Les alberts.

Prairies grasses, fleurs des prés, ruisseaux silencieux que l’on devine à l’humidité des herbes sauvages. Elles répandent leurs parfums acres lorsqu’on les froisse sous nos pieds maladroits et glacent nos mollets. Sur la gauche, un champ s’étire jusqu’au village bâti après le tournant de la route. De rares véhicules, timides, l’empruntent, honteux de troubler ainsi la paix des lieux, se sentant étrangers à un décor qu’ils ne feront que traverser, venant d’un point invisible pour disparaître vers un autre. Un homme fait voler en cercles réguliers un petit avion à moteur : trois paires d’yeux se portent vers le point rouge tantôt petit tantôt grandissant dont l’air apporte les grondements de tondeuse… L’homme n’a pas d’âge, trop loin pour être à même de distinguer quoique ce soit de lui, il joue sagement avec son engin téléguidé. Il s’applique. Il ne voit pas les conifères caressés par le vent derrière lui, il fait fuir les oiseaux effarouchés par le bruit qui tourbillonne au dessus de sa tête. Il ne voit pas la retenue d’eau ni les canards gracieux qui glissent à la surface : maman cane entourée de ses canetons se moque du point rouge qui volète. Il ne voit pas les yeux qui suivent du regard les acrobaties ni les jeunes bouches qui commentent. Doucement l’avion se pose comme à regret. Comme si l’homme avait conscience que son rêve d’enfant avait survécu au-delà de toute raison, refaisant encore et encore les gestes d’un apprentissage qui ne sera pas poussé plus avant. L’homme a pris sous son bras la grande aile rouge mais il ne parvient pas pourtant à prendre son envol. Il s’éloigne en rase motte pour disparaître tout à fait, fragile esquisse appartenant au passé. La terre ou les maisons l’ont englouti.
Découverte de la pinède, le sol est familier, tordu par les racines qui affleurent, une végétation pauvre, nous marchons jusqu’au point d’eau. Le ciel s’ouvre sur les montagnes alentour, le frissonnement de l’eau, des nuages de petits poissons viennent tenir compagnie à une baguette de pain qu’ils embrassent de toutes leurs petites bouches… J’ai l’impression d’une intense et en même temps une envie de pleurer trop longtemps contenue gonfle ma poitrine. Mêler mes larmes à la terre nourricière, reprendre mon souffle à la force de la nature qui ne ment pas, qui ne connaît ni la peur ni la haine en ces heures paresseuses, les prismes grimaçants de l’âme humaine. Une nature libre et belle au delà de toutes limites m’accueille, me reconnaît et en laquelle enfin, je me ressource. Douloureusement, je reprends vie, en silence.
La cane se tient au loin des nouveaux arrivants qui n’ont même pas un maillot de plumes à offrir aux regards… Des éclats de rire et voilà des pieds roses qui barbotent dans l’eau vaguement croupie, en quête d’aventures comme il sied à leur jeune âge. Mais, bientôt, la faim se fait sentir. Le soleil est haut dans le ciel. De nouveaux oiseaux déplumés, sautillant sur leurs longues jambes viennent s’ajouter aux premiers et tout en cancanant, couinant, pépiant, jouissent de ce déjeuner bucolique presqu’estival…
Animaux, végétaux, minéraux, tout reprend sa place dans un monde de merveilles, pareil à l’aube du premier jour...
Dim 31 Mai 2009, 14:03 par dolce vita sur Mille choses

Cher frère,

Un sourire qui me vient à la bouche, puis s’enchaîne des mots et encore des mots. Cher frère, tu diras que je suis égoïste, peut être le suis-je vraiment, tu diras que je vis ma vie, que je suis celle que tu as laissée rayonnante de .

Non, frère pourquoi me laisser seule ? Je vois dans chaque homme ton visage, ton sourire, j’avais besoin que tu m’accompagnes encore un peu, tu prennes ma main, tu me parles comme tu le faisais avant, au lieu de ça, tu as fermé les yeux, sans plus les ouvrir, je t’ai regardé, tu paraissais si détendu, est-ce cela cette paix profonde dont on parle ?

Me regardes-tu souvent? As-tu écouté cette lettre que je t’avais lue ? Celle que tu attendais tant et qui t’aurait fait plaisir j’en suis sûre, as-tu écouté ces mots qu’elle a écrit pour toi ? Elles ont grandi, dix-sept ans déjà, t’aurais été fier d’elles, t’aurais aussi apprécié celui que mon cœur a toujours aimé, malgré cette distance, ne sois pas jaloux, cher frère, je te garde dans mon cœur jusqu’à la fin des temps.

Je sais, il n’est plus là, je sais, me voir triste t’attriste beaucoup, tu sais ! je suis de ceux qui aiment une seule fois, c’est idiot ça aussi je le sais, aujourd’hui, je ne suis plus seule je suis entourée de ceux qui te porteront toujours dans leurs cœurs, des amies dont la seule évocation de ce mot me ravive le cœur, oui je ne suis plus seule, mais leurs présences n’arrivent pas à remplir ce vide que tu as laissé, es-tu heureux ? En tout cas, je l’espère.

Cher frère, ici les choses ont beaucoup changé, je suis sûre que tu t’aurais plu.
M’entends-tu encore ? Peux-tu me répondre ? Car l’été arrive et je suis assise devant cette porte, attendre que tu me répondes, là où tu m’avais laissée.

L’été arrive !
Sam 30 Mai 2009, 21:46 par coeur perdu sur Parler d'amour

L'amour cet ennemi

Pourquoi craindre l’amour et le considérer
Comme un danger, un traître, un gueux ou un félon ?
Pourquoi donc résister et ne plus lâcher prise ?
On a été trahi : tout espoir est-il mort, sommes-nous morts aussi ?

Et pourquoi renoncer à la douceur de vivre
A l’amour qu’on étouffe au plus doux de son sein ?
Notre armure nous oppresse ne sentons-nous plus rien
Pas même la douleur arrivant bien à sourdre ?!

Pourquoi notre énergie éteint-elle la flamme
Qui ferait notre et grandir notre force ?
Dès lors, ne cultivant plus notre espérance mais ce qui nous détruit
Pour le plaisir de ceux qui veulent nous réduire...

Devons-nous oublier ce à quoi l’on aspire
Et l’élan qui de nous demandait à jaillir ?
Par quel renoncement on tue la vie en nous
Et l’amour... qu’elle inspire ?!

Et parce que j’ai souffert et que je souffre encore
Vais-je donc sacrifier le plus cher des trésors ?
Et si mon coeur est las parce qu’il est malmené
Je ne peux pourtant pas renoncer à t’aimer...

Qu’importe si je suis seule à chérir cet amour
Qu’importe si jamais il n’y aura de retour
Si jamais plus mes yeux ne verront ton image
Si tes pas à jamais bouderont mon rivage

Tant qu’il voudra de moi moi je l’abriterai
Et toute ma douceur je lui dispenserai
Le protégeant des rires et autres colibets
Cet amour est en moi et le respecterai.
Ven 15 Mai 2009, 21:36 par dolce vita sur Mille choses

Découvrir...

En relisant tous mes textes dernièrement (il faut avoir un chagrin d’amour pour faire un truc aussi suicidaire !), j’ai remonté le fil du temps... Il y a un homme que je n’ai jamais vu et avec qui j’ai pourtant échangé de nombreux mots de tendresse, d’amour, des insultes aussi (n’est-ce pas ?!), il m’a inspiré quelques pages drôles ou sombres, noires parfois ! Allez savoir pourquoi !? Il faut dire que l’on s’en est donné tous deux à coeur ! Jouant parfois au chat et à la souris, nous avons trouvé le moyen de rire de nos deux solitudes, de ce qui nous faisait mal ou bien peur. Or, j’ai envie de lui rendre hommage, c’est bien la moindre des choses, surtout qu’il est terriblement beau joueur. S’il sait être "vil" clin, il sait être un type fabuleux. Avec beaucoup de recul et de discernement, beaucoup d’humanité et d’humilité aussi. J’oubliais une chose super importante : capable d’écouter discourir une incorrigible bavarde timide !! Il sait aussi se remettre en question (c’est rare chez les messieurs grin ). Ce sont des hommes comme lui qui donnent l’espoir que demain peut être différent et que la fatalité peut être vaincue.
Merci, la Tulipe Noire.
Lun 11 Mai 2009, 17:27 par dolce vita sur Un monde parfait

Notre dame des neiges

Un ciel voilé, un plafond bas
Les sommets enneigés illuminent nos pas
Comment peut-on quitter cela ?!
Les hommes et leurs tracas
Semblent si futiles vus de là...
Les arbres en fleurs et les parfums
Qui coulent en nous et nos chagrins
Au creux du ciel se sont enfouis !
Cessons le bruit, un chant du cœur
Fait naître de douces rêveries...
On rêve devant ce monde parfait
Les monts, les arbres, les rochers
D’aussi admirables couleurs
Exit les mots vains des menteurs
Ceux qui font mal et qui salissent
La beauté des lieux nous unit
A ce décor de paradis
Sans qu’aucune ombre ne le ternisse
J’aime à puiser dans sa beauté
La paix, la et ses délices
Qu’il fait si bon partager
Pourvu que notre coeur s’emplisse.
Dim 10 Mai 2009, 17:03 par dolce vita sur Un monde parfait

Mes amis, ma famille, mes enfants,

Combien lèvent les épaules ou soupirent
à ces pauvres petits mots si désuets
Et pourtant
Proches ou lointains, vous rendez la vie belle d’un sourire
d’un geste de la main d’un mot ou un regard
Vous êtes là dans la ou dans la peine
pour partager l’instant...
Un éclat de rire, un clin d’oeil, un jeu :

Je ne vous le dis pas souvent
et pourtant je vous aime.
Merci.

cool

Dolce
Jeu 19 Fév 2009, 19:32 par dolce vita sur Un monde parfait

Joyeux noël

A tous, à chacun, chacune, un très joyeux Noël dans vos coeurs, dans vos vies, quoi que vous viviez au moment où vous me lisez, donnez-vous le droit au bonheur !!!

Tout est question de point de vue : faites de chaque instant une étincelle de bonheur à savourer jusqu’à ce que votre chasse les ténèbres.

Bien amicalement.

Dolce
Jeu 25 Déc 2008, 11:09 par dolce vita sur L'amour en vrac

Une année déjà que tu es parti !

Ce soir, encore, j’hésite ! J’hésite à t’appeller, t’envoyer à nouveau un mail auquel tu ne répondras pas et pourtant, j’espère...
Parfois, je me surprends moi-même : je t’aime et je te hais à la fois !
Tu n’as jamais pris l’initiative de me reconquérir, tu attends encore et encore !

Et moi, n’écoutant que mon coeur, je revenais à toi.
Mais, cette fois, c’est décidé ; je ne reviens plus, j’attends, je fais comme toi !
C’est si difficile, je ne peux cacher ma souffrance, le manque de toi. Tout au fond de moi, j’espère, j’espère encore et encore que les Dieux voudront m’entendre et te ramener vers moi.

L’ année dernière, je me souviens de t’avoir proposé de venir passer Noël avec moi. En guise de réponse, je n’ai eu qu’un "non".
Aujourd’hui, c’est Noël, ma pensée va toujours vers toi, mais cette fois, je n’ai pas eu de nouvelles de toi. Une année bientôt. Je ne t’oublie pas : suis- je maudite ?!

Je veux bien tourner la page comme l’on me dit, mais ton image est si présente que je n’ose pas. Non, la vraie raison c’est que je ne veux pas tourner cette page, je suis heureuse que tu soies dans mes pensées, de t’aimer et si cela venait à disparaître je m’en irais avec toi.

Aujourd’hui encore, je pense à ceux qui fêtent Noël dans la , le bonheur ; je les envie...
Car, pour nous, les autres, c’est dans les larmes et la tristesse.
Le seul cadeau que je voudrais c’est toi mais je sais que je ne l’aurais jamais, alors je me console dans ces mots que je t’écris.

Joyeux noël, mon amour!
Jeu 25 Déc 2008, 00:53 par coeur perdu sur Parler d'amour

Cher père noël,

Pendant des années j’ai attendu, patiemment, qu’un jour tu veuilles bien répondre à la demande de mon coeur.
J’ai souvent espéré, j’ai crû avoir été entendue plus encore..
Je t’ai remercié toi ou Celui que l’on nomme communément l’alpha et l’omega mais en vain.
Je dois reconnaître, aujourd’hui, que certaines choses ne sont pas pour moi.
Depuis que je suis enfant je colle mon nez à la fenêtre des autres et je regarde le bonheur qui m’est interdit.
Non que mon coeur ne sâche battre mais je n’ai pas trouvé ma place et on n’a pas su m’en donner une.
Voilà, alors cette année, je ne te demande rien ou plutôt je te demande de ne pas te moquer de moi avec de la poudre aux yeux et autres trompe le coeur... pourtant si prisés de nos jours.
Je te demande de me donner la clairvoyance de me détourner de ce qui est inaccessible, de ne plus croire aux chimères, de ne plus soupirer sur ce qui n’est pas, d’aimer et de respecter la femme que je suis devenue au fil du temps et d’apprécier profondément ce que je vis !

Par ailleurs, Père Noël, si tu avais assez de coeur pour penser aux autres, mais alors vraiment, fais-le et fais-le à fond, ne lésine sur rien de ce qui est bon, vrai, juste, de ce qui fait du bien au corps, au coeur, à l’âme.
Fais-le bien et fais-le sans compter, le pauvre monde en a tellement besoin !
Qu’enfin ce Noël soit un vrai Noël où les coeurs autant que les guirlandes brillent de mille feux, où la étincelle et où la Vie rayonne !
Voilà, auras-tu le temps de me lire ? Le prendras-tu ? Le voudras-tu ?
Quoiqu’il en soit, je te souhaite à toi aussi, cher Père Noël, un très joyeux Noël, puisse la t’être donnée en partage.

Je t’embrasse - si tu n’es pas un vieux grincheux,

Dolce
Mer 24 Déc 2008, 07:43 par dolce vita sur L'amour en vrac

Qu'est-ce [...] ?

Qu’est-ce qui dilate l’âme ?
Qu’est-ce qui fait trembler, frémir, soupirer, espérer ?
Qu’est-ce qui pousse le plus sage à commettre des folies ?
Qu’est qui fait que l’homme, la femme s’oublient au profit de l’autre ?
Qu’est-ce qui fait pleurer parfois, rire d’autres ?
Qu’est-ce qui dans les douleurs de l’enfantement amène la femme à exhulter ?
Qu’est-ce qui fait couler des larmes sur les joues du plus brave ?

Cette , d’aucuns diraient "cette faiblesse", d’où vient-elle ?

C’est l’amour qui fait affronter la mort, la honte et la désolation !
L’amour fait du plus petit un héros, un soldat, un guerrier !
C’est l’amour qui nous tient debout, qui nous tient vivant !
C’est l’amour qui relève et réchauffe.

L’amour veut vivre dans ton coeur ? Ne le méprise pas...
Ne le renie pas.
Ne l’évite pas.

Que ton corps soit son archer...
Et ton âme son souffle...
Soies-lui fidèle
et intègre à toi-même.
Ven 12 Déc 2008, 19:07 par dolce vita sur Parler d'amour

Le couronnement de la vie de plongeuse

Un jour de repos, enfin. Je vais pouvoir profiter de ma journée sans me préoccuper de la vaisselle.

Un instant de calme, je mets un disque de relaxation dans mon lecteur cd et installe avec acharnement les écouteurs dans l’orifice de mes oreilles si petites. Je prends bien soin de fermer fenêtres et portes.

Je m’allonge dans mon lit et constate avec quel bien ça fait de s’étendre de tout son long, sentir son dos craquer et ses membres se relaxer sur ce matelas dur comme pierre.

Une sonnerie retentit. Un appel d’une collègue.
Tout de suite l’angoisse revient, j’enlève mes écouteurs et écoute attentivement ce qu’elle a à me dire...

Avec dégoût je me repositionne dans mon lit, musique en fond : dans un mois je serai au chômage.

La seule pensée qui me traverse l’esprit c’est de savoir ce que je vais faire après, et comment retrouver du travail sans diplômes.
Jeu 17 Juil 2008, 18:58 par amori33 sur Articles

La Vie ( 23 )...

Une partagée est une double ,
un chagrin partagé est un demi-chagrin.

Jacques Deval

Extrait " d’ Afin de vivre bel et bien "



La Vie
Sans joies ni chagrins
N’est pas la Vie...
Mais la Vie
M’aura appris...que
Lorsque qu’un chagrin survient
Seule on le vit...


Marie
Ven 14 Mars 2008, 12:20 par Satine sur Mille choses

Tu t'appelais Léon

Tu t’appelais Léon.-
Alité sur ce lit glacial, les yeux effarés.
Corps inanimé d’une froideur impersonnelle.
Le fils debout, la déroute, silence étouffé.
Le souvenir persistant, je t’appelle!!!

Des années douloureuses, la pensée active.
Aujourd’hui même, l’évocation pénible des mots.
Les images décolorées, l’émotion captive.
Un cœur troublé, la rage des flots.

Trop tard, l’abat-jour s’estompe à jamais.
Une lumière indiscrète, la parole inutile.
L’éloignement d’un autre monde, cela déplaît!
Seulement qu’une ombre, le poing indélébile.

Un jour viendra, une rencontre céleste, je le désire!
Une main tendue, ton « sourire » splendide, réservé.
Alors franche conversation, tu deviendras mon respire,
Ma éternelle, l’ami tant convoité.

André, épervier
http://epervierlepoete.iquebec.com
Jeu 06 Mars 2008, 22:39 par epervier sur Mille choses

Pigeon voyageur

11h17.
Pour la quatorzième fois ce matin je composai le numéro de chez moi.
Pour la quatorzième fois aujourd’hui, une voix préenregistrée me répondit « Il n’y a plus d’abonné au numéro demandé »
Putain mais qu’est-ce qu’elle foutait cette conne ! Pourquoi est-ce que mon téléphone ne répondait pas, pourquoi cette idiote n’était pas chez nous à cirer les parquets comme tous les mardis depuis presque dix-huit ans maintenant ? Pourquoi elle ne décrochait pas ?

Je consultai la liste de mes clients.
11h30 – 145 rue Foch, appartement 2 – Madame Ribley – digicode : 14A5B
Je sortis de ma voiture, ajustai ma cravate, défroissai le bas de mon veston et remis en place la mèche qui me tombait sur le front.
Elle va me le payer cette conne. Elle a intérêt à avoir une bonne explication sinon je lui fais manger sa cire d’abeille moi.

L’immeuble de la rue Foch puait le pigeon à plein nez, de ceux qui vous font votre part de commission pour l’année entière en une seule vente. Des appartements à vieux cons friqués qui sont prêts à se vendre leurs dents en or pour offrir un coussin pur peau de tigre du Bengale à leur Yorkshire qui dilapidera l’héritage en boîte de caviar russe au grand dam des héritiers légaux qui se mangeront des petits pois en conserve en maudissant leur salope de mère. Celle de l’appartement 2 ne dérogeait pas à la règle, en un peu moins vieille malgré tout. A peine m’étais-je présenté, que son sourire décoré d’une rouge à lèvre naviguant entre l’orange et le rose bonbon me promettait déjà un bon de commande en trois exemplaires parfaitement rempli et son numéro de carte bleue.
L’immonde bestiole ne la lâchait pas d’une semelle d’escarpin. Ces aboiements stridents m’avaient répondu dès mon coup de sonnette. Sa découverte avait été au-delà de tous mes espoirs. Un ruban bleu en soie lui faisait une fontaine au dessus de la tête. Sa gueule aussi enfarinée que celle de sa maîtresse sortait d’un toilettage tout frais, et c’est tout juste s’il ne m’avait pas arraché la moitié de la main quand j’avais voulu le caresser en m’extasiant sur ce magniiiiiiiiiiiiifique bébé ! Mon pied dans ton fion ! C’est tout ce que tu mériterais mocheté ! Même un coup de bite pour l’hygiène je n’aurais pas pu ! Pourtant j’en avais testé du molosse. Des grosses chiennes poilues, la langue pendante, aussi haletantes que leur maîtresse friquée. Faut pas avoir peur de se salir les mains et la bite quand on veut être le vendeur du mois et gratifié d’une augmentation substantielle.
La vieille et son maquillage de carnaval me firent entrer dans le salon. A peine assis sur le canapé, son horreur me sauta dessus et me flaira les roustons.
« Ho ho, petite coquine, dis donc, dis-je de mon sourire Clark Gable en caressant la bête dans le cou, tu es vraiment une très jolie fifille toi. Ta maîtresse a bien de la chance d’avoir un compagnon aussi parfait que toi. »
Ca y était, la culotte mouillait. La vieille était ferrée, je pouvais lui sortir tout l’attirail, elle signait les yeux fermés. La collection printemps-été, les chaussons en cuir faits dans les ateliers italiens (une pièce unique, un peu chère, c’est vrai, mais votre enfant ne mérite-t-elle pas ce qu’il y a de mieux pour protéger ses petites papattes ? Tenez, signez ici, là, et là aussi), le collier 18 carats, incrusté de petits diamants importés directement d’Anvers (nous avons notre vendeur attitré, il nous fait des prix exceptionnels parce que lui aussi à cet amour si souvent incompris par les gens qui n’ont pas d’animaux, mais chut, ne dites rien, c’est un petit secret entre nous chère madame). Elle pissait de , elle gloussait comme une vieille dinde qui croit que les décorations de Noël sont là pour faire joli alors que le fermier l’appelle avec un couteau planqué dans le dos. Elle me proposa un thé que j’acceptai volontiers, très chère madame, je suis certain que vous êtes la reine du thé.
Pendant qu’elle s’excitait sur son eau chaude en cuisine, je fis un tour d’horizon du salon. Des toiles de maître - des reproductions ? – des vases de porcelaine, des statuettes en bronze, un tapis d’orient accroché au mur – pour cacher un coffre ? – la photo du mari sans doute décédé.
Et cette chienne excitée qui ne me lâche pas les couilles. C’est terrible comme ces petites choses sont sensibles aux odeurs. C’est vrai que je n’avais pas eu le temps de prendre une douche avant de quitter la cliente précédente, mais quand même ! Je repensai à ma femme, à mon numéro inaccessible. J’étais parti de la maison dimanche soir, comme chaque semaine. Quand on est représentant de commerce, on passe plus de nuits à l’hôtel que dans sa propre chambre, c’est une vie de voyageur, mais j’aimais ça. Puis faut dire aussi qu’au bout de 18 ans de mariage, j’avais d’autres envies que de me coucher à côté des bourrelets de ma femme ou de me réveiller à l’aube avec les cris des mômes qui se disputent pour voir Bob l’éponge à la télé.
Madame Ribley revint dans le salon avec un plateau de thé et des biscuits. Elle en avait profité pour remettre une couche de rouge à lèvre. Elle espérait quoi ? Entourer ma bite d’un cercle orange-rose bonbon en me suçant ?
Elle s’assit à côté de moi dans le divan, me donna ma tasse et commença sa tirade. Je les connaissais par cœur ses mots. La solitude, son pauvre mari mort trop tôt, le bébé qui lui donne tout l’amour qu’elle ne peut plus avoir autrement. Je comprenais, je comprends madame, vous êtes si jeune encore pour être seule.
Les vieilles bourges coincées, tu parles. J’avais à peine eu le temps de finir ma phrase que déjà sa main était sur ma braguette. C’était ça aussi l’avantage des représentants de commerce. Tu n’avais plus besoin de payer. Avec l’expérience, quelques mots pleins de compassion étaient plus efficaces que des billets posés sur la table de chevet.
Trente minutes plus tard, je quittais le 145 de la rue Foch, un contrat d’un montant de 7500 euros en main, et un pourboire de 200 dans la poche. Je téléphonai au bureau. Magali valida le contrat et le numéro de carte bleue, tout était ok.
« Ta femme a laissé un message pour toi ce matin. Ce serait bien que tu rentres chez toi le plus rapidement possible… je crois qu’il y a un petit problème … »

La maison était vide. Il ne restait rien. Pas un meuble, pas un objet. Elle avait tout emporté la pute. Tout exceptés mes fringues et ma collection de médailles de pongiste. Une odeur bizarre me rappela certaines de mes clientes. Ca puait le chien. La pisse de chien plus exactement. Le dernier cabot qu’on avait eu, je l’avais dézingué au fond du jardin un week-end pendant qu’elle emmenait les gosses à la piscine et j’avais joué au maître éploré en collant des affichettes sur tous les platanes de la rue pendant une semaine. C’était mes fringues qui puaient. De larges auréoles séchées recouvraient la plupart de mes pantalons. La salope, elle avait fait pisser un chien dessus, j’y croyais à peine !
Sur le dessus de la pile de vêtements, je vis quelques papiers bleus. Des papiers bleus que je reconnus très vite. C’était des bons de commande, comme ceux que je laisse dans chaque appartement que je visite. Six. Un de ces arnaqueurs de voyageurs de commerce était venu six fois chez moi. Dans ma maison à moi, vendre des arnaques à ma femme à moi. « C’est dur vous savez, mon mari est absent toute la semaine, dix-huit ans de mariage, les enfants, tout ça tout ça. Mais oui, madame je vous comprends, et vous êtes si jeune encore … »

J’empochai les bons de commande avec mon numéro de carte bleue et la signature de ma femme en dessous et je repris la route. Je suis un voyageur.
Un pigeon voyageur.
Dim 28 Oct 2007, 21:01 par la marquise de sade sur La vie à deux

Rêve brisé

Mon secret a moi, je l‘enfoui jalousement au fond de mon cœur, je le cache et le préserve, car il me procure le bonheur des moments passés, la chaleur de ces gestes sincères, qui ont su défaire mes peines.

Je me laisse bercer par cette nostalgie nourrit d’un espoir fragile, mais assez fort pour résister aux vents glaciales du destin. Je croise sur mon chemin, une chance qui me fait croire en ma bonne étoile, je croise les doigts pour que ce cadeau ne soit aussi éphémère. Mais minuit sonne et déjà la magie est déjouée, mon rêve se noie dans un océan vaste d’illusions.

Mes rêves, fruits de non raison, d’idéales et de caprices existent quelque parts dans un monde ou hasard et destin se mêlent, se côtoient et s’évitent, Le temps, d’un geste généreux et gracieux, me fait goûter au charme pour me l’ôter aussitôt. L’amertume chasse la certes, mais le goût sucré survit une fois la flamme du souvenir caresse l’esprit.

Nos rêves conditionnent notre perception du bonheur, lui donnent une vie, pour l’abandonner et sombrer dans l’absurdité et l’incompréhensible ; Peut on blâmer le temps d’être assez cruel vis-à-vis de nos caprices de petits humains insensés ? Serait on aussi candide pour se laisser piéger par ce jeu peu honnête du bonheur ?

Je cède a la normalité des choses, je continue à vivre emportant ce petit secret qui chagrine mon cœur et me donne force et sourire. Mon secret a moi, est un rêve volé que j’ai pu savourer, ce sont quelques lignes qui ont repeint en couleurs vives mon existence terne ;

Autant en emporte le vent, mon secret n’existe plus que dans ma mémoire, témoin d’une quiétude incomparable, d’une tendresse infinie, et d’un sourire dont seules les traces en restent.
Ven 26 Oct 2007, 21:47 par vampira sur Histoires d'amour
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