Saveur plastique

Il arrive un moment étrange, où on ne fait plus nos rencontres dans une soirée étudiante, où nos amours ne prennent plus racines sur le sofa des copains. Dans le cadre de notre travail, on croise peut-être des regards plein de questions posées à mi-voix, mais sans que jamais un son ne sorte de la petite bouche pourtant si jolie.

Et c’est dans un supermarché de la rencontre virtuelle, qu’on se promène alors avec son petit cabas et une liste de mets qu’on souhaiterait gouleyants.

Au milieu des étalages, quelque chose attire le regard, des fois l’intellect, mais très rarement l’étiquette de la composition correspond au produit. On pourrait croire qu’il y a probablement plus d’agents conservateurs que ce qui est dit, mais quand on soulève un tantinet le couvercle, ça sent le moisi.

Jeu de dupes, les donzelles sont là pour plaire, et les hommes pour faire une affaire. Que la belle affiche un joli minois, ou dise ouvertement quelle partie de son anatomie lui semble la plus jolie et c’est le succès assuré : plein plein de contacts. Que le beau affiche un salaire ventru sur une gueule de gagnant et lui aussi accumulera mille bons points.

Mais d’âmes qui se touchent, point.

Dans ce magma putride, surnagent quelques naïves et quelques naïfs, qui ont cru de toute bonne fois que par là il se passerait quelque chose. Oui, très probablement, ils gagneront une cirrhose ou une autre névrose.

Dans les méandres de la toile où l’amour se cherche en gros, les femmes ne sont plus de jolis petits lots. L’apanage de séduction leur a été oté au vestiaire, ou d’ailleurs elles ont dû aussi oublier une partie de leur esprit. Je gage que ces messieurs ont fait de même, sans toutefois remarquer que leurs affaires se posaient sur le même porte manteau. Occasion ratée.

Je me rappelle le de la peau, le contact plein de ma main sur un sein, je revois des yeux qui brillent et d’autres qui se ferment dans un cri. Je me souviens du coeur qui bat quand mon bras touche ton bras. Et j’ai encore dans ma bouche le goût des nuits qu’on ne finit pas.

Rien à voir avec le contact dur et froid de ma souris laser et ne m’étant jamais risqué à embrasser mon écran plasma, pour le goût je ne sais pas.

A fréquenter ces endroits-là, l’amour, il prend un petit goût de plastique, parce que peut-être conditionné dans un emballage électronique.
Mar 27 Déc 2005, 21:22 par PetitPrince sur Amour internet

L'an neuf

L’an Neuf

L’an Neuf mit sur son trente et un,
Trouva le jour et le moment opportun.
Il prit un banjo pour elle, pour toi, pour moi et lui,
Rythment ballades, refrains jusqu’au bout de la nuit.

Il fit danser les gens du commun,
Cheveux blonds, blancs et bruns.
L’an Neuf espiègle munit d’un sauf-conduit,
Fit jaillir le bonheur d’un de ses étuis.

Malgré son nom d’emprunt,
Il voulait réussir , comme tout un chacun.
Puis l’an Neuf charmeur se mit au piano sans bruit,
En attendant les douze coups de minuit.

Il chanta une douce romance faites de parfums,
De vœux riches d’espérance et de embruns.
On lui dit merci de ces perles de pluies,
Et dans toutes les langues il fut traduit…

Vers à soi
Mar 27 Déc 2005, 09:38 par vers à soi sur Un monde parfait

Cantique des cantiques

Moi, l’amaryllis du Sharôn, le lotus des vallées.
Comme un lotus parmi les vinettiers, telle est ma compagne parmi les filles.
Comme un pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon amant parmi les fils.
Je désirais son ombre, j’y habite; son fruit est à mon palais.
Il m’a fait venir à la maison du vin; son étendard sur moi, c’est l’amour.
Soutenez-moi d’éclairs, tapissez-moi de pommes: oui, je suis malade d’amour.
Sa gauche dessous ma tête, sa droite m’étreint.
Je vous adjure, filles de Ieroushalaîm, par les gazelles ou par les biches du champ, n’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour avant qu’il le désire !
Sam 24 Déc 2005, 14:01 par dolce vita sur Citations

Je l'ai vue ce soir

Je l’ai vue ce soir, enfin !
Depuis le temps que j’entendais parler d’elle… Je l’avais vue en photo déjà, souvent. Je me disais qu’elle ne me surprendrait pas… Et pourtant…
Quand je me suis approché d’elle, quand mon regard a croisé le sien, je me suis senti fondre.
Aucun mot ne fut échangé, juste ce regard et… ce sourire… Elle ne me souriait pas au début, puis j’eus l’impression que ses yeux se faisaient plus , que sa bouche se redessinait plus tendrement…
Mais non, l’instant d’après tout était redevenu comme avant et je ne sus pas si j’avais rêvé ou non ce bref moment d’intimité.
Quoiqu’il en soit j’étais là, à la regarder, nous avons même pu rester seuls quelques instants, privilège inespéré.
Malgré tout ce que je savais d’elle, malgré toutes ces photos où mes yeux avaient dévoré le moindre détail de son visage, je la rencontrais pour la première fois, et j’en fus ému au point de sentir mes yeux s’embuer de larmes.
Elle n’avait pas bougé, elle était là, toujours là.
Cette fois-ci j’en fus sûr, la Joconde me sourit à nouveau.
Ven 16 Déc 2005, 20:54 par l'homme de sable sur La première fois

Je t'ai croisé...

La vie et très curieuse quand on aime la vie. Elle vous réserve des tours de sa fantaisie. D’abord tout ébloui on reconnaît en l’autre au détour d’un chemin, un fidèle, un ami, celui qui constamment marchait auprès de soi, mais silencieux et seul, on ne le voyait pas. D’abord, on se dit : "tiens !", et petit à petit, on reconnaît le lien qui nous avait surpris ; comme deux âmes soeurs s’étant longtemps cherchées, toutes deux reconnues, se contemplent, extasiées. Si tu savais le temps m’avait paru si long ! Je croyais que jamais je n’entendrais ton nom ! Mais enfin tu es là, mon coeur est plein de toi. Je le devine à peine sans trop savoir pourquoi. Qu’importe si la vie à nouveau nous sépare et que dès jourd’hui s’achève notre histoire... Nos âmes se connaissent, elles ne s’oublieront pas. Au plus au plus tendre de mon coeur tu es là et si la vie te frappe, ne crains pas : tu ne seras plus seul je marche sur ta route et quelles que soient tes peurs et quels que soient tes doutes tu sauras bien qu’ailleurs une âme prie pour toi...
Lun 12 Déc 2005, 14:11 par dolce vita sur La première fois

Lettre à mon espoir

On dit souvent que l’espoir permet d’attendre mieux, de vivre mieux, et parfois même de vivre tout court. Je crois maintenant qu’il nous fige et nous emmure, nous empêchant de passer à autre chose.

A toi donc mon espoir j’envoie mes adieux,
Il faut que l’on se quitte pour que je vive mieux.
J’ai besoin de sourire et de manger la vie
Et ta simple présence me fait rester ici
Dans cette attente triste qui me ronge peu à peu.

Sans toi à mes côtés je trouverai un chemin
Qui m’éloignera d’elle, même si je reste sien.
Je te quitte ce jour, de toi je vais au loin,
Elle saura me trouver car nous avons ce lien
Qui nous unit tous deux sans en comprendre rien.

Je te cache à mes yeux, et à mon cœur aussi
Et quand je serai prêt, qu’elle le sera aussi
Tu seras remplacé si ce jour voit la vie
Par de nouveaux desseins, par de nouvelles envies.
Pour toutes ces raisons je t’abandonne ici.
Dim 11 Déc 2005, 14:10 par l'homme de sable sur L'amour en vrac

Silence.

Je voudrais pouvoir dire,
Tout l’amour que tu m’inspires,
Mais notre situation clandestine,
Laisse mes mots en sourdine.
Ils n’en sont pas moins profonds
Comme tout l’amour que nous taisons.
Sans cesse, en attente,
De tes caresses insolentes
Je deviens source qui ne peut se tarir,
Tu es l’affluent de mon désir.
Etre avec toi ne suffit pas,
Je me sens si petite dans tes bras.
Toujours plus fort, toujours plus haut,
Nos délires vont crescendo,
Et nos désirs, et nos promesses,
Sont synonyme de tant d’ivresse,
Que du plus profond de ma passion,
Je devine nos veines en ébullition.
Que l’on se fasse l’amour ou la tendresse,
J’aime que s’en suive une douce paresse,
Peuplée d’autant de mots ,
Ou de nos silences qui avouent tout...
Sam 03 Déc 2005, 18:59 par syolann sur L'amour en vrac

Une jolie petite histoire

« Mon histoire commence il y a cinq ou six ans. J’étais en train de rêver. Mais ce rêve n’était pas comme les autres, plus important, plus réel, ça se sentait. C’est dans ce rêve que j’ai vu La Personne, celle dont je faisais allusion dans mon premier poème hier. Elle était assise un peu devant moi et je ne l’ai vue qu’en me levant. Je me levais parce que j’étais assis dans ce qui ressemblait à un avion, ..., ou à un train, et que je devais partir. Elle s’est retournée et nous nous sommes regardés, non, dévorés des yeux. Je devais être à cinq mètres d’elle, mais par la magie du rêve, je pouvais caresser son visage. Il était ; de cette douceur que l’on ne trouve que dans les rêves.
Une douceur sublimant tout ce que j’avais pu connaître, car à travers elle on pouvait deviner une personne capable d’écouter, un esprit capable de comprendre, de pardonner, un cœur capable d’aimer aussi bien que de haïr.
Elle m’a souri. Ce sourire, il a désormais sa place en mon cœur, qu’il ne pourra plus jamais quitter. Il était sincère, pur et rayonnait sur tout son visage. Tout son visage me souriait et ses yeux étaient emplis d’une passion qui n’avait d’égal que celle que je ressentais alors. Cette passion était si soudaine et si violente que je me souviens d’avoir pleuré dans mon rêve. Oui, j’ai pleuré ; de bonheur au début, puis d’une infinie tristesse, parce qu’au fur et à mesure je me rendais compte que j’étais dans un rêve que je quittais peu à peu. Je me suis réveillé, maudissant le destin de ne me faire vivre de telles émotions que dans les rêves. Et puis… j’ai oublié ce rêve, comme tant d’autres».
Je fis une pause. Mon petit auditoire ne fit aucune réflexion, car il savait que je n’avais pas terminé :
« Ce rêve, je ne m’en serais peut-être jamais souvenu si trois ans plus tard je ne L’avais pas rencontrée. C’était à l’époque de la rentrée en première. Je suis entré dans une salle, où de nombreuses personnes allaient et venaient, et
je L’ai reconnue. Les images que ma mémoire avaient cachées revinrent en un souffle et j’identifiai immédiatement le trouble qui m’assaillait comme étant de l’amour. Parfois la passion vous transporte. Moi, elle me bloqua sur place.
Il y avait trois ans de cela, je maudissais le destin et alors que celui-ci tentait de se racheter, je comprenais que je m’étais trompé d’ennemi : c’est mon être qu’il fallait maudire. Car en effet, jamais je ne pus Lui parler. Toute sa vie on prie pour voir tel ou tel rêve devenir réalité, mais un rêve reste un rêve et dans la réalité on perd tout son panache, ses armures et ses armes. Et ce manque de force, cette lâcheté que j’avais découverte mienne, me fit penser alors au pire. Mais ce n’était pas la vie que je méprisais, c’était moi, uniquement moi ; alors j’ai chassé ces idées de mort. Lorsque je la voyais, toujours se répétaient les mêmes peurs, les mêmes angoisses que l’on a, à vouloir sans cesse trop plaire et ne jamais déplaire. Et comprenant que je ne pourrai jamais vaincre mes démons, je tentais de me convaincre de mon erreur. Mais c’est inutile de vous préciser l’aboutissement de cette tentative : je me méprisais de plus en plus.
Depuis que je l’ai vue, j’ai connu bien des moments de joie, mais à y réfléchir, jamais je n’ai goûté au bonheur. Et puis un jour, dans le train je me suis levé et je vous ai parlé ; et depuis j’ai cessé de me morfondre autant qu’auparavant. Mais dans mes moments de solitude, il m’arrive encore de penser à Elle, de penser à ce que j’ai raté...»
Le silence qui suivit parut durer des heures et je sentais mon sang battre tous les records du cent mètres dans mes veines. En fait, c’était étrange, j’étais partagé entre la libération et la détresse. Je m’étais pris à mon propre jeu, tous ces inconnus devant moi n’en étaient plus et les sourires compatissants que je voyais me confirmaient cette idée. Nous étions devenus, en quelque sorte, les confidents les uns des autres. Habitants du même train, nous avions appris de chacun, comprenant qu’il était parfois plus simple de se confier à une personne extérieure à sa vie.
Finalement était-ce eux que j’avais souhaité sortir de leur torpeur ou moi-même qui cherchait une thérapie à mes maux profonds ?
Ven 02 Déc 2005, 15:52 par l'homme de sable sur Un monde parfait

Faites moi rêver

C’est ainsi que débuta réellement ma petite aventure. Les premiers jours, je parlais seul, palabrant sur mes sentiments envers l’atmosphère morose de notre société, tout en tentant de ponctuer mes monologues par quelques plaisanteries qui déridaient les visages (en fait je pense que mes propos étaient plus tournés vers l’ironie et le cynisme que vers le discours politique !) . J’étais heureux de voir que mes « interlocuteurs » étaient assez fidèles et que d’autres voyageurs même venaient faire le trajet dans notre wagon. Ils devaient certainement me considérer comme un phénomène, mais le principal était que chaque matin, j’avais le privilège de recevoir de nombreux sourires, accompagnés de ces « bonjour » qui manquaient tant. A la fin de la première semaine, quelques passagers se joignirent à moi dans la discussion, désireux de parler de leurs démêlés avec l’administration (l’un des sujets que j’avais abordé la veille, comparant une fois de plus les fonctionnaires d’aujourd’hui avec les ordinateurs de demain ou d’hier d’ailleurs…).
Au fur et à mesure des matinées, les débats s’animaient peu à peu et on pouvait alors commencer à cerner quelques principaux traits de caractère.
Mais je constatais peu à peu que les gens commençaient à se lasser de tous ces propos qui ressemblaient de plus en plus aux disputes politiques des repas de famille. En toute franchise, je les comprenais vraiment. Il fallait changer de terrain. Un jour, j’entendis parler deux « nouvelles » dames, persuadées d’avoir affaire à un coup de pub de la part de la S.N.C.F. Les détrompant vivement, je répétais sans me lasser les raisons de mes discussions, en m’attachant cette fois-ci au manque de romance des transports en commun :
« N’avez-vous jamais remarqué, chaque matin, cette sorte de tristesse qui s’empare de nous dès qu’on pénètre dans le train ? C’est comme si chacun oubliait toutes ces belles paroles qu’ils ont prononcées un jour, sur la morosité générale, sur la lente agonie de la communication entre nous tous. Ceci est dû, et c’est mon intime conviction, à la décrépitude du romantisme. Parce que le romantisme, c’est être à l’écoute, continuellement. A l’écoute de tout son environnement, incluant les êtres humains au même titre que la nature. Et c’est justement de ça dont nous manquons actuellement. On n’ose plus s’ouvrir aux autres, craignant le ridicule ou trop fier pour accepter sa solitude. Ce qu’il faudrait en fait, c’est qu’on se ressaisisse, nous tous, ensemble, les habitants du train, que l’on regagne du terrain sur la grisaille qui nous entoure. Qui n’a jamais écrit quelques lignes, au hasard de ses pensées ? Qui n’a jamais tenu l’espoir ne serait-ce qu’un seul instant, d’être le héros d’une fabuleuse histoire, se laissant emporter dans un monde de fées ?
Ce monde auquel on rêve, ce monde dans lequel chacun est ce qu’il veut être, tous ces mondes que l’on crée, détruit puis recrée, on les porte en soi. On a tous notre côté romantique ! Vous, moi, on ne peut s’empêcher de rêver ! Et nous tous, ici, dans ce train, imaginez le nombre de mondes qu’on pourrait créer tous les jours ! ».
C’était venu comme ça, sans prévenir et ces chères dames en parurent enchantées. En cet instant, j’avais tout à fait oublié que le romantisme était sempiternellement lié à la mort et aux amours impossibles, mais c’était comme ça : le ‘romantisme’, tel qu’il est perçu de nos jours, prit donc le pas sur la politique, recevant plus de succès que celle-ci. Les habitants du train ne désiraient en fait qu’une chose, l’évasion par le rêve et le lyrisme.
Bientôt, les plus enhardis apportèrent des recueils de poèmes, les lisant aux autres passagers, avant de discuter sur leurs choix, leurs sentiments, leurs idées. Ceci me permit de comprendre que l’on apprend beaucoup plus d’une personne en lui parlant de poésie qu’en l’écoutant discourir sur tel ou tel sujet d’actualité. Même ceux qui ne parlaient pas montraient leurs sentiments : un petit sourire quand il faut, un regard pétillant, ou simplement plus brillant que d’habitude parfois ; tant de petites choses qui vous renseignent sur les pensées d’une personne. Ensemble, nous démolissions le mur que chaque personne, au fil des années, avait construit autour de son monde, désireuse de cacher ses rêves aux étrangers.
Un matin, dans la logique de ce que j’avais instauré, je me décidais à apporter mes propres poèmes. Ceux que j’avais accumulés, un à un, depuis quelques années déjà. Lorsque mon tour arriva, je ne savais toujours pas par lequel j’allais commencer. Et puis je me lançais :

« Sombre comme son âme, elle s’approchait de lui ;
Sans l’ombre d’un remord, il lui offrit sa vie.

Depuis ce jour lointain, où il s’était épris
De cette tendre personne, qu’il avait tant chérie,
Jamais il n’avait pu la chasser dans l’oubli.
Elle occupait ses rêves, son cœur et son esprit,
Le hantait tous ces jours, jusque tard dans ses nuits.

Quand sur lui se posaient ses yeux de velours,
De son coeur jaillissaient les plus purs sentiments.
Enfouis au fond de lui comme l’était son amour,
Ils lui donnaient la vie, le tiraient en avant
Dans ce monde que pourtant il avait tant haï.

Mais silencieusement, il souffrait de la voir,
Ne pouvant la toucher, n’osant la décevoir,
Conservant ses caresses, ses baisers les plus ,
Espérant bien qu’un jour, il lui avouerait tout.

Mais ce jour ne vint pas et la folie le prit,
L’amour se transformant en une lente agonie.
Et son dernier baiser fut pour cet ange noir :
Il lui donna sa vie, son cœur et ses espoirs. »

Je lus encore deux autres poèmes, puis me tins silencieux quelques instants. J’étais dans une sorte d’état second. Je ne sais pas comment vous transcrire le trouble dans lequel je demeurais mais si j’avais pu me regarder alors, je pense que j’aurais vu le petit garçon que j’avais été et que j’étais à nouveau. C’était comme si j’étais perdu dans la foule et que je n’osais pas demander aux gens s’ils avaient vu mes parents. Durant ces deux ou trois secondes, qui me parurent durer le temps d’une enfance, j’aurais aussi bien pu fondre en larmes ou rire à en mouiller mes chaussures tellement mes sentiments échappaient à tout contrôle. Mais au lieu de cela (et fort heureusement d’ailleurs) je remarquais le silence interrogateur des passagers. Après quelques instants, une jeune femme m’en fit comprendre la raison :
« No, dis moi si j’ai rêvé mais les trois poèmes que tu viens de nous lire se terminent par la mort ?
- Ben non, t’as pas rêvé. C’est plutôt glauque non ?
- Un peu qu’c’est glauque ! ».
Là, c’était Eric qui avait pris la parole.
« Mais c’est bizarre, t’as pas l’air d’un mec triste pourtant. Tous les jours t’es là, à nous raconter des trucs pour nous faire marrer et aujourd’hui tu nous sors que t’es un mec glauque ? Là j’te suis plus. »
Je restais un moment sans voix, n’ayant pas prévu l’effet que feraient ces poèmes. Après tout, les poèmes que j’avais entendus jusque là n’étaient pas toujours d’une gaîté à vous faire sauter la vessie ! J’avais même eu l’extrême privilège d’écouter une ode funèbre à deux poissons rouges (bon je vous l’accorde, l’exemple est mal choisi, redevenons sérieux...). Pour mes amis du train, j’étais en fait devenu un vrai clown et un clown ne doit jamais dévoiler ses conflits internes à son public. Un clown doit combattre ses pleurs par les rires de son public et faire couler ses larmes par leurs yeux pleins de joie.
Mais moi je n’étais qu’une sorte de clown par intérimaire et j’avais besoin de redevenir un passager parmi les autres, lisant ses poèmes pour crever tous mes maux, comme eux le faisaient ! Ils semblaient ne pas comprendre la situation :
« Attends Eric. Il y a trois semaines maintenant que je me suis levé pour vous parler. Au début c’est vrai, je devais faire un peu le clown, même carrément d’ailleurs. Il fallait commencer par ça, sinon, vous n’auriez jamais osé prendre la parole. Mais maintenant regarde autour de toi, tout le monde se parle, tout le monde se dit bonjour le matin. Moi, je suis redevenu comme vous, je ne veux plus être le meneur de la conversation. On la fait tous ensemble maintenant. Et sinon, pour ce qui est de mes poèmes, ben, ... l’avantage avec un clown, c’est qu’il peut toujours cacher sa tristesse derrière son maquillage. Et finalement je ne dois pas échapper à la règle.
- Et nous, on te racontait tous nos petits malheurs, ... Alors que les tiens te font penser à... Enfin, ils sont tristes, quoi !
- Mais qu’est ce qui te fait penser à la mort comme ça ?
Les rôles commençaient à s’inverser, comme je leur avais dit, mais beaucoup plus que je ne le pensais alors. Pour les faire parler, je les avais poussés à dévoiler quelques uns de leurs petits malheurs, comme disait Sylvie. Ce n’était donc que justice s’ils m’interrogeaient sur les miens.
« Si je vous dis seulement que je suis amoureux, ce sera un peu trop banal pour expliquer la mort. Alors comme il ne reste pas beaucoup de temps avant l’arrivée à la fac, je ne vous dis rien aujourd’hui, mais je vous promets que demain vous aurez droit à une jolie petite histoire... »
Ven 02 Déc 2005, 15:46 par l'homme de sable sur Un monde parfait

Comme dans un songe...

Tu vis avec moi, comme dans un songe, ce personnage que l’on attend mais... qui ne vient pas. Cet homme dont on parle et qui ne brille que... par son absence. Au détour d’un mot, d’un geste, un sourire, tu es là... Surtout lorsque je crois t’avoir enfin échappé... Mon souffle se précipite. Tu reviens, par surprise, comme pour mieux me hanter... Mais rêver sa vie n’est pas la vivre ! Je voudrais être un homme, mieux (!) un chevalier et du bout de mon épée te demander raison de l’outrage que tu me fais subir : car, quoi ! Tu as volé mon coeur et à quelle fin utile ? L’amour parfait ne vole pas ; s’il prend il donne autant ! Or, tu ne m’as donné qu’un bien piêtre départ où assurément en rien tu ne te couvris de gloire, mon bien-aimé, mais de lâcheté !!! Ton coeur ? Tu l’as gardé caché mais en avais-tu un à offrir en échange du mien ? (il est de nos jours de ces drôles qui singent l’amour et le contrefont mais ne connaissent de lui que les gestes et non le fond). Comme un voleur après avoir pris ton butin tout palpitant encore, tu t’es sauvé : le beau trophé !!! Qu’en as-tu fait ? ! Il faut que tu gardes mon coeur bien serré pour que, malgré le peu de soin et de cas que tu en fais, aujourd’hui encore, il ne se soit envolé pour rejoindre le corps qui avant l’abritait. Mais attention, beau ami, il advient qu’un beau jour les portes que l’on croyait fermées s’ouvrent à tout jamais...
Jeu 01 Déc 2005, 13:42 par dolce vita sur La vie à deux

Pensées de toi

La nuit survient, aimable étrangère,
Et me surprend, seul, à penser à toi.
Je crois sentir encore ton parfum dans l’air,
Mais c’est la solitude qui s’est jouée de moi.
Mer 30 Nov 2005, 20:15 par l'homme de sable sur L'amour en vrac

Adolescent amour

Sombre comme son âme, elle s’approchait de lui ;
Sans l’ombre d’un remords, il lui offrit sa vie.


Depuis ce jour lointain, où il s’était épris
De cette tendre garçonne, qu’il avait tant chérie,
Il n’avait jamais pu la chasser dans l’oubli.

Elle occupait ses rêves, son coeur et son esprit,
Le hantait tous ses jours, jusque tard dans ses nuits.

Quand sur lui se posaient ses yeux de velours,
De son coeur jaillissaient les plus purs sentiments.
Enfouis au fond de lui comme l’était son amour,
Ils lui donnaient la vie, le poussaient en avant
Vers ce monde distant qu’il avait tant haï.

Mais silencieusement, il souffrait de la voir,
Ne pouvant la toucher, n’osant la décevoir,
Conservant ses caresses, ses baisers les plus ,
Et rêvant bien qu’un jour, il lui avouerait tout.

Mais ce jour ne vint pas, et la folie le prit,
L’amour se transformant en une lente agonie.

Et son dernier baiser fut pour cet ange noir :
Il lui donna sa vie, son coeur et ses espoirs.


[ça fait bizarre de retrouver ses poèmes d’adolescent...]
Mer 30 Nov 2005, 19:51 par l'homme de sable sur L'amour en vrac

songe d'une nuit

Où suis je pauvre fou?
Celui qui pensait n’être que pour vous...
Et me perdant dans vos bras,
Je ne veux plus en rester là!
Croquant la vie à pleine dents,
Je veux ni ne peux plus.
Trouver ces endroits charmants,
Où encore je ne veux être vu,
Que dans vos bras perdus.

Et souhaiter en mon âme et conscience,
Etre votre serviteur jusqu’à ma décadence.
Comment pourrais-je être patient,
Accepter la mort est un sort,
Si avant il existe encore une aurore!
Idée profonde et romantique,
Paraissant à certain pathétique,
Sous ces lumières naissantes,
Vous demander aimante...

Et si cela n’est point possible,
Peu importe mon étincelle,
Car je ne pourrais vivre pareil!
Tenter de me résoudre est un crime!
Je me fondrais dans l’âbime.
Car quand on aime avec passion,
On meurt avec déraison...

Donnez moi le souffle qui me manque,
Modérez la folie qui me ronge,
Osez me souffler cet "ensemble",
Nous finirons ce merveilleux songe...
Ven 25 Nov 2005, 03:00 par Loyd sur Parler d'amour

dans le TGV, ce dimanche là....

Place 63 dans le TGV Marseille Nantes...17h56...
moi, j’entame le chapitre 42 de "la joueuse de go" de Shan Sa,
j’écoute le concerto n° 23 de Mozart...
quelques mesures plus tard, j’abandonne le héros aux mains d’une jeune chinoise, Orchidée...
quelques moments plus tôt...c’était nous sur un lit défait...
c’était nous pendant trois jours: nos échanges, nos partages sur tout, sur rien, sur tout ce qui fait la vie...sur nous,
c’était simple...un soupçon de vie ensemble...
je n’avais pas à te chercher, et toi, tu savais où me trouver...c’est ça s’aimer?
oui, c’est ça aussi...c’est ça surtout,
c’est toi qui plongeant au fond de mon regard, te livres au bout d’un "tu me manques déjà..." ce sont ces mots qui restaient en toi...tu apprends à les dire, parce que...
c’est moi qui ose dans un souffle, au bord du bégaiement, "oui, avec toi je n’ai pas envie de me sauver, je n’ai pas envie de te quitter, je veux rester..." ce sont ces mots que je ne savais pas avant toi...des mots que je ne voulais pas avant toi...
c’est pour un moment oublier ce qui n’est pas "nous deux", savoir que le temps passe et faire avec de toute façon...
c’est en peu de temps, faire le plein de notre amour, combler ce manque qui s’installe et ne nous lâche plus...
c’est comprendre, c’est apprendre...c’est ne pas relâcher ces efforts que nous faisons pour aller l’une vers l’autre...vraiment...
Place 63 dans le TGV Marseille Nantes...
il y a longtemps qu’Orchidée a conquis le corps du héros...
le deuxième mouvement du concerto 23, via les écouteurs de mon discman, ne me laisse aucun répit...
il me ramène à toi et c’est et je le veux ce mouvement lent, cet adagio que je connais si bien...
c’est toi submergée par tes émotions, tes sentiments...pour eux, pour moi...
c’est moi planquée au creux de ton épaule...pour ne pas voir, pour ne pas être vue...
c’est prendre ce que tu m’offres, ton amour, sans peur d’en être dépossédée...
ton amour, je le veux, je le prends...vraiment...voilà ce que je veux pour moi...
tu me l’as demandé, maintenant tu le sais...
je veux trouver un équilibre, poser mon amour, le laisser s’ouvrir, ne pas mettre de freins à mes élans...d’amour, de tendresse, de douceur...j’ai besoin de ton amour, de ta tendresse, de ta douceur, de toi pour m’apprendre ce que c’est qu’aimer et être aimée...

20h15…le TGV arrive en gare…il fait nuit mon amour
et rien qu’un morceau de lune là-haut…claire, la lune…
posé dans ce coin du ciel, juste au dessus de mon nez…un croissant souriant…
il fait nuit…voilà, j’ai toute la nuit devant moi pour t’écrire, ma brune…
Mer 09 Nov 2005, 15:51 par danslalune sur La vie à deux

nous étrendre ...

notre amour est tendre et j’aime m’y étendre
j’aime y nager comme au milieu de ces herbiers de posidonies
retenir mon souffle et plonger
glisser dans les herbes, découvrir les êtres qui nous font vivre
qui font que nous sommes nous
qui font que nous nous aimons
notre amour est tendre et j’aime m’y étendre
j’aime le suivre comme ce chemin de montagne
marcher sur les mousses, les aiguilles des pins et les alpages
au tournant, découvrir la vue, un lac, notre paysage
nous ..
nous découvrir, toi et moi à chaque fois
à chaque fois que nous nous aimons
tendrement … nous étendre .. nous étrendre ..
Mar 08 Nov 2005, 11:13 par treets sur Parler d'amour
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Ecrire sur doux

Ecrire sur doux Saveur plastique, L'an neuf, Cantique des cantiques, Je l'ai vue ce soir, Je t'ai croisé..., Lettre à mon espoir, Silence., Une jolie petite histoire, Faites moi rêver, Comme dans un songe..., Pensées de toi, Adolescent amour, songe d'une nuit, dans le TGV, ce dimanche là...., nous étrendre ...,
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La citation d'amour

L'amitié est toujours profitable, l'amour est parfois nuisible.

Sénèque.

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