De cette main.

Nuit estivale. L’air doux est fruité, comme une douce mélopée syncopée. L’herbe frissonne, les parfums foisonnent, et ta silhouette pâle s’endort sur les pétales des roses froissées.
Eléa, mon amour. Tes lèvres soupirent encore le cœur palpitant de la vie, comme une promesse sucrée. Je suis à ton chevet, belle dame, alors que tes yeux se ferment doucement. Tes fines mains caressent les miennes, tendresse feutrée. Un ange aux ailes repliées, muet dans l’éternité d’un instant.
La mort.
Eléa, ma douce . Mes doigts courent sur ton sein teinté de rouge, alors que je range ma dague. Ta longue robe chatoyante s’empoisse de cette vie qui te quitte, volant à tes joues leur rose tendre. Mes mains ne tremblent plus, mon cœur s’est éteint. Par ta disparition, la mienne. Je n’ai existé que par cette convoitise impossible, par ce trésor intouchable, alors que chaque seconde d’existence propre m’était ôtée. Je ne regrette rien, souriante Eléa, si ce n’est le miel de tes mots à mon oreille. J’aurais tout donné, Eléa pour que nous soyons heureux, mais les gouttes pourpres qui ruissellent silencieusement de ta gorge blanche ne mentent pas. Nous ne pouvions pas. Et plutôt que de t’offrir en pâture à la sauvagerie brusque d’un autre, ma délivrance contre ta peau. Nous aurions dû tout quitter, douce, avant que le cœur froid de la guerre ne nous emporte, que les murs ne se brisent et que les os craquent. Tous morts, Eléa, tous. Et ton corps qui aurait flétri dans une chambre souillée. Jamais.
De cette main, oui, je t’offre l’exil d’une fin apaisée.

Eléa, mon amour.
Eléa, ma chère.
Eléa, ma sœur.


La dague glisse à nouveau contre la peau tachée de sang. Un dernier soupir, tandis que les lys fanent sur les corps immobiles.
Ven 18 Avril 2008, 18:35 par Etrangloir sur Parler d'amour

Belius et Ancéline

Belius et Ancéline

Amoureux passioné, Belius était heureux naguère
Son coeur désormais arraché repose à terre
Sa douce Ancéline n’est plus
Sa voix cristalline s’est tue
Maudit soit à jamais ce chauffeur hâté de rentrer en son royaume
Qui dans un hoquet d’ivrogne transforma la vie de notre homme
Rampant, sanglotant, écorchant son ventre
Dans une dernière larme décida de se pendre
Débarrassé de son enveloppe matérielle
Heureux qu’il était de la rejoindre au ciel
Aux portes du paradis rencontra Saint Pierre
Mais ne peuvent jamais entrer les suicidaires
Aux flammes de la il se croyait condamné
Mais Satan en personne par son cas était fort contrarié
Une âme habitée par un amour si pur, Lucifer ne pouvait toucher
Ainsi un compromis fut trouvé, aux enfer il pouvait rester
Mais pour celà, l’âme des pécheurs il devrait supplicier
Très peu de temps à ce régime
Suffirent à lui faire perdre toute estime
Anéanti, déboussolé, la terre il regagna
En ectoplasme, l’humanité il explora
Guerre, meurtre, viol, rien ne lui fut épargné
De génocide en mutilation il se sentit balloté
Quand un jour, de nouveau bascula sa destinée
Dieu, sans doute, de lui avait eu pitié
Tout d’abord par ses yeux il se crut trompé
Mais sa bien aimée il venait bien de croiser
Elle-même du paradis s’était échappée
Pour qu’enfin, en ce jour, il se soient retrouvés
Lui montra l’autre face de ce qu’il avait vu
L’amour, la compassion, enfin il reconnut
Dans des corps d’enfants, les deux amants vinrent se réincarner
Avec la promesse de très bientôt reprendre leur passion passée
Lun 26 Nov 2007, 21:01 par Maneki Neko sur Histoires d'amour

Abandon total

Il avait voulu dans son pli,
Introduisant dans la situation
Un air plus fripon
Qu’ici nous nous livrions
A d’obscurs attraits.

Damnation sous un plafond
Imagination sans fond
Parcours pour divagation
Chaos vacillant mais troublant
Nous jouissons à nos mots sournois
Qui font pâlir l’individu,
Mais jouir nos chairs sans fin.

Tard dans la nuit,
Accordons nos cris dans un long soupir
Nos voix hurlant à l’unisson
Sur un banc ou sur un lit,
Sous un arc ou un motif connu
Coup mordant ou cou mordu
Tant qu’il y a du cul,
Un coup pour moi, un coup pour lui !
Ven 04 Juin 2004, 12:49 par la marquise de sade sur Les liaisons sulfureuses
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