de cette peur est ce que l’on voit en observant toutes ces personnes au regard fixe, dont le sourire, s’il existe, révèle bien la gêne qu’il procure. Je pense que vous l’avez deviné, le principal obstacle du matin, c’est ça et je peux vous dire que je ne m’y ferai jamais ! Tous ces mannequins semblent si familiers pourtant, qu’on a presque envie de leur dire
"bonjour" ; mais comprendraient-ils seulement ? En fait, on a l’impression que ces gens sont encore en train de dormir et que le simple fait d’ouvrir la bouche les réveillerait. Imaginez alors l’horreur qui se peindrait sur leur visage s’ils voyaient toutes ces autres personnes dormant à côté d’eux ! Ils préfèrent certainement penser que ces personnes font partie de leur rêve...
Que voulez-vous ? Le matin, la réalité est tout simplement trop dure à accepter.

Ce spectacle, je le vois chaque matin de chaque jour de chaque . Dur dur d’être lucide, non ? Bien sûr, à force, je fais comme d’autres, me mettant en retrait de cette réalité, me plongeant dans un bon bouquin ou en branchant mon baladeur. C’est vrai, c’est si simple de fuir cette atmosphère.
On est alors isolé avec autant d’efficacité que si on se trouve seul avec soi-même dans l’une des pièces obscures de son esprit. Mais bon, l’ennui se matérialise lorsque l’on réalise qu’on devient exactement ce à quoi on essaie d’échapper...

Le fait est que, ce matin, j’avais l’impression de regarder tous ces gens avec des yeux nouveaux, tant et bien que cette (ô combien horrible !) vision matinale allait me hanter tout le reste de la journée. Non, non, le mot ‘hanter’ n’est pas trop fort ! Imaginez plutôt : en plein cours de physique, je me surpris songeant à un homme que je n’avais pourtant qu’aperçu ce matin dans mon wagon. Je le revoyais alors ressemblant à un gentil dogue anglais, de ces gros chiens patauds plein de rides et de tendresse. J’étais persuadé que, comme tous les animaux, il ne savait ni ne cherchait la raison de son existence ; il suit la routine, point. Cela peut paraître insultant, mais lorsque l’on observe tout ce bétail dans les trains, il donne vraiment l’impression d’agir par instinct, comme le prouve la façon dont les personnes savent qu’elles sont arrivées à leur gare, se levant sans qu’aucun signe d’une quelconque intelligence n’éclaire leur regard. Mais bon, de toutes les analogies qui me vinrent à l’esprit ce jour-là, je préfère tout de même celle que j’imaginais, contemplant ma douce prof de chimie. Les passagers du train m’apparaissaient alors comme ces jolies princesses de contes de fée, qu’une vilaine sorcière (c’est là que ma prof de chimie a dû m’inspirer !) enferment dans des sommeils hypnotiques. Mais dans les contes, il est toujours un valeureux prince pour les délivrer. Où est donc celui qui délivrera toutes ces pauvres gens ? C’est alors que je me mis à réfléchir très vite. Si vite, d’ailleurs, que ma prof dût s’en apercevoir, car elle me regarda, d’un regard dans lequel j’eus beaucoup de peine à trouver de la sympathie. Mais heureusement, la réprimande fut suffisamment lente à venir et j’eus le temps de trouver la solution à mon problème. J’allais tenter de briser mon quotidien et de rompre par la même occasion celui de ceux que j’appelais désormais les « habitants du train ». J’allais devenir leur prince charmant.
Ven 02 Déc 2005, 15:26 par l'homme de sable sur Un monde parfait

Avis de passage

Chaque matin, je relevais mes mails avec impatience. Cherchant un numéro en expéditeur. Rien, rien ne venait. J’avais effacé l’image, ne me restait que le souvenir. Le souvenir de la surprise, de la découverte, de l’angoisse d’avoir été prise dans mes jeux amoureux.
Le temps continuait de défiler, je poursuivais ma quête pour lutter contre l’ennui des minutes et des heures, inventais de nouveaux lieux pour mon amoureux et moi, des amours surprises pour qu’il ne s’endorme pas. Ce matin, je me souvins que je n’avais pas relevé mon courrier depuis trois jours. Les journaux débordaient de la boîte, poussant au fond du rectangle métallique les rappels de paiement que je pousserais à mon tour au fond de ma mémoire.
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Avis de passage?
Ven 14 Oct 2005, 12:26 par la marquise de sade sur Les liaisons sulfureuses

Monsieur

Monsieur, vous m’aviez enlevée à cette soirée de feux d’artifice dans laquelle je m’ennuyais. Je vous avais demandé de m’emmener ailleurs, là où les bruits et les verres qui s’entrechoquent se tairaient. Vous m’aviez proposé d’un peu nous balader dans votre vieille voiture et pourquoi pas même d’aller écouter les silences de la lune au bord de l’eau. J’avais accepté impatiente de rester quelques instants loin de la surveillance de mon frère, votre ami.

En cette nuit de juillet, Monsieur, les fenêtres ouvertes, roulant sur les chemins sinueux, nous parlions de tout et de rien. Vous vouliez savoir le nom de mes professeurs, mes matières préférées, mes idoles, mes jeux de petite fille pas encore vraiment une femme. Je vous racontais mes petits amis, vous me répondiez que je n’étais pas sage, vous plaisantiez sur mes premiers émois d’adolescente, je crois que j’en étais un peu fachée. J’aurais voulu que vous me voyez déjà grande, au moins de votre âge. Je vous connaissais depuis toujours, vous m’aviez vu grandir au sein de ma famille, chaque quand vous passiez à la maison.

Sur les berges du lac, debout sur cette plage de pelouse, vous m’avez raconté, Monsieur, quelques journées mémorables, quelques pique-niques arrosés, quelques jeux de ballon entre amis. J’ai voulu que nous nous allongions pour regarder le ciel et chercher comme deux enfants, des noms aux étoiles. Vous m’avez proposé un bain improvisé et pour cacher ma gêne de me présenter nue devant vous, de me vêtir de votre T-shirt comme d’un maillot. Je me souviens de ce premier corps d’homme que je regardais du coin de l’oeil, cachant dans mes paroles, ma curiosité. Sous la nuit, nous avons comme un frère, une soeur joué dans l’eau. Nous mesurions notre temps de plongée sans respirer, faisions des poiriers entre les remous, nous éclaboussions en rigolant. Je ne voulais pas que vous sentiez les vibrations qui me parcouraient quand le hasard que je guidais, me laissait toucher votre torse. Je n’aurais pensé que vous êtiez si beau avec vos boucles blondes humides croisant les cils de vos yeux verts. Je vous avais rêvé parfois, dans le secret de ma chambre d’adolescente entre les posters du Che et les personnages de contes de fées, quand mes mains me rejoignaient indiscrètes sous la chaleur des couvertures.

Je n’avais pas imaginé que mon corps mouillé accueillant le reflet de la lune vous aurait inspiré, Monsieur. Je n’avais osé espérer que vous pourriez dépasser les barrières de la morale pour m’apprendre à être une femme. Vous m’avez oté votre T-shirt trop grand pour me réchauffer entre vos bras halés. Vos mains, grandes, ont écarté les cheveux collés contre mes joues pour y déposer un chaste baiser. Est-ce là que nos lèvres ont glissé pour se rencontrer ? Est-ce à ce moment que vous avez oublié qu’il y a un âge autorisé?

Votre stature, Monsieur, dépassait la mienne et du ciel, je n’en voyais que le souvenir quand doucement vous me souriiez. Vous m’avez livré toute votre douceur et votre tendresse, quand du bout de vos doigts vous m’avez frôlée. Vous aviez peur de me froisser, votre bouche avait la légèreté d’une goutte de rosée et le moelleux d’une figue trop mûre. Vous m’avez appris le plaisir du baiser, la gourmandise des langues qui dansent sur une même mélodie. Lentement, comme si vous déballiez un cadeau, vos mains ont glissé le long de mes seins naissants. Vos yeux cherchant sous l’éclairage de minuit si je vous autorisais à franchir le passage.

Quand un peu tremblant vous êtes entré en moi, Monsieur, c’est la terre qui se déroba sous moi. Quinze années à attendre d’être celle-là, à imaginer des plaisirs que l’on ne nomme pas, à penser à ce que l’on ne peut pas. Votre regard parlait bien plus que votre voix, s’inquiétant de mes envies, vous auriez peut-être voulu que je mette le holà, vous rappelant que vous ne deviez pas m’initier à ces jeux d’adulte. Vous n’y avez rencontré que de l’espoir, qu’encore plus vous m’appreniez, l’attente que plus longtemps encore vous me preniez, le désir que cette plage soit notre infini.

J’ai oublié, Monsieur, si vous avez joui. Je ne garde en moi que ce souvenir si tendre de ces corps qui s’échangent, de cette fraternité avec laquelle vous m’avez baisée, de ces caresses qui avaient peur de me casser, de ces yeux verts qui ont trahi votre désir, Monsieur.
Mar 27 Sep 2005, 13:10 par la marquise de sade sur La première fois
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