Il ne verra jamais la mer.

Non, il n’a jamais vu la mer . . .



Une douleur. Une larme. Un passé. Un souvenir. Il ne savait plus trop.
Ses yeux chargés d’une indéniable lassitude était plongé dans une profonde méditation.
Un vieux titre de Jacques s’écoulait doucement dans la pièce tel une douce litanie exultant ses derniers accords d’agonie.
Figé dans sa torpeur, il ne se rendit nullement compte de l’obscurité omniprésente à ses cotés. Au sens propre et figuré.
Il ne comprenait pas, ou plutôt ne voulait pas y croire. Ses membres engourdies par les heures à ressasser pétrifié les longues erreurs du passé, laissa place à la lucidité qui au grand galop lui insufflait une atroce cruauté. Le destin s’était chargé de peu à peu l’enchainer. L’erreur n’avait pas sa place, on la payait de son sang, de sa vie. Comme si un peintre avait découvert la pénurie de couleur vive dans sa palette et qui au beau milieu de son œuvre abandonnait sa toile.
On lui avait dit que l’imprudence pouvait détruire une vie. On lui avait dit que l’amour pouvait détruire une vie. Mais ce qu’on ne lui avait pas dit c’est que l’ensemble des deux entrainait un nom.
Car au-delà de toute souffrance, au-delà de tout mutisme il y a un nom qui n’est rien d’autre qu’une maladie.
Onze lettres.
Cinq syllabes.
Une vie.
Séropositif.


. . . Non, il ne verra jamais la mer.
Jeu 05 Août 2010, 11:44 par Withoutdream sur L'amour en vrac

...et ca marche, même à mon âge:)

"Si tu es malheureux, appelle-moi. Je t’embrasserai et le chagrin s’en ira."

Le petit Jacques

Jules GLARETIE.
Lun 02 Nov 2009, 11:36 par Asma sur Citations

Le temps selon jacques brel...

Il y a deux sortes de temps : y a le temps qui attend et le temps qui espère.

Brel
Mer 08 Oct 2008, 17:13 par Satine sur Mille choses

La Vie ( 23 )...

Une joie partagée est une double joie,
un chagrin partagé est un demi-chagrin.

Deval

Extrait " d’ Afin de vivre bel et bien "



La Vie
Sans joies ni chagrins
N’est pas la Vie...
Mais la Vie
M’aura appris...que
Lorsque qu’un chagrin survient
Seule on le vit...


Marie
Ven 14 Mars 2008, 12:20 par Satine sur Mille choses

La croisière bleue...

suite...

Après un silence, j’ai repris :
- Quelquefois on reprendrait bien les vers connus d’un Poète en les adaptant un peu à l’idée présente. Par exemple, j’ai envie de te dire : « Ange plein de beauté…tu ne connais pas les rides – La peur de vieillir, et ce hideux tourment – De lire la secrète horreur du dévouement – Dans les yeux ou longtemps burent nos yeux avides ? »
Mais elle s’est encore récriée, les yeux à nouveau humides, alors je l’ai serrée plus fort et oubliant les regards des passants, j’ai couvert son visage de baisers…

Bibi, j’aurais tant voulu te garder ainsi, toute petite dans mes bras, surtout que tu as hoqueté :
- Je t’aime, je t’aime, comme je n’ai jamais aimé…dis-moi que je suis folle !
Il était temps de partir, main dans la main, vers la gare routière. Sur le parking d’attente, nous avons enlevé nos sacs à dos, et je l’ai à nouveau serrée dans mes bras, l’embrassant tendrement, affectueusement…Mais elle a voulu plus, nos bouches goulûment se sont unies : le monde autour de nous n’existait plus !
Ensuite, éperdue, elle m’a dit :
- Je t’en supplie, écris-moi…sur ce petit carton, je t’ai mis deux adresses : celle de la Fac, et celle de la maison…
- Et Ralph ?
- Rien n’a d’importance vis à vis de ces heures passées ensemble aujourd’hui…prolonges les, je t’en prie !
Elle en oubliait, ses : non ? Habituels…Elle avait l’air si malheureux que j’allais acquiescer, promettre…Heureusement, le car arrivait, on s’est dépêché d’en approcher.
Avant d’y monter, elle s’est retournée, prenant ma main elle l’a attirée sur son sein gauche, disant :
- Je t’Aime et tu resteras là, toute ma Vie !
Je n’ai pas eu le temps de lui dire :
-Bibi, je t’aime aussi, je peux te le dire ! C’est tellement plus qu’une simple coucherie, ce qui nous est arrivé aujourd’hui…
Et, je n’ai pas pu, non plus, boire ses larmes. Elle était déjà à l’intérieur...
Dans le couloir, elle s’est encore retournée, ne cachant pas ses larmes, et elle a fait avec la main le geste d’écrire…J’ai fait : « Oui » de la tête, mais le car démarrait, la secouait…
Avait-t-elle vu mon geste ? Je suis rentré le cœur et l’âme en deuils, pensant : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé… » Ce matin, je ne la connaissais pas, c’est fou tout çà ! Je rêve ? Je vais me réveiller…


*


Ce soir là, dans un brouillard d’idées emmêlées, j’ai à nouveau entendu parler de cars…mais aussi de Toulon, de sa rade, de son porte-avions ( le Charles de Gaulle ), etc…La télé était allumée, mais je ne voyais rien de précis, je n’entendais rien qui accroche mon entendement…Couché, je me suis vite endormi, et encore plus vite, réveillé…Une angoisse atroce, incontrôlable…des idées qui se bousculaient dans ma tête :
- J’aurais du accepter qu’elle m’écrive en Poste Restante, comme elle me l’avait proposé…Dés demain, je vais lui écrire…
J’ai continué longtemps à penser à ‘Elle’…à tout ce qui m’en séparait : Plus de quarante ans cette fois…Sa Vie dont elle était loin d’être à l’apogée, alors que j’étais en fin de périgée ! Peut-être, et çà valait mieux, m’oublierait-elle très vite, se demandant, elle aussi si elle n’avait pas rêvé tout çà ?

Le lendemain matin…

J’aurais cru être plus fatigué : Au contraire, j’étais nerveux, excité…Je suis sorti marcher, prenant mon périple habituel à l’envers. Après le Port de Bormes les Mimosas, j’ai continué, traversé la grande plage jusqu’aux rochers du Cap Bénat. J’ai chantonné Trénet :
« La mer qu’on voit danser – le long du golfe clair…a des reflets d’argent… »
Au sud est, il y avait l’Ile du Levant, plein sud, celle de Port Cros… mais cachée par le Cap Bénat, au sud-ouest, il y avait Porquerolles, c’est surtout là que se fixaient mes souvenirs…
A cette même heure, la veille, nous voguions, cap sur la première île, et le bateau n’avait pas encore piqué du nez avant de se cabrer, durant qu’elle filmait la côte…et moi, je repassais tout le film ! Je pourrais bien refaire cent croisières bleues sans rencontrer une autre ‘Bichette’ aussi charmante, ni encore moins jouer au chevalier servant ! Dans cette petite crique de l’Oustaou de Diou, quel petit Diou malin nous a accompagnés jusqu’au mont Salin ou, de Paul et Virginie, nous sommes devenus Tristan et Iseut ! Une Iseut attendue par son Roi Marc
( Ralph, en l’occurence ! ) C’est dans l’ordre des choses…

Il fallait que je la protège, fut-ce contre elle-même…J’ai rageusement déchiré le petit carton ou elle avait griffonné les deux adresses possibles ou lui écrire. J’ai éparpillé les morceaux en les lançant dans la mer, à mes pieds. Ils ont dansé un moment, surfant sur les vaguelettes qui s’écrasaient contre les rochers. Mon cœur était serré comme par un étau : Cette fois je l’avais tout à fait perdue…
Je suis revenu à grands pas, dans une fuite en avant, pensant et triturant de la poésie dans ma tête :
- A une certaine Barbara – Qu’il ne connaissait pas – Le Poète Jacques Prévert – A dit : « Que c’est con la guerre » – A Toi, ma Bibi Chérie – Je dis : Que c’est con la Vie !

J’ai ressassé tout ce qui était déjà…‘hier’ ! Grâce à Elle, je savais déjà que j’allais désormais, mieux m’accepter : Moins triste d’être maintenant le lièvre de la fable, enfermé dans la carapace de la tortue, et n’allant plus qu’au pas …

Le samedi et le dimanche, j’ai évoqué son voyage à Avignon et aux Baux de Provence, parce que je savais qu’elle penserait à moi, chaque fois qu’elle verrait un paysage et des lieux que je lui avais déjà décrits, comme à visiter…
Puis le lundi après midi, j’ai encore évoqué. L’avion de Swiss Air, en escale à Nice d’où elle devait décoller. A partir de ce moment, je me suis interdit d’ ‘imaginer’…

Je sais trop par expérience que la réalité est toujours la seule chose qu’on n’aurait su imaginer !
FIN reflexion

Jan rolleyes
Ven 31 Août 2007, 14:11 par jan goure sur Les liaisons sulfureuses

Si je savais ( 6 )...

Il faudrait essayer d’être heureux,
ne serait-ce que pour donner l’exemple.

Prévert


Je voudrais tant être un exemple
Pour montrer à ceux qui sont
" chers à mon coeur "
Que je les aime.
Mais je ne sais pas...
Je n’ai pas d’aptitude au bonheur...


Marie
Dim 26 Août 2007, 15:38 par Satine sur Citations

Destin...

Les hommes sont malheureux parce qu’ils ne réalisent pas
les rêves qu’ils ont.


Brel
Dim 01 Juil 2007, 11:04 par Satine sur Un monde parfait

Le Temps

Le Temps nous égare
Le Temps nous étreint
Le Temps nous est gare
Le Temps nous est train.


Prévert


En hommage à ce grand poète, amoureux des mots,
disparu le 11 avril 1977.
Mer 11 Avril 2007, 15:51 par Satine sur Citations

Complainte … comprenne qui pourra …

Ne me quitte pas
Il faut oublier
Tout peut s’oublier
Qui s’enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coups de pourquoi
Le cœur du bonheur
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas

Moi je t’offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Je creuserai la terre
Jusqu’après ma mort
Pour couvrir ton corps
D’or et de lumière
Je ferai un domaine
Où l’amour sera roi
Où l’amour sera loi
Où tu seras reine
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas

Ne me quitte pas
Je t’inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras
Je te parlerai
De ces amants-là
Qui ont vu deux fois
Leurs cœurs s’embraser
Je te raconterai
L’histoire de ce roi
Mort de n’avoir pas
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas

On a vu souvent
Rejaillir le feu
D’un ancien volcan
Qu’on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu’un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu’un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s’épousent-ils pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas

Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
A te regarder
Danser et sourire
Et à t’écouter
Chanter et puis rire
Laisse-moi devenir
L’ombre de ton ombre
L’ombre de ta main
L’ombre de ton chien
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas.

Parole de Jacques Brel ; 1959 …
Mar 10 Oct 2006, 02:57 par coeur lourd sur Parler d'amour

Un bon livre...

Un bon livre c’est quand on a envie de tourner les pages pour connaître la fin de l’histoire et qu’on se retient de le faire par crainte de rater les qualités de l’écriture.

Jacques Poulin
Les yeux bleus de Mistassini
Sam 02 Sep 2006, 15:28 par Satine sur Citations

A deux.

A deux.

Toi et moi.
A deux nous bâtirons des cathédrales
Pour y célébrer nos amours
Nous y accrocherons les voiles
Qui nous pousseront vers le jour.

A deux nous offrirons la lune
Aux hommes qui n’ont pas de chance
Et j’irai décrocher Saturne
Nous en ferons nos alliances.

A deux nous jetterons sur les rivières
Des ponts faits de notre amitié
Nous partirons chaque matin
A l’aventure d’une journée
Nous avons la vie dans nos mains
Mais il nous faut la dessiner.

A deux nous tracerons dessus la terre
Des chemins pavés de soleil
Nos coeurs seront pleins d’espérance
Nos chants seront des chants d’amour
Car à deux nous aurons la chance
De croire qu’on en a chaque jour.

A deux nous bâtirons des cathédrales...

Jacques BREL. rose
Mer 19 Avril 2006, 10:57 par Hécate sur L'amour en vrac

Pour tous ceux qui s'aiment

Comment en cette veille de la Saint Valentin ,
fête des amoureux , ne pas citer ce chanteur
qu’était Jacques Brel qui savait si bien ,
à travers ses chansons, nous parler d’Amour.
Alors, voilà les paroles d’une de ses plus
belles chansons d’Amour que je dédie à tous
ceux qui s’aiment...


Paroles et Musique: Jacques Brel 1956

Quand on n’a que l’amour

Quand on n’a que l’amour
A s’offrir en partage
Au jour du grand voyage
Qu’est notre grand amour

Quand on n’a que l’amour
Mon amour toi et moi
Pour qu’éclatent de joie
Chaque heure et chaque jour

Quand on n’a que l’amour
Pour vivre nos promesses
Sans nulle autre richesse
Que d’y croire toujours

Quand on n’a que l’amour
Pour meubler de merveilles
Et couvrir de soleil
La laideur des faubourgs

Quand on n’a que l’amour
Pour unique raison
Pour unique chanson
Et unique secours

Quand on n’a que l’amour
Pour habiller matin
Pauvres et malandrins
De manteaux de velours

Quand on n’a que l’amour
A offrir en prière
Pour les maux de la terre
En simple troubadour

Quand on n’a que l’amour
A offrir à ceux-là
Dont l’unique combat
Est de chercher le jour

Quand on n’a que l’amour
Pour tracer un chemin
Et forcer le destin
A chaque carrefour

Quand on n’a que l’amour
Pour parler aux canons
Et rien qu’une chanson
Pour convaincre un tambour

Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains,
Amis le monde entier.
Lun 13 Fév 2006, 17:53 par Satine sur Parler d'amour

Barbara

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d’acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien

Jacques Prévert
Sam 24 Déc 2005, 13:55 par dolce vita sur Citations

Lettres du désert

Le désert, à l’aube du premier jour.
Mon ami,
« C’est quitter Dieu pour Dieu... ». En ce dimanche d’automne, j’ai rendez-vous avec la vie. Je quitte la maison de mon Père pour m’incarner en cette petite fille qui voit le jour en un clair matin de la cité phocéenne. Tu vois, tout ce que j’ai vécu je l’ai choisi m’a-t-on dit. En attendant, ce qui est certain, c’est que j’ai commencé par accueillir ce cadeau, voilà bientôt quarante ans : naître aux pieds de Notre Dame de la Garde ! Oui, oui, déjà, elle est là, toute douce et belle à me protéger, à ne pas me quitter des yeux, petite mère du ciel silencieuse et agissant sans tambour ni trompette, mais plus sûrement qu’aucune louve ne le ferait. Dans une petite maternité, le souvenir de st François est entretenu, rue Pupa. Là, je pousse mon premier cri de vivante : j’ai mal, j’ai faim, je suis... C’est dimanche, la messe a lieu à deux pas, j’ai soif. Déjà.
De Marseille, je ne connais tout d’abord que les promenades venteuses des bords de mer. Un goût salé que j’aime à retrouver sur mes lèvres. Le sel et la lumière du monde sont contenus dans ma mémoire. Le cri des mouettes. Les falaises blanches sous un ciel de craie. Une lumière qui ne triche pas, une lumière impudique et joyeuse. Le sable qui vole, vole et nous ferme les yeux. Le vent, c’est aussi mon bon ami. Le coquin, il se glisse partout : il connaît tous nos parcours secrets et vient se blottir au plus tendre, jusque entre nos lèvres. Un chien aboie. Le désert. Une mouette vient fendre le mistral comme par jeu, comme pour s’en moquer et disparaître. De Marseille, j’apprends la tendresse, Mamie, Angèle, ma grand-mère. Certains, tu sais, naissent avec des grands-parents à ne plus savoir qu’en faire. Moi, je n’en avais qu’une et si petite, 1m45, la seule à être assez discrète pour avoir survécu à la guerre. La mort a décidé de l’oublier jusqu’à ce qu’elle ait 74 ans et puis, à son tour, discrètement, ma rescapée a quitté la terre pour aller dans un lieu où les hommes ne se limitent plus, où ils peuvent enfin s’étendre à l’infini.
De Marseille, avec Angèle, je garde un parfum d’amour, de liberté et de gourmandise. Un parfum de vie. Papa me ramène à mes souvenirs de premier âge en me confiant pour les vacances d’été à ma Mamie cadeau, Mamie tendresse, Mamie prière. Les roses blanches de Berthe Sylva nous font pleurer sans même avoir à les effeuiller. Ces roses de la spiritualité, je les retrouverai plus tard, sans savoir ni pourquoi ni comment elles s’imposent à moi, et dans un désir d’inspirer aux petits enfants l’envie de se jeter dans les bras de Marie, je la dessine aux crayons et pastels secs, les bras ouverts et son sein virginal recouvert des roses délicates. Bien sûr, ses fleurs admirables tu les connais, puisque c’est toi qui a décidé du lieu où déposer le sourire accueillant de Marie. Mais je reviens à l’enfance. Lorsque nous étions livrées à nous-mêmes, toutes les deux, Angèle, avait pour sa petite-fille un programme d’été bien rempli dans le but de la faire grossir avec autant de glaces et autres repas de noce qu’il se peut imaginer ! Comme je l’aime, ma Mamie, que ne ferais-je pour l’amour d’elle ?! Même me laisser gaver ! Moi qui ne suis pas matérialiste pour deux sous, je vais m’ancrer au sol de tout mon cœur. Chère Angèle, quelle joie lorsque la balance affichait le résultat tant attendu : victoire provisoire remportée avec force silence, paix et douceur. Les roses blanches, encore et toujours, mais pas seulement, toutes les musiques de sa jeunesse et de la mienne nous accompagnaient : de Maurice Chevalier à Claude François, en passant par la môme Piaf et le grand Jacques pour faire bonne mesure. Oui, et puis, « Mamie, est-ce que je peux faire de la couture pour mes poupées ? » - « Viens donc t’installer à côté de moi, sur la table de jardin, sous la tonnelle couverte de gros raisins blancs ». De gros grains blonds qui recouvraient la pâte de la tarte préparée pour le dessert du soir et dont l’arôme emplissait l’air gorgé de soleil. Mon cher ami, t’ai-je déjà parlé de nos escapades en ville ? Nous partions toutes deux, vite, vite, avec nos petites affaires : moi, un grand chapeau de paille, une capeline couverte de fleurs et de quelques cerises artificielles. Une robe en vichy rose, des petites sandalettes blanches au pied avec des socquettes à fleurs. Heureuse, joyeuses, insouciantes, nous partions. Angèle, toujours impeccable dans ses tailleurs et ses robes bleu marine et blanc. Ses beaux yeux bleus un peu tristes derrière les gros verres de myope envoyaient tant et tant d’amour que je ne me lassais pas de les chercher. Nos conversations bien sages. Les regards approbateurs des usagers de l’autobus. La joie mêlée de fierté de ma grand-mère aux compliments dont on m’abreuvait et qui me lassaient parfois, mais jamais pour l’amour d’elle.
Angèle, que j’aime regarder les deux colombes derrière les lourds verres, je suis trop petite pour comprendre qu’un jour elles prendront leur envol pour ne plus jamais revenir au nid. Il est tôt encore, laissons à l’enfant le soin de se réjouir. Les larmes viennent en leur temps et en mettent tant et tant pour sécher. Angèle, aujourd’hui, pour toujours, je t’aime. Laisse-moi toujours être ta toute petite-fille. J’aurais tant besoin de ta tendresse et de tes prières, ma petite Mamie. J’ai tant de larmes sur mon cœur et que personne ne viendra bercer...
Dim 11 Déc 2005, 08:52 par dolce vita sur Histoires d'amour

Un livre ...

Un livre a toujours deux auteurs : celui qui l’écrit et celui qui le lit ...


Jacques Salomé
Sam 13 Août 2005, 10:43 par Satine sur Citations
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Ecrire sur jacques

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La citation d'amour

Les rides sont le tombeau de l'amour.

Proverbe espagnol.

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