Un site d'écriture sur l'amour: séduction, tendresse, et façon de le dire, la délicatesse de l'expression mêlée à la violence des pulsions - Ecrire sur choses - Page 11 sur 20
Mille choses de la vie
Nouveau venu dans la maisonnette.
Trois mois, tu as déjà trois petits mois
et cela me paraît si court !
Voici déjà quelques temps que tu partages notre vie,
notre quotidien.
Toi petite boule de poils, griffes sorties ou pattes de velours,
tu sais te faire aimer ou câliner à volonté.
Tu sais jouer avec nous comme tu le fais avec tes jouets.
En boule dans la couette ou bien au chaud dans les pattes du chien,
ta mère te manques comme une mère manque à un enfant que l’on laisse se dépatouiller tout seul.
Depuis que tu es rentré dans notre famille beaucoup de choses ont changé!!
Toi ma noisette, toi ma petite boule de poils
chaleur et amour tu donnes aux enfants, larmes et joie tu nous fais partager!!
Daulphin
Trois mois, tu as déjà trois petits mois
et cela me paraît si court !
Voici déjà quelques temps que tu partages notre vie,
notre quotidien.
Toi petite boule de poils, griffes sorties ou pattes de velours,
tu sais te faire aimer ou câliner à volonté.
Tu sais jouer avec nous comme tu le fais avec tes jouets.
En boule dans la couette ou bien au chaud dans les pattes du chien,
ta mère te manques comme une mère manque à un enfant que l’on laisse se dépatouiller tout seul.
Depuis que tu es rentré dans notre famille beaucoup de choses ont changé!!
Toi ma noisette, toi ma petite boule de poils
chaleur et amour tu donnes aux enfants, larmes et joie tu nous fais partager!!
Daulphin
Sam 05 Août 2006, 19:50 par
daulphin sur Mille choses
Miroir caché
ô miroir caché qui transforme cet horyzon
d’une lumiere aveuglante qui scintille sur le monde
frustre les hommes d’une mélancolie certaine
et les femmes de passion malsaine
ô lumiere de ma vie, je te vois à l’horyzon,
te reclamant en ton nom miroir facile de tant d’ambition
ou peut etre d’autre humiliation
dechiré ses émois sans opinions,
sur ce pont qui traverse ce monde en perdition.
quel vision mélancolique, a je ne perderai espoir
de nourir de nouveau reve par des soirs étoilé
de myriade d’astre fantastique pour trouver un jour
le bonheur anesthésique amnésique et atypique,
a pathetique idée que de vouloir oublier ce monde en torpeur
qui ne fait rien pour s’ebranler fatidique senteur de la puanteur,
de la betisse humaine qui inonde ici bas
un jour peut etre je trouverai l’elue
qui fera de moi un être epanoui et dans un bonheur certain,
je serai la plume qui parcours ton corps
au grés du souffle de ce vent qui vole,
de passion sur ta peau chaleureuse, qui frole
et tombe dans l’abyme de tes seins,
pour finir se nourir d’un fruit qui n’est pas le mien,
plume qui vole au vent ,de la passion des sentiments,
brulant mon corps d’une passion intense d’un amour eternel
qui benira mon existence pardonnes moi d’être egoiste ce soir
mais je perd patience parfois, en esperant un jour te voir
je te dedicaces mes bons sentiments attachant
d’un coeur meurtri par les choses de la vie
d’une lumiere aveuglante qui scintille sur le monde
frustre les hommes d’une mélancolie certaine
et les femmes de passion malsaine
ô lumiere de ma vie, je te vois à l’horyzon,
te reclamant en ton nom miroir facile de tant d’ambition
ou peut etre d’autre humiliation
dechiré ses émois sans opinions,
sur ce pont qui traverse ce monde en perdition.
quel vision mélancolique, a je ne perderai espoir
de nourir de nouveau reve par des soirs étoilé
de myriade d’astre fantastique pour trouver un jour
le bonheur anesthésique amnésique et atypique,
a pathetique idée que de vouloir oublier ce monde en torpeur
qui ne fait rien pour s’ebranler fatidique senteur de la puanteur,
de la betisse humaine qui inonde ici bas
un jour peut etre je trouverai l’elue
qui fera de moi un être epanoui et dans un bonheur certain,
je serai la plume qui parcours ton corps
au grés du souffle de ce vent qui vole,
de passion sur ta peau chaleureuse, qui frole
et tombe dans l’abyme de tes seins,
pour finir se nourir d’un fruit qui n’est pas le mien,
plume qui vole au vent ,de la passion des sentiments,
brulant mon corps d’une passion intense d’un amour eternel
qui benira mon existence pardonnes moi d’être egoiste ce soir
mais je perd patience parfois, en esperant un jour te voir
je te dedicaces mes bons sentiments attachant
d’un coeur meurtri par les choses de la vie

Ven 04 Août 2006, 13:33 par
kick sur L'amour en vrac
Dans le jardin
Ce sera en août dans un jardin public non loin de la seine,
Dans la ville des amoureux,
là où muser, zoo, serres, fleurs, plante se côtoient dans ce même lieu, ou les pompier font leur jogging le matin ;-).
La magie operera pour l’en-cas du matin,
Ce sera notre heure et notre jour,
Nos yeux regarderont avec tant d’amour,
Les choses,
Il nous semblera que doucement s’ouvrent les roses.
Le ciel sera plus pur qu’il ne l’a jamais été,
les insectes et les oiseaux
voleront dans l’or et dans la joie
nos baisers seront si beaux
qu’ils exalteraient la lumière et les oiseaux.
Que nous inventerons l’amour que la terre reve d’avoir
mes poemes representrent une partie de mes sentiment pour un homme aimer, Mes anges que j’aimerais à tout jamais,mais aussi quelque ressenties sur mes problemes, peurs et penser ......
je garde les plus noir et les plus sensuel pour moi...
je supose que tu ne liras pas mes dernier poemes, tu ne ve plus entendre parler de moi et je respect ton choix, meme si il me fait tres mal a en mourir, je nous vous ennuirez pas.
mais sache que quoi que je face je t’aime et je me souviendrai de toi et ca tu ne peux pas me le retirer.
soit heureux mon amour avec ton amie,tu le merite beaucoup plus que moi.
Dans la ville des amoureux,
là où muser, zoo, serres, fleurs, plante se côtoient dans ce même lieu, ou les pompier font leur jogging le matin ;-).
La magie operera pour l’en-cas du matin,
Ce sera notre heure et notre jour,
Nos yeux regarderont avec tant d’amour,
Les choses,
Il nous semblera que doucement s’ouvrent les roses.
Le ciel sera plus pur qu’il ne l’a jamais été,
les insectes et les oiseaux
voleront dans l’or et dans la joie
nos baisers seront si beaux
qu’ils exalteraient la lumière et les oiseaux.
Que nous inventerons l’amour que la terre reve d’avoir
mes poemes representrent une partie de mes sentiment pour un homme aimer, Mes anges que j’aimerais à tout jamais,mais aussi quelque ressenties sur mes problemes, peurs et penser ......
je garde les plus noir et les plus sensuel pour moi...
je supose que tu ne liras pas mes dernier poemes, tu ne ve plus entendre parler de moi et je respect ton choix, meme si il me fait tres mal a en mourir, je nous vous ennuirez pas.
mais sache que quoi que je face je t’aime et je me souviendrai de toi et ca tu ne peux pas me le retirer.
soit heureux mon amour avec ton amie,tu le merite beaucoup plus que moi.
Lun 31 Juil 2006, 04:53 par
joullia sur L'amour en vrac
1 mois et demis de bonheur
Cela fait 1 mois et demis que nous tchatons ensemble réellement et régulièrement,
Et ce fut un mois de bonheur il me semble,
Même si au début, j’ai un peu hésitée et toi aussi,
Entre arrêter ou continuer.
Mais sache que jamais durant ce mois,
Je n’ai cessé d’être amoureuse de toi.
Et quand tu es loin de moi,
Je suis triste à chaque fois.
J’ai comme une douleur qui se meure,
Au fin fond de mon coeur.
Dans ce cœur qui avait tant de protection
Tu a su trouver la clé
Par quelle miracle
J’n’en ai aucune idées mais ce que je sais c’est que j’en suis ravis
Je pense que tu le sais,
Mais je ne te le répéterai jamais assez,
Tu es celui que mon coeur a choisi,
J’espère pour le reste de ma vie,
Sans toi, je ne suis rien du tout,
Car je t’aime passionnément.
Je sais que je suis amoureuse de toi,
Car j’ai cette étincelle en moi,
Qui me prouve que je t’aime,
Et cet amour durera.
Je t’aime pour toujours
Même si je dois t’aimer en silence
Parce que tu me le demandes
De plus m’approcher de toi
Tu ne pourras pas m’interdire de t’aimer
Même si tu me dis des choses horribles
Je t’aimerai quand même
Et ce fut un mois de bonheur il me semble,
Même si au début, j’ai un peu hésitée et toi aussi,
Entre arrêter ou continuer.
Mais sache que jamais durant ce mois,
Je n’ai cessé d’être amoureuse de toi.
Et quand tu es loin de moi,
Je suis triste à chaque fois.
J’ai comme une douleur qui se meure,
Au fin fond de mon coeur.
Dans ce cœur qui avait tant de protection
Tu a su trouver la clé
Par quelle miracle
J’n’en ai aucune idées mais ce que je sais c’est que j’en suis ravis
Je pense que tu le sais,
Mais je ne te le répéterai jamais assez,
Tu es celui que mon coeur a choisi,
J’espère pour le reste de ma vie,
Sans toi, je ne suis rien du tout,
Car je t’aime passionnément.
Je sais que je suis amoureuse de toi,
Car j’ai cette étincelle en moi,
Qui me prouve que je t’aime,
Et cet amour durera.
Je t’aime pour toujours
Même si je dois t’aimer en silence
Parce que tu me le demandes
De plus m’approcher de toi
Tu ne pourras pas m’interdire de t’aimer
Même si tu me dis des choses horribles
Je t’aimerai quand même
Lun 31 Juil 2006, 03:27 par
joullia sur L'amour en vrac
L'hirondelle pleur de ses peurs qui fond fuire le faucon
Le faucon est doux et généreux,
Le faucon lui aussi recherche le grand bonheur,
Le faucon a lui aussi vécu des choses tristes,
Mais l’hirondelle ne sait pas plus,
Le faucon ve un lien reel avec la petite hirondelle,
Le faucon se sent frustré et agacé,
Par le refus de l’hirondelle.
L’hirondelle ne lui donne pas ce lien réelle,
Parcequ’ elle est incapable de parler,
De ce que le faucon voudrait entendre dire,
L’hirondelle ne peut parler de ce secret ouvertement devant le faucon,
Parce que la douleur est intense,
Qu’elle ve pas lui faire entendre ce calvere,
Qu’elle meme ne peut oublier.
Elle aime trop le faucon,
Elle souhaite le preserver de cela,
Pour un sertain temps...
Elle lui en parlera par bride,
Au file du temps et de son amour grandissant,
jusqu’a l’instant ou elle sera prete a vider son sac,
Pour montrer a quelle point elle aime le faucon,
Comme jamais elle a aimait,
L’hirondelle meurtrie ne peut racontée de vive voix,
Son histoire, ses douleurs, ses meurtrissures les plus profondes,
L’hirondelle voudrait bien pourtant.......
Cela la soulagerait sûrement,
Mais tout son être intérieur lutte pourtant,
Mais le corbeau a toujours une emprise mentale,
Peur de revivre une énième fois,
Ce jour si noir qu’elle a voulu en mourir.
L’hirondelle n’aurait jamais avoué au faucon,
Ce lourd secret, si lui-même ne l’avait pas deviné.
L’hirondelle pleure, le faucon est parti,
Elle voudrait l’appeler, mais la peur la tétanise,
La peur chez elle est un paradoxe,
Elle n’a pas peur du faucon au contraire,
Le faucon la rassure lui donne de l’espoir,
L’hirondelle a peur d’elle,
Peur de ce qui lui traverse le coeur,
Peur de son histoire,
Peur de le décevoir,
Peur de ne pas être à la hauteur,
Peur d’être un poids pour ce si joli faucon,
Peur du regard des autres,
Peur de faire souffrir le faucon,
Peur que le faucon se lasse,
Peur qu’il souffre de mes ailes brisees,
Peur qu’il voit une autre hirondelle,
Peur de ressentir les sentiments d’amour charnel,
Peur parce que j’en ai envie au plus profond,
Mais est-ce que le mental ne viendra pas tout gâcher...
Peur de ne pas aller assez vite pour le faucon,
Peur de moi, de mes réactions et émotions,
Peur de mes pleurs, de mes cauchemars,
L’hirondelle voudrait tant que le faucon lui revienne,
Pour qu’elle puisse combattre ses peurs.
L’hirondelle voudrait tant que le faucon l’aide à penser ses ailes une bonne fois pour tout,
L’hirondelle voudrait vivre une histoire d’amour éternel avec ce joli faucon
L’hirondelle ne sait même pas si le faucon viendra lire ses poèmes,
L’hirondelle aimerait bien avoir un signe de ce faucon,
L’hirondelle comprend que le faucon ve plus,
L’hirondelle lui promet qu’il aura ce lien réel,
L’hirondelle se meurtrit, le décompte a commencé,
L’hirondelle compte les jours, les heures, les minutes, les secondes, qui la séparent du corbeau,
L’hirondelle préférerait faire le décompte qui la conduirait au faucon.
Ou l’Amour triomphera de tout.
Qui la délivrera de toute cette douleur lancinante .
Mon beau faucon reviens moi, donne-moi un signe.
L’hirondelle voudrait rencontrer le faucon,
À une date importante
Pourquoi pas le 10 août ?
Pourquoi cette date ?
Je ne peux pas le révéler ici,
Mais je te dirai la raison de cette date.
Je voudrai que ce jour soit mon renouveau.
Faite que dieu lui face lire mes poèmes et qu’il me revienne.
Le faucon lui aussi recherche le grand bonheur,
Le faucon a lui aussi vécu des choses tristes,
Mais l’hirondelle ne sait pas plus,
Le faucon ve un lien reel avec la petite hirondelle,
Le faucon se sent frustré et agacé,
Par le refus de l’hirondelle.
L’hirondelle ne lui donne pas ce lien réelle,
Parcequ’ elle est incapable de parler,
De ce que le faucon voudrait entendre dire,
L’hirondelle ne peut parler de ce secret ouvertement devant le faucon,
Parce que la douleur est intense,
Qu’elle ve pas lui faire entendre ce calvere,
Qu’elle meme ne peut oublier.
Elle aime trop le faucon,
Elle souhaite le preserver de cela,
Pour un sertain temps...
Elle lui en parlera par bride,
Au file du temps et de son amour grandissant,
jusqu’a l’instant ou elle sera prete a vider son sac,
Pour montrer a quelle point elle aime le faucon,
Comme jamais elle a aimait,
L’hirondelle meurtrie ne peut racontée de vive voix,
Son histoire, ses douleurs, ses meurtrissures les plus profondes,
L’hirondelle voudrait bien pourtant.......
Cela la soulagerait sûrement,
Mais tout son être intérieur lutte pourtant,
Mais le corbeau a toujours une emprise mentale,
Peur de revivre une énième fois,
Ce jour si noir qu’elle a voulu en mourir.
L’hirondelle n’aurait jamais avoué au faucon,
Ce lourd secret, si lui-même ne l’avait pas deviné.
L’hirondelle pleure, le faucon est parti,
Elle voudrait l’appeler, mais la peur la tétanise,
La peur chez elle est un paradoxe,
Elle n’a pas peur du faucon au contraire,
Le faucon la rassure lui donne de l’espoir,
L’hirondelle a peur d’elle,
Peur de ce qui lui traverse le coeur,
Peur de son histoire,
Peur de le décevoir,
Peur de ne pas être à la hauteur,
Peur d’être un poids pour ce si joli faucon,
Peur du regard des autres,
Peur de faire souffrir le faucon,
Peur que le faucon se lasse,
Peur qu’il souffre de mes ailes brisees,
Peur qu’il voit une autre hirondelle,
Peur de ressentir les sentiments d’amour charnel,
Peur parce que j’en ai envie au plus profond,
Mais est-ce que le mental ne viendra pas tout gâcher...
Peur de ne pas aller assez vite pour le faucon,
Peur de moi, de mes réactions et émotions,
Peur de mes pleurs, de mes cauchemars,
L’hirondelle voudrait tant que le faucon lui revienne,
Pour qu’elle puisse combattre ses peurs.
L’hirondelle voudrait tant que le faucon l’aide à penser ses ailes une bonne fois pour tout,
L’hirondelle voudrait vivre une histoire d’amour éternel avec ce joli faucon
L’hirondelle ne sait même pas si le faucon viendra lire ses poèmes,
L’hirondelle aimerait bien avoir un signe de ce faucon,
L’hirondelle comprend que le faucon ve plus,
L’hirondelle lui promet qu’il aura ce lien réel,
L’hirondelle se meurtrit, le décompte a commencé,
L’hirondelle compte les jours, les heures, les minutes, les secondes, qui la séparent du corbeau,
L’hirondelle préférerait faire le décompte qui la conduirait au faucon.
Ou l’Amour triomphera de tout.
Qui la délivrera de toute cette douleur lancinante .
Mon beau faucon reviens moi, donne-moi un signe.
L’hirondelle voudrait rencontrer le faucon,
À une date importante
Pourquoi pas le 10 août ?
Pourquoi cette date ?
Je ne peux pas le révéler ici,
Mais je te dirai la raison de cette date.
Je voudrai que ce jour soit mon renouveau.
Faite que dieu lui face lire mes poèmes et qu’il me revienne.
Ven 28 Juil 2006, 11:25 par
joullia sur L'amour en vrac
La Garonne
Mon cœur est ce bateau qui file lentement,
Il rêve à la Garonne sans trop savoir comment.
En elle, se reflètent les abords, les contours
Des choses et des êtres qui lui parlent d’amour,
l’approchent, la soumettent et se mirent en ses eaux,
Mais ivres ses colères, ses larmes sont amères,
Elle ne voit que des ombres de face ou de dos,
Mais pas une seconde ne trouve ce qu’elle espère,
Et ce sont des mégots et ce sont des déchets
Que les passants sournois aiment à lui lancer...
Mais toujours en secret, ses eaux puisent la force
De ne pas s’offenser de toutes ces entorses
A l’affront elle répond en donnant sa beauté.
La Garonne continue sa course solitaire
Elle sourit à l’amant qui ne fait que se taire.
Un beau jour on verra le ciel tout embrasé
Le soleil, tel un roi, baiser sa fiancée
Et de perles d’écume en perles de lumière
Leur union sera pure pour féconder la terre...
Il rêve à la Garonne sans trop savoir comment.
En elle, se reflètent les abords, les contours
Des choses et des êtres qui lui parlent d’amour,
l’approchent, la soumettent et se mirent en ses eaux,
Mais ivres ses colères, ses larmes sont amères,
Elle ne voit que des ombres de face ou de dos,
Mais pas une seconde ne trouve ce qu’elle espère,
Et ce sont des mégots et ce sont des déchets
Que les passants sournois aiment à lui lancer...
Mais toujours en secret, ses eaux puisent la force
De ne pas s’offenser de toutes ces entorses
A l’affront elle répond en donnant sa beauté.
La Garonne continue sa course solitaire
Elle sourit à l’amant qui ne fait que se taire.
Un beau jour on verra le ciel tout embrasé
Le soleil, tel un roi, baiser sa fiancée
Et de perles d’écume en perles de lumière
Leur union sera pure pour féconder la terre...
Lun 26 Juin 2006, 12:44 par
dolce vita sur L'amour en vrac
Hommage à un amoureux des mots
Raymond Devos disparu ce jour
Funambule des mots, il aimait détourner les mots de leur sens, pour nous emmener vers l’absurde.
Parler pour ne rien dire
Mesdames et messieurs ... je vous signale tout de suite que je vais
parler pour ne rien dire.
Oh! je sais!
Vous pensez:
<<S’il n’a rien à dire ... il ferait mieux de se taire!>>
Evidemment! Mais c´est trop facile! ... C´est trop facile!
Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n´ont rien à
dire et qui le gardent pour eux?
Eh bien, non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n´ai rien à dire,
je veux qu´on le sache!
Je veux en faire profiter les autres!
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n´avez rien à dire,
eh bien, on en parle, on en discute!
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire, de quoi
allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien ... ce n´est pas rien
La preuve c´est qu´on peut le soustraire.
Exemple:
Rien moins rien = moins que rien!
Si l´on peut trouver moins que rien c´est que rien vaut déjà
quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant
Un fois rien ... c´est rien
Deux fois rien ... ce n´est pas beaucoup!
Mais trois fois rien! ... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter
quelque chose ... et pour pas cher!
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien:
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf!
Oui ... Ce n´est pas la peine d´en parler!
Bon! Parlons d´autres choses! Parlons de la situation, tenez !
Sans préciser laquelle!
Si vous le permettez, je vais faire brièvement l´historique de la
situation, quelle qu´elle soit!
Il y a quelques mois, souvenez-vous la situation pour n´être pas
pire que celle d´aujourd´hui n´en était pas meilleure non plus!
Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions ...
Nous en étions conscients!
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d´hier étaient
plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d´aujourd´hui!
Oui! La catastrophe, nous le pensions, était pour demain!
C´est-à-dire qu´en fait elle devait être pour aujourd´hui!
Si mes calculs sont justes!
Or, que voyons-nous aujourd´hui?
Qu´elle est toujours pour demain!
Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs:
Est-ce en remettant toujours au lendemain la castastrophe que nous
pourrions faire le jour même que nos l´éviterons?
D´ailleurs je, vous signale entre parenthèses
que si le gouvernement actuel n´est pas capable d´assurer la catastrophe,
il est possible que l´opposition s´en empare!
Raymond Devos
Caen
J’avais dit: "pendant les vacances, je ne fais rien !... Rien ! Je ne vais rien faire ".
Je ne savais pas où aller.
Comme j’avais entendu dire : "A quand les vacances?... A quand les vacances?..."
Je me dis: " Bon !... Je vais aller à Caen... " Et puis Caen !... ça tombait bien, je n’avais rien à y faire.
Je boucle la valise... je vais pour prendre le car... Je demande à l’employé :
- Pour Caen, quelle heure ?
- Pour où?
- Pour Caen !
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où?
- Comment? Vous ne savez pas où est Caen?
- Si vous ne me le dites pas !
- Mais je vous ai dit Caen !
- Oui !... mais vous ne m’avez pas dit où !
- Monsieur... je vous demande une petite minute d’attention !
Je voudrais que vous me donniez l’heure des départs des cars qui partent pour Caen !
- ! !...
- Enfin !... Caen !... dans le Calvados !...
- C’est vague !
- ...En Normandie !...
- Ma parole ! Vous débarquez !
- Ah !... là où a eu lieu le débarquement !... En Normandie !
- A Caen...
- Là !
- Prenez le car.
- Il part quand?
- Il part au quart.
- ! !... Mais (regardant sa montre)... le quart est passé !
- Ah ! Si le car est passé, vous l’avez raté.
- ! !... Alors... et le prochain?
- Il part à Sète.
- Mais il va à Caen?
- Non il va à Sète.
- Mais, moi, je ne veux pas aller à Sète... Je veux aller à Caen !
- D’abord, qu’est-ce que vous allez faire à Caen ?
- Rien !... rien !... Je n’ai rien à y faire !
- Alors, si vous n’avez rien à faire à Caen, allez à Sète.
- ! !... Qu’est-ce que vous voulez que j’aille faire à Sète?
- Prendre le car !
- Pour où?
- Pour Caen.
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où !...
- Comment !... Vous ne savez pas où est Caen?
- Mais si, je sais où est Caen !... Ça fait une demi-heure que je vous dis que c’est dans le Calvados !...
Que c’est là où je veux passer mes vacances, parce que je n’ai rien à y faire !
- Ne criez pas !... Ne criez pas !... On va s’occuper de vous.
Il a téléphoné au Dépot.
Mon vieux !... (regardant sa montre) :
A vingt-deux, le car était là.
Les flics m’ont embarqué à sept...
Et je suis arrivé au quart.
Où j’ai passé la nuit !
Raymond Devos.
Monsieur Devos, vous nous manquez déjà.
Marie, amoureuse des mots.
Funambule des mots, il aimait détourner les mots de leur sens, pour nous emmener vers l’absurde.
Parler pour ne rien dire
Mesdames et messieurs ... je vous signale tout de suite que je vais
parler pour ne rien dire.
Oh! je sais!
Vous pensez:
<<S’il n’a rien à dire ... il ferait mieux de se taire!>>
Evidemment! Mais c´est trop facile! ... C´est trop facile!
Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n´ont rien à
dire et qui le gardent pour eux?
Eh bien, non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n´ai rien à dire,
je veux qu´on le sache!
Je veux en faire profiter les autres!
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n´avez rien à dire,
eh bien, on en parle, on en discute!
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire, de quoi
allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien ... ce n´est pas rien
La preuve c´est qu´on peut le soustraire.
Exemple:
Rien moins rien = moins que rien!
Si l´on peut trouver moins que rien c´est que rien vaut déjà
quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant
Un fois rien ... c´est rien
Deux fois rien ... ce n´est pas beaucoup!
Mais trois fois rien! ... Pour trois fois rien, on peut déjà acheter
quelque chose ... et pour pas cher!
Maintenant, si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien:
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf!
Oui ... Ce n´est pas la peine d´en parler!
Bon! Parlons d´autres choses! Parlons de la situation, tenez !
Sans préciser laquelle!
Si vous le permettez, je vais faire brièvement l´historique de la
situation, quelle qu´elle soit!
Il y a quelques mois, souvenez-vous la situation pour n´être pas
pire que celle d´aujourd´hui n´en était pas meilleure non plus!
Déjà, nous allions vers la catastrophe et nous le savions ...
Nous en étions conscients!
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d´hier étaient
plus ignorants de la situation que ne le sont ceux d´aujourd´hui!
Oui! La catastrophe, nous le pensions, était pour demain!
C´est-à-dire qu´en fait elle devait être pour aujourd´hui!
Si mes calculs sont justes!
Or, que voyons-nous aujourd´hui?
Qu´elle est toujours pour demain!
Alors, je vous pose la question, mesdames et messieurs:
Est-ce en remettant toujours au lendemain la castastrophe que nous
pourrions faire le jour même que nos l´éviterons?
D´ailleurs je, vous signale entre parenthèses
que si le gouvernement actuel n´est pas capable d´assurer la catastrophe,
il est possible que l´opposition s´en empare!
Raymond Devos
Caen
J’avais dit: "pendant les vacances, je ne fais rien !... Rien ! Je ne vais rien faire ".
Je ne savais pas où aller.
Comme j’avais entendu dire : "A quand les vacances?... A quand les vacances?..."
Je me dis: " Bon !... Je vais aller à Caen... " Et puis Caen !... ça tombait bien, je n’avais rien à y faire.
Je boucle la valise... je vais pour prendre le car... Je demande à l’employé :
- Pour Caen, quelle heure ?
- Pour où?
- Pour Caen !
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où?
- Comment? Vous ne savez pas où est Caen?
- Si vous ne me le dites pas !
- Mais je vous ai dit Caen !
- Oui !... mais vous ne m’avez pas dit où !
- Monsieur... je vous demande une petite minute d’attention !
Je voudrais que vous me donniez l’heure des départs des cars qui partent pour Caen !
- ! !...
- Enfin !... Caen !... dans le Calvados !...
- C’est vague !
- ...En Normandie !...
- Ma parole ! Vous débarquez !
- Ah !... là où a eu lieu le débarquement !... En Normandie !
- A Caen...
- Là !
- Prenez le car.
- Il part quand?
- Il part au quart.
- ! !... Mais (regardant sa montre)... le quart est passé !
- Ah ! Si le car est passé, vous l’avez raté.
- ! !... Alors... et le prochain?
- Il part à Sète.
- Mais il va à Caen?
- Non il va à Sète.
- Mais, moi, je ne veux pas aller à Sète... Je veux aller à Caen !
- D’abord, qu’est-ce que vous allez faire à Caen ?
- Rien !... rien !... Je n’ai rien à y faire !
- Alors, si vous n’avez rien à faire à Caen, allez à Sète.
- ! !... Qu’est-ce que vous voulez que j’aille faire à Sète?
- Prendre le car !
- Pour où?
- Pour Caen.
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne sais pas où !...
- Comment !... Vous ne savez pas où est Caen?
- Mais si, je sais où est Caen !... Ça fait une demi-heure que je vous dis que c’est dans le Calvados !...
Que c’est là où je veux passer mes vacances, parce que je n’ai rien à y faire !
- Ne criez pas !... Ne criez pas !... On va s’occuper de vous.
Il a téléphoné au Dépot.
Mon vieux !... (regardant sa montre) :
A vingt-deux, le car était là.
Les flics m’ont embarqué à sept...
Et je suis arrivé au quart.
Où j’ai passé la nuit !
Raymond Devos.
Monsieur Devos, vous nous manquez déjà.
Marie, amoureuse des mots.
Jeu 15 Juin 2006, 19:35 par
Satine sur Mille choses
Hymne à la vie
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Charles Baudelaire
Mon Homme
Mon Homme,
Quand tu marches près de moi,
Je te vois comme
Un être rare, l’être aimé,
Et je m’abandonne.
J’aimerais que l’on s’arrête,
Nos mains tièdes enlacées,
J’aimerais que tu tournes la tête,
Pour te prendre un baiser.
Mais je me contente de ton profil,
Comme tu es beau en cadence de nos pas,
Et je préfèrerais être tranquille,
Blottie bien au chaud dans tes bras.
Tu penses à mille choses,
Tu ne souffles mot, tu réfléchis,
Je ne pense qu’à une chose,
Aux heures reculées de la nuit
Je me tais, je n’ose parler,
D’imaginer je me contente
Je rougirais de révéler,
Quelles pensées alors me hantent,
Le plus drôle à mes yeux,
Est d’observer les passants
Bien loin de ces fantasmes impétueux,
De ces pensées indécentes,
Car, en effet, qui pourrait croire,
Devant ce tableau si commun,
Que cette demoiselle-là,
A de telles pensées en chemin ?
Comme il est bon de pouvoir penser
Au su de tous et de toutes
De fantasmer, de divaguer,
Sans que personne ne se doute !
Mais revenons à nos moutons
A ce qui dans ma tête gigote,
Je ne parle pas de mes sentiments,
Juste de l’idée d’enlever ma culotte
Mais tu poursuis ta course folle,
Dépêche-toi on va être en retard !
Tu ne veux pas rater l’idole,
Qui joue ce soir un boulevard.
Alexandra
Quand tu marches près de moi,
Je te vois comme
Un être rare, l’être aimé,
Et je m’abandonne.
J’aimerais que l’on s’arrête,
Nos mains tièdes enlacées,
J’aimerais que tu tournes la tête,
Pour te prendre un baiser.
Mais je me contente de ton profil,
Comme tu es beau en cadence de nos pas,
Et je préfèrerais être tranquille,
Blottie bien au chaud dans tes bras.
Tu penses à mille choses,
Tu ne souffles mot, tu réfléchis,
Je ne pense qu’à une chose,
Aux heures reculées de la nuit
Je me tais, je n’ose parler,
D’imaginer je me contente
Je rougirais de révéler,
Quelles pensées alors me hantent,
Le plus drôle à mes yeux,
Est d’observer les passants
Bien loin de ces fantasmes impétueux,
De ces pensées indécentes,
Car, en effet, qui pourrait croire,
Devant ce tableau si commun,
Que cette demoiselle-là,
A de telles pensées en chemin ?
Comme il est bon de pouvoir penser
Au su de tous et de toutes
De fantasmer, de divaguer,
Sans que personne ne se doute !
Mais revenons à nos moutons
A ce qui dans ma tête gigote,
Je ne parle pas de mes sentiments,
Juste de l’idée d’enlever ma culotte
Mais tu poursuis ta course folle,
Dépêche-toi on va être en retard !
Tu ne veux pas rater l’idole,
Qui joue ce soir un boulevard.
Alexandra
Mer 07 Juin 2006, 14:48 par
harmonie sur Parler d'amour
Ultra Moderne Solitude
Comme il est doux de se lever à 11 heures sans que personne ne vous dise : «Bon… Tu te lèves ?…»
Comme il est doux de manger quand vous avez faim, ou de vous faire un, deux, trois ti-punch sans craindre d’œil réprobateur…
Comme il est doux de traîner en sportswear, pas sexy du tout, et de ne pas se laver avant… le soir…
Comme il est doux de se sentir décalé par rapport à la vie des gens bien-comme-il-faut…
Comme il est doux de contacter ses chéris préférés quand on est prêt et qu’on en a envie, sans jamais subir…
Comme il est doux de ne pas subir les habitudes, le quotidien, mais au contraire de vivre à fond les meilleurs moments…
Mais, mais, mais… Le luxe de cette liberté a un prix…
Personne à qui parler quand vous êtes mal.
Personne pour s’occuper de vous quand vous êtes malade et cloué au lit.
Personne pour vous réconforter quand vous avez le spleen…
Personne pour partager sur un film, une musique, un bon repas, une discussion…
Personne pour faire évoluer une relation dans le partage de choses plus profondes, de qui l’on est, de ce que l’on veut donner à l’être aimé…
Personne à qui dire « Je t’aime »…
Dilemme, dilemme.
Spleen et idéal, comme dirait mon ami Baudelaire, dont j’aurais aimé être la muse...
Comme il est doux de manger quand vous avez faim, ou de vous faire un, deux, trois ti-punch sans craindre d’œil réprobateur…
Comme il est doux de traîner en sportswear, pas sexy du tout, et de ne pas se laver avant… le soir…
Comme il est doux de se sentir décalé par rapport à la vie des gens bien-comme-il-faut…
Comme il est doux de contacter ses chéris préférés quand on est prêt et qu’on en a envie, sans jamais subir…
Comme il est doux de ne pas subir les habitudes, le quotidien, mais au contraire de vivre à fond les meilleurs moments…
Mais, mais, mais… Le luxe de cette liberté a un prix…
Personne à qui parler quand vous êtes mal.
Personne pour s’occuper de vous quand vous êtes malade et cloué au lit.
Personne pour vous réconforter quand vous avez le spleen…
Personne pour partager sur un film, une musique, un bon repas, une discussion…
Personne pour faire évoluer une relation dans le partage de choses plus profondes, de qui l’on est, de ce que l’on veut donner à l’être aimé…
Personne à qui dire « Je t’aime »…
Dilemme, dilemme.
Spleen et idéal, comme dirait mon ami Baudelaire, dont j’aurais aimé être la muse...
Lun 05 Juin 2006, 17:55 par
Lorely sur La vie à deux
Les Chemins de Lumière
Korkam marchait depuis trois jours, dormant peu afin de profiter de la fraîcheur de la nuit. Bamon, le soleil, cuisait sa peau tout le temps de sa traversée du ciel, comme s’il ne voulait pas que Korkam atteigne son but.
Son but ! Fou qu’il était ! Et tous le lui disaient !!! ... Korkam le Bâtisseur, l’habile artisan, certes un peu gueulard, ... PENSAIT.
Certains soirs, il abandonnait femme et enfants, non pas pour prendre du plaisir près de Jora, la veuve qui prêtait son ventre et ses mamelles rebondies contre de la nourriture ou du travail. Non pas ! Il s’agenouillait près de la rivière et il PENSAIT. Et cela amusait tout le monde. Qu’y avait-il de plus important que de bâfrer, de boire jusqu’à l’ivresse, de darder son épouse et talocher ses marmots ?
Seulement voilà, Korkam, lui, pensait ! C’était comme si une bête était entrée en lui et qu’ils parlent tous les deux, mais sans parole.
Maintenant, Korkam, marchait, depuis trois jours, parce qu’un voyageur, un va-nu-pieds, plus nu que vêtu d’ailleurs, s’était assis non loin de lui à l’ombre d’un arbre. Sans rien dire, l’homme l’avait regardé travailler le reste du jour.
Korkam s’était senti plusieurs fois irrité de se sentir observé et autant de fois il avait préparé les mots pour chasser l’intrus. Pourtant quand il se redressait et toisait l’homme, les yeux doux et le vague sourire, comme le reflet d’un bonheur calme, le désarmaient. Alors il restait muet et sa haute stature le gênait, comme une cuirasse de géant enfermant un bambin.
Mal à l’aise, il reprenait ses outils et cassait les pierres de sa lourde masse. Les aides gâchaient la terre et la nappaient sur le mur. Korkam déposait ensuite ses pierres et les parements s’harmonisaient comme par enchantement. Enfin, l’enchantement, c’était pour les autres ; lui savait que le miracle n’était que l’habitude des hivers et des étés de travail. Depuis longtemps, il aurait pu tailler et maçonner les yeux fermés, les matériaux étaient comme des morceaux de lui-même que les outils auraient séparés de son corps.
Bamon faisait suer ses muscles, la fatigue les rendait douloureux. La présence de l’inconnu le perturba tant qu’il résolut de renvoyer ses compagnons en leur donnant le pain, l’huile et les oignons convenus par journée de labeur. Bien qu’étonnés, ils ne soufflèrent mot, plutôt heureux de s’épargner des efforts supplémentaires.
Korkam plongea la tête, le torse et les bras dans un grand bac d’eau. Se relevant vivement, ruisselant, il se décida enfin à marcher vers l’étrange personnage. Quand il fût devant l’homme, celui-ci parla, calme, les yeux fixant l’âme de Korkam.
"- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ? "
Cette interrogation surprit Korkam. Etait-il fou ? Pourtant, ce n’était pas le sentiment qu’il donnait.
- Je travaille, mais que devrais-je savoir ?
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Ton esprit s’est perdu en chemin ; tu m’ennuies.
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Mais... Je construis une maison !
- Bien, bien… Qu’est-ce qu’une maison ?
- Enfin, inconnu, me diras-tu ce que tu me veux ? Ne me dis pas que tu ignores ce qu’est une maison.
- Qu’est-ce qu’une maison ? N’aie pas peur; je saurais comprendre ce que tu me répondras.
Korkam ressentit un frisson, surprenant dans la moiteur chaude qui remplaçait peu à peu la brûlure de Bamon. Le soleil allait s’unir aux montagnes et leur union ferait flamber le ciel. Le prêtre devait prier pour la naissance de la nouvelle étoile enfantée par le feu céleste et les neiges des monts qui ne fondent jamais.
Ainsi donc, il n’était pas seul à penser. Il n’était pas seul à sentir que les choses peuvent être autres que ce qu’elles paraissent.
- Inconnu, si je te réponds que je bâtis l’univers des hommes, seras-tu satisfait ?
- Non, car tu ne le serais pas toi-même !
- C’est vrai ! Mais je ne sais comment dire. Parfois, je me vois dans les pierres, dans la terre, dans l’eau. Plus je pense, plus je me vois dans les maisons que je construis. Plus les murs s’élèvent, plus j’ai l’impression de me rapprocher de Bamon.
- Parle-moi de lui, Bâtisseur. Dis-moi qui est Bamon.
- Vieil entêté ! Tu ne sais donc que poser des questions ! En as-tu autant dans la tête, de ces questions, qu’il y a de grains de sable dans la rivière?
- Dis-moi qui est Bamon, reprit le voyageur.
Son visage reflétait un tel calme, une telle douceur attendrissante, que Korkam, une fois de plus, se sentit désemparé.
- Bamon... Bamon, c’est le Dieu ! C’est le feu, c’est la lumière du jour. C’est le père des Etoiles, celui qui engrosse la neige des montagnes. Bamon, c’est l’union des Sages qui nous guident après leur mort. Bamon, c’est le Grand Puissant ! Vénérés soient les Grands Sages de l’Autre Monde ! Loués soient leurs desseins !
- Bien, Bâtisseur ! Es-tu satisfait de ta réponse ?
- Pas entièrement. Mes pensées s’embrouillent. J’ai toujours l’impression que le prêtre ne nous dit pas tout. Mais peut-être n’en sait-il pas plus. Tu vois, vieil homme, je me demande souvent : pourquoi Bamon nous donne-t-il la lumière en traversant le ciel toujours dans le même sens ? Est-ce un message ? Est-ce qu’il m’appelle sur les hautes montagnes, là où il rentre dans la terre ? Mais dis-moi, questionneur, as-tu des réponses dans ton sac ?
- Quelques unes, Bâtisseur, quelques unes. Je ne suis pas certain qu’elles te conviendraient, ni même si elles représentent la Vérité. Vois-tu, Bâtisseur, je suis comme toi un rêveur que l’on moque. Moi aussi je vois dans les choses un sens qu’elles me suggèrent.
Je te regardais monter tes murs et je pensais à celui qui construit le monde nous servant de maison à tous. Toi tu penses à la maison que tu es et qui abrite ton esprit. Bamon recueille l’esprit des Sages Morts. Les poissons ont l’eau pour maison et les oiseaux ont l’air. Chaque vie, chaque chose a sa maison, et sûrement qu’elle est elle-même la maison d’une autre vie ou d’une autre chose. C’est un peu comme un écho qui viendrait de Bamon, traversant tout ce qui est, pour aller jusqu’à la puce ou le grain de mil. Chaque vie, chaque chose est donc importante puisqu’elle participe de l’ordre de Bamon et qu’elle retourne à lui. Comprends-tu qu’en te regardant élever tes murs, je voyais Bamon construire le monde ?
Korkam marchait toujours sous le Feu de Bamon. Les paroles de l’étranger résonnaient toujours dans sa tête. Par quelle sorcellerie avait-il pu lui dire clairement ce que lui-même ressentait de manière confuse ? Comment avait-il su ?
- Maudite soit ma tête qui pense ! hurla Korkam, menaçant Bamon de son lourd bâton. Mais comme d’habitude, le seul résultat fût d’être douloureusement aveuglé par la trop grande lumière. Ah ! Le soleil sait punir ceux qui le défient.
Korkam avait été stupéfait des paroles du voyageur, mais surtout, il avait ressenti que le Vieux ne lui disait pas tout. La nuit était venue et la lune les éclairait suffisamment pour qu’ils se voient sans l’aide de torches.
- Vieil homme, tu sembles si savant et si sage. Pourquoi traînes-tu sur les chemins ? Beaucoup d’hommes achèteraient tes conseils. Tu peux être riche et puissant.
Le traîne-savates partit d’un grand rire. Un rire si grand qu’il en pleurait. Puis il reprit son calme et dit :
- Qu’importent les richesses, Korkam, et si je suis sage, je ne le suis que de chercher la sagesse. Je ne suis savant que de savoir qu’il faut que je m’interroge toujours pour mieux comprendre. Non, Korkam, je ne suis ni sage, ni savant, juste un mendiant qui cherche pourquoi il vit. Il y a partout des hommes bien plus sages et savants que moi.
- Et tu marches pour les rencontrer ?
- C’est vrai, je dérobe un peu du savoir de chacun et puis je reçois chaque jour un nouveau présent de Bamon : un autre paysage, différent de ceux des jours passés, d’autres hommes, eux aussi différents.
La nuit était fort avancée quand Korkam invita l’inconnu dans sa maison et le régala de pain, d’oignons et d’huile. Il avait dans l’idée de suivre le voyageur, comme le disciple suit le maître, mais à son réveil, le sage était parti.
Le bâtisseur s’assit près de la porte, ferma les yeux. Que devait-il faire ? Partir sur les chemins, ça oui, il en était certain. Pourquoi ? Pour trouver la sagesse ? Bon ! Où ? Là, c’était plus compliqué !
Voyons, le mendiant avait eu des foules de paroles dont il n’avait pas compris le sens, mais il avait pourtant ressenti qu’il y en avait un, caché sous les mots. Voyons, voyons ! Le vieux avait dit : « Il faut suivre le chemin de Bamon, mais pour comprendre, l’homme doit s’en écarter, revenir sur ses pas, croiser sa propre route et puis repartir, recommencer encore et encore puis reprendre enfin le chemin. » Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Bon, si je marche vers l’union du soleil et de la terre, je marcherai vers ma mort, ma fusion avec Bamon. Non, je suis trop jeune encore, ce n’est pas l’heure. Je suis plus proche de la naissance que de la mort. Et comment entrer dans Bamon, puisque je ne sais rien et ne suis pas un Sage. Non, décidément, ce n’est pas vers la mort qu’il faut aller, c’est là où naît la Lumière, là où Bamon vient s’imposer aux hommes pour les éveiller, les faire revivre, renaître.
Oui, Korkam en était sûr, il fallait aller à la naissance du jour pour comprendre.
Voila pourquoi il marchait, franchissant des plaines et des collines et des rivières, tour à tour exalté par l’espoir et se maudissant.
Vers le milieu du quatrième jour, il arriva au pied d’une falaise, qu’il longea quelques temps. Devant une grotte, un vieillard était assis, les yeux grand ouverts, fixant Bamon. Aucun mouvement ne l’animait. Korkam s’approcha et s’assit face à l’Ancien.
- Je te salue, respectable Vieil Homme. Tu dois être un grand Sage pour que Bamon te laisse le regarder en face. Je suis moi-même en quête de Sagesse. Veux-tu me dire quelle est la question qui a hanté ta vie ?
Le vieux ne répondit pas, n’eut même pas un geste.
Comprenant la réflexion de l’ancêtre, Korkam attendit, attendit très longtemps. Rien ne semblait troubler la quiétude du hiératique vieillard. Avant la venue du soir, Korkam se décida à reposer sa question.
- Quelle est la question qui a hanté ta vie, Vénérable Père ?
Cela ne troubla pas plus la méditation de l’interrogé.
Korkam ne douta pas que ce silence avait un sens. Idiot qu’il était ; la Sagesse ne se trouve qu’en soi. Le Vieux, en ne lui répondant pas, lui démontrait la sottise de sa question. Si un homme cherche le secret, il le trouvera en regardant les hommes du peuple, pas les Sages. Qu’est-ce qu’un Sage, après tout, qui le nomme ainsi ?
Le mendiant le lui avait dit. Il l’avait prévenu : « Suis la route de Bamon et tu trouveras; mais prend garde de ne jamais être loin des hommes. Celui qui s’écarte de ses semblables se coupe un bras, une jambe et s’arrache le coeur. Il ne lui reste que la tête pour être entière et ses yeux pour pleurer. Suis les Chemins de Lumière et regarde les hommes; tu te verras en eux. »
Korkam se releva et chercha du regard un abri pour dormir. Une femme s’approchait portant un plat de nourriture. Elle regarda le marcheur.
- Je te salue étranger, que fais-tu près de ce vieux répugnant ?
- Que dis-tu, femme ?
- Que fais-tu près de cet homme qui a usé sa vie à faire souffrir les siens ?
- Mais... Mais il regarde Bamon sans baisser les yeux !
- C’est le privilège des aveugles, étranger.
- Quoi ! Mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?
- Les Dieux ne l’avaient sans doute pas assez puni en lui prenant les yeux. Ses oreilles n’entendent pas plus qu’il ne voit.
- Et je suis resté à le contempler comme Sage, alors qu’il n’est que moitié d’homme, murmura Korkam, et mauvais homme en plus!
- Tu sembles désemparé, étranger. Que cherchais-tu près de ce banni ?
- La Sagesse, Femme, la Sagesse ! Son attitude, son silence m’ont abusé. J’ai marché quatre courses du Dieu Soleil pour trouver un Sage et je croyais en avoir trouvé un.
- As-tu femme et enfants ?
- Oui, bien sûr.
- Et tu les as abandonnés pour trouver la Sagesse ?
- Oui... Oui !
- Alors tu chercheras longtemps la Sagesse; tu trouveras peut-être des Sages, mais toi tu n’auras que le remords de ne pas avoir tenu la main de ta femme quand la mort est venue la prendre. Tu n’auras que le remords de tes enfants qui mendient du lapin et des oignons. Crois-moi, Homme, je viens chaque jour nourrir ce fils de chien que tu as cru un Sage, parce que je pense que tous les Enfants des Hommes ont droit aux bienfaits de Bamon, même les mauvais. Un homme, une femme, un enfant est fils ou fille de ta femme ou de ta mère. Ton destin est avec eux, ta Sagesse est en eux et dans tes aïeux. Si tu es loin d’eux, tu ne seras jamais qu’un esprit de ton vivant et rien après ta mort, car tes fils maudiront ton nom. Retourne-toi, étranger, reprends le chemin qui mène aux tiens.
Korkam s’approcha de la femme, s’agenouilla et baisa ses pieds. Se relevant, il essuya un pleur, fit demi-tour et marcha dans la nuit. Korkam était l’homme revenant de l’orient vers l’occident, pour retrouver ses frères et sa famille sur le chemin de lumière.
Laissons Korkam sur son chemin de retour, pour nous retrouver ici, après ces quelques minutes de rêves, ou... d’ennui.
A quoi sert de chercher hors des limites que nous impartit le hasard, ou Dieu, ou ce que vous voudrez, à quoi donc sert de chercher hors de nos limites courantes un accomplissement ? C’est la question que pose ce conte.
Korkam (ainsi que nous) doit-il et peut-il se réaliser hors du monde tangible ?
Nous avons, pour la plupart d’entre nous, c’est-à-dire en ne comptant pas ceux qui ont seulement eu vocation de faire partie d’un groupe soi-disant élitiste, fait le choix de tenter de comprendre quel était le sens de notre vie. Eventuellement, nous avons décidé de participer au Grand Œuvre, c’est-à-dire de prendre conscience de notre grégarisme latent et de participer à la réalisation, au bonheur du collectif humain. « Bonheur » entre guillemets puisqu’il s’agit de la perfection intellectuelle et morale de l’humanité.
Cette situation amène à des ambivalences funestes. Selon les temps et les lieux, les hommes se préoccupent tantôt plus du matériel, tantôt plus du spirituel.
Se préoccuper du destin matériel de l’Homme, cela s’appelle faire de la politique.
S’occuper du spirituel, c’est souvent être religieux, au sens étymologique du terme "religare : relier", mais combien sont réellement reliés par les religions, par la spiritualité ?
Nous savons tous que dans l’un ou l’autre des cas, on nous propose sinon le bonheur, du moins des objectifs de « mieux-être » précis et des moyens d’y parvenir. Nous savons tous, que dans l’un ou l’autre cas, on se sert de l’un pour étayer l’autre. N’y a-t-il donc aucun espoir de sortir de ce cercle vicieux ? Est-il impossible qu’il y ait un accomplissement des hommes collectivement, ce qui ne nous laisserait que la possibilité de l’accomplissement personnel ?
Doit-on se contenter de l’introspection, d’une ascèse monacale ? Je ne peux m’empêcher de voir là une vision égocentrique et égoïste. Le défi lancé à l’humanité n’est-il pas d’ordonner ce champ clos qu’est la Terre ? N’y a-t-il pas quelque chose de risible, sinistrement risible, à penser à un paradis, un nirvâna, où nous irions tous, baignant dans une fraternité idéale quand nous ne sommes pas capables de montrer un iota de tolérance et d’amour pour notre prochain ?
Faut-il passer par la mort pour être bon ? Dans ce cas, laissez-moi partir tout de suite, je cours me pendre.
Non, la réalisation de l’homme est ici, dans ce monde. La béatitude est dans le bien que nous devons vouloir pour tous et non pas dans le mieux pour quelques uns, même si nous sommes de ceux-là.
Un illustre penseur a dit que le monde est une illusion. Malheureusement pour certains, le drame de la vie est tel qu’on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux que ce soit une illusion perdue.
Où sont donc les Chemins de Lumière ?
Prenons garde de ne faire que la moitié d’un chemin qui deviendrait une impasse. Trop de lumière éblouit et rend aveugle. Si, en plus, nous sommes sourds aux cris du monde... Alors là...
Son but ! Fou qu’il était ! Et tous le lui disaient !!! ... Korkam le Bâtisseur, l’habile artisan, certes un peu gueulard, ... PENSAIT.
Certains soirs, il abandonnait femme et enfants, non pas pour prendre du plaisir près de Jora, la veuve qui prêtait son ventre et ses mamelles rebondies contre de la nourriture ou du travail. Non pas ! Il s’agenouillait près de la rivière et il PENSAIT. Et cela amusait tout le monde. Qu’y avait-il de plus important que de bâfrer, de boire jusqu’à l’ivresse, de darder son épouse et talocher ses marmots ?
Seulement voilà, Korkam, lui, pensait ! C’était comme si une bête était entrée en lui et qu’ils parlent tous les deux, mais sans parole.
Maintenant, Korkam, marchait, depuis trois jours, parce qu’un voyageur, un va-nu-pieds, plus nu que vêtu d’ailleurs, s’était assis non loin de lui à l’ombre d’un arbre. Sans rien dire, l’homme l’avait regardé travailler le reste du jour.
Korkam s’était senti plusieurs fois irrité de se sentir observé et autant de fois il avait préparé les mots pour chasser l’intrus. Pourtant quand il se redressait et toisait l’homme, les yeux doux et le vague sourire, comme le reflet d’un bonheur calme, le désarmaient. Alors il restait muet et sa haute stature le gênait, comme une cuirasse de géant enfermant un bambin.
Mal à l’aise, il reprenait ses outils et cassait les pierres de sa lourde masse. Les aides gâchaient la terre et la nappaient sur le mur. Korkam déposait ensuite ses pierres et les parements s’harmonisaient comme par enchantement. Enfin, l’enchantement, c’était pour les autres ; lui savait que le miracle n’était que l’habitude des hivers et des étés de travail. Depuis longtemps, il aurait pu tailler et maçonner les yeux fermés, les matériaux étaient comme des morceaux de lui-même que les outils auraient séparés de son corps.
Bamon faisait suer ses muscles, la fatigue les rendait douloureux. La présence de l’inconnu le perturba tant qu’il résolut de renvoyer ses compagnons en leur donnant le pain, l’huile et les oignons convenus par journée de labeur. Bien qu’étonnés, ils ne soufflèrent mot, plutôt heureux de s’épargner des efforts supplémentaires.
Korkam plongea la tête, le torse et les bras dans un grand bac d’eau. Se relevant vivement, ruisselant, il se décida enfin à marcher vers l’étrange personnage. Quand il fût devant l’homme, celui-ci parla, calme, les yeux fixant l’âme de Korkam.
"- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ? "
Cette interrogation surprit Korkam. Etait-il fou ? Pourtant, ce n’était pas le sentiment qu’il donnait.
- Je travaille, mais que devrais-je savoir ?
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Ton esprit s’est perdu en chemin ; tu m’ennuies.
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Mais... Je construis une maison !
- Bien, bien… Qu’est-ce qu’une maison ?
- Enfin, inconnu, me diras-tu ce que tu me veux ? Ne me dis pas que tu ignores ce qu’est une maison.
- Qu’est-ce qu’une maison ? N’aie pas peur; je saurais comprendre ce que tu me répondras.
Korkam ressentit un frisson, surprenant dans la moiteur chaude qui remplaçait peu à peu la brûlure de Bamon. Le soleil allait s’unir aux montagnes et leur union ferait flamber le ciel. Le prêtre devait prier pour la naissance de la nouvelle étoile enfantée par le feu céleste et les neiges des monts qui ne fondent jamais.
Ainsi donc, il n’était pas seul à penser. Il n’était pas seul à sentir que les choses peuvent être autres que ce qu’elles paraissent.
- Inconnu, si je te réponds que je bâtis l’univers des hommes, seras-tu satisfait ?
- Non, car tu ne le serais pas toi-même !
- C’est vrai ! Mais je ne sais comment dire. Parfois, je me vois dans les pierres, dans la terre, dans l’eau. Plus je pense, plus je me vois dans les maisons que je construis. Plus les murs s’élèvent, plus j’ai l’impression de me rapprocher de Bamon.
- Parle-moi de lui, Bâtisseur. Dis-moi qui est Bamon.
- Vieil entêté ! Tu ne sais donc que poser des questions ! En as-tu autant dans la tête, de ces questions, qu’il y a de grains de sable dans la rivière?
- Dis-moi qui est Bamon, reprit le voyageur.
Son visage reflétait un tel calme, une telle douceur attendrissante, que Korkam, une fois de plus, se sentit désemparé.
- Bamon... Bamon, c’est le Dieu ! C’est le feu, c’est la lumière du jour. C’est le père des Etoiles, celui qui engrosse la neige des montagnes. Bamon, c’est l’union des Sages qui nous guident après leur mort. Bamon, c’est le Grand Puissant ! Vénérés soient les Grands Sages de l’Autre Monde ! Loués soient leurs desseins !
- Bien, Bâtisseur ! Es-tu satisfait de ta réponse ?
- Pas entièrement. Mes pensées s’embrouillent. J’ai toujours l’impression que le prêtre ne nous dit pas tout. Mais peut-être n’en sait-il pas plus. Tu vois, vieil homme, je me demande souvent : pourquoi Bamon nous donne-t-il la lumière en traversant le ciel toujours dans le même sens ? Est-ce un message ? Est-ce qu’il m’appelle sur les hautes montagnes, là où il rentre dans la terre ? Mais dis-moi, questionneur, as-tu des réponses dans ton sac ?
- Quelques unes, Bâtisseur, quelques unes. Je ne suis pas certain qu’elles te conviendraient, ni même si elles représentent la Vérité. Vois-tu, Bâtisseur, je suis comme toi un rêveur que l’on moque. Moi aussi je vois dans les choses un sens qu’elles me suggèrent.
Je te regardais monter tes murs et je pensais à celui qui construit le monde nous servant de maison à tous. Toi tu penses à la maison que tu es et qui abrite ton esprit. Bamon recueille l’esprit des Sages Morts. Les poissons ont l’eau pour maison et les oiseaux ont l’air. Chaque vie, chaque chose a sa maison, et sûrement qu’elle est elle-même la maison d’une autre vie ou d’une autre chose. C’est un peu comme un écho qui viendrait de Bamon, traversant tout ce qui est, pour aller jusqu’à la puce ou le grain de mil. Chaque vie, chaque chose est donc importante puisqu’elle participe de l’ordre de Bamon et qu’elle retourne à lui. Comprends-tu qu’en te regardant élever tes murs, je voyais Bamon construire le monde ?
Korkam marchait toujours sous le Feu de Bamon. Les paroles de l’étranger résonnaient toujours dans sa tête. Par quelle sorcellerie avait-il pu lui dire clairement ce que lui-même ressentait de manière confuse ? Comment avait-il su ?
- Maudite soit ma tête qui pense ! hurla Korkam, menaçant Bamon de son lourd bâton. Mais comme d’habitude, le seul résultat fût d’être douloureusement aveuglé par la trop grande lumière. Ah ! Le soleil sait punir ceux qui le défient.
Korkam avait été stupéfait des paroles du voyageur, mais surtout, il avait ressenti que le Vieux ne lui disait pas tout. La nuit était venue et la lune les éclairait suffisamment pour qu’ils se voient sans l’aide de torches.
- Vieil homme, tu sembles si savant et si sage. Pourquoi traînes-tu sur les chemins ? Beaucoup d’hommes achèteraient tes conseils. Tu peux être riche et puissant.
Le traîne-savates partit d’un grand rire. Un rire si grand qu’il en pleurait. Puis il reprit son calme et dit :
- Qu’importent les richesses, Korkam, et si je suis sage, je ne le suis que de chercher la sagesse. Je ne suis savant que de savoir qu’il faut que je m’interroge toujours pour mieux comprendre. Non, Korkam, je ne suis ni sage, ni savant, juste un mendiant qui cherche pourquoi il vit. Il y a partout des hommes bien plus sages et savants que moi.
- Et tu marches pour les rencontrer ?
- C’est vrai, je dérobe un peu du savoir de chacun et puis je reçois chaque jour un nouveau présent de Bamon : un autre paysage, différent de ceux des jours passés, d’autres hommes, eux aussi différents.
La nuit était fort avancée quand Korkam invita l’inconnu dans sa maison et le régala de pain, d’oignons et d’huile. Il avait dans l’idée de suivre le voyageur, comme le disciple suit le maître, mais à son réveil, le sage était parti.
Le bâtisseur s’assit près de la porte, ferma les yeux. Que devait-il faire ? Partir sur les chemins, ça oui, il en était certain. Pourquoi ? Pour trouver la sagesse ? Bon ! Où ? Là, c’était plus compliqué !
Voyons, le mendiant avait eu des foules de paroles dont il n’avait pas compris le sens, mais il avait pourtant ressenti qu’il y en avait un, caché sous les mots. Voyons, voyons ! Le vieux avait dit : « Il faut suivre le chemin de Bamon, mais pour comprendre, l’homme doit s’en écarter, revenir sur ses pas, croiser sa propre route et puis repartir, recommencer encore et encore puis reprendre enfin le chemin. » Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Bon, si je marche vers l’union du soleil et de la terre, je marcherai vers ma mort, ma fusion avec Bamon. Non, je suis trop jeune encore, ce n’est pas l’heure. Je suis plus proche de la naissance que de la mort. Et comment entrer dans Bamon, puisque je ne sais rien et ne suis pas un Sage. Non, décidément, ce n’est pas vers la mort qu’il faut aller, c’est là où naît la Lumière, là où Bamon vient s’imposer aux hommes pour les éveiller, les faire revivre, renaître.
Oui, Korkam en était sûr, il fallait aller à la naissance du jour pour comprendre.
Voila pourquoi il marchait, franchissant des plaines et des collines et des rivières, tour à tour exalté par l’espoir et se maudissant.
Vers le milieu du quatrième jour, il arriva au pied d’une falaise, qu’il longea quelques temps. Devant une grotte, un vieillard était assis, les yeux grand ouverts, fixant Bamon. Aucun mouvement ne l’animait. Korkam s’approcha et s’assit face à l’Ancien.
- Je te salue, respectable Vieil Homme. Tu dois être un grand Sage pour que Bamon te laisse le regarder en face. Je suis moi-même en quête de Sagesse. Veux-tu me dire quelle est la question qui a hanté ta vie ?
Le vieux ne répondit pas, n’eut même pas un geste.
Comprenant la réflexion de l’ancêtre, Korkam attendit, attendit très longtemps. Rien ne semblait troubler la quiétude du hiératique vieillard. Avant la venue du soir, Korkam se décida à reposer sa question.
- Quelle est la question qui a hanté ta vie, Vénérable Père ?
Cela ne troubla pas plus la méditation de l’interrogé.
Korkam ne douta pas que ce silence avait un sens. Idiot qu’il était ; la Sagesse ne se trouve qu’en soi. Le Vieux, en ne lui répondant pas, lui démontrait la sottise de sa question. Si un homme cherche le secret, il le trouvera en regardant les hommes du peuple, pas les Sages. Qu’est-ce qu’un Sage, après tout, qui le nomme ainsi ?
Le mendiant le lui avait dit. Il l’avait prévenu : « Suis la route de Bamon et tu trouveras; mais prend garde de ne jamais être loin des hommes. Celui qui s’écarte de ses semblables se coupe un bras, une jambe et s’arrache le coeur. Il ne lui reste que la tête pour être entière et ses yeux pour pleurer. Suis les Chemins de Lumière et regarde les hommes; tu te verras en eux. »
Korkam se releva et chercha du regard un abri pour dormir. Une femme s’approchait portant un plat de nourriture. Elle regarda le marcheur.
- Je te salue étranger, que fais-tu près de ce vieux répugnant ?
- Que dis-tu, femme ?
- Que fais-tu près de cet homme qui a usé sa vie à faire souffrir les siens ?
- Mais... Mais il regarde Bamon sans baisser les yeux !
- C’est le privilège des aveugles, étranger.
- Quoi ! Mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?
- Les Dieux ne l’avaient sans doute pas assez puni en lui prenant les yeux. Ses oreilles n’entendent pas plus qu’il ne voit.
- Et je suis resté à le contempler comme Sage, alors qu’il n’est que moitié d’homme, murmura Korkam, et mauvais homme en plus!
- Tu sembles désemparé, étranger. Que cherchais-tu près de ce banni ?
- La Sagesse, Femme, la Sagesse ! Son attitude, son silence m’ont abusé. J’ai marché quatre courses du Dieu Soleil pour trouver un Sage et je croyais en avoir trouvé un.
- As-tu femme et enfants ?
- Oui, bien sûr.
- Et tu les as abandonnés pour trouver la Sagesse ?
- Oui... Oui !
- Alors tu chercheras longtemps la Sagesse; tu trouveras peut-être des Sages, mais toi tu n’auras que le remords de ne pas avoir tenu la main de ta femme quand la mort est venue la prendre. Tu n’auras que le remords de tes enfants qui mendient du lapin et des oignons. Crois-moi, Homme, je viens chaque jour nourrir ce fils de chien que tu as cru un Sage, parce que je pense que tous les Enfants des Hommes ont droit aux bienfaits de Bamon, même les mauvais. Un homme, une femme, un enfant est fils ou fille de ta femme ou de ta mère. Ton destin est avec eux, ta Sagesse est en eux et dans tes aïeux. Si tu es loin d’eux, tu ne seras jamais qu’un esprit de ton vivant et rien après ta mort, car tes fils maudiront ton nom. Retourne-toi, étranger, reprends le chemin qui mène aux tiens.
Korkam s’approcha de la femme, s’agenouilla et baisa ses pieds. Se relevant, il essuya un pleur, fit demi-tour et marcha dans la nuit. Korkam était l’homme revenant de l’orient vers l’occident, pour retrouver ses frères et sa famille sur le chemin de lumière.
Laissons Korkam sur son chemin de retour, pour nous retrouver ici, après ces quelques minutes de rêves, ou... d’ennui.
A quoi sert de chercher hors des limites que nous impartit le hasard, ou Dieu, ou ce que vous voudrez, à quoi donc sert de chercher hors de nos limites courantes un accomplissement ? C’est la question que pose ce conte.
Korkam (ainsi que nous) doit-il et peut-il se réaliser hors du monde tangible ?
Nous avons, pour la plupart d’entre nous, c’est-à-dire en ne comptant pas ceux qui ont seulement eu vocation de faire partie d’un groupe soi-disant élitiste, fait le choix de tenter de comprendre quel était le sens de notre vie. Eventuellement, nous avons décidé de participer au Grand Œuvre, c’est-à-dire de prendre conscience de notre grégarisme latent et de participer à la réalisation, au bonheur du collectif humain. « Bonheur » entre guillemets puisqu’il s’agit de la perfection intellectuelle et morale de l’humanité.
Cette situation amène à des ambivalences funestes. Selon les temps et les lieux, les hommes se préoccupent tantôt plus du matériel, tantôt plus du spirituel.
Se préoccuper du destin matériel de l’Homme, cela s’appelle faire de la politique.
S’occuper du spirituel, c’est souvent être religieux, au sens étymologique du terme "religare : relier", mais combien sont réellement reliés par les religions, par la spiritualité ?
Nous savons tous que dans l’un ou l’autre des cas, on nous propose sinon le bonheur, du moins des objectifs de « mieux-être » précis et des moyens d’y parvenir. Nous savons tous, que dans l’un ou l’autre cas, on se sert de l’un pour étayer l’autre. N’y a-t-il donc aucun espoir de sortir de ce cercle vicieux ? Est-il impossible qu’il y ait un accomplissement des hommes collectivement, ce qui ne nous laisserait que la possibilité de l’accomplissement personnel ?
Doit-on se contenter de l’introspection, d’une ascèse monacale ? Je ne peux m’empêcher de voir là une vision égocentrique et égoïste. Le défi lancé à l’humanité n’est-il pas d’ordonner ce champ clos qu’est la Terre ? N’y a-t-il pas quelque chose de risible, sinistrement risible, à penser à un paradis, un nirvâna, où nous irions tous, baignant dans une fraternité idéale quand nous ne sommes pas capables de montrer un iota de tolérance et d’amour pour notre prochain ?
Faut-il passer par la mort pour être bon ? Dans ce cas, laissez-moi partir tout de suite, je cours me pendre.
Non, la réalisation de l’homme est ici, dans ce monde. La béatitude est dans le bien que nous devons vouloir pour tous et non pas dans le mieux pour quelques uns, même si nous sommes de ceux-là.
Un illustre penseur a dit que le monde est une illusion. Malheureusement pour certains, le drame de la vie est tel qu’on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux que ce soit une illusion perdue.
Où sont donc les Chemins de Lumière ?
Prenons garde de ne faire que la moitié d’un chemin qui deviendrait une impasse. Trop de lumière éblouit et rend aveugle. Si, en plus, nous sommes sourds aux cris du monde... Alors là...
Sam 03 Juin 2006, 10:09 par
Janus Bozyeux sur Mille choses
Frère indien...
Université du Colorado. Années 90. Peuple Jemes Pueblo. Peuple des Indiens du Nord, près d’Albuquerque, Nouveau Mexique. Un jeune étudiant. Très droit dans son cœur, dans tout ce qui se dégage de lui. Une douceur un peu enfantine. Mais décidé, très fier. Un souvenir, douloureux mais digne, celui des Wounded Knees ; un massacre, celui causé par le mensonge, la trahison, une parole que les blancs n’ont pas su tenir... L’université du Colorado a refusé le droit aux étudiants indiens de faire une représentation de danse sacrée le jour du match très prisé des Buffalo, jugeant que « ce n’est pas le lieu pour ce genre de « chose » ", pas le lieu pour commémorer la tragédie - trop de monde. Les genoux ensanglantés. L’horreur. Les plus grands chefs indiens se faisant massacrer avec leur peuple. Sur leur visage, dans leurs yeux, l’incompréhension de s’être fait trahir par ces hommes, ces grands chefs de guerre blancs qui avaient donné leur parole. Giono les aurait appelés des radis creux : « la parole fait l’homme ou l’homme ne vaut rien »... Oui, les blancs avaient usé de leur force de persuasion et puis, s’étaient comportés comme des lâches, comme des traites, ils avaient encerclé les indiens sans arme comme du bétail mené à la boucherie... Félonie. Le souvenir cuisant dans la mémoire de l’homme blanc, de sa faute. Le rouge de la honte à son front. Oui, j’ai eu honte avec mes frères blancs. J’ai pleuré de découragement et de dégoût : comment peut-on agir ainsi, c’est indigne de l’homme ?! Oui, j’ai pleuré avec mes frères indiens. A genoux...
Dans la petite salle où notre locuteur Towa venait, nous étions généralement en face l’un de l’autre, un micro entre les deux. J’avais un profond respect pour lui. Il le savait sans que je n’en dise rien. Ces longues heures de répétition sur cette langue à tons à la mélodie si pure : "haut-bas-haut », etc. ; les tons changeant le sens des mots, les tons dont la valeur est distinctive. Ces phrases répétées lentement, patiemment, jusqu’à ce que nos oreilles perçoivent les différentes intonations. Et au delà du langage, j’intègre ce qui est propre à la culture de mon frère, k. Sh., frère indien, qui protège son peuple de l’homme blanc, qui sait entourer de silence les questions indiscrêtes, hélas, non sans raison. Parfois je lui souris pour le réconforter, lorsque mes confrères vont trop loin. Il sait. Il me sourit en retour. Nous sommes solidaires. Cela, même le chairman du Département de Linguistique l’a compris. J’ai droit du même coup à des traitements de faveur de la part de Kevin. Il ne s’impatiente jamais lorsque la Française passant du towa à l’anglais et parfois au français pour fluidifier sa pensée, prend son temps. Bien sûr, le nom indien de Kévin, je ne le connais pas, seuls ceux de son peuple ont accès à ce savoir. Et puis, ce nom change avec les divers états d’homme : bébé, garçon, adolescent... Tout un rituel autour de cela. Des rites initiatiques qui font défaut dans notre société industrielle où la machine et la pensée froide et cartésienne ont pris le pas sur l’humanisme. On nous somme d’être productifs, déplaçables, jetables ; nous produisons, le travail n’est plus à notre service nous sommes au service du travail. On ne fait plus grandir le cœur de l’homme mais un outil. Des numéros, des matricules, des corps sans âme. Je repense à cette vie simple parce que recherchant l’unité et cette philosophie cosmologique, ce respect universel des êtres et de l’univers qui transpirait dans toute l’attitude simple, digne et si noble du jeune étudiant. Cet amour enfin que je ne retrouve pas chez l’homme blanc qui cultive les paradoxes et se méfie de la simplicité du cœur, l’homme blanc qui est passé maître en matière de duplicité. Ce faisant il se perd, mais le sait-il ? Pour Kevin et son peuple, la place de l’homme est juste ; non pas considéré comme un tout puissant, ou placé sur une échelle sociale, mais comme un vivant parmi les vivants. Un choyé dans un monde merveilleux qui lui procure toutes choses utiles à la vie, à son accomplissement de fils d’homme. Mais pour y avoir droit, pour le mériter il faut être intègre, en prendre soin, être respectueux de soi et de l’autre, un dans tout ce qu’on est, un dans le tout. A terme, il en va de même de chacun - où qu’il soit - même si on n’en a pas conscience ; ainsi, par exemple, le manque de respect de la nature ne cesse de revenir sur nous comme un boomerang. Mon ami, mon frère, qui m’avais testée au fil des rencontres et qui m’avais offert de venir assister aux fêtes de fin d’années chez ton peuple. Un privilège auquel je fus sensible au plus haut point. Combien de blancs avaient eu cet honneur ? C’était le cadeau le plus merveilleux je crois que l’on ait pu me faire. M’accueillir en profondeur. Kevin, je n’ai pas pû venir, hélas, tu le sais, la vie, l’amour en a décidé autrement ; mais dans mon cœur, je continue de penser à vous, d’être auprès de vous, solidaire de votre lutte, afin que l’homme blanc ne vous écrase pas avec sa grosse machine à uniformiser. Afin que votre langue et votre culture survivent, elles qui furent les seules à ne pas subir l’influence de l’anglais ou de l’espagnol, ces langues dominantes et tout ce qu’elles véhiculent. Et ce, grâce à votre pugnacité. Votre refus de renoncer à ce qui vous habite. Votre force intérieure. Je n’ai jamais pu mettre en mots tout ce que mon coeur contenait pour ton peuple et pour toi. Je sais que je n’en avais pas besoin, tu me comprenais au delà de toute parole. Mais aujourd’hui, j’ai envie de témoigner et d’autant plus fort que votre valeur humaine est, hélas, menacée : oui, vous êtes à mon cœur parmi les plus beaux enfants de l’homme que je n’ai jamais eu la joie d’approcher ; peut-être parce que les plus vrais. Je suis fière de vous avoir connus, je suis fière du défenseur farouche et pourtant si humble et doux que tu étais et, je l’espère, que tu es encore. Puisse l’Esprit te guider et t’accompagner tout au long de ton « indien path » avec tes frères et soeurs. Dans mon cœur, il y a toujours cet enfant qui montre du doigt l’écureuil et qui dit d’une voix claire : « i-ini, i-ini, i-ini, i-ini » ! !
Kevin, je t’ai rendu hommage pour tout ce que tu es et que je ne serais jamais, pour tout votre mystère, pour toute votre beauté, toute votre unicité, afin que vous ne mouriez pas...
Dans la petite salle où notre locuteur Towa venait, nous étions généralement en face l’un de l’autre, un micro entre les deux. J’avais un profond respect pour lui. Il le savait sans que je n’en dise rien. Ces longues heures de répétition sur cette langue à tons à la mélodie si pure : "haut-bas-haut », etc. ; les tons changeant le sens des mots, les tons dont la valeur est distinctive. Ces phrases répétées lentement, patiemment, jusqu’à ce que nos oreilles perçoivent les différentes intonations. Et au delà du langage, j’intègre ce qui est propre à la culture de mon frère, k. Sh., frère indien, qui protège son peuple de l’homme blanc, qui sait entourer de silence les questions indiscrêtes, hélas, non sans raison. Parfois je lui souris pour le réconforter, lorsque mes confrères vont trop loin. Il sait. Il me sourit en retour. Nous sommes solidaires. Cela, même le chairman du Département de Linguistique l’a compris. J’ai droit du même coup à des traitements de faveur de la part de Kevin. Il ne s’impatiente jamais lorsque la Française passant du towa à l’anglais et parfois au français pour fluidifier sa pensée, prend son temps. Bien sûr, le nom indien de Kévin, je ne le connais pas, seuls ceux de son peuple ont accès à ce savoir. Et puis, ce nom change avec les divers états d’homme : bébé, garçon, adolescent... Tout un rituel autour de cela. Des rites initiatiques qui font défaut dans notre société industrielle où la machine et la pensée froide et cartésienne ont pris le pas sur l’humanisme. On nous somme d’être productifs, déplaçables, jetables ; nous produisons, le travail n’est plus à notre service nous sommes au service du travail. On ne fait plus grandir le cœur de l’homme mais un outil. Des numéros, des matricules, des corps sans âme. Je repense à cette vie simple parce que recherchant l’unité et cette philosophie cosmologique, ce respect universel des êtres et de l’univers qui transpirait dans toute l’attitude simple, digne et si noble du jeune étudiant. Cet amour enfin que je ne retrouve pas chez l’homme blanc qui cultive les paradoxes et se méfie de la simplicité du cœur, l’homme blanc qui est passé maître en matière de duplicité. Ce faisant il se perd, mais le sait-il ? Pour Kevin et son peuple, la place de l’homme est juste ; non pas considéré comme un tout puissant, ou placé sur une échelle sociale, mais comme un vivant parmi les vivants. Un choyé dans un monde merveilleux qui lui procure toutes choses utiles à la vie, à son accomplissement de fils d’homme. Mais pour y avoir droit, pour le mériter il faut être intègre, en prendre soin, être respectueux de soi et de l’autre, un dans tout ce qu’on est, un dans le tout. A terme, il en va de même de chacun - où qu’il soit - même si on n’en a pas conscience ; ainsi, par exemple, le manque de respect de la nature ne cesse de revenir sur nous comme un boomerang. Mon ami, mon frère, qui m’avais testée au fil des rencontres et qui m’avais offert de venir assister aux fêtes de fin d’années chez ton peuple. Un privilège auquel je fus sensible au plus haut point. Combien de blancs avaient eu cet honneur ? C’était le cadeau le plus merveilleux je crois que l’on ait pu me faire. M’accueillir en profondeur. Kevin, je n’ai pas pû venir, hélas, tu le sais, la vie, l’amour en a décidé autrement ; mais dans mon cœur, je continue de penser à vous, d’être auprès de vous, solidaire de votre lutte, afin que l’homme blanc ne vous écrase pas avec sa grosse machine à uniformiser. Afin que votre langue et votre culture survivent, elles qui furent les seules à ne pas subir l’influence de l’anglais ou de l’espagnol, ces langues dominantes et tout ce qu’elles véhiculent. Et ce, grâce à votre pugnacité. Votre refus de renoncer à ce qui vous habite. Votre force intérieure. Je n’ai jamais pu mettre en mots tout ce que mon coeur contenait pour ton peuple et pour toi. Je sais que je n’en avais pas besoin, tu me comprenais au delà de toute parole. Mais aujourd’hui, j’ai envie de témoigner et d’autant plus fort que votre valeur humaine est, hélas, menacée : oui, vous êtes à mon cœur parmi les plus beaux enfants de l’homme que je n’ai jamais eu la joie d’approcher ; peut-être parce que les plus vrais. Je suis fière de vous avoir connus, je suis fière du défenseur farouche et pourtant si humble et doux que tu étais et, je l’espère, que tu es encore. Puisse l’Esprit te guider et t’accompagner tout au long de ton « indien path » avec tes frères et soeurs. Dans mon cœur, il y a toujours cet enfant qui montre du doigt l’écureuil et qui dit d’une voix claire : « i-ini, i-ini, i-ini, i-ini » ! !
Kevin, je t’ai rendu hommage pour tout ce que tu es et que je ne serais jamais, pour tout votre mystère, pour toute votre beauté, toute votre unicité, afin que vous ne mouriez pas...
Mar 30 Mai 2006, 22:17 par
dolce vita sur Un monde parfait
Amour à mâcher
Parfois, avec l’expérience, on en vient à douter de beaucoup de choses. On revient de tout. Il en va ainsi de l’amour. L’amour est parfois comme un chewing-gum : on voit son emballage, on nous en vante les mérites, on veut nous le faire goûter : pas de problème, le vendeur ne lésine pas sur la pub, elle vous suit partout, jusque dans votre boîte-aux-lettres, on vous relance par téléphone. On résiste, on refuse et puis, finalement, on craque. Tout neuf il a beaucoup de saveur, mais très vite, il devient insipide jusqu’à ce que, finalement, arrive l’amertume. Quand on se rend compte que c’est un ersatz de douceur, qu’il n’y a rien au fond qu’un bout de pâte indigeste, un leurre... Quand très vite vient la lassitude, le ras-le-bol de mâcher à vide, le dégoût nous prend et on veut s’en défaire. Bref, on le jette. Hélas ! Rien de pire qu’un vieux chewing-gum mâché, malgré tous nos efforts : il colle à la semelle...
Mar 30 Mai 2006, 18:09 par
dolce vita sur Mille choses
Mont des brumes (4)
Un paysage urbain que l’on devine dans la brume du matin. Au loin le bruit des bateliers. Il fait un froid humide, le soleil est loin de la ville, il ne peut percer la moiteur feutrée que l’on sent peser sur la citée... Dès l’aube, les bruits des voitures à chevaux se succèdent et envahissent la scène, se répercutent sur les immeubles à quatre étages, jusqu’au chapeau pointu de la dame de fer, immobile... Les volets de la chambre sont restés ouverts, la fenêtre aussi. Les rideaux volent et retombent sous le souffle léger du vent... La chambre est baignée d’une lumière nacrée. Le lit se prolonge doucement sur le sol recouvert des draps tendres et autre duvet... Elle dort. Sur le ventre. Il la regarde. Il parcourt ses courbes, il la sent abandonnée. Dans son sommeil, elle soupire. Il sourit. [...]
- « Ainsi, votre noble ami me soumet une énigme ? Cela tombe bien, j’adore jouer. » Il lui avait tendu le billet et elle avait usé de tout son temps pour en prendre connaissance : « Je me fie à ton talent d’expert pour identifier la paternité de cette œuvre... Merci de remettre au jeune homme qui t’apporte la toile la réponse. Bien à toi, Jean-François ».
Il l’avait suivie jusqu’à son atelier dont le désordre ne parvenait pas à occulter la divine lumière qu’il recevait... Frédéric en était resté bouche bée. Il se reprit en se disant qu’elle finirait par le prendre pour un sot s’il ne cessait de garder la bouche ouverte. Elle était surprenante. Fine certes, mais qui ne s’encombrait pas de manière pour dire son fait au gens et aux choses. Il la sentait entière, volontaire et passionnée. Discrètement, alors qu’elle usait de son œil comme d’un scalpel avec la toile, il la regardait avec une plus ample liberté. Oui, elle le surprenait, avec ses cheveux roux ramenés en grosses boucles à l’arrière du crâne. La tendresse de ses formes presque fragiles. Son air d’autorité et une sensibilité à fleur de peau qui faisait contraste avec un dynamisme félin... Et avec tout ça un rien sensuelle, un zeste de provocation qui lui aiguisait les nerfs. Quel drôle d’oiseau, se disait-il.
- « J’ai hésité, dit-elle enfin... Il y a bien des peintres qui envieraient le père d’un tel chef-d’œuvre, car assurément, on parlera de cette toile. Néanmoins... La technique, les couleurs, le geste, tout me fait penser à un Millet, un Millet si j’ose dire, plus Millet que Millet, car enfin, il y a bien un petit quelque chose dans cette toile d’indéfinissable. Oui, l’âme de ce tableau semble autre. Or, je ne vois pas d’autre peintre capable d’un tel génie ».
- « Votre verdict ? »
- « Oh, oh ? Un verdict ? Y aurait-il un coupable ? Monsieur, vous m’effrayez ! ! ! Et bien, soit, s’il vous faut un nom, ce sera, en désespoir de cause, Millet. Vous pouvez transmettre, Monsieur, ma réponse à qui la demande... Hélas, vous pouvez reprendre cette merveille, cependant, si son auteur était présent je saurais bien le contraindre à me la laisser quelques jours. »
- « Oseriez-vous user de la force ? , demanda avec amusement Frédéric.
- « Qui sait ? », soupira-t-elle, « Il émane une telle grâce de cette toile, une telle beauté, une délicatesse si rare chez un homme que l’on ne saurait y demeurer insensible... Oui, voilà qui me surprend fort de Jean-François. Il peint avec son sang, avec ses émotions mais pas avec une telle âme... Enfin... , se reprit-elle, j’avoue que je ne l’en aurais pas cru capable. Ne lui en dites rien n’est-ce pas ? Ainsi cette toile est bien de lui ? Votre silence semble le confirmer. Vous lui en ferez mes compliments» [...]
Il était revenu chercher la toile quelques jours plus tard. Il s’était bien gardé de tout commentaire lorsqu’il avait donné à Millet la réponse tant attendue. Ainsi, il avait en moins de trois heures réalisé un chef d’oeuvre que tous attribueraient à son ami. Il avait réussi son pari. Chacun des protagonistes avait juré de garder le secret. En sonnant à la porte de l’oiselle - comme il l’appelait -, il sentit un trouble, une sorte de rougeur s’emparer de lui. Allons, donc, voilà qu’en revenant ici je redeviens idiot, songea-t-il...
- « Ainsi, votre noble ami me soumet une énigme ? Cela tombe bien, j’adore jouer. » Il lui avait tendu le billet et elle avait usé de tout son temps pour en prendre connaissance : « Je me fie à ton talent d’expert pour identifier la paternité de cette œuvre... Merci de remettre au jeune homme qui t’apporte la toile la réponse. Bien à toi, Jean-François ».
Il l’avait suivie jusqu’à son atelier dont le désordre ne parvenait pas à occulter la divine lumière qu’il recevait... Frédéric en était resté bouche bée. Il se reprit en se disant qu’elle finirait par le prendre pour un sot s’il ne cessait de garder la bouche ouverte. Elle était surprenante. Fine certes, mais qui ne s’encombrait pas de manière pour dire son fait au gens et aux choses. Il la sentait entière, volontaire et passionnée. Discrètement, alors qu’elle usait de son œil comme d’un scalpel avec la toile, il la regardait avec une plus ample liberté. Oui, elle le surprenait, avec ses cheveux roux ramenés en grosses boucles à l’arrière du crâne. La tendresse de ses formes presque fragiles. Son air d’autorité et une sensibilité à fleur de peau qui faisait contraste avec un dynamisme félin... Et avec tout ça un rien sensuelle, un zeste de provocation qui lui aiguisait les nerfs. Quel drôle d’oiseau, se disait-il.
- « J’ai hésité, dit-elle enfin... Il y a bien des peintres qui envieraient le père d’un tel chef-d’œuvre, car assurément, on parlera de cette toile. Néanmoins... La technique, les couleurs, le geste, tout me fait penser à un Millet, un Millet si j’ose dire, plus Millet que Millet, car enfin, il y a bien un petit quelque chose dans cette toile d’indéfinissable. Oui, l’âme de ce tableau semble autre. Or, je ne vois pas d’autre peintre capable d’un tel génie ».
- « Votre verdict ? »
- « Oh, oh ? Un verdict ? Y aurait-il un coupable ? Monsieur, vous m’effrayez ! ! ! Et bien, soit, s’il vous faut un nom, ce sera, en désespoir de cause, Millet. Vous pouvez transmettre, Monsieur, ma réponse à qui la demande... Hélas, vous pouvez reprendre cette merveille, cependant, si son auteur était présent je saurais bien le contraindre à me la laisser quelques jours. »
- « Oseriez-vous user de la force ? , demanda avec amusement Frédéric.
- « Qui sait ? », soupira-t-elle, « Il émane une telle grâce de cette toile, une telle beauté, une délicatesse si rare chez un homme que l’on ne saurait y demeurer insensible... Oui, voilà qui me surprend fort de Jean-François. Il peint avec son sang, avec ses émotions mais pas avec une telle âme... Enfin... , se reprit-elle, j’avoue que je ne l’en aurais pas cru capable. Ne lui en dites rien n’est-ce pas ? Ainsi cette toile est bien de lui ? Votre silence semble le confirmer. Vous lui en ferez mes compliments» [...]
Il était revenu chercher la toile quelques jours plus tard. Il s’était bien gardé de tout commentaire lorsqu’il avait donné à Millet la réponse tant attendue. Ainsi, il avait en moins de trois heures réalisé un chef d’oeuvre que tous attribueraient à son ami. Il avait réussi son pari. Chacun des protagonistes avait juré de garder le secret. En sonnant à la porte de l’oiselle - comme il l’appelait -, il sentit un trouble, une sorte de rougeur s’emparer de lui. Allons, donc, voilà qu’en revenant ici je redeviens idiot, songea-t-il...
Mar 30 Mai 2006, 13:09 par
dolce vita sur Histoires d'amour
Mont des brumes (3)
Un paysage urbain que l’on devine dans la brume du matin. Il fait un froid humide, le soleil est loin de la ville, il ne peut percer la moiteur feutrée que l’on sent peser sur la citée... Dès l’aube, les bruits des voitures à chevaux se succèdent et envahissent la scène, se répercutent sur les immeubles à quatre étages, jusqu’au chapeau pointu de la dame de fer, immobile... Puis, peu à peu, le décor se transforme, de-ci de-là, par touches discrètes une tâche de lumière qui disparaît de la feuille naissante de platane et vient taper contre les volets de la chambre. La dormeuse entrevoit le soleil danser doucement par les fentes des persiennes. Un rayon vient ourler son oeil clair. Un luxe à Paris. Elle envoie voler draps et édredons et file dans son cabinet de toilette, semant au passage ses vêtements de nuit qu’elle ne prend pas la peine de ramasser. La vieille Augustine vient lui annoncer, les bras chargés des reliques, qu’elle a de la visite, un monsieur qui s’est installé dans le hall d’entrée et refuse de quitter les lieux sans avoir remis en mains propres, à Madame, un billet d’une extrême importance.
- « De quoi a-t-il l’air ?, s’enquit la voix enjouée par la porte entrouverte...
- « Ma foi, un de ces gueux précieux avec qui Madame à la bonté de perdre son temps »...
- « Augustine ! Je ne suis plus une petite fille ! Qui te permet de penser que je perds mon temps ? L’art n’est-il pas une belle chose et qui vaut que l’on s’y arrête ? N’est-ce pas toi qui m’a appris à ne pas juger sur le paraître ? »
- « Ah, ça , Madame, vous voilà à discourir et je sens que bientôt vous allez vous moquer de votre vieille Augustine, qui vous parle avec son cœur et... C’est moi qui vais perdre mon temps si je reste auprès de vous ; du reste je sais que j’aurais pas le dernier mot. Vous voilà prévenue. Quant-à moi, je n’entends plus rien, je retourne à mon ouvrage. »
Là-dessus, la vieille dame tourna les talons sans attendre de réponse, non sans un soupir d’inquiétude mêlé de fierté à l’encontre de sa maîtresse. Sûr, qu’elle ne manquait pas de caractère, sa petiote, mais où est-ce que cela la mènerait ? N’oubliait-elle pas un peu facilement qu’elle vivait dans une société d’hommes, faite pour les hommes, où les femmes étaient tenues en sujétion dans tous les domaines : politiques, économiques, sociaux y compris dans les choses de l’amour. Si un homme était admiré pour ses nombreuses conquêtes, une femme en pareil cas, était à proportion méprisée et montrée du doigt. Une injustice à laquelle leurs semblables n’étaient pas étrangères [...]
Frédéric attendait et trouvait le temps long dans ce sas d’entrée exagérément étroit en comparaison du volume que lui-même dégageait... Il se sentait gauche et embarrassé avec la toile qu’il serrait nerveusement sous son bras. Il lissa le reflet de ses cheveux rebelles aperçu le long du mur. Il attendait quelque dame à la tenue soignée et au négligé charmant, quelque muse discrète, digne de faire trembler le cœur de Millet... Une blonde raffinée, aux formes exquises et délicieusement féminines... Il ferma les yeux à demi à cette évocation.
- « Allons, Monsieur, de grâce, montrez donc l’important message qui vous fait demeurer séant et vous empêche de prendre congés ?" Et puis, amusée, devinant la mine déconfite, « vous attendiez quelqu’un » ?
Il avait devant les yeux la chose, la femme, la muse la moins muse qu’il aurait pu imaginer. Une femme... en pantalons !
- « C’est que, Monsieur, Madame... Je... Vous... » Il ne pût articuler autre chose.
- « Et bien quoi ? Ma tenue vous effarouche ? Allons bon ! Il sera dit, que ma complaisance à votre égard serait infinie : je vous ai reçu à l’heure où l’on ne saurait accepter de visite et voilà, Monsieur, que je vais à présent satisfaire à votre curiosité. Je peins, Monsieur, oui, oui, vous avez bien entendu. N’avez-vous jamais essayé vous-même de peindre en robe ? Non, n’est-ce pas ? Et bien voilà, si vous le souhaitez, essayez et après vous comprendrez à quel point une paire de pantalons peut-être commode !
Mais, voyons, si vous le voulez bien, l’objet de votre visite... »
- « De quoi a-t-il l’air ?, s’enquit la voix enjouée par la porte entrouverte...
- « Ma foi, un de ces gueux précieux avec qui Madame à la bonté de perdre son temps »...
- « Augustine ! Je ne suis plus une petite fille ! Qui te permet de penser que je perds mon temps ? L’art n’est-il pas une belle chose et qui vaut que l’on s’y arrête ? N’est-ce pas toi qui m’a appris à ne pas juger sur le paraître ? »
- « Ah, ça , Madame, vous voilà à discourir et je sens que bientôt vous allez vous moquer de votre vieille Augustine, qui vous parle avec son cœur et... C’est moi qui vais perdre mon temps si je reste auprès de vous ; du reste je sais que j’aurais pas le dernier mot. Vous voilà prévenue. Quant-à moi, je n’entends plus rien, je retourne à mon ouvrage. »
Là-dessus, la vieille dame tourna les talons sans attendre de réponse, non sans un soupir d’inquiétude mêlé de fierté à l’encontre de sa maîtresse. Sûr, qu’elle ne manquait pas de caractère, sa petiote, mais où est-ce que cela la mènerait ? N’oubliait-elle pas un peu facilement qu’elle vivait dans une société d’hommes, faite pour les hommes, où les femmes étaient tenues en sujétion dans tous les domaines : politiques, économiques, sociaux y compris dans les choses de l’amour. Si un homme était admiré pour ses nombreuses conquêtes, une femme en pareil cas, était à proportion méprisée et montrée du doigt. Une injustice à laquelle leurs semblables n’étaient pas étrangères [...]
Frédéric attendait et trouvait le temps long dans ce sas d’entrée exagérément étroit en comparaison du volume que lui-même dégageait... Il se sentait gauche et embarrassé avec la toile qu’il serrait nerveusement sous son bras. Il lissa le reflet de ses cheveux rebelles aperçu le long du mur. Il attendait quelque dame à la tenue soignée et au négligé charmant, quelque muse discrète, digne de faire trembler le cœur de Millet... Une blonde raffinée, aux formes exquises et délicieusement féminines... Il ferma les yeux à demi à cette évocation.
- « Allons, Monsieur, de grâce, montrez donc l’important message qui vous fait demeurer séant et vous empêche de prendre congés ?" Et puis, amusée, devinant la mine déconfite, « vous attendiez quelqu’un » ?
Il avait devant les yeux la chose, la femme, la muse la moins muse qu’il aurait pu imaginer. Une femme... en pantalons !
- « C’est que, Monsieur, Madame... Je... Vous... » Il ne pût articuler autre chose.
- « Et bien quoi ? Ma tenue vous effarouche ? Allons bon ! Il sera dit, que ma complaisance à votre égard serait infinie : je vous ai reçu à l’heure où l’on ne saurait accepter de visite et voilà, Monsieur, que je vais à présent satisfaire à votre curiosité. Je peins, Monsieur, oui, oui, vous avez bien entendu. N’avez-vous jamais essayé vous-même de peindre en robe ? Non, n’est-ce pas ? Et bien voilà, si vous le souhaitez, essayez et après vous comprendrez à quel point une paire de pantalons peut-être commode !
Mais, voyons, si vous le voulez bien, l’objet de votre visite... »
Mar 30 Mai 2006, 11:12 par
dolce vita sur Histoires d'amour
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