Le journal d'une séductrice

Il avait du recevoir la missive ce jour.
L’ordre premier, l’ordre à exécuter pour continuer.

Le jeu était lancé. Une petite angoisse me traversait ; l’accepterait-il? Oserait-il transgressé la morale pour s’exécuter. Jusqu’où irait-il pour me plaire. La missive attendait patiemment dans la boîte qu’il la lise. Mon ordre était clair, je voulais le voir en érection. Le connaître par le détail, caché dans une toilette à l’affut des bruits qui le feraient débander.
J’ai imaginé son hésitation en écrivant, entre colère et excitation peut-être.
Je ne pouvais pas faire les choses simplement.
Le laisser tranquille,
l’oublier,
nous oublier.
Je ne pouvais pas être comme toutes.
Demander des choses possibles
normales.

Je veux...
Que tu te glisses jusqu’aux toilettes
Que tu te caresses
Et m’envois ton sexe en érection par MMS

Fais-le.

Fais-le, sinon... qu’est-ce que je ferais sinon?
J’hésitais. Jusqu’où pousser le vice? Jusqu’à quel danger le mener? Aux bords de quel précipice le conduire...
Je voulais frôler les limites de la séduction, le conduire à des souvenirs qui ne s’éteignent jamais, dans ces histoires dont on savoure chaque minute le plaisir qu’elles aient un jour existées. Dans les passions qui brûlent, dans les passions qui rendent vivant

au-delà de la mort.
Ecrit le  Jeu 22 Sep 2005, 12:40  par 
la marquise de sade
, 0 commentaire

Le journal d'une séductrice

Le numéro d’envoi n’était pas le sien.
Il ne l’avait pas fait, mais j’avais reçu un courrier.
Déboussolée, j’ai enlevé le message, supprimé, effacé.
Le jeu avait été compris, les règles étaient établies, mais pas avec le bon partenaire. Je me faisais piéger.
Il avait lu le journal d’une séductrice et trouvé le jeu à son goût.

Je le regarde encore, j’essaye de reconnaître.
Le gland est découvert, brillant, rond, tentant. Son sexe droit, sans courbe, légèrement veiné.
J’essaye de me souvenir de cette description entre ma bouche, les images se reflètent sur ma langue.
Brillant, rond, tentant
Droit, sans courbe, légèrement veiné
Je le laisse descendre entre mes lèvres au fil de mes pensées.
Je zoome sur l’image
Un goût sucré, une légère amertume, il s’est parfumé.

Le pouce, l’index et le majeur tiennent l’ordre envoyé. Les ongles manucurés, la peau cuivrée, des mains jeunes encore, larges, des doigts moyens, pas très fins.
Les mains qui passent sur mes hanches, les frissons de l’image passent sur ma peau.
Des ongles manucurés, une peau cuivrée, jeune, une paume large. Quelques centimètres de chaleur qui caressent mon corps, lentement, j’hésite. Les mains sont trop grandes ou trop petites, trop longues ou trop courtes.
Son bracelet montre griffe mes seins quand il les palpe, je me contracte sous le métal froid, j’entends le tic tac à côté de mes tempes quand il se redresse en moi. 17h34 selon l’heure que je vois sur la photo.
A 17h34, un inconnu a bandé pour moi.

Je fouille dans ma mémoire, je retourne le passé, je laboure mon esprit, je pénètre mes souvenirs
Comme ce sexe qui s’offre à mes yeux, ce sexe passé qui revient entre mes reins me retourner.
Me faire trembler.
M’obéir. Par surprise.
Ecrit le  Dim 25 Sep 2005, 12:47  par 
la marquise de sade
, 0 commentaire

Avis de passage

Chaque matin, je relevais mes mails avec impatience. Cherchant un numéro en expéditeur. Rien, rien ne venait. J’avais effacé l’image, ne me restait que le souvenir. Le souvenir de la surprise, de la découverte, de l’angoisse d’avoir été prise dans mes jeux amoureux.
Le temps continuait de défiler, je poursuivais ma quête pour lutter contre l’ennui des minutes et des heures, inventais de nouveaux lieux pour mon amoureux et moi, des amours surprises pour qu’il ne s’endorme pas. Ce matin, je me souvins que je n’avais pas relevé mon courrier depuis trois jours. Les journaux débordaient de la boîte, poussant au fond du rectangle métallique les rappels de paiement que je pousserais à mon tour au fond de ma mémoire.
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Avis de passage?
Ecrit le  Ven 14 Oct 2005, 12:26  par 
la marquise de sade
, 0 commentaire

Avis de passage

12.7cm sur 17.5.
Enveloppe blanche, papier cartonné, brillant
Ecriture au feutre épais, noir
Lettres rondes, spontanées, droites, les t ressemblent à des v
Fermeture renforcée par un scotch que je décolle lentement.

Je suis rentrée de la poste en tenant mon enveloppe devant moi dans la rue. A regarder mon nom et mon adresse, épaisse, au feutre noir.
Port payé France.
J’ai coincé l’enveloppe entre mes dents, le temps de fouiller mon sac pour trouver mes clés, ouvert la porte et balancé mes souliers au hasard, tout en refermant la porte.
Je suis assise dans le divan, l’enveloppe posée sur la table basse, je regarde le scotch décollé. Attendant qu’il me livre son secret. Vas-y, dis-moi...
Il se tord stupidement sur le rebord de la languette de l’enveloppe, muet.

J’étale le contenu sur la table.
Une feuille de papier grisée, pliée en 4
Un emballage Bibendum bleu foncé, un papier brillant, comme pour un cadeau de Noël
Une clé

J’allume une cigarette et je me couche dans le divan, regardant l’équation à trois inconnues étalée sur ma table. J’ai toujours été nulle en devinette. Je préfère les poser, je n’ai pas la patience de chercher.
Je me force.
Je tâte le cadeau Bibendum, tout ficelé dans son bleu nuit. Il est tout mou, tout moelleux, pas très grand, à peine un carré de 10 sur 10.
Je rigole en pensant à une allusion que quelqu’un m’a faite. Il va t’envoyer son sperme dans un petit pot, tu auras le résultat de tes textes à la con. Tu pourras même le goûter ! Ou alors, il va se castrer pour toi. Un ptit bout de queue tout ensanglanté, tout mou. Ca te changera des queues qui bandent dans tes doigts.
Non, rien de tout ça.
Un petit mystère de 10 sur 10,
moelleux,
emballé dans un papier brillant
bleu.

Je prends la clé et la pose sur l’emballage. C’est juste une clé. Une clé pour une porte.

Je déplie la lettre.
Elle est vide, pas un seul mot, pas un trait, rien. Pas une odeur non plus.
Je cherche un parfum, une odeur de peau.
Rien.




Je sais que tu me lis, j’en suis certaine.
Guettant la chaleur de ma peau au frôlement de mes lettres
La moiteur de mon sexe sous les caresses de cette dentelle graphique.
Je sais que tu es là.


Et je n’ai pas ouvert l’emballage.





Encore.
Ecrit le  Ven 14 Oct 2005, 12:27  par 
la marquise de sade
, 0 commentaire
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