Les Chemins de Lumière

Korkam marchait depuis trois jours, dormant peu afin de profiter de la fraîcheur de la nuit. Bamon, le soleil, cuisait sa peau tout le temps de sa traversée du ciel, comme s’il ne voulait pas que Korkam atteigne son but.

Son but ! Fou qu’il était ! Et tous le lui disaient !!! ... Korkam le Bâtisseur, l’habile artisan, certes un peu gueulard, ... PENSAIT.

Certains soirs, il abandonnait femme et enfants, non pas pour prendre du plaisir près de Jora, la veuve qui prêtait son ventre et ses mamelles rebondies contre de la nourriture ou du travail. Non pas ! Il s’agenouillait près de la rivière et il PENSAIT. Et cela amusait tout le monde. Qu’y avait-il de plus important que de bâfrer, de boire jusqu’à l’ivresse, de darder son épouse et talocher ses marmots ?

Seulement voilà, Korkam, lui, pensait ! C’était comme si une bête était entrée en lui et qu’ils parlent tous les deux, mais sans parole.

Maintenant, Korkam, marchait, depuis trois jours, parce qu’un voyageur, un va-nu-pieds, plus nu que vêtu d’ailleurs, s’était assis non loin de lui à l’ombre d’un arbre. Sans rien dire, l’homme l’avait regardé travailler le reste du jour.

Korkam s’était senti plusieurs fois irrité de se sentir observé et autant de fois il avait préparé les mots pour chasser l’intrus. Pourtant quand il se redressait et toisait l’homme, les yeux doux et le vague sourire, comme le reflet d’un bonheur calme, le désarmaient. Alors il restait muet et sa haute stature le gênait, comme une cuirasse de géant enfermant un bambin.

Mal à l’aise, il reprenait ses outils et cassait les pierres de sa lourde masse. Les aides gâchaient la terre et la nappaient sur le mur. Korkam déposait ensuite ses pierres et les parements s’harmonisaient comme par enchantement. Enfin, l’enchantement, c’était pour les autres ; lui savait que le miracle n’était que l’habitude des hivers et des étés de travail. Depuis longtemps, il aurait pu tailler et maçonner les yeux fermés, les matériaux étaient comme des morceaux de lui-même que les outils auraient séparés de son corps.

Bamon faisait suer ses muscles, la fatigue les rendait douloureux. La présence de l’inconnu le perturba tant qu’il résolut de renvoyer ses compagnons en leur donnant le pain, l’huile et les oignons convenus par journée de labeur. Bien qu’étonnés, ils ne soufflèrent mot, plutôt heureux de s’épargner des efforts supplémentaires.

Korkam plongea la tête, le torse et les bras dans un grand bac d’eau. Se relevant vivement, ruisselant, il se décida enfin à marcher vers l’étrange personnage. Quand il fût devant l’homme, celui-ci parla, calme, les yeux fixant l’âme de Korkam.

"- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ? "

Cette interrogation surprit Korkam. Etait-il fou ? Pourtant, ce n’était pas le sentiment qu’il donnait.

- Je travaille, mais que devrais-je savoir ?
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Ton esprit s’est perdu en chemin ; tu m’ennuies.
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Mais... Je construis une maison !
- Bien, bien… Qu’est-ce qu’une maison ?
- Enfin, inconnu, me diras-tu ce que tu me veux ? Ne me dis pas que tu ignores ce qu’est une maison.
- Qu’est-ce qu’une maison ? N’aie pas peur; je saurais comprendre ce que tu me répondras.

Korkam ressentit un frisson, surprenant dans la moiteur chaude qui remplaçait peu à peu la brûlure de Bamon. Le soleil allait s’unir aux montagnes et leur union ferait flamber le ciel. Le prêtre devait prier pour la naissance de la nouvelle étoile enfantée par le feu céleste et les neiges des monts qui ne fondent jamais.

Ainsi donc, il n’était pas seul à penser. Il n’était pas seul à sentir que les choses peuvent être autres que ce qu’elles paraissent.

- Inconnu, si je te réponds que je bâtis l’univers des hommes, seras-tu satisfait ?
- Non, car tu ne le serais pas toi-même !
- C’est vrai ! Mais je ne sais comment dire. Parfois, je me vois dans les pierres, dans la terre, dans l’eau. Plus je pense, plus je me vois dans les maisons que je construis. Plus les murs s’élèvent, plus j’ai l’impression de me rapprocher de Bamon.
- Parle-moi de lui, Bâtisseur. Dis-moi qui est Bamon.
- Vieil entêté ! Tu ne sais donc que poser des questions ! En as-tu autant dans la tête, de ces questions, qu’il y a de grains de sable dans la rivière?
- Dis-moi qui est Bamon, reprit le voyageur.

Son visage reflétait un tel calme, une telle douceur attendrissante, que Korkam, une fois de plus, se sentit désemparé.

- Bamon... Bamon, c’est le Dieu ! C’est le feu, c’est la lumière du jour. C’est le père des Etoiles, celui qui engrosse la neige des montagnes. Bamon, c’est l’union des Sages qui nous guident après leur mort. Bamon, c’est le Grand Puissant ! Vénérés soient les Grands Sages de l’Autre Monde ! Loués soient leurs desseins !
- Bien, Bâtisseur ! Es-tu satisfait de ta réponse ?
- Pas entièrement. Mes pensées s’embrouillent. J’ai toujours l’impression que le prêtre ne nous dit pas tout. Mais peut-être n’en sait-il pas plus. Tu vois, vieil homme, je me demande souvent : pourquoi Bamon nous donne-t-il la lumière en traversant le ciel toujours dans le même sens ? Est-ce un message ? Est-ce qu’il m’appelle sur les hautes montagnes, là où il rentre dans la terre ? Mais dis-moi, questionneur, as-tu des réponses dans ton sac ?
- Quelques unes, Bâtisseur, quelques unes. Je ne suis pas certain qu’elles te conviendraient, ni même si elles représentent la Vérité. Vois-tu, Bâtisseur, je suis comme toi un rêveur que l’on moque. Moi aussi je vois dans les choses un sens qu’elles me suggèrent.

Je te regardais monter tes murs et je pensais à celui qui construit le monde nous servant de maison à tous. Toi tu penses à la maison que tu es et qui abrite ton esprit. Bamon recueille l’esprit des Sages Morts. Les poissons ont l’eau pour maison et les oiseaux ont l’air. Chaque vie, chaque chose a sa maison, et sûrement qu’elle est elle-même la maison d’une autre vie ou d’une autre chose. C’est un peu comme un écho qui viendrait de Bamon, traversant tout ce qui est, pour aller jusqu’à la puce ou le grain de mil. Chaque vie, chaque chose est donc importante puisqu’elle participe de l’ordre de Bamon et qu’elle retourne à lui. Comprends-tu qu’en te regardant élever tes murs, je voyais Bamon construire le monde ?

Korkam marchait toujours sous le Feu de Bamon. Les paroles de l’étranger résonnaient toujours dans sa tête. Par quelle sorcellerie avait-il pu lui dire clairement ce que lui-même ressentait de manière confuse ? Comment avait-il su ?

- Maudite soit ma tête qui pense ! hurla Korkam, menaçant Bamon de son lourd bâton. Mais comme d’habitude, le seul résultat fût d’être douloureusement aveuglé par la trop grande lumière. Ah ! Le soleil sait punir ceux qui le défient.

Korkam avait été stupéfait des paroles du voyageur, mais surtout, il avait ressenti que le Vieux ne lui disait pas tout. La nuit était venue et la lune les éclairait suffisamment pour qu’ils se voient sans l’aide de torches.

- Vieil homme, tu sembles si savant et si sage. Pourquoi traînes-tu sur les chemins ? Beaucoup d’hommes achèteraient tes conseils. Tu peux être riche et puissant.

Le traîne-savates partit d’un grand rire. Un rire si grand qu’il en pleurait. Puis il reprit son calme et dit :

- Qu’importent les richesses, Korkam, et si je suis sage, je ne le suis que de chercher la sagesse. Je ne suis savant que de savoir qu’il faut que je m’interroge toujours pour mieux comprendre. Non, Korkam, je ne suis ni sage, ni savant, juste un mendiant qui cherche pourquoi il vit. Il y a partout des hommes bien plus sages et savants que moi.

- Et tu marches pour les rencontrer ?

- C’est vrai, je dérobe un peu du savoir de chacun et puis je reçois chaque jour un nouveau présent de Bamon : un autre paysage, différent de ceux des jours passés, d’autres hommes, eux aussi différents.

La nuit était fort avancée quand Korkam invita l’inconnu dans sa maison et le régala de pain, d’oignons et d’huile. Il avait dans l’idée de suivre le voyageur, comme le disciple suit le maître, mais à son réveil, le sage était parti.

Le bâtisseur s’assit près de la porte, ferma les yeux. Que devait-il faire ? Partir sur les chemins, ça oui, il en était certain. Pourquoi ? Pour trouver la sagesse ? Bon ! Où ? Là, c’était plus compliqué !

Voyons, le mendiant avait eu des foules de paroles dont il n’avait pas compris le sens, mais il avait pourtant ressenti qu’il y en avait un, caché sous les mots. Voyons, voyons ! Le vieux avait dit : « Il faut suivre le chemin de Bamon, mais pour comprendre, l’homme doit s’en écarter, revenir sur ses pas, croiser sa propre route et puis repartir, recommencer encore et encore puis reprendre enfin le chemin. » Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?

Bon, si je marche vers l’union du soleil et de la terre, je marcherai vers ma mort, ma fusion avec Bamon. Non, je suis trop jeune encore, ce n’est pas l’heure. Je suis plus proche de la naissance que de la mort. Et comment entrer dans Bamon, puisque je ne sais rien et ne suis pas un Sage. Non, décidément, ce n’est pas vers la mort qu’il faut aller, c’est là où naît la Lumière, là où Bamon vient s’imposer aux hommes pour les éveiller, les faire revivre, renaître.

Oui, Korkam en était sûr, il fallait aller à la naissance du jour pour comprendre.

Voila pourquoi il marchait, franchissant des plaines et des collines et des rivières, tour à tour exalté par l’espoir et se maudissant.

Vers le milieu du quatrième jour, il arriva au pied d’une falaise, qu’il longea quelques temps. Devant une grotte, un vieillard était assis, les yeux grand ouverts, fixant Bamon. Aucun mouvement ne l’animait. Korkam s’approcha et s’assit face à l’Ancien.

- Je te salue, respectable Vieil Homme. Tu dois être un grand Sage pour que Bamon te laisse le regarder en face. Je suis moi-même en quête de Sagesse. Veux-tu me dire quelle est la question qui a hanté ta vie ?

Le vieux ne répondit pas, n’eut même pas un geste.

Comprenant la réflexion de l’ancêtre, Korkam attendit, attendit très longtemps. Rien ne semblait troubler la quiétude du hiératique vieillard. Avant la venue du soir, Korkam se décida à reposer sa question.

- Quelle est la question qui a hanté ta vie, Vénérable Père ?

Cela ne troubla pas plus la méditation de l’interrogé.

Korkam ne douta pas que ce silence avait un sens. Idiot qu’il était ; la Sagesse ne se trouve qu’en soi. Le Vieux, en ne lui répondant pas, lui démontrait la sottise de sa question. Si un homme cherche le secret, il le trouvera en regardant les hommes du peuple, pas les Sages. Qu’est-ce qu’un Sage, après tout, qui le nomme ainsi ?

Le mendiant le lui avait dit. Il l’avait prévenu : « Suis la route de Bamon et tu trouveras; mais prend garde de ne jamais être loin des hommes. Celui qui s’écarte de ses semblables se coupe un bras, une jambe et s’arrache le coeur. Il ne lui reste que la tête pour être entière et ses yeux pour pleurer. Suis les Chemins de Lumière et regarde les hommes; tu te verras en eux. »

Korkam se releva et chercha du regard un abri pour dormir. Une femme s’approchait portant un plat de nourriture. Elle regarda le marcheur.

- Je te salue étranger, que fais-tu près de ce vieux répugnant ?
- Que dis-tu, femme ?
- Que fais-tu près de cet homme qui a usé sa vie à faire souffrir les siens ?
- Mais... Mais il regarde Bamon sans baisser les yeux !
- C’est le privilège des aveugles, étranger.
- Quoi ! Mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?
- Les Dieux ne l’avaient sans doute pas assez puni en lui prenant les yeux. Ses oreilles n’entendent pas plus qu’il ne voit.
- Et je suis resté à le contempler comme Sage, alors qu’il n’est que moitié d’homme, murmura Korkam, et mauvais homme en plus!
- Tu sembles désemparé, étranger. Que cherchais-tu près de ce banni ?
- La Sagesse, Femme, la Sagesse ! Son attitude, son silence m’ont abusé. J’ai marché quatre courses du Dieu Soleil pour trouver un Sage et je croyais en avoir trouvé un.
- As-tu femme et enfants ?
- Oui, bien sûr.
- Et tu les as abandonnés pour trouver la Sagesse ?
- Oui... Oui !
- Alors tu chercheras longtemps la Sagesse; tu trouveras peut-être des Sages, mais toi tu n’auras que le remords de ne pas avoir tenu la main de ta femme quand la mort est venue la prendre. Tu n’auras que le remords de tes enfants qui mendient du lapin et des oignons. Crois-moi, Homme, je viens chaque jour nourrir ce fils de chien que tu as cru un Sage, parce que je pense que tous les Enfants des Hommes ont droit aux bienfaits de Bamon, même les mauvais. Un homme, une femme, un enfant est fils ou fille de ta femme ou de ta mère. Ton destin est avec eux, ta Sagesse est en eux et dans tes aïeux. Si tu es loin d’eux, tu ne seras jamais qu’un esprit de ton vivant et rien après ta mort, car tes fils maudiront ton nom. Retourne-toi, étranger, reprends le chemin qui mène aux tiens.

Korkam s’approcha de la femme, s’agenouilla et baisa ses pieds. Se relevant, il essuya un pleur, fit demi-tour et marcha dans la nuit. Korkam était l’homme revenant de l’orient vers l’occident, pour retrouver ses frères et sa famille sur le chemin de lumière.

Laissons Korkam sur son chemin de retour, pour nous retrouver ici, après ces quelques minutes de rêves, ou... d’ennui.

A quoi sert de chercher hors des limites que nous impartit le hasard, ou Dieu, ou ce que vous voudrez, à quoi donc sert de chercher hors de nos limites courantes un accomplissement ? C’est la question que pose ce conte.

Korkam (ainsi que nous) doit-il et peut-il se réaliser hors du monde tangible ?

Nous avons, pour la plupart d’entre nous, c’est-à-dire en ne comptant pas ceux qui ont seulement eu vocation de faire partie d’un groupe soi-disant élitiste, fait le choix de tenter de comprendre quel était le sens de notre vie. Eventuellement, nous avons décidé de participer au Grand Œuvre, c’est-à-dire de prendre conscience de notre grégarisme latent et de participer à la réalisation, au bonheur du collectif humain. « Bonheur » entre guillemets puisqu’il s’agit de la perfection intellectuelle et morale de l’humanité.

Cette situation amène à des ambivalences funestes. Selon les temps et les lieux, les hommes se préoccupent tantôt plus du matériel, tantôt plus du spirituel.

Se préoccuper du destin matériel de l’Homme, cela s’appelle faire de la politique.

S’occuper du spirituel, c’est souvent être religieux, au sens étymologique du terme "religare : relier", mais combien sont réellement reliés par les religions, par la spiritualité ?

Nous savons tous que dans l’un ou des cas, on nous propose sinon le bonheur, du moins des objectifs de « mieux-être » précis et des moyens d’y parvenir. Nous savons tous, que dans l’un ou cas, on se sert de l’un pour étayer . N’y a-t-il donc aucun espoir de sortir de ce cercle vicieux ? Est-il impossible qu’il y ait un accomplissement des hommes collectivement, ce qui ne nous laisserait que la possibilité de l’accomplissement personnel ?

Doit-on se contenter de l’introspection, d’une ascèse monacale ? Je ne peux m’empêcher de voir là une vision égocentrique et égoïste. Le défi lancé à l’humanité n’est-il pas d’ordonner ce champ clos qu’est la Terre ? N’y a-t-il pas quelque chose de risible, sinistrement risible, à penser à un paradis, un nirvâna, où nous irions tous, baignant dans une fraternité idéale quand nous ne sommes pas capables de montrer un iota de tolérance et d’amour pour notre prochain ?

Faut-il passer par la mort pour être bon ? Dans ce cas, laissez-moi partir tout de suite, je cours me pendre.

Non, la réalisation de l’homme est ici, dans ce monde. La béatitude est dans le bien que nous devons vouloir pour tous et non pas dans le mieux pour quelques uns, même si nous sommes de ceux-là.

Un illustre penseur a dit que le monde est une illusion. Malheureusement pour certains, le drame de la vie est tel qu’on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux que ce soit une illusion perdue.

Où sont donc les Chemins de Lumière ?

Prenons garde de ne faire que la moitié d’un chemin qui deviendrait une impasse. Trop de lumière éblouit et rend aveugle. Si, en plus, nous sommes sourds aux cris du monde... Alors là...
Sam 03 Juin 2006, 10:09 par Janus Bozyeux sur Mille choses

Frère indien...

Université du Colorado. Années 90. Peuple Jemes Pueblo. Peuple des Indiens du Nord, près d’Albuquerque, Nouveau Mexique. Un jeune étudiant. Très droit dans son cœur, dans tout ce qui se dégage de lui. Une douceur un peu enfantine. Mais décidé, très fier. Un souvenir, douloureux mais digne, celui des Wounded Knees ; un massacre, celui causé par le mensonge, la trahison, une parole que les blancs n’ont pas su tenir... L’université du Colorado a refusé le droit aux étudiants indiens de faire une représentation de danse sacrée le jour du match très prisé des Buffalo, jugeant que « ce n’est pas le lieu pour ce genre de « chose » ", pas le lieu pour commémorer la tragédie - trop de monde. Les genoux ensanglantés. L’horreur. Les plus grands chefs indiens se faisant massacrer avec leur peuple. Sur leur visage, dans leurs yeux, l’incompréhension de s’être fait trahir par ces hommes, ces grands chefs de guerre blancs qui avaient donné leur parole. Giono les aurait appelés des radis creux : « la parole fait l’homme ou l’homme ne vaut rien »... Oui, les blancs avaient usé de leur force de persuasion et puis, s’étaient comportés comme des lâches, comme des traites, ils avaient encerclé les indiens sans arme comme du bétail mené à la boucherie... Félonie. Le souvenir cuisant dans la mémoire de l’homme blanc, de sa faute. Le rouge de la honte à son front. Oui, j’ai eu honte avec mes frères blancs. J’ai pleuré de découragement et de dégoût : comment peut-on agir ainsi, c’est indigne de l’homme ?! Oui, j’ai pleuré avec mes frères indiens. A genoux...

Dans la petite salle où notre locuteur Towa venait, nous étions généralement en face l’un de , un micro entre les deux. J’avais un profond respect pour lui. Il le savait sans que je n’en dise rien. Ces longues heures de répétition sur cette langue à tons à la mélodie si pure : "haut-bas-haut », etc. ; les tons changeant le sens des mots, les tons dont la valeur est distinctive. Ces phrases répétées lentement, patiemment, jusqu’à ce que nos oreilles perçoivent les différentes intonations. Et au delà du langage, j’intègre ce qui est propre à la culture de mon frère, k. Sh., frère indien, qui protège son peuple de l’homme blanc, qui sait entourer de silence les questions indiscrêtes, hélas, non sans raison. Parfois je lui souris pour le réconforter, lorsque mes confrères vont trop loin. Il sait. Il me sourit en retour. Nous sommes solidaires. Cela, même le chairman du Département de Linguistique l’a compris. J’ai droit du même coup à des traitements de faveur de la part de Kevin. Il ne s’impatiente jamais lorsque la Française passant du towa à l’anglais et parfois au français pour fluidifier sa pensée, prend son temps. Bien sûr, le nom indien de Kévin, je ne le connais pas, seuls ceux de son peuple ont accès à ce savoir. Et puis, ce nom change avec les divers états d’homme : bébé, garçon, adolescent... Tout un rituel autour de cela. Des rites initiatiques qui font défaut dans notre société industrielle où la machine et la pensée froide et cartésienne ont pris le pas sur l’humanisme. On nous somme d’être productifs, déplaçables, jetables ; nous produisons, le travail n’est plus à notre service nous sommes au service du travail. On ne fait plus grandir le cœur de l’homme mais un outil. Des numéros, des matricules, des corps sans âme. Je repense à cette vie simple parce que recherchant l’unité et cette philosophie cosmologique, ce respect universel des êtres et de l’univers qui transpirait dans toute l’attitude simple, digne et si noble du jeune étudiant. Cet amour enfin que je ne retrouve pas chez l’homme blanc qui cultive les paradoxes et se méfie de la simplicité du cœur, l’homme blanc qui est passé maître en matière de duplicité. Ce faisant il se perd, mais le sait-il ? Pour Kevin et son peuple, la place de l’homme est juste ; non pas considéré comme un tout puissant, ou placé sur une échelle sociale, mais comme un vivant parmi les vivants. Un choyé dans un monde merveilleux qui lui procure toutes choses utiles à la vie, à son accomplissement de fils d’homme. Mais pour y avoir droit, pour le mériter il faut être intègre, en prendre soin, être respectueux de soi et de , un dans tout ce qu’on est, un dans le tout. A terme, il en va de même de chacun - où qu’il soit - même si on n’en a pas conscience ; ainsi, par exemple, le manque de respect de la nature ne cesse de revenir sur nous comme un boomerang. Mon ami, mon frère, qui m’avais testée au fil des rencontres et qui m’avais offert de venir assister aux fêtes de fin d’années chez ton peuple. Un privilège auquel je fus sensible au plus haut point. Combien de blancs avaient eu cet honneur ? C’était le cadeau le plus merveilleux je crois que l’on ait pu me faire. M’accueillir en profondeur. Kevin, je n’ai pas pû venir, hélas, tu le sais, la vie, l’amour en a décidé autrement ; mais dans mon cœur, je continue de penser à vous, d’être auprès de vous, solidaire de votre lutte, afin que l’homme blanc ne vous écrase pas avec sa grosse machine à uniformiser. Afin que votre langue et votre culture survivent, elles qui furent les seules à ne pas subir l’influence de l’anglais ou de l’espagnol, ces langues dominantes et tout ce qu’elles véhiculent. Et ce, grâce à votre pugnacité. Votre refus de renoncer à ce qui vous habite. Votre force intérieure. Je n’ai jamais pu mettre en mots tout ce que mon coeur contenait pour ton peuple et pour toi. Je sais que je n’en avais pas besoin, tu me comprenais au delà de toute parole. Mais aujourd’hui, j’ai envie de témoigner et d’autant plus fort que votre valeur humaine est, hélas, menacée : oui, vous êtes à mon cœur parmi les plus beaux enfants de l’homme que je n’ai jamais eu la joie d’approcher ; peut-être parce que les plus vrais. Je suis fière de vous avoir connus, je suis fière du défenseur farouche et pourtant si humble et doux que tu étais et, je l’espère, que tu es encore. Puisse l’Esprit te guider et t’accompagner tout au long de ton « indien path » avec tes frères et soeurs. Dans mon cœur, il y a toujours cet enfant qui montre du doigt l’écureuil et qui dit d’une voix claire : « i-ini, i-ini, i-ini, i-ini » ! !
Kevin, je t’ai rendu hommage pour tout ce que tu es et que je ne serais jamais, pour tout votre mystère, pour toute votre beauté, toute votre unicité, afin que vous ne mouriez pas...
Mar 30 Mai 2006, 22:17 par dolce vita sur Un monde parfait

De l'unité, encore de l'unité et toujours de l'unité.

Quand ton cœur, quand ton corps, quand ton âme vont tous dans la même direction : c’est la joie ! Quand l’être est uni dans l’amour, il est dans la joie ! Lorsque l’être est morcelé, tiré à hue et à dia, le corps disant « à droite », le cœur « à gauche » où donc peut échouer l’âme ? Elle n’est pas séparée du corps, c’est l’esprit qui épouse notre condition humaine... Ainsi, pour connaître la joie, il faut connaître l’unité intérieure, ici et maintenant. Qui peut prétendre voyager loin s’il ne garde de sa voiture que l’essence et laisse vagabonder l’armature métallique, le moteur, chacun à sa guise ? ! Ne pas cultiver le paradoxe et le morcellement, mais encore et toujours, l’unité dans l’amour de soi, des autres. Oui, si ton âme t’indique une direction, prends soin de bien y aller tout entier et sans tiraillement. Lorsque tu seras dans l’unité intérieure tu cultiveras l’unité avec ceux qui t’entourent. Rude tâche ! De même, fais en sorte que tes paroles, tes pensées et tes actes soient cohérents : ne dis pas « blanc » en pensant « noir » et en agissant « orange »... Ah, humain, quelle est longue la route et qu’il te faut de temps à apprendre, à ne pas te tromper de chemin. Enfin, concernant l’amour indissociable de la vie : il n’est pas ce torrent insensible qui ne fait que se déverser sans discernement, il s’épuiserait, il naît de l’échange, libre, joyeux, vrai ; oui, il naît du mouvement éternel entre les coeurs, entre les personnes... Du reste le dialogue d’amour entre un Créateur et sa créature n’en est-il pas l’aveu même ? ! Nous y revenons toujours, c’est comme les vagues, un va et vient de l’un à , de à l’un... De même entre deux coeurs aimants, l’amour ne stagne pas, il ne cesse d’aller et de venir, toujours dans le mouvement, la vie...
Mar 30 Mai 2006, 14:04 par dolce vita sur L'amour en vrac

Volare... 7

La crique déserte. Y aller. Ne pas réfléchir. Ne pas penser. Ni au temps. Ni à lui. Ni à rien. Simplement y aller. Répondre à son envie. Kms parcourus. Vite, très vite. Vitre ouverte. Respirer. En guettant le moment où elle inhalerait ce parfum de liberté. La mer. Enfin. Trouver un lieu pour se garer, entre les pins. Libre, comme toujours. Et s’extraire de la voiture, ne pas sentir la fatigue de la route. Poser bien à plat les paumes sur ses cuisses, le buste penché et exhaler un soupir, se libérer. Laisser la joie l’habiter. De la falaise, elle pouvait déjà voir son coin de plage en contrebas qui l’attendait... Fidèle. L’infini de la mer était seul à pouvoir combler ses infinis. Calmes ou en colère, les flots lui tendaient les bras. Encore. Ils ne voulaient pas qu’elle soit leur prisonnière, ils aimaient trop sa liberté, cet amour qui seul décidait qu’elle rejoindrait son creux de ciel, à volonté... Elle sourit à la mer, à l’azur, à la plage dorée. A eux elle pouvait en confiance tout abandonner et oublier. S’étendre à même le sol. Leur beauté toujours offerte. Encore une fois fermer les yeux, laisser aller... Elle repensait à ceux qui voulaient la prendre comme on capture le temps qui ne vous appartient pas. Mais avaient-ils conscience de ce qu’ils faisaient ? C’est eux-mêmes qu’ils emprisonnaient dans les rets de leurs calculs. Elle s’ébroua pour chasser cette idée de ses pensées. Elle ouvrait encore des yeux tout ronds d’étonnement : pourquoi ? Pourquoi faire ? Mais que recherchent-ils donc ? Elle laissa là ses réflexions sur le monde et ses pairs pas si semblables finalement. Les humains et tout leur mystère... Elle ne voulait emporter d’eux dans son cœur que les bons moments, les beaux gestes, les sourires et les roses et oublier toutes leurs intrigues et ce pusillanime offensant. « Mademoiselle Liberté », elle l’était résolument. Jugée trop entière et trop fière, bref, elle... Elle se tourna sur le dos et regarda la mer, se laissant bercer par le ressac... C’était si simple le bonheur pourquoi chercher à tout compliquer ? Il y avait combien de temps qu’elle n’était pas venue ? Elle n’aurait su le dire, ici rien n’avait changé. Qu’était-il devenu ? Avec lui, elle n’avait rien bâti. Tout et rien. Tout ce qu’elle partageait c’était ces moments de liberté, où ils goûtaient pleinement la joie d’être ensemble, alors ils se donnaient à sans réserve, mais ils avaient compris l’un comme que l’amour ne dure que s’il n’est pas enfermé dans des habitudes, des contraintes, quand on ne veut le domestiquer, le réduire... « Mademoiselle liberté » qui ne voulait pas marchander. On ne limite pas l’éternité. « Mademoiselle Liberté » qui pensait que l’amour est un cadeau et qu’il devait le rester...
- « Je te dérange ? »... C’était demandé si doucement, qu’elle se demanda si elle n’avait pas rêvé mais non... « J’ai eu envie de venir. Pourquoi ? Dieu seul le sait... ».
Il était là. Dans son éternel pull col roulé, ses yeux délavés, ses cheveux en bataille comme des épis de blé... Son sourire était doux comme sa voix, comme son cœur... Ils n’attendaient rien de que cela, s’accueillir en vérité. « Je suis venu plusieurs fois ces jours derniers. Cela faisait longtemps, la mer me parlait de toi... Et tu es là. »
Elle n’avait rien à lui dire ou plutôt elle parla au delà des mots. Dans son sourire. Dans ses larmes aussi. Il accueillit toute chose dans la tendresse de ses bras. S’ils firent l’amour ? Demandez à l’immensité, comme les mouettes sont indiscrètes, allez donc le leur demander...
Sam 27 Mai 2006, 17:08 par dolce vita sur Histoires d'amour

Donner le temps à l'amour

Leur chant doux et léger venait du ciel à moi.
-« Attends-le, il est là, ne désespère pas,
Il arrive bientôt, il est près, il est là ! ! ! »
Et ce chant tout joyeux, je ne l’entendais pas,
Il y avait tant de bruits qui masquaient bien leurs voix.
Pourtant bien occupée, pourtant déjà partie,
Mon cœur lui seul guettait, attendant jours et nuits...
C’est à toi que j’écris, c’est à toi que je pense,
C’est toi que j’ai cherché dans ces heures d’errance
Toi que j’ai cru trouver dans ces rencontres brèves
n’a pénétré qu’à l’orée de mes rêves
Car toi seul à la clef du jardin mystérieux
Qui fait tant couler d’encre, ce doux séjour des dieux...
Je ne suis pas pressée, il n’y a pas de doute,
Aujourd’hui ou demain ou bien un autre jour,
Ici ou bien là-bas, à Venise ou à Tours,
Tant qu’on incarnera l’amour sur notre route.
Lun 22 Mai 2006, 20:46 par dolce vita sur L'amour en vrac

Quand l'amour est le vainqueur...

L’amour, le vrai, se reconnaît à une chose : dès lors qu’on aime, l’image de vous suit partout, elle s’est insinuée comme une drogue dans votre cerveau, dans votre corps, dans votre cœur. On ne voudrait pas y songer, on voudrait s’en défaire... On s’indigne, on s’insurge... On se prend à partie ! Rien n’y fait. Le vide de est là, obsédant, lancinant. Le désir lui, grandit à mesure que vos forces décroissent. Ne cherchez pas, vous avez déjà perdu la partie. Tel croit pouvoir maîtriser son cœur, c’est un leurre : ce n’est pas l’homme qui tient la barre, mais le cœur qui gouverne sa vie en bon capitaine et lui fait ressentir jouissance et ennui, joie ou déplaisir aussi, passion, mélancolie... Et chaque instant lui rappellera le manque de , toujours plus fort, toujours plus grand. Jusqu’à lui faire demander grâce... Jusqu’à le mettre à genoux. Jusqu’à lui faire perdre tout sentiment autre que la souffrance de l’absence, jusqu’à lui faire commettre de douces folies... Voilà, à quoi se mesure l’amour dont un cœur est capable s’il n’est pas amputé, tout, ou bien encore, parties...
Lun 22 Mai 2006, 14:18 par dolce vita sur Mille choses

Te dire...

Que je n’attends plus rien. Des hommes j’en ai connus comme un quai de gare ou un sourire entr’aperçu au hasard d’une rue. Dans un chemin où ne suis plus, où l’on s’est éloigné, peu à peu, pas à pas et où l’on se salue d’un signe de la main... Ces mots que l’on vous lance comme un bouquet de fleurs, au passage, furtifs et discrets saluant la beauté que l’on a goûtée en vous ; cet émoi que l’on sent dans les yeux des passants... Ces sourires appuyés, ces paroles fragiles, ces gestes esquissés... Ces rendez-vous donnés, ces serments échangés et puis ces mots d’amour quelques fois contrefaits, quelques fois si profonds et que l’on sent si vrais... Et puis, au cœur, grandissant le désir de rien, le désir de toi. De toi dont je ne sais rien et ne veux rien savoir jusqu’au jour où tu viendras près de moi. Où nos routes se rejoindront. Le jour où ce sera. De reproche à faire ? Aucun et à nul être. De remords ? Nullement. Que des éclats de rire ! Ah ! Que de beauté j’ai vue ! Que de beaux sentiments ! Que d’êtres fascinants et tout aussi charmants, autres, tout autres et en cela troublants. De pauvreté aussi qui porte à compassion ou parfois, au pardon. Que de beaux souvenirs ! Et puis, notre rencontre à laquelle chaque escale m’a préparée et me prépare encore. Rien ne presse, j’ai le temps. Je coupe les amarres qui me lient au passé, je ressens dans sa gloire, un souffle, l’immensité : l’océan ! ! ! Allons, je veux aller au large et ne plus musarder ; les fleurs de mes larmes se sont toutes fanées, il ne reste que l’amour dans son éclat si doux, il reste chaque jour à inventer pour nous... Que j’aime le soleil et que j’aime le vent et chacune des merveilles qui peuplent chaque instant ! Oh, ami ! Toi aussi je te vois déposer un fardeau lourd je crois et te voilà léger... Tu me prends par la main et nous voilà marchant, et nous voilà courant et nous voilà riant comme deux innocents, comme deux compagnons, comme deux fiancés, profitant de l’instant, ce qui nous est donné. Je sais en toi l’amour. Tu es beau simplement et je te reconnais.
Dim 21 Mai 2006, 14:40 par dolce vita sur Parler d'amour

Il la désirait...

Il la désirait. Elle était fière et libre. Il aimait sa force. Elle pleurait parfois comme un enfant devant l’inacceptable. Elle ne faisait pas de compromission avec la laideur du mal. Le mal, elle ne l’aimait pas. Elle n’aimait pas davantage la médiocrité des actes compassés, étriqués qui n’osaient pas l’ampleur du geste et l’éloquence du verbe... Les obséquieux et les par-devant lui donnaient des haut-le-cœur de dégoût...
Lui ? Il était un enfant, parfois, aussi.. Vulnérable comme l’enfant, le cœur ouvert et toutes ses souffrances à vif. Des pleurs plein les yeux, quelques fois, des trop pleins. Là, elle aurait voulu le consoler, mettre sa tête sur ses genoux, caresser ses cheveux, bercer ses larmes, l’abreuver de tendresse. Ses gourmandises, sa sensualité à fleur de peau réveillaient en elle le goût du jeu et du plaisir. Ils étaient amoureux de leur liberté ! Ils pouvaient donc s’entendre... L’un comme étaient respectueux de , de ses limites, de ses désirs, de ses envies...
Il la désirait. Violemment. Elle l’avait entendu dans sa voix, dans ses larmes, dans ses tourments... Elle ne voulait pas briser l’élan... Elle voulait lui donner des ailes, elle voulait voir ses yeux sourire à nouveau, le sentir pleinement homme... Entièrement.
Elle le laissa venir à elle.. Il lui fit l’amour longuement... Avec douceur ou fougue... Ils surent combler autant que susciter des désirs, des envies. S’affolant, se troublant, s’offrant et s’unissant jusqu’à l’extase au combien convoitée par tant et tant d’amants... Les bouches, les mains, les souffles se parcouraient, s’attardaient, se mêlaient, lorsqu’elle s’ouvrait à lui, lui prenait vie en elle... Ils étaient deux à se tendre vers le point de non retour de toute jouissance, dans une gerbe de lumière... Toujours plus haut, toujours plus loin, communion unique et infinie...
Sam 20 Mai 2006, 18:38 par dolce vita sur La séduction

Histoire en deux

Il posa un doigt sur ses lèvres, la prit par la main et s’enfonça dans la nuit.
Il leva la tête, vit la lune qui les éclairait faiblement et sourit car il aimait ce qui était caché.
Ils marchèrent de longues minutes main dans la main sans prononcer un mot. Il la sentait émue, attentive… prête à se donner. Il se sentait étrange………
Ils arrivèrent à une crique déserte où ils s’arrêtèrent au beau milieu, il lui lâcha la main et lui fit face. Aucun mot ne fut dit, leurs regards plongèrent l’un dans ; le vert de ses yeux se reflétant dans le bleu des siens.

Une intensité se dégagea de leurs êtres, leurs visages se transformèrent sous la douceur des caresses de leurs âmes. Il lui prit les mains, les porta à ses lèvres, les couvrit de baisers en fermant les yeux. Leurs mains enlacées établissaient un pont entre eux. Ils profitèrent longuement de ce moment qui les rapprochait.
Ils ne voulaient ni réfléchir, ni penser à quoique ce soit, mais uniquement jouir du moment présent. De temps à autres, un nuage passait devant la lune et ils se sentaient encore plus proches. Un léger vent soufflait, enveloppant leurs corps d’un manteau de douceur. Lentement leurs mains se séparèrent pour décrire un grand arc de cercle. Leurs corps se rapprochèrent pour se toucher, leurs mains agrippèrent leurs corps pour s’unir... Leurs cœurs se mirent à battre de plus en plus fort…

Mais avant qu’ils ne se trouvent à l’unisson, des vents contraires se levèrent… Ils perdirent l’équilibre, tombèrent à terre, furent arrachés l’un à … Le sol se déroba sous leurs yeux et leurs pieds, un immense cratère apparut et les engloutit. Pendant leur chute, ils furent séparés, crièrent, appelèrent, mais rien n’y fit. Ils heurtèrent beaucoup de récifs et leur voyage dura et dura encore.

Un matin, ils se réveillèrent à deux endroits différents… Meurtris mais heureux d’être en vie. Avaient-ils rêvés, d’où venaient-ils ? Leurs pensées partirent explorer les contrées à la recherche l’un de . Il se souvenait qu’il avait rencontré un être de lumière … et qu’il s’était brûlé à sa rencontre. Il ferma les yeux, sourit à la Vie car elle lui apportait… de bonnes choses.
Sam 20 Mai 2006, 13:05 par coupdecoeur sur Histoires d'amour

Polychromes (5)

Elle était prête. John lui avait dit qu’il passerait la prendre à la demi. Elle avait choisi sa tenue pour être à la fois élégante, douillette, un rien sensuelle... Mozart. Elle partageait son affection entre lui et Molière, connus tous deux pour leur génie et leurs grands appétits... Ce soir, on jouerait du Mozart, profane et sacré... Un ensemble vocal, un trio à corde, de la musique de chambre, le tout dans un cadre de verdure très intimiste... Elle ne voulait pas imaginer quoique ce soit afin de ne pas générer de frustration ; juste savourer l’instant. Ses talons fins mais pas trop haut, sa robe, asymétrique, fines bretelles, gaze épousant ses formes jusqu’aux hanches, cheveux courts, boucles d‘oreilles... Elle sourit à son reflet et se dit en empoignant au passage un grand châle de mousseline que c’était parfait : « Check list OK, captain ! ». Elle entendit la cloche du portail teinter joyeusement : « pile à l’heure ! C’est ce qui s’appelle être ponctuel ! », se dit-elle.
Il était très élégant, en costume et chemise portée négligemment, le comble du raffinement, la blancheur de l’étoffe faisait ressortir agréablement le teint un peu hâlé de John. L’air était doux, chaud mais sans être étouffant. Il la regarda avec un sourire d’une grande douceur et passa sa main autour de la taille pour la conduire :
- La voiture de madame est avancée, si vous voulez bien prendre place, susurra-t-il d’une voix grave de majordome, sans oublier au passage ces attentions délicates qui charment les plus coriaces.
- John, murmura-t-elle mi joueuse, n’en faites pas trop si vous ne voulez que je ne feigne l’évanouissement...
- Oh, mais alors, je vais poursuivre, répliqua-t-il sur le même ton, avant d’éclater de rire avec Alma.
Tous deux se sentaient bien, le cœur léger, détendus et sereins, avec un sentiment de liberté indicible. Ils sentaient confusément que rien de ce qu’ils étaient, pourraient dire ou faire ne pourrait choquer , rien, et pourtant ils allaient de surprise en ravissement, dans une complicité évidente...
Ven 19 Mai 2006, 11:38 par dolce vita sur Histoires d'amour

Polychromes (3)

Elle s’était laissée aller à plonger délibérément dans le monde des rêves comme Sophie et BFG (Big Friendly Giant), comme eux à capturer les rêves joyeux des enfants sages, lorsqu’un coup de téléphone la sortit de sa torpeur et d’un bond elle fut hors du lit, la main sur le combiné.
- « Qui est en ligne ? » demanda-t-elle.
- « Je te réveille ? supposa la voix à bout du fil.
- « Non, non, j’étais en train de faire un jogging, plaisanta Alma qui avait reconnu la voix de son amie, Lindsey. « Qu’y a-t-il, Lindsey, rien de grave ? »..
- « Non, rassure-toi, juste un petit coup de déprime. Un coup de blues... »
- « C’est Jim ? »
- « Oui, c’est Jim, il a été odieux aujourd’hui encore, il m’a dit qu’il ferait ses bagages, chuchota-t-elle, mais au lieu de ça, il tourne en rond, il bougonne »... « Il est jaloux, il me surveille et quand je suis auprès de lui, on dirait que je n‘existe plus, ou au contraire il semble que ma présence le contrarie... Il ne cesse de montrer sa mauvaise humeur. D’être odieux. Je t’assure j’envie ta solitude. »
- « Pourquoi ne part-il pas ? Il devrait prendre un peu de temps pour lui, pour faire le point, savoir où il en est... A moins qu’il n’ait peur de reconnaître qu’il s’est trompé, que le courant ne passe plus ? Peur de l’échec ? Et puis, tu sais il y a des gens qui ne savent pas rire, il en fait peut-être partie... Je ne sais pas si c’est acquis ou génétique mais il y a des familles de ch... »
- « Vraiment, j’en ai assez, arrête de rire et de prendre tout à la légère... »
- « Ne crois pas ça, moi c’est ma solitude qui me pèse et je me demande parfois si je en suis pas une espèce extraterrestre, un E.T. qui n’existe qu’à un seul exemplaire... J’attire les hommes qui ne sont pas libres. Ils me tournent autour, m’appâtent, fantasment 5mn et pof, soudain se souviennent qu’ils ont des obligations ou que leur cœur ne bat pas pour moi et s’en vont... Je voudrais être sans cœur, sans cœur on ne souffre pas. Qu’en dis-tu ? »
- « Sans cœur ? Toi ? Autant demander à un four de fabriquer des glaçons ! »
- « Ah, je vois que tu vas mieux ! Ton sens de l’humour revient... »
- « A propos et John ? »
- « Quoi, « John » ? »
- « Tu l’as revu ? »
- « Je ne parlerais qu’en présence de mon avocat. »
- « Ce soir, tu as mangé avec lui ? Il... Il est là ? »
- « S’il était là tu crois que je t’aurais répondu ? Qu’est-ce que tu imagines, Lindsey, que l’amour va s’arrêter chez moi ? Tu rêves ! Pour cela il faut savoir séduire, se faire désirer, etc. Je ne sais pas faire. Tu le sais bien. Non, moi je ne sais qu’aimer et cela ça n’intéresse pas les hommes. Enfin, il y en a peut-être un quelque part qui me correspond, promis, acheva-t-elle en un bâillement, si je le rencontre, je te laisse le scoop. »
- « Bon, je vois que ma conversation te passionne, je vais te laisser, de plus, mon cerf est en train de bramer et le bois n’est pas assez lointain pour que je ne l’entende... Bye. Buena notte ».
- « Buena notte, ragazza ».
Elle tituba jusqu’à son lit qu’elle chercha à tâtons dans le noir, elle ressentit le désir d’être dans les bras de John mais elle chassa ce désir importun et sombra derechef dans ceux de Morphée.
Mer 17 Mai 2006, 19:39 par dolce vita sur Histoires d'amour

Se sentir paisible

Quel sentiment délicieux que cette paix qui nous habite parfois... Nous n’avons besoin de rien. Nous nous sentons forts et solides sur nos jambes. Nous ne redoutons rien, nous savons que tout ce qui arrive est bon. Nous accueillons chaque chose comme une promesse de joie et fut-elle minime, nous savons nous en réjouir... Nous sentons le soleil sur notre peau, nous rions des surprises de la vie. Nous nous sentons légers et prêts à accueillir l’instant. Chaque événement de la vie chaque « épreuve » nous conduit à nous connaître dans tout ce que nous sommes. A qui en vouloir si une histoire tourne court ? A personne. En nous aimant tel que nous sommes qu’avons-nous à craindre ? Le jugement de ? Le nôtre ? Non. En étant honnêtes vis à vis de nous-mêmes nous ne pouvons pas être déçus. Et si un compagnon s’éloigne on lui souhaite « bon vent », bonne route. Si c’est nous ? Et bien, la route nous attire, mais ce départ ne nous ébranle pas. Nous savons que la vie est faite de rencontres plus ou moins fugaces et chacune se fait dans la traversée, dans le mouvement... « L’amour est un voyage non une destination ». Alors, compagnons, en route, prenons notre bâton de pèlerin et admirons les tableaux dont la vie nous régale... Oui, gardons précieusement cette flamme qui s’est allumée en nos coeurs et a réchauffé les nuits les plus sombres...
Mer 17 Mai 2006, 08:58 par dolce vita sur Un monde parfait

Voyage initiatique

La séparation

Ils s’étaient retrouvés une fois encore loin de tout et de tout le monde.
A chaque rencontre, ils se sentaient de plus en plus attirés l’un par .
Ils se voulaient libres, tout les rapprochait : les mots qu’ils savaient si bien
se dire et se murmurer tendrement, le son de leur voix qui éveillait leur sensualité,
leurs souffrances qu’ils avaient partagées, leur désir de jouir infiniment et sans tabou
Ils avaient vibré très fort ensemble, ils auraient voulu ne faire qu’un dans un orgasme
sans fin mais lui n’était pas encore totalement prêt.
Il a décidé de partir, de prendre la mer, de naviguer à la recherche de la Vérité Absolue
Elle l’a laissé partir car elle l’aimait libre, lui a offert un poême, lui a dit un dernier
« Je t’aime ».
En guise d’adieu, il a posé son doigt sur ses lèvres, lui a pris la main, l’a entrainée dans la nuit
pour rejoindre son embarcation où il l’a quittée dans le silence du soir………….

Coup de Coeur ..........
Mar 16 Mai 2006, 11:52 par coupdecoeur sur Histoires d'amour

Rien. Personne.

Tu as tout réveillé en moi, les élans mystiques comme la sensualité, dans tes yeux enfin, je suis née femme de bout en bout, c’est toi qui m’a fait naître à l’Amour. Tu m’as prise sans rien rejeter, tu m’as désirée jusque dans mes colères ou mes éclats de rire ! Je t’ai aimé dans tout ce que tu es... Jusque dans ta pauvreté. Jusque dans ce que j’admire. Tout ce qui est toi. Tout ce qui te rend unique, irremplaçable. Jusque dans ce qui fait battre mon cœur et m’émeut. Aujourd’hui. Aujourd’hui encore. Rien, te dis-je, rien en toi ne me heurtais... Rien, rien ne me sépare de toi. Tout enfin, tout en toi m’attire et je sais, je sais qu’un jour le désir de t’appeler reviendra plus fort encore et je succomberai ou te laisserai-je enfin le temps de venir jusqu’à moi ? Et comme deux enfants encore une fois nous nous enverrons nos paroles dans une partie serrée où la tendresse aura le dernier mot, encore ... Comment résister à l’appel de nos âmes ? Comment résister à l’élan de nos coeurs ? Comment ne pas percevoir la douceur de nos échanges ? Cela fait de nombreux jours, années, siècles de silence entre nous, je sais, je sais ce que cela signifie... La corde qui nous lie l’un à ne cesse de s’enrouler autour de nos deux coeurs pour nous rapprocher, plus encore, plus que jamais dans tes rêves les plus fous tu n’aurais osé. Encore. Oui, encore aujourd’hui. Lève les yeux, regarde-moi. Un jour on se retrouvera et plus rien, tu m’entends, n’obscurcira nos yeux, pas même la Vérité... L’été revient et avec lui, nos coeurs se libèrent, volent plus librement, s’échappent libres, oui dans la liberté de retrouver et de s’unir à l’amour... « Rien ni personne ne peut séparer ceux que l’Esprit a uni ». Rien. Personne. Pas même ta suffisance. Pas même tes peurs ni ton coeur fermé. Pas toi. Pas moi. Personne. Rien.
Lun 15 Mai 2006, 17:30 par dolce vita sur Mille choses

Re: Volare... 6

Encore une fois, leurs regards les attiraient l’un vers irrésistiblement. Leurs corps tremblaient tout autant que leurs âmes. C’était, de toutes, la première communion, union à . Dans ce regard on aurait pu lire la reconnaissance (ils renaissaient ensemble, dans ce regard d’amour), le désir, la tendresse, l’amour... indicibles. Comme les mots sont pauvres, ils semblent trop usés pour dépeindre ce qui dépasse la pensée... Il caressa sa joue et elle s’abandonna à la douceur de cette caresse qu’il prolongea. Il posa un doigt sur ses lèvres, délicatement, dessinant leur contour très lentement, puis, les bouches s’approchèrent en poursuivant des yeux le dialogue muet, tantôt mutin tantôt tendre, s’épousèrent, s’éloignèrent et se cherchèrent encore dans un jeu envoûtant né de leur envie, les mettant au supplice, augmentant leurs délices. Ses mains d’homme se faisaient velours sur le cou gracile, la poitrine, la taille, les hanches, les fesses, le ventre... Des vagues les léchaient dans des assauts répétés, sans qu’ils puissent savoir à quelles hauteurs ils seraient appelés. De sa bouche il parlait une langue sans mot à laquelle tout le corps murmuré répondait sans tarder... Il ouvrit la porte de son jardin secret et planta en ses lieux l’arbre aux beaux fruits dorés... Enfin. Leurs souffles se mêlaient. Debout, il la portait, les jambes fines croisées autour de la taille, les bouches enfiévrées, par l’amour transpercés. Allongés ou assis, agenouillés aussi, elle devenant la voile ou la figure de proue du vaisseau de l’amour, dont il portait le mat. Leurs deux corps de braise, leur fantaisie sans trêve, ils mettaient tout leur art à décupler chacun le plaisir de et voyageant ainsi, ils touchèrent à des ports pour beaucoup interdits, « félicité » , « extase » en voici quelques noms... On aurait dit du monde qu’il n’avait rien à faire de mieux que de former le plus doux des berceaux à cet amour naissant. Ils se moquaient bien de la futilité des humains et se donnaient la Vie, en se faisant l’amour...
Dim 14 Mai 2006, 21:43 par dolce vita sur Histoires d'amour
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Ecrire sur l’autre

Ecrire sur l’autre Les Chemins de Lumière, Frère indien..., De l'unité, encore de l'unité et toujours de l'unité., Volare... 7, Donner le temps à l'amour, Quand l'amour est le vainqueur..., Te dire..., Il la désirait..., Histoire en deux, Polychromes (5), Polychromes (3), Se sentir paisible, Voyage initiatique, Rien. Personne., Re: Volare... 6,
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Ce n'est jamais quand on croit être en état de séduction qu'on séduit.

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