L'amour véritable: magnifique!!!

Il est très difficile d’aimer véritablement, car l’amour exige, avant tout, l’acceptation inconditionnelle de l’autre. Pour aimer vraiment, il faut accepter l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. Si on dit de quelqu’un : « Je l’aime, mais... », on ne l’aime pas ! Le « mais » est de trop ! Il signifie qu’on n’est pas certain de son amour. C’est comme si on disait : « Je l’aimerais, à la condition que... »

Dans l’amour véritable, il n’y a pas de poisons, telles la jalousie, la rancœur, la possessivité. L’amour exige le respect total de l’autre ; de la liberté de l’autre. Il ne peut y avoir d’entrave, ni de contrainte. L’amour est une fleur délicate qui ne s’épanouit que dans son individualité. L’amour ne se développe que dans la liberté absolue et non pas à l’intérieur d’une cage.

On ne peut aimer et vouloir changer l’autre ou exiger la perfection. En exigeant la perfection, on ne récolte que la tricherie, car personne n’est parfait. L’autre devra tricher et donner une image fausse de lui-même. Dans cette situation, aucun amour n’est possible. Immanquablement, l’autre va revenir à son naturel et il y aura conflit. La personne qui exige la perfection est incapable d’aimer. Si elle se croit parfaite, elle se ment à elle-même.

Première condition : ne rien exiger de l’autre. S’il nous aime, il faut s’en réjouir , car l’amour est le plus beau cadeau de la vie. Si on commence à exiger, on ferme la porte à l’amour, car les contraintes et l’amour ne vont pas ensembles. Il faut être reconnaissant et le démontrer, même dans les petites tâches quotidiennes. Il faut savoir dire « merci ». L’amour a une immense soif de reconnaissance.

Deuxième condition : pour obtenir l’amour, il faut le donner. C’est en donnant que l’on reçoit. Hélas, les gens se préoccupent davantage de la façon d’obtenir. Quand ils donnent, ils le font souvent à contrecœur ou en espérant obtenir quelque chose en retour. Ce n’est plus de l’amour, c’est du marchandage. En agissant ainsi, on passe à côté de l’amour. Pensons à toutes les merveilles que la nature nous offre, sans exiger quoi que ce soit en retour. L’amour ne grandit qu’en le donnant sans idée de retour.

Troisième condition : pour que l’amour se développe, il faut que l’unité du couple se cimente dans le respect de l’individualité de l’autre. Deux personnes matures qui s’aiment, doivent s’aider mutuellement à devenir aussi libres que possible. Il ne doit y avoir aucun esprit de domination. Comment peut-on aimer une personne et vouloir la dominer en même temps ? Plus la liberté est respectée, plus le couple devient uni. L’amour ne s’épanouit que dans la liberté. En érigeant des barreaux ; en construisant une prison, aussi dorée soit-elle, on tue l’amour.

L’amour est comme une fleur et la fleur n’est heureuse que lorsque son parfum est libéré aux quatre vents. On ne peut la faire pousser en tirant sur ses pétales. Elle ne s’épanouit qu’en puisant elle-même dans la terre, la nourriture dont elle a besoin. Ce qui ne l’empêche nullement de se joindre aux autres fleurs pour former un magnifique jardin.

15 septembre 2006 Jean-Claude St-Louis - http://portailalbert.info/article.php3?id_article=403

http://luz-arco-iris.over-blog.com/article-l-amour-veritable-jean-claude-st-louis-58505756.html
Sam 20 Avril 2013, 21:40 par inlove sur L'amour en vrac

Des vies à deux

Comme je le remarquais il y a quelques temps déjà, l’amour est un éternel sujet de surprise pour moi, d’émerveillement et de questionnement.

Tiraillé entre désir et amitié, il prend mille visages. Et je pense qu’une vie ne suffit décidément pas à l’appréhender, on croit tout connaître et l’on se rend compte que l’on n’est guère plus avancé qu’aux jours tendres de notre adolescence. Quand on tombe amoureux on a toujours seize ans ! Notre cœur bat, le jour est merveilleux et tout va bien. Mais, si l’autre vous aime et que vous ne répondez pas à son émoi ou inversement : le jour devient sinistre et le ciel le plus bleu devient cruel aux cœurs lourds… Et on se dit : comment ne pas le faire souffrir ou comment ne pas la faire souffrir ?! Et on sait bien qu’aucune empathie, aucune compassion n’atténueront la cruauté d’un refus.

En près de dix ans d’un divorce complexe, j’ai connu pas mal de combats, j’ai été amenée à prendre du recul et mon sac aux questions ne fait pourtant au fil du temps que s’emplir. Dernièrement, un ami, encore un, et oui, cela est vrai que l’amitié homme femme est souvent équivoque, est devenu un amoureux malheureux. Un homme extraordinaire de mes amis vient de se faire remercier par sa dulcinée partie flairer les phéromones d’un beau saisonnier. On parle, j’étale toutes les qualités d’Homme qui sont les siennes, sans flagornerie etc., pour l’aider à remonter la pente, pour qu’il fasse un constat objectif de sa situation et me voilà à devoir repousser ses avances. Et, zut ! La vie est parfois bien étrange. Il est génial, parfaite entente sauf que physiquement il ne m’attire pas du tout. N’avez-vous pas remarqué que souvent il y a une dissymétrie : l’un est attiré et l’autre repoussé sans que l’on puisse vraiment s’en expliquer les causes. Il suffit souvent de peu, un rien pour que la rencontre n’ait pas lieu.

Peu avant, j’ai refait cette expérience qu’en tant qu’hétéro je ne m’explique pas : comment puis-je attirer une femme alors que personnellement je ne supporterai pas que l’une m’approche de trop près ? C’est mal fait, non ? Que de souffrance on fait naître ou de désir, de frustration sans que cela aboutisse au bonheur de deux êtres !

Parfois, on trouve des hommes super sexy mais surtout qu’ils ferment la bouche ! D’autres fois, ils sont mariés ou en couple et souhaitent que vous soyez leur douceur du soir espoir entre deux portes… D’autres s’imaginent que comme initiatrice cela pourrait le faire. Etc. Parfois, notre cœur, notre corps s’emballent mais… En fait, que recherchons-nous ?

Pourquoi ? Pourquoi ne pouvons-nous pas décider d’aimer et d’être attiré ? Par quelle étrange alchimie, notre raison n’y a pas de part ?
Et puis, l’imagination, l’intelligence y compris celle du cœur, l’équilibre psychologique et une vie saine constituent de puissants stimulants ! Quelle histoire résisterait au ronron monotone d’une vie trop réglée et trop aseptisée ou au contraire trop dissolue ?! Cela finirait par tout user, à commencer par l’humain et le sublime !

L’amour est, selon moi, un oiseau qui ne demande qu’à prendre son envol mais de grâce ne le limitons ni ne le contrefaisons pas parce qu’alors le plus beau des sourires devient un immonde rictus ! Et l’oiseau dans sa cage finit par dépérir pour disparaître tout à fait, pauvre tas de plumes sans vie... Qu’est-il advenu de lui ? !

Ah, je ne parle pas des barrières et autres limites que notre éducation nous assène ou au contraire à quelles déviances notre histoire, notre vécu ou nos souffrances nous conduisent ! Il faut trouver l’autre, celui , celle qui, sans être parfait lui-même, permet une harmonie une entente qui tend vers la perfection !

Toutes les confidences que j’ai pu recevoir ont nourri nombre de mes histoires mais ni mon vécu ni cette écoute n’ont permis de résoudre ce qui reste pour moi le plus merveilleux des mystères : l’Amour.

Enfin, en conclusion ultime, de vous à moi, chères âmes tendres : qu’y a-t-il de meilleur en ce monde que l’Amour ?! Aimez donc, soyez aimées, follement, sans attendre, sans peur, sans trêve, de toute votre âme, de tout votre coeur, de tout votre corps ! Vivez et aimez !


Votre dévouée, Dolce
Ven 20 Mai 2011, 17:53 par dolce vita sur La vie à deux

Infinis

Chères âmes tendres,

Je laisse à votre sagacité et votre réflexion ce mot d’Albert Einstein qui ne laisse pas que de m’amuser, me faire rêver et réveiller en moi à l’envi quelqu’argument corroborant ou contraire :

"Deux choses sont infinies : l’univers et la bêtise humaine, en ce qui concerne l’univers, je n’en ai pas acquis la certitude absolue. "

Et vous, que vous en semble ? Ce peut-il qu’un être doté d’un entendement limité puisse produire un infini ? Et comment définir la "bêtise" ?
De même, certains pensent que l’univers agirait à la manière d’un seul et même ballon qui se gonfle et se dégonfle selon des lois naturelles ainsi donc que l’univers serait fini avec des limites aléatoires ; d’autres formulent l’hypothèse de l’existence de plusieurs univers un peu comme les diverses cellules forment un corps qui lui-même est un parmi une multitude.
Quoiqu’il en soit, ballon isolé ou corps multiples, je ne peux m’empêcher de m’écrier : mais, au delà ?!

Ne me laissez pas dans le doute, faites fleurir vos com’

blabla

Dolce, spécialiste en synapses
Dim 01 Mai 2011, 05:27 par dolce vita sur Citations

Dans un monde parfait, je t'écrirai ceci ...

A cet être simple et innoncent,

Quand nous nous regardons chaque matin devant notre miroir, nous croyons nous connaître, nous croyons en nos illusions de gloire, de réussite et de beauté. Mais qui sommes-nous donc ?

Dans nos cœurs, nous croyons dans des illusions. Dans ses illusions, nous sommes les empereurs de la luxure, de la gourmandise et de divers autres péchés. Pourquoi ? Notre être, au fil du temps, crée ses propres monstres, excès de nos personnalités déséquilibrées. Nos tentatives d’équilibres se soldent par des échecs. Pourquoi ? Ces équilibres sont factices, artificiels. Ce trompe-cœur ne leurre pas notre être fondamental. Voilà pourquoi le docteur Jeckyll ne parvient jamais à détruire Mr. Hyde sans se tuer lui-même. Il fait partie de sa personnalité. La religion qui nous fait croire en un être divin essaye de nous équilibrer par la passion destructrice qui nous anime. Il utilise cette passion destructrice en passion salvatrice. Mais quel combat vain ! Combien de pécheurs ont continué leur excès dans la folie des guerres religieuses ! Une fois que nos cœurs sont souillés, les pleurs ne peuvent effacer les crimes que nous commettons ! Les plaies peuvent se cicatriser mais marquent à jamais la peau. Ainsi, devons-nous vivre sous des masques de théâtre pour jouer notre vie en société !

Toi, mon bel ange, crois-tu me connaître ? Tu es ébloui par la blancheur de mes ailes, par mon sourire angélique, mes mains bienfaisantes. Mais sais-tu que cela n’est qu’un habit de carnaval ? Cet habit me démange, il ne me correspond pas. Serais-tu capable de me voir en monstre ? Non. Personne ne montre son vrai visage pour ne pas connaître le haro. Personne n’aime vivre au ban de la société car l’homme ne survit qu’en société. Mes ailes cachent mes épines ensanglantés de crimes qui j’ai commis pour le plaisir du corps. J’aime les corps. J’aime les sentir près de moi. J’ai bafoué un amour sincère qui me louait comme une sainte immaculée. Il continue à m’aimer malgré les nombreuses flagellations que je lui inflige. Je livre mon corps aisément à l’ivresse de l’instant. Je me cache de tout le monde. Je fais vivre mes apparences pour survivre en société. Je vis dans la crainte de la destruction de ses apparences. Je prends soin de ne pas les fissurer. Combien ai-je fait des faux pas qui me coûtent aujourd’hui une peur vivace ? Chaque fois que je laisse entrer quelqu’un dans mon univers intime, le hasard fait qu’il se trouve aussi dans un environnement que je crois protégé, réservé à une image de société. Est-ce ainsi que Dieu cherche à me punir des crimes que j’ai commis au nom de la Passion des corps déchus ? Est-ce ma malédiction ? Jusqu’à présent, aucun de mes fantômes ne s’est réveillé pour détruire mes mondes. Toutefois, je dois demeurer toujours sur mes gardes. Un volcan qui dort est un volcan actif…

Mon ange, demeure dans ton bel âge où l’innocence te maintient dans la pureté ! Garde-toi de t’approcher de moi ! Je ne veux pas te souiller, mon bel ami.
Ven 16 Avril 2010, 02:04 par Solina sur Un monde parfait

Un sourire divin ?

Quand le coeur se trouve dans la confusion de ses propres sentiments, il confère à la moindre attention une source infinie d’amour. Il cherche le sourire divin, reflet d’un amour sincère. Ce sourire rayonne d’une chaleur dans laquelle il cherche à s’envelopper. Cette chaleur maternelle nous rassure.
La cruauté humaine joue d’artefacts pour tromper les êtres faibles d’Amour. Quand un être découvre un sourire de marionnette, il ne parvient plus à rêver d’amour. Son coeur pleure sa blessure.
Combien d’êtres pleurent de cette tromperie ?
Croire dans la bonté divine d’un sourire noye son propre coeur dans une profonde joie. Il se plonge dans la passion la plus parfaite mais aussi la plus destructrice qu’elle soit. Nous vendons corps et âme pour cette divine matrone, l’Amour. Nous devenons des fidèles aveugles de bon sens. Le bon sens n’existe plus dans la folie des croyances. Quand ce coeur découvre que ce fut une harmonie de pacotille, il met lui-même au bûcher des hérétiques ses propres croyances de païens. L’Amour parfait n’est qu’un mensonge. Brûlons les amours !
Nous sommes dévorés par notre passion. Nous mourrons tous de notre passion.
Voilà pourquoi les sourires divins sont si beaux mais si cruels dans le monde des hommes !
Tant que nos coeurs gardent leurs divins secrets d’alcôve, nos sourires demeurent aussi beaux et éternels que ceux des tableaux de Fragonard mais peuvent s’enlaidir à leurs révélations comme dans le portrait de Dorian Gray.
Combien de coeurs laids se cachent derrière de divins sourires ? Combien d’entre nous sommes des Dorian Gray ?
Ven 12 Fév 2010, 01:57 par Solina sur Un monde parfait

Un nounours : signe d'amitié

Envie de vous faire partager un sourire.

Chacun d’entre nous possédons un objet qui nous rappelle des souvenirs de tendresse. Le plus marquant est notre premier chiffon, un jouet ou une peluche. Quand nous étions tristes, il portait nos malheurs. Quand nous étions heureux, il partageait notre joie.Nous nous attachons à cet être car il porte religieusement nos secrets d’enfance. Quand nous grandissons, il existe dans nos coeurs mais disparaît peu à peu au profit d’autres choses.

Pour les quarante ans d’un ami, j’ai voulu lui communiquer ma profonde amitié en lui confectionnant une peluche. Certes, à l’image de chaque homme, elle est imparfaite. Mais, sa seule perfection, c’est mon amour dans chacun de mes gestes, ma sincérité dans sa réalisation. Dans mon coeur, cette peluche demeure unique car je ne reproduirai pas deux fois la même.

Pourquoi ? Cette peluche est la première que j’ai réalisée en entier, toute à la main. Elle est marquée de toutes mes hésitations, de mes déceptions mais aussi de mes joies et victoires. A mes yeux, elle est tout ce que je suis. J’ai voulu donner le meilleur de moi-même car il a toujours donné le meilleur de lui-même. Simple et discret, il est toujours à l’écoute. J’ai voulu réaliser une peluche simple et discrète, comme à l’image de ce compagnon vivant dans mon ombre. A ce compagnon, que je n’ai jamais su prendre dans mes bras, à qui je n’ai jamais su dire en face que je l’appréciais, j’ai voulu lui manisfester tous mes sentiments d’amitié dans ce simple objet.

Car, comme la peluche, je veux être pour lui le compagnon silencieux qui porte joies et peines de son maître. Comment savoir que cette amitié est réciproque ? Il a placé cette petite peluche dans sa poche de chemise, au niveau de son coeur et non dans son sac, là où tous les adultes laissent leur tendresse d’enfant.

Qu’est-ce que grandir ? C’est regarder votre vie avec le regard neuf d’un enfant qui découvre à chaque instant la vie avec ses petites joies et ses petites peines et qui chuchote à son nounours : "Regarde, je vis et je te remercie de porter mon coeur" !
Ven 22 Jan 2010, 03:06 par Solina sur Mille choses

La boulangerie...

Madame Carraba avançait sur le trottoir, suivie de sa petite chienne qu’elle appelait « sa fille » . Elle s’était installée dans ce petit village du Sud-Ouest quelques années auparavant, et ses habitudes vestimentaires, même si l’élégance n’en était pas absente, faisaient un peu « tâche » dans cette paisible bourgade : On l’aurait beaucoup mieux imaginée dans un salon de thé du 16ème arrondissement parisien… Beaucoup, au village l’avaient baptisée « La Rose », mais personne ne savait si c’était à cause de la broche qu‘elle portait au revers de sa veste, ou au contraire à cause de ses remarques toujours acerbes qui évoquaient les épines de cette belle fleur.

Les enfants, plus directs, l’avaient baptisée « la fée Carabosse » tant son sale caractère était devenu légendaire dans le village.

Elle poussa la porte de la boulangerie, faisant tinter la cloche antédiluvienne fixée au-dessus. Malgré l’écriteau « nos amis les animaux restent dehors », la petite chienne la suivit… Fidèle à son habitude, elle ne crut pas vraiment utile de glisser le moindre « bonjour » au mitron, qui s’affairait derrière le comptoir. « Ces gens là », comme elle les appelait parfois, n’étaient pas de sa classe…

« Deux baguettes, et pas trop cuites » grinça t’elle sèchement, en posant sa monnaie déjà préparée sur le comptoir. Les formules de politesse ne l’encombraient pas vraiment, mais les habitants en avaient pris leur parti…

Curieusement, le mitron parut gêné, et la boulangère, dans l’arrière boutique, éclata de rire… Il est vrai que, ce matin là, les baguettes rangées contre le mur avaient l’air d’avoir pris un sérieux coup de chaud, et en trouver deux « pas trop cuites » comme l’exigeait la petite vieille acariâtre aurait été un exploit !

Le mitron, qui était devenu tout rouge, dût bien admettre cette évidence, et ne savait trop que répondre à cette cliente toujours cassante… La boulangère vit cette gêne, et vint à son secours :
« Madame Carraba, la prochaine fournée sera prête dans un petit quart d’heure et sera moins cuite, repassez donc en revenant de l’épicerie, je vous en mettrai deux de côté »

Mais pour bien comprendre l’atmosphère si particulière qui régnait dans la boulangerie par ce beau matin d’août, il fallait remonter un peu en arrière…

Alain, le mitron…. Né au village, il y avait grandi. Ses parents cultivaient la terre, mais lui s’était pris de passion pour les pâtes feuilletées.... Alors, quand à la fin de sa formation en alternance, il avait pu obtenir un stage auprès de la boulangerie de son propre village, il n’avait pas hésité un instant. D’autant que le patron lui avait clairement laissé entendre qu’il l’embaucherait ensuite.

Il vivait heureux dans son village, et y était parfaitement intégré… Bien bâti, il faisait partie de l’équipe de rugby locale, ainsi que de l’équipe de sapeurs pompiers volontaires. Il était aussi la coqueluche des filles du coin, et avait une petite amie depuis quelques mois dans une ferme non loin de là. Comme tout se sait dans ces petits villages, beaucoup d’habitants le « plaisantaient » un peu là dessus, mais cela restait de bon ton, car tous deux étaient appréciés…

Magali, la boulangère… Le geste vif, la quarantaine pétillante, la bonne humeur personnifiée…Toujours un sourire, un clin d’œil, un mot gentil, elle était très aimée de tous. Je crois que même s’il n’y avait pas eu de pain, les villageois seraient quand même venus partager la bonne humeur qu’elle entretenait dans sa boulangerie…

Son mari était parti en Alsace la veille, pour récupérer leurs enfants qui avaient débuté les vacances chez leurs grands-parents. Mais comme les petits commerces de village ne peuvent fermer, il avait été décidé qu’il irait seul, et y resterait quelques jours pour visiter sa famille si lointaine. Magali était parfaitement à l’aise dans sa boulangerie, et Alain, le jeune mitron, avait maintenant le métier bien en main : juste un bon « coup de collier » à donner pendant quelques jours. Mais la fierté d’avoir la confiance de son patron venait largement le récompenser de cet effort.

Ce matin là, il était donc arrivé de très bonne heure, plein d’énergie. En effet, si le pétrissage de la pâte était mécanisé, toutes les autres opérations étaient restées manuelles dans cette petite boulangerie de village. Cela ne l’effrayait pas : il était fort physiquement, et il aimait ce contact sensuel avec la pâte.

Malgré l’heure matinale, il régnait déjà une chaleur torride dans le fournil. La température extérieure, d’abord, était caniculaire en ce début août. Mais il avait fallu allumer bien à l’avance le feu de bois. Et il s’affairait à préparer les pâtons pendant que le four montait en température. Torse nu, comme à son habitude, il ruisselait de sueur ; le boulanger avait aménagé une douche au fond du local, qui lui permettrait d’assurer plus tard le service au magasin, dans une fraîcheur acceptable…

Il était à l’heure sur le plan de marche qu’il s’était fixé, la première fournée allait pouvoir être lancée dans quelques minutes…

Etait-ce la canicule ? ou le souci de voir si tout allait bien ? Magali, elle, s’était levée de bonne heure, et était descendue très discrètement au fournil. Affairé, Alain ne l’avait même pas remarquée… Elle s’était installée dans un vieux fauteuil posé là, et observait dans l’immobilité la plus parfaite. La lumière du feu faisait luire ce torse, ce torse musclé et ruisselant qu’elle admirait en silence…

D’un côté, elle avait beaucoup d’affection pour ce garçon fort sympathique qui n’était finalement guère plus âgé que son fils aîné… et pourtant, la vue de ce corps souple et musclé la troublait de plus en plus, elle ressentait jusque dans son ventre ce désir qui montait inexorablement en elle…

Alain s’était maintenant arrêté un instant, pour se désaltérer avant d’enfourner la première série de pâtons… Aussi, fut-il surpris d’entendre un « je vais vous aider » d’une voix chantante qui lui était familière… Il se retourna, vit le sourire de Magali qui avait déjà empoigné le chariot qui servait à cette manœuvre…

A deux, l’opération fut donc vite faite… Magali s’était rapprochée de lui, et commençait à lui masser les épaules ruisselantes de transpiration. Prévenante, elle s’était placée derrière lui, pour qu’il n’ait pas à croiser son regard immédiatement car elle devinait sa gêne. Elle aimait sentir cette musculature puissante sous ses mains, et l’odeur de cette sueur saine ne la dérangeait pas, contribuait peut-être même à l’excitation du moment… Ses mains avaient très vite glissé dans son dos, puis entouré son torse et caressaient maintenant sa poitrine…

Lui n’osait pas bouger… Non pas qu’il ne ressentit rien, bien au contraire, mais cette situation était inattendue, et même si Magali était une femme douce, splendide et rayonnante, c’était quand même « la patronne »…

Elle, toujours derrière lui, avait laissé glisser au sol la robe de chambre qu’elle portait comme seul vêtement, et avait maintenant collé sa peau contre la sienne, comme pour partager sa transpiration qui avait redoublé. Elle appréciait cette sensation des peaux qui s’unissent, qui glissent ainsi l’une sur l’autre. Elle prenait du plaisir à écraser sa belle poitrine contre son dos, pendant qu’elle caressait de ses mains tout le torse et le bas ventre d’Alain. Lui n’en pouvait plus : il avait de lui-même déboutonné son pantalon, devenu bien trop serré, pour ouvrir largement la route aux mains expertes qui le parcouraient… Même les douces caresses qu’ils se prodiguaient avec sa petite amie étaient loin de la fougue qu’il découvrait maintenant…

Le pantalon ayant rejoint au sol la robe de chambre, Magali entreprit, sans jamais cesser les caresses, de l’orienter vers la réserve ou s’empilent les sacs de farine. Délicatement, sans la moindre brusquerie, elle le fit basculer vers l’avant, la face contre des sacs qui étaient au sol. Elle comprit son émoi et voulut le rassurer. « Laisse toi faire, tu es fatigué » dit-elle ; il ne protesta pas…Abandonné sur son sac de farine, il avait légèrement écarté les jambes… Magali lui massait délicieusement les cuisses et fesses, et y prenait manifestement beaucoup de plaisir… Petit à petit, ses pouces se rapprochaient du sillon fessier, commençaient très doucement à l’entrouvrir… et lorsque les deux mains se rejoignirent, bien au centre, il eut un gémissement… Il n’avait visiblement rien connu de si délicieux.

Elle avait ensuite entrepris de le masser avec sa poitrine, faisant glisser ses seins ronds sur ses fesses et son dos inondé de sueur… Elle l’avait enlacé de ses bras, de ses jambes, prenant plaisir à onduler contre lui, avec lui, toujours collés par leur sueur…

Dans ce simulacre de lutte, ils avaient maintenant glissé au sol. Alain était sur le dos, son ventre et ses cuisses blanchis de la farine que la sueur avait collée… et cette magnifique colonne de chair, tournée vers le ciel, donna un frisson à Magali…

Mais si elle était bien décidée à offrir et prendre du plaisir avec lui, elle comprenait aussi la gêne qu’il pouvait ressentir. A la fois parce qu’Alain avait une petite amie, mais aussi parce que, étant « la patronne », elle pensait qu’aller trop loin aurait été abuser de cette position… Elle était joyeuse, joueuse, sensuelle, un peu délurée sans doute mais en rien perverse, et ne voulait donc pas mettre Alain dans une situation trop embarrassante pour lui, qu’il n’aurait peut être pas su gérer. Elle se résolut donc à ne pas aller jusqu’à une pénétration, qui aurait peut-être été « le pas de trop », qu’elle aurait pourtant pu faire sans peine tant il semblait s’abandonner… Bien plus expérimentée, elle considérait que c’était à elle de conduire les opérations, ce qu’Alain aurait été bien en peine de lui contester. Elle savait donc bien où aller, où ne pas aller…

Alors elle redoubla ses caresses, laissa glisser sa chevelure le long de ce torse d’athlète, qui frissonna… sans lâcher de ses mains la base de son membre, ses lèvres, sa langue avaient maintenant entrepris d’en caresser l’autre extrémité… elle dosait méticuleusement tous ses gestes, tous ses baisers pour prolonger ce moment si intense. En ressentant les spasmes puissants de ses abdominaux, elle perçut que, manifestement, Alain était maintenant à bout… Elle entoura alors son sexe dressé de ses seins d’albâtre, l’enserrant ainsi dans un étui chaud et douillet, puis rythma ses gestes pour bien accompagner son plaisir… Jusqu’à une longue explosion qui inonda leurs corps. Ils durent rester ainsi unis quelques longues minutes, sans dire un mot, sans bouger. Leurs corps maintenant apaisés étaient maculés de sueur, de farine et de sa semence abondante… Ils se dirigèrent jusqu’à la douche, où il se laissa délicieusement savonner, masser, rincer, essuyer. Il savourait les gestes experts de sa patronne…

Elle souriait toujours ; lui semblait un encore un peu gêné mais s’était enhardi à la regarder dans les yeux et à lui rendre un sourire. Il aurait même volontiers prolongé cette douche partagée, bienfaitrice et rafraîchissante, quand les sept coups du clocher de l’église le ramenèrent brutalement à la réalité : la fournée ! Nu, il se précipita vers le four, l’air catastrophé… Elle le suivit, de son pas toujours rapide et gracieux, plus belle encore dans sa nudité…

Ils retirèrent très vite le chariot d’enfournage… Les pains, sans être brûlés, avaient tout de même pris un sérieux coup de chaud… Il contemplait ce qu’il considérait être une catastrophe ; elle l’avait maintenant entouré de ses bras presque maternellement : « Ne t’inquiète pas, Alain…C’est le métier qui rentre » lui dit-elle avec douceur, sans jamais lâcher un instant sa bonne humeur…Elle déposa même un baiser dans son cou, comme pour le consoler

Juste le temps de laisser un peu refroidir cette première fournée, préparer la suivante et transporter les pains jusqu’à la boutique, et il serait temps d’ouvrir. Et il savait bien que certains clients, comme madame Carraba, arrivent dès l’ouverture et n’aiment pas attendre… Magali l’aida dans cette tache, afin de le mettre plus à l’aise…


Alors, maintenant, vous comprendrez mieux l’émoi d’Alain et l’éclat de rire de Magali quand madame Carraba désirait, avec son air pincé, ses baguettes « pas trop cuites »…

Et vous comprendrez aussi pourquoi, quand je rentre dans une boulangerie où la patronne est avenante, je jette toujours un coup d’œil à la couleur du pain !
Dim 03 Jan 2010, 23:18 par piertiteuf sur L'amour en vrac

Le cockpit d'un airbus...

L’Airbus A 340 avait maintenant atteint depuis plus d’une heure son premier niveau de croisière. Sur ce Francfort – San Francisco nocturne, le personnel de cabine avait déjà desservi les plateaux repas et préparé la cabine pour cette longue nuit. L’Atlantique était au dessous, la lumière céleste s’y réfléchissait car le ciel était parfaitement dégagé. Il y avait bien longtemps que Karl, pilote aux commandes, avait enclenché le pilote automatique, réglé l’altitude de croisière et asservi la trajectoire sur le FMS, « Flight management System », qui calcule et optimise en permanence la route de l’avion. Sa clearance transocéanique affichée, il avait calculé qu’il y en avait encore pour au moins une heure avant qu’il puisse, par allègement de l’avion, demander au contrôle un niveau de croisière supérieur.

Pilote confirmé sur « court courrier », Karl avait depuis un an été qualifié sur cette belle machine destinée aux vols à grande distance, et appréciait ces moments de calme et de solitude. Les instruments réglés à leur luminosité minimale, il contemplait la double immensité qui lui faisait face : celle de l’océan au dessous, et la voute céleste au dessus. Ce spectacle lui procurait un plaisir dont il ne se lassait pas. Il se sentait à la fois tout petit face à cette immensité, et puissant car il avait entre les mains la vie de plusieurs centaines de passagers. Il se disait qu’il avait vraiment choisi le plus beau métier qui soit, il aimait d’ailleurs dire en plaisantant qu’il avait « le plus beau bureau du monde »…

Son commandant de bord, sur le siège à côté, s’était assoupi. Les règles de la compagnie étaient claires : sur ces vols « long range », trois pilotes étaient embarqués, l’un étant allongé sur une couchette séparée, les deux autres à leur poste de pilotage. Mais dans ces phases de croisières nocturnes longues, lorsque que la météo est excellente, il n’était pas si rare que l’un des deux pilotes aux commandes reculât son siège, en inclinât le dossier, pour s’assoupir quelques instants. Pas vraiment dans les règles, mais l’autre pilote sanglé sur son siège, le pilote automatique enclenché… Pour la circonstance, il avait même gardé son casque sur les oreilles pour limiter le bruit pourtant feutré qui régnait dans le cockpit
Les deux hommes se connaissaient bien, se respectaient et se faisaient une confiance absolue. Karl avait bien noté l’assoupissement profond de son compagnon, mais tout allait bien, la machine ronronnait de ses quatre réacteurs… Pour être sur de ne pas s’endormir, il avait demandé à une hôtesse de lui apporter un café, qui n’allait sans doute pas tarder. Il n’avait évidemment plus le droit d’ôter les sangles de son siège : en effet, une turbulence brusque pourrait alors mettre l’avion dans une situation difficile, si le seul pilote éveillé se retrouve collé au plafond…

Et effectivement, l’hôtesse se signala bientôt, car les portes blindées des cockpits ne s’ouvrent que sur validation de l’équipage. Après avoir préparé les cabines pour la nuit, les hôtesses aimaient à venir partager un instant l’atmosphère si particulière d’un cockpit en vol de nuit. La compagnie n’y voyait d’ailleurs pas d’inconvénient, car pendant ces phases de croisières, favorables à l’assoupissement des pilotes, la présence d’une autre personne permet une meilleure vigilance.
Karl avait déployé la tablette centrale (luxe suprême des Airbus qui, par leur mini-manche latéral, dégagent cette place en face du pilote…) et posé sa tasse devant lui. Elle était restée, assise sur la banquette latérale, à contempler le paysage extérieur, d’une beauté sublime malgré la monotonie de la mer. Il avait des notions d’astronomie, et commençait à lui expliquer les principales constellations visibles… Elle écoutait, autant sous le charme de sa voix, que sous celui de sa chevelure blonde à peine éclairée par les instruments de bord…

Elle s’était maintenant placée derrière son siège, de manière à mieux voir la direction que lui montrait son bras… Orion, Cassiopée : il avait du plaisir à les reconnaitre et les nommer… Mais elle pensait déjà à autre chose… Sa longue chevelure, qu’elle avait maintenant dénouée, frôla ainsi la joue du pilote qui se tût… Sans un seul mot, ils avaient tous deux compris l’attirance exercée chez l’autre, sans doute exacerbée par cette situation, presque seuls dans le cockpit, la porte blindée refermée derrière eux…

La situation était rendue encore plus particulière, car lui ne pouvait pas prendre le risque de se détacher son harnais… Et elle comprit vite qu’il était ainsi à sa merci, sans doute tout aussi excité de ne pouvoir, ni vouloir, bouger de son siège. Elle joua quelques minutes à frôler sa joue avec la sienne, puis déposa quelques baisers dans son cou. Sa main s’enhardit à ouvrir sa chemisette et caresser son torse, entre les deux sangles formant les bretelles de son harnais… Sans dire un mot, sans même vraiment se distinguer dans la pénombre du cockpit, ils s’étaient communiqué un désir farouche de faire l’amour… ce qui lui était déjà arrivé dans la couchette de repos, mais jamais encore dans un cockpit…

Leurs gestes suffirent à se comprendre sans un seul mot : elle desservit la tasse de la tablette, Karl replia cet accessoire sous le tableau de bord. Il recula très légèrement le siège, de manière à dégager un peu plus de place devant lui, tout en gardant un accès aux commandes… Elle sentit ce mouvement du siège et comprit immédiatement ses intentions. Un coup d’œil sur la silhouette du Commandant de bord qui dormait maintenant comme un nouveau-né… Et elle eu tôt fait de faire glisser sa jupe stricte d’hôtesse, dévoilant ainsi un string dont la blancheur, éclairée par les instruments de bord, accrocha le regard de Karl. Furtivement d’ailleurs, car ce dernier vêtement eut vite fait de rejoindre la jupe sur la banquette latérale. Souple comme une liane, elle fut en deux mouvements à califourchon sur ses genoux, ses mains habiles à ouvrir un pantalon bien qu’il fut sous le harnais… Il faut dire que Karl, sans se détacher, avait bien accompagné ce mouvement….
Jamais elle n’avait ressenti cette excitation… les circonstances, bien sur… mais finalement « dominer » ainsi un pilote, qui reste pour beaucoup d’hôtesses un homme d’un statut particulier…
Et lui-même se plaisait, dans ce rôle contraint à la passivité… avec le harnais comme bonne excuse, et toujours le magnifique spectacle de la voute céleste en toile de fond !

Leur excitation avait atteint un tel niveau qu’elle n’eut aucun mal à s’empaler sur sa chair tendue, lui ayant posé les mains sur ses reins pour mieux la guider dans ses mouvements… Elle se cambra, ce qui amena la froide boucle du harnais contre son pubis lisse… Curieusement, ce contact froid et métallique redoubla encore son plaisir. Leur excitation s’était tellement amplifiée pendant qu’ils se mettaient silencieusement en place, qu’ils partagèrent un orgasme presque simultané, violent… Après quoi elle se laissa retomber sur lui… reprenant ses esprits, il jeta rapidement un coup d’œil aux instruments : rien à signaler…

Après quelques petites minutes d’apaisement, l’hôtesse entreprit de quitter cette position qu’elle trouvait maintenant un peu dérangeante, une fois l’excitation retombée. Pendant qu’elle retrouvait ses vêtements dans la pénombre, lui rajusta rapidement son pantalon, puis la position du siège. Un autre coup d’œil aux instruments : il allait être temps de recontacter le contrôle pour demander le changement de niveau, et préférait réveiller son commandant de bord pour cela. Il attendit donc que l’hôtesse ait évacué le cockpit, avec la tasse vide.

Une fois la manœuvre effectuée, les deux hommes maintenant réveillés entamèrent un dialogue paisible pendant une dizaine de minutes, quand le commandant dit à Karl sur un air entendu :
- Elle est bien, hein ?
- Euh.. je ne comprends pas…
- Ne te fatigue pas… Je dormais effectivement, et quand je me suis réveillé j’ai compris la situation…
- Euh…
- Tu vois, j’ai toujours rêvé que cela m’arrive un jour. Je pars en retraite dans un an, cela ne se produira sans doute jamais… Alors, j’ai jeté un coup d’œil aux instruments, vu que tout allait bien et continué de faire semblant de dormir… Au moins, toi, tu l’auras vécu, et moi un tout petit peu « par procuration »…

Les deux hommes éclatèrent de rire, simplement interrompus par un message radio qui leur demandait de changer d’organisme de contrôle : ils étaient presque au milieu de l’Atlantique.
Mer 23 Déc 2009, 05:58 par piertiteuf sur Les liaisons sulfureuses

Lettre à magali

à Magali…


Comme à chacun de nos rendez-vous, j’avais reçu ton petit message : « suis à Nation»... Et déjà dans ma tête déjà s’égrenaient les stations qui nous séparaient encore…

Un délicieux compte à rebours pour aller te rejoindre à la sortie du métro. Puis cette attente, guettant, entre les passants pressés, l’élégance de ta silhouette… Qui de nous deux apercevrait l’autre en premier ? Ce soir là, ce fut moi, et j’en étais heureux car j’aimais à voir le changement de ton expression quand tes yeux croisaient les miens, comme si chaque fois était une première fois…

Une bise pudique dans cette foule pressée, nos mains qui se rejoignent… Quelques banalités échangées d’abord, comme pour respecter une approche à chaque fois aussi douce de nos sentiments, dont nous savions bien qu’ils iraient crescendo tout au long de cette soirée. La traversée de ce petit parc avant de rejoindre mon appartement me donne à chaque fois la même impression, celle d’un « sas » de décompression, entre le vacarme de la rue et la douceur des quelques heures que nous avions décidé de consacrer l’un à l’autre. Même le temps de cette transition méritait d’être savouré, ce que je fis en entourant tes épaules de mon bras et en glissant un baiser sur la soie de ta chevelure…

Le digicode, puis l’ascenseur… premier moment d’intimité pour te serrer très fort contre moi, sans un mot car certains silences sont si riches d’émotions… Comme pour écouter les battements de nos coeurs, comme pour mieux savourer la douceur de ton cou sous mes lèvres.

Puis un tour de clé et nous voilà enfin dans la chaleur de l’appartement… Juste le temps de te déchausser, et tu contemples déjà le Paris mouillé de pluie qui s’offre sous la fenêtre. Je m’affaire à servir le petit repas que je nous ai préparé, pour bien commencer notre soirée par un tête-à-tête délicieux de douceur.

Tu es encore à la fenêtre, perdue dans tes pensées : je me place derrière toi pour respecter ta contemplation, mais tout près pour bien sentir ton corps contre le mien, mes bras t’entourent pour éterniser ce moment de tendresse ; mes mains se posent bien à plat sur ton ventre, comme pour en capter toute la douce et chaude féminité qu’il rayonne. J’ai posé ma joue contre la tienne, pour me laisser caresser le visage par tes cheveux, et partager jusqu’au paysage que tu regardes.

Comme à chaque fois, nous jouons à deviner les monuments dont seul le sommet émerge sur l’horizon… Parisienne de toujours, tu me bats à plate couture à ce jeu improvisé. Le jour a baissé, et la Tour Eiffel scintille soudain de ses mille feux pour nous inviter à table...

Le repas est simple, comme toi, comme ton sourire. J’ai essayé de faire en sorte qu’il soit aussi délicieux, mais y parviendrai-je un jour ? Peu importe, s’en délecter ensemble décuple la jouissance de la dégustation… Un peu de vin, juste pour le plaisir d’y mouiller nos lèvres, de sentir sur la langue des arômes sensuels, un peu surprenants. J’aime ce moment exquis où nos regards peuvent se croiser, se comprendre, mais ou la table qui sépare encore nos corps nous oblige à savourer une attente sublimant le désir… Le rite de ce petit repas partagé fait pour moi complètement partie du prélude amoureux…

Tu évoques aussi ta vie quotidienne, et ses soucis ; nous avons pris l’habitude de nous les confier, de les partager, comme pour les exorciser... Et je lis parfois dans tes yeux que tu ne me dis pas tout, mais même mes questions respecteront cette limite que tu t’es fixée…

Te respecter, respecter ta liberté, accepter tes jardins secrets, et même les encourager… Te serrer contre moi sans te «posséder», te tenir entre mes mains comme on le ferait pour un verre de cristal : trop vouloir le serrer conduirait à le briser. Avec toi j’ai appris que le bonheur est ainsi : il faut savoir ne pas craindre de le poser à côté de soi en confiance, car c’est ce désir de possession qui l’étouffe à coup sur. On est ainsi certain de le retrouver sans risquer de le briser…

La soirée s’avance un peu : nous nous sommes allongés côte-à-côte. Jusqu’où irons nous ce soir, que ferons nous ? Chaque soirée est si différente, et même cette incertitude est délicieuse… Je te câline tendrement, en essayant d’être bien à l’écoute de ton corps.

Ne rien brusquer, être bien en phase avec tes désirs… Savoir les détecter, les reconnaître juste au moment où ils naissent…Savoir écouter ton souffle, entrer en communion avec toi, tout doucement… Laisser glisser tes mains sur mon corps : tu connais si bien les chemins qui mènent à mes frissons. Mes lèvres parcourent ta peau, en redécouvrant à chaque fois la douceur. Nos cuisses, nos jambes se mélangent, beau simulacre de lutte. Tu t’es laissée vaincre, sans doute as-tu deviné que j’avais envie de te délivrer un long et tendre massage. J’aime à sentir ton corps s’abandonner sous mes doigts, j’aime à laisser glisser mes mains sur ton dos, leur faire contourner ton cou par-dessus tes épaules, et ressentir dans tout ton corps le frisson que cela déclenche parfois.

J’hésite toujours, pendant que je te masse, à fermer les yeux pour mieux savourer la délicieuse sensation de ce contact, où à les garder ouverts pour contempler ton corps qui s’est maintenant totalement abandonné. J’avoue alterner un peu les deux, comme un gourmet qui, mettant tous ses sens en éveil, ne voudrait manquer aucune sensation… Je crois avoir forcé un peu sur l’huile à l’arnica qui fait luire ton dos ; c’est avec ma poitrine que je vais maintenant m’attacher à résorber cet excédent, en la faisant glisser doucement contre ton épine dorsale...

J’aime cet instant délicieux, où tes fesses rondes et fermes viennent, comme en échange, masser mon torse, mon ventre. Même les yeux clos, tu ne peux maintenant plus rien ignorer de mon excitation… Et puis je ne sais plus exactement ce qui s’est passé, un éblouissement complet… T’es-tu retournée de toi même, t’ai-je guidée en cela ? Peut être ne le sais tu pas non plus, l’union de nos êtres étant devenue soudain si parfaite… Un sentiment d’abandon total à l’autre, si doux...

J’aime aussi ce moment où tu reprends le dessus, et tu sais ce plaisir que j’ai à m’abandonner à toi. Ce n’est en rien de la soumission, c’est plus l’expérience d’une confiance réciproque absolue. Je sais que tu connais mieux que moi les chemins qui mènent au plaisir, alors je te laisse m’y conduire…C’est le bon sens, non ?

Après ce feu d’artifice qui nous laisse inanimés quelques temps, nous nous resserrons à nouveau l’un contre l’autre, enfouis sous la couette, pour communier en tendresse. Mais sans qu’il soit besoin de se le dire, nous savons que c’est un compte à rebours plus cruel qui s’est engagé maintenant, pour que tu rejoignes le métro avant le dernier passage…

L’un comme l’autre essayons de ne pas le montrer, mais tes traits sont si expressifs… Et je devine que tes yeux lisent sans doute aussi ce sentiment dans les miens… C’est en général dans ce moment que me revient notre histoire, celle d’une rencontre aussi improbable que fut la notre… Tout aurait dû normalement nous séparer, et voilà que nos différences deviennent des complémentarités admirables.

Nous allons chacun au secours de l’autre dans ses incertitudes, et je suis étonné de voir comment tu as pu faire évoluer ma vision du monde, ma vision des autres. Je me suis enrichi à ton contact, mon coeur s’est agrandi depuis que tu y es entrée. Tu as renouvelé jusqu’au sang qui coule dans mes veines, tu y as mis une nouvelle vie… Tu m’as appris à vivre à fond dans l’instant présent, moi qui ne faisais qu’échafauder des projets, me souciais toujours du lendemain… Tu m’as appris à aimer l’autre pour lui-même et non pour soi, comment pourrai-je un jour t’en être assez reconnaissant ? L’ascenseur, la nuit, le parc à traverser, puis la rue et le métro. Cette fois, nous déroulons ce petit trajet silencieusement, comme une petite épreuve nécessaire à un retour sur terre, nous qui avons passé quelques instants en apesanteur…

Curieuse impression que de dévider à l’envers un fil qui s’était enroulé quelques heures auparavant. Quelques heures de bonheur hors du temps, que toi seule sait rendre aussi belles. A la semaine prochaine, mon coeur, et prends bien soin de toi !
Lun 14 Déc 2009, 11:37 par piertiteuf sur La déclaration d'amour

Quand les mots se perdent...

Il se savait plus comment s’exprimer tant sa douleur était grande. Des mots lui venaient en tête. Pourquoi tous ces mots l’agressaient ? Ils n’arrivaient à les saisir et à les comprendre.

Tendresse
Son corps l’avait expérimenté. La douceur de silhouettes féminines qu’il avait étreint, il s’en souvenait. Mais l’amour ? A travers ses doigts, il n’a jamais senti cette profonde affection filiale. Il avait caressait de multiples corps à la recherche de ce sentiment. Pourquoi ce mot lui semblait froid, distant ?

Solitude
Son âme le comprenait. Mais combien de mots peuvent-ils définir ce sentiment lié à la souffrance, à l’incompréhension et au désarroi ? L’échec d’une définition le rendait d’autant plus seul.
Qui est seul ? Ce sentiment pouvait-il le partager avec ce mot ? Le partager avec d’autres mots, ne serait-ce pas briser son sens ?

Croire
"Être persuadé qu’une chose est vraie, réelle", définition du Littré. Qu’impliquent les croyances ? Cette question, il se l’était posée. Lui-même, il croyait. Mais croire en quelle réalité ? Où est la réalité ? Ce mot n’est-il pas vide ? Cette action nécessitait qu’il s’impliquait auprès d’autrui. Il ne voulait pas donner ses mots, sa parole. Qui saurait les apprécier ?
Lun 23 Nov 2009, 03:32 par Solina sur Mille choses

Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie)

Chapitre 4

Aéroport de Changi, Singapour – Au grand étonnement de Patrick, les formalités de contrôle des passeports furent très rapides et plutôt agréables. « Ca nous change de l’Europe », se dit-il. Cependant que lui et ses quatre élèves marchaient vers les tapis roulants pour récupérer leurs bagages, le petit Victor s’exclama :
- « Regardez ! Mon sac est déjà là !
- Le mien aussi ! », applaudit Ali.
« Efficace, avec ça ! », pensa Patrick, tout en regardant Victor courir partout, tel un furet. Tendrement, il se remémora sa première rencontre avec ce garçon âgé maintenant de 12 ans. Il y avait cinq ans. Déjà.

Ce jour là, Victor et ses parents pénétrèrent timidement dans l’établissement, juste avant que l’entraînement général ne débute. Patrick, déjà vêtu de son dobok, les accueillit. Il remarqua tout de suite le manque d’assurance des deux adultes qui se reflétait également chez le petit blondinet, agrippé à la main de sa mère, l’air déterminé à ne pas vouloir la lâcher, même en échange de tous les bonbons du monde ! Patrick s’évertua à les mettre à l’aise et chercha à comprendre quelles étaient les motivations des parents. Ceux-ci expliquèrent, hésitants, que leur petit garçon était d’une timidité maladive, qu’il n’osait jamais s’exprimer librement, que ce soit à la maison ou à l’école. De fait, il avait peu ou pas d’amis et il passait le plus clair de son temps, seul, lisant des tonnes de livres de son âge. Un ami leur avait conseillé de l’inscrire à un club d’arts martiaux, quel qu’il soit, afin de lui permettre de développer une certaine confiance en soi qui lui faisait manifestement défaut. Patrick avait déjà eu affaire à ce genre de cas. Il avait su, à force de patience et de psychologie, faire ressortir les points forts de ces enfants et leur démontrer qu’ils ne devaient pas craindre de les mettre en valeur. Ainsi, au cours des années, Victor s’était complètement transformé. Il était devenu un préadolescent sûr de lui et de ses possibilités, n’hésitant plus à exprimer ses émotions. Malgré son jeune âge, il adorait assister les entraîneurs des tout petits et prenait plaisir à l’instruction. Patrick lui avait donné cette responsabilité, sachant pertinemment que cela permettrait à Victor de continuer à s’épanouir. « C’est en enseignant qu’on apprend le mieux. » répétait-il à ses ceintures noires pour les convaincre d’aider les entraîneurs. Et, en effet, Victor avait beaucoup appris. Sur lui-même. La participation au tournoi de jeunes pratiquants comme Victot faisait aussi partie de la stratégie de Patrick. Il s’avéra que l’enfant était naturellement doté des qualités physiques requises par le taekwondo. Le travail technique qu’il avait accumulé au cours de ces années d’entraînement lui permettait de figurer parmi les meilleurs combattants de sa catégorie d’âge. Ses résultats en tournois, accompagnés des félicitations de son mentor ainsi que de l’admiration de ses camarades, n’avaient pas manqué de le convaincre qu’il pouvait réussir dans ce qu’il entreprenait. Mais, le plus étonnant pour Patrick était de constater l’évolution simultanée des parents de Victor. Ceux-ci étaient devenus plus affirmatifs, beaucoup moins timides dans leurs échanges avec lui, moins craintifs en apparence. « Et ils ne pratiquent aucun art martial, eux… Trois transformations pour le prix d’une ! Non seulement Victor a changé mais il a aussi, et sans le savoir, influencé ses propres parents… », s’amusa-t-il intérieurement.

Quant à Ali, le problème avait été tout autre. Ses parents, issus de la troisième génération d’immigrés, avaient réussi à percer ce mur invisible dressé par la société à cause de leurs origines. Ils étaient jeunes, formaient un beau couple et respiraient le bonheur. Lui était cadre dans une compagnie d’assurances et elle dispensait des cours d’informatique pour le compte d’un organisme de formation professionnelle. A la naissance d’Ali, un an après leur mariage, ils furent fous de joie et tous les membres de leurs grandes familles, de Paris à Oran, devinrent hystériques. « Un cadeau d’Allah ! » avait proclamé un oncle d’Oran, toujours volubile. Le grand père d’Ali n’avait pas hésité, déclenchant le courroux de son épouse, à déclarer à son rejeton : « Tu as toujours été ma plus grande fierté, mon enfant. Maintenant, avec la naissance de ton propre fils, je sais que jamais je ne pourrai être plus heureux. Alors, si Dieu veut que je meure maintenant, je suis d’accord ! »

Au fil des mois, puis des années, les géniteurs comblés s’aperçurent que quelque chose clochait chez Ali. Dans son comportement, très agité, souvent impulsif ; à l’école, où il avait énormément de mal à suivre. Ses parents s’en inquiétèrent très vite et consultèrent un généraliste. Celui-ci, après examen de l’enfant, pronostiqua un TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention Hyperactivité) et demanda aux parents de voir un spécialiste afin de confirmer la découverte et, surtout d’en définir le degré. Ce qu’ils firent. Et ils apprirent que leur enfant était, en effet, atteint du TDAH, à un degré élevé. Mais le spécialiste se montra rassurant car le problème avait été détecté assez tôt et il proposa un programme spécifique pour Ali, à base d’homéopathie (il était contre les médicaments, qu’il considérait trop invasifs pour un enfant de 6 ans) et d’approche psychosociale. « Mais le plus important pour Ali reste l’amour que vous lui portez et votre soutien sans faille. », avait prévenu le professeur. Justement, de l’amour, pour leur enfant, ils en avaient à revendre ; de même que toute leur famille ! Aussi, loin d’être abattus, soulagés, même, de pouvoir mettre un nom sur le problème, les parents d’Ali étaient plus que déterminés à aider leur fils. Lorsque la maîtresse d’Ali fut mise au courant du trouble de son élève, elle recommanda à sa mère de l’inscrire au club de taekwondo de Patrick Brun, leur assurant que cela pourrait grandement contribuer à l’amélioration de leur fils. Prudents, les parents demandèrent conseil au spécialiste qui ratifia cette suggestion : « Pratiquer un sport, qui plus est un art martial, est une excellente démarche dans le cas du petit Ali. En effet, pour lui, apprendre en étant assis derrière un pupitre est un vrai calvaire. S’il peut apprendre tout en déversant son trop plein d’énergie, il aura moins de difficultés à garder son attention. Un art martial offre, en plus, un cadre très structuré, basé sur des règles et des codes précis que personne ne peut enfreindre, y compris un enfant atteint de TDAH. Aussi, Ali apprendra plus facilement les conséquences de ses débordements éventuels et, inconsciemment, ajustera son comportement en fonction. »

C’est ainsi que Patrick reçut Ali au sein de son club et participa – non sans mal – aux progrès lents mais incontestables de l’enfant. Aujourd’hui, Ali avait 18 ans. Patrick le regardait récupérer son sac et aider Mathilde à en faire autant. Grand, musclé, souple : un corps de félin. Calme, souriant, confiant, patient, toujours à l’écoute : un grand frère à qui on veut confier toutes ses peines ; vers qui on se tourne pour partager ses joies ; quelqu’un dont on veut gagner l’amitié, à jamais. « Où es-tu passé, petit Ali de 6 ans ? », s’interrogea Patrick. « Tu nous as fait souffrir, mes entraîneurs et moi. Tu nous as tournés en bourriques tant de fois. Tu étais insaisissable. Tes camarades d’entraînement te détestaient car tu étais différent. Tu étais incapable de reproduire une poomse correctement… Et, petit à petit, tu as laissé la place à quelqu’un qui est finalement devenu ce jeune homme : un instructeur occasionnel adoré par ses étudiants. Un champion de taekwondo. Et, pour couronner le tout, un brillant étudiant qui finit sa deuxième année de médecine. Alors, c’est avec plaisir que je te dis : « Adieu, petit Ali de 6 ans… Et je suis content que tu aies laissé ta place à cet Ali de 18 ans, promis à un brillant avenir. Le joyau de sa famille, si aimante… » .
Jeu 12 Nov 2009, 12:07 par Arthis sur Mille choses

Pastiche d'un extrait de la comédie humaine de balzac

Je vais vous raconter l’histoire d’un personnage que vous ne pouvez pas imaginer. Il s’agit d’un Maître. Saisirez-vous bien ce visage rayonnant et souriant, à laquelle je me permets de donner le nom de face hors-norme, il ressemblait un œil de tigre truffé? Les cheveux de ce Maître étaient bouclés, aucunement brossés et d’un noir roussi. Les courbes de son visage, sérieux autant que celui d’un révolutionnaire, paraissaient avoir été coulé en cuivre.

Bruns Foncés comme ceux d’une chouette, ses yeux en amande avaient de fins cils et étaient habitués aux différences nuances de la lumière ; mais l’ombre de son béret d’Angleterre le protégeait du soleil. Son nez arrondi était si brillants que vous l’eussiez comparé à une pépite. Il avait les lèvres fines de ces savants arabes et scribes égyptiens sculptés par des chercheurs de vérité. Cet homme articulait extrêmement bien, d’un ton enchanteur et savait relativement gérer le stress.

Son âge était un mystère : on ne pouvait rien deviner s’il était âgé comme patriarche, ou s’il avait toujours vingt ans. Tout était authentique et précieux dans sa chambre, pareille depuis le globe de notre planète sur son bureau jusqu’à la peau de mouton au pied du lit, aux lumineuses clairières de ces vieux bois qui laissent le soleil éclairer la majestueuse végétation. En hiver, le vieux radiateur électrique, allumé seulement le soir, donnait un peu de chaleur suffisante à rejoindre Morphée. Ses activités journalières, depuis l’ouverture de ses yeux jusqu’à ces cônes de marie-jeanne le soir, étaient à la merci du hasard. C’était en quelque sorte un homme heureux que la terre guidait. Si vous souriez à un inconnu cheminant dans la rue, il vous sourit et continue sa route, cet homme souriait toujours à ses semblables et repartait à l’improviste de son instincts, afin de ne jamais trop s’attarder dans un endroit. A l’imitation, d’un guerrier de la lumière, il dégageait une chaleur humaine et avait des pensées positives pour tous ses frères terriens.

Aussi sa vie s’écoulait-elle sans faire plus de remoud qu’un ruisseau de campagne. Souvent ses sujets se repentaient au début, désapprouvaient puis après il se passait un moment unique, comme dans un confessionnal où le curé ordonne le nombre de prières à exécuter. Vers le soir le Maître devenait un philosophe et ses instruments de dressage se métamorphosaient en des pièces de collection. S’il avait bien fait respecter les contrats, il se lavait les mains en laissant apparaître par la bouche ovale de son visage toutes ses dents, car il est difficile d’exprimer autrement le joli sourire de ses lèvres, où se dessinait une sensation comparable au rire joyeux d’un moine tibétain. Enfin, dans ses mauvais jours, sa conversation restait très fluide, et sa contenance était toujours positive. Tel était le voisin que le hasard m’avait donné dans le manoir que j’habitais, rue des Bouchers, quand je n’étais encore qu’un apprenti bibliothécaire et que j’achevais ma dernière années en sciences de l’information documentaire.

Ce manoir, qui a un grand jardin, est sec et lumineux. Les pièces y tirent la lumière de Jean-Rosset. La construction archaïque qui divise le bâtiment en chambre d’inégale grandeur, en ne leur laissant d’autre issue qu’un grand hall polygone éclairé par des bougeoirs à cinq branches, annonce que le manoir a jadis appartenu à une société secrète. A ce joyeux aspect, la peur d’un futur esclave expirait avant qu’il n’entrât chez mon voisin : son manoir et ce qu’il dégageait de lui se ressemblaient. Le seul être avec qui il communiquait, socialement parlant était moi ; il venait me demander des renseignements, m’empruntait un disque, une revue, et me permettait le soir d’entrer dans sa chambre, où nous philosophions quand nous étions dans un état second. Ces marques de confiance étaient le fruit d’un voisinage de quatre années et de ma sage discrétion,. qui faute d’argent me permettait de loger ici. Était-il violent ou calme? Personne n’aurait pu répondre à ses questions. Je ne voyais jamais d’objet de soumission chez lui.

Son artillerie de Maître se trouvait sans doutes dans les catacombes du manoir. Il fabriquait lui-même ses équipements en courant dans Lausanne d’un pas sur comme ceux d’un mujadhins. Un jour par hasard, il transportait un lot d’objet acquis dans une brocante ; une cravache se fit jour, on ne sait comment, à travers son sac à dos militaire , un voisin qui le suivait dans la rue ramassa la cravache et la lui présenta. « Cela ne m’appartient pas, répondit-il avec un geste de surprise. A moi un objet pour dresser les bêtes. Vivrai-je ici si j’avais des chevaux? » Le matin, il préparait son thé noir sur la cuisinière de la salle commune du manoir ; une femme de l’habitation lui apportait à dîner. Une soubrette de l’étage du bas montait à heure fixe pour nettoyer sa chambre.

Enfin, par une idée qui me traverse l’esprit, cet homme se nommait Bambüsbar. Quand plus tard je lisais ses cahiers personnels, j’appris qu’au moment où nous nous connûmes, il avait environ cinquante ans. Il était né vers 1950, dans la campagne vaudoise, d’une espagnole d’origine arabe et d’un allemand de l’est, et se nommait Marco-Severino Von Bambüsbar. Vous savez combien la presse vaudoise s’occupa de l’opération d’un travesti nommé esclave odine? Quand j’en parlais, par hasard à mon ancien voisin, il me dit, dans un air triompheur et très fiers : « C’est ma première soumise. »

Cette parole fut tout ce que lui exprima le travestissement de son premier et fidèle soumis, un panaméen devenu femme. Ses notes m’apprirent qu’esclave odine était en effet une réfugiée qu’il avait recueillie. Lorsque je lui demandais par quelle bizarrerie son premier esclave portait ce nom : «  Étant le premier, je l’ai baptisé avec un nom féminin ancien » me répondit-il avec clarté. Ce Maître hors-norme avait toujours baptisé tous ses esclaves afin de leur offrir une nouvelle identité avec laquelle il n’appartenait plus qu’à Maître Bambüsbar. Il fabriquait des esclaves et ne pensait pas que sa domination pût être perfectionnée par d’autres que lui, même après son dressage.


Jeaneck, mars 2008
Ven 28 Août 2009, 19:04 par Jeaneck sur L'amour en vrac

Une réponse en poème

Merci Stéphane de ta réponse et du compliment. Il parait que je suis sympathique!lol

J’ai envie de te répondre en poème improvisé sur le vif au réveil, peu dormi cette nuit...Ma tête agitée en tous sens.
Tes mots je les connais bien, cette solitude qui pèse, ce besoin de partage, de trouver son alter-ego, celui ou celle qui comprendra notre intériorité, même si toujours une partie de nous lui échappe. Celui ou celle qui saura faire avec notre sensibilité.

Cela commençait ainsi :

Peut-on s’entraider?
Oui, pourquoi pas, qui sait?
Peut-être trouverons-nous ensembles
Les clefs de notre future félicité?

J’ai le cœur amoureux
Rapiécé, brisé
En milles morceaux
Je me suis brulée
Au jeu de la passion

L’homme qui m’avait
Dérobé mon cœur
Il y a plus d’un an de cela
A décidé de le laisser choir
Un beau matin d’octobre
Il y a peu...

Le pauvre cœur a bien saigné
S’est senti abandonné...
Des larmes ont été versées,
Des cris de douleur étouffés
Mais je me suis accrochée
Peu à peu j’ai recommencé
A respirer
Je suis remontée à la surface
J’ai recouvré mon espace

Mais l’homme en question
Est venu quémander
Il y a quelques heures
Par message interposé
Puisqu’il vit dans une autre cité
Les restes de mon cœur laminé
Par ses mots remplis de cruauté
Par, après tant d’amour,
Son, sans appel, rejet

Et moi, pauvre de moi
J’ai imaginé, espéré
Mon cœur s’est mis à batifoler
Agiter ses petites ailes désespérées


Mais l’espoir a été de courte durée
Car très vite l’homme s’est avéré
Fidèle à lui-même
Distillant sa haine
Refusant de regarder
Le poids de sa méchanceté
Passée...
Il faut dire que je suis bien mal tombé
C’était un homme intéressé
Pas tant par l’argent,
C’était un peu plus compliqué
Mais je ne vais pas me lancer
Dans les détails de sa cupidité
En tous les cas j’ai tiré le mauvais numéro
Jamais eu de chance à la loterie!
Il a failli me faire devenir Caliméro
Trouver ce monde « trop injuste »
Je me suis sentie si meurtrie...

Pour un homme amoureux
Dit-il...
Voulant me reconquérir
Il ne lui aura fallu qu’une demi-heure
Pour qu’il décide de nouveau de m’abandonner
Non content de surcroit de me culpabiliser!
Tellement de mensonges dans sa bouche
De situations embrouillées, louches
Bref, de lui je veux définitivement me détourner
Car il a l’âme et le cœur vil
Il ne sait que me détruire

Heureusement pour moi
J’ai cette foi en la Vie
Qui fait que je m’accroche aux petits bonheur
Un sourire, un mot gentil
Me remplissent le cœur

Tellement d’amour à donner,
A partager...
Mais je vais m’en garder
Un peu quelques temps
Jalousement, égoïstement
Le temps que mes ailes repoussent
Totalement
Le temps de réapprendre à voler
Le temps d’oser de nouveau s’élancer
Prendre le temps de soigner mes blessures
Parce qu’au prochain amour
Je veux pouvoir aller vers l’Autre
Le cœur débarrassé
De cette douleur, cette déception
Etre plus sûre de moi et des raisons
Qui m’amèneraient à écrire : « nous »

Chez moi, dans mon intériorité
Cesser d’aimer
C’est me demander d’abandonner
Une partie de moi-même
C’est douloureux à chaque fois
Comme un réveil post-opératoire
Où l’on se sent différente, un peu groggy
Endeuillée, mais grandie...
Remplie d’un nouveau savoir

Je voudrais tant distinguer et reconnaitre
Celui par qui je serai liée
Pour l’éternité
Chaque fois j’y crois
Je prépare mon envol
Me déploie
Mais l’atterrissage
Me terrasse sur le carrelage
J’échoue sur un sol
Froid et inaccueillant
Et dans mon cœur : le néant
Fin du voyage...

Mais peu à peu la vie reprend ses droits
Le hasard ou l’héritage? M’a doté
Par chance
D’une bonne vitalité
C’est ma bonne étoile
Ma petite fée
Ce don magnifique d’aimer
La Nature, les Etres Humains
Je l’ai viscéralement vissé
A ma personnalité
C’est ce qui me sauve
Me fait remonter
Et tendre de nouveau la main
Armée d’espérance
Hissant les voiles
Vers un nouveau destin


Trouver cet équilibre fragile
Entre nos espoirs intérieurs
Et cet Autre que l’on rencontre
Avec sa propre histoire
Ses joies, ses peines,
Ses renoncements
Et les nôtres
Réussir, quelle gageüre!
A les faire converger
Avec bonheur
Tout en respectant
Un bout de jardin secret
Tel est pour moi le défi
A relever
Pour ces quelques prochaines années...


Voilà! je n’ai peut-être pas vraiment répondu à tes questions? même si il y a quelques réponses dans ce texte. si tu veux j’essaierai de le faire dans un autre message. Mais j’avais envie de partager mes mots ici ce matin.
au plaisir de te lire et d’échanger avec toi. Bon courage à toi stéphane!

Sophy
Mer 28 Nov 2007, 07:55 par Sophy sur Histoires d'amour

Le facteur.

Le facteur.

Notre facteur, c’est le plus gentil des facteurs.
Toujours à l’heure, ou presque, je l’entends venir car il n’oublie pas
de faire résonner sa sonnette après le grand virage pour que je puisse
aller à sa rencontre. C’est un code secret entre nous deux, sauf qu’un jour,
il m’a dit qu’il faisait la même chose dès qu’il y avait des enfants.
Si vous voulez suivre notre facteur, écoutez sa sonnette, il sera là.
Il est très gentil car il présente toujours les lettres agréables en premier
et cache en dessous les factures. Il dit qu’il n’aime pas distribuer les factures.
Parfois, quand j’ai une lettre pour mon copain Philippe qui habite en haut de la côte,
il le lui remet sans le timbre. C’est un autre secret entre nous. Il ne faut pas le répéter.
Alors, pour le remercier je lui donne des pommes et des poires du jardin, parfois des radis,
des carottes et il met tout çà dans ses grandes sacoches.
Ce qu’il aime le plus, c’est quand je cueille des fleurs sur les talus et que je les dépose
aux endroits convenus sur le bord de son chemin. Il les ramène à sa femme qui est très
contente et comprend son retard pour les ramasser toutes.
En fait, le facteur est avec mon père en train de boire un p’tit coup !
Dame, après toutes les côtes, il faut bien un petit remontant.
Le chef de notre facteur n’a jamais fait le parcours en vélo et il ne peut pas s’en rendre compte.
La semaine dernière, mon père voulait donner un chaton à la voisine qui habite deux côtes
plus loin. Hé bien, c’est notre facteur qui l’a pris dans les sacoches de son vélo.
Quand je vous disais que notre facteur, c’est le plus gentil des facteurs !
Un jour, je lui ai dit que j’étais toujours heureux de le voir mais que j’étais quand même triste
parce que je ne recevais jamais de lettres.
Le lendemain, il brandissait une carte postale en ne tenant son guidon d’une seule main !
Une carte postale pour toi, une carte postale pour toi !...
Fébrile, je regardais l’objet de tous mes désirs : c’était mon facteur qui m’avait écrit !
Avec un timbre, s’il vous plaît, et oblitéré par lui-même, sûrement !
Ce jour là, je décidais que je serai toujours fidèle à mon facteur.
Et, cette promesse-là, je l’ai toujours tenue.
Hélas, un jour, le facteur est venu sans son vélo mais une 2CV.
Il était très gêné, sans savoir s’il devait être fier ou pas.
Il n’y avait plus de sonnette mais un klaxon. Pourquoi faire ?
Sa tournée avait plus que doublé et il se rendait bien compte que s’il voulait
être à l’heure à la fin de la tournée, c’est tout juste s’il avait le temps de sortir
de sa 2CV pour mettre les lettres dans la boîte. Parce que nous, nous étions obligés
d’avoir une boîte, alors qu’avant, le facteur rentrait toujours dans la cuisine,
sans son vélo, mais parfois on se demandait si le vélo n’allait pas rentrer tout seul.
Pour les pommes, les poires, les radis et les carottes, c’était plus pratique, mais encore
fallait-il qu’il ait le temps de s’arrêter. Mon père n’était pas très content de perdre
une occasion de boire un p’tit coup.
Nous avons toujours notre facteur, mais nous ne nous faisons plus qu’un petit signe
par-dessus la haie.
Notre facteur à vélo, fait partie de la grande chaîne des hommes qui relient les hommes.
Beaucoup mieux encore que les agents de l’EDF qui sont obligés de monter sur leur poteaux
pour le dire. Notre facteur, il descend juste de son vélo et on cause.
Et savez-vous de quoi on cause avec mon facteur à vélo ? Du tour de France, pardi !
Il le fait plusieurs fois, son Tour de France, avec sa tournée en vélo.
Et les côtes, il connaît !
Facteur, c’est le meilleur entraînement pour le Tour de France.
Tandis qu’en 2CV, çà ne joue pas !
Lun 06 Août 2007, 11:43 par Xavier Huon sur Mille choses

Ah si vous pouviez dire à Ying de rester Ying...

Ah si vous pouviez dire à Ying de rester Ying,
le Yang que je suis serait très satisfait.
Actuellement Ying veut dire en français :
"Mante religieuse". C’est cruel.
Il me semble avoir eu le soutien de mon camarade
d’épreuve, Loyd.
Ying a bien changé, tandis que Yang est resté fidèle
à lui-même.
Ying qui roule n’amasse plus mousse.
Pourtant la vie serait belle à jouer Ying/Yang sur la mousse.
Pouvez-vous dire à Ying de rester Ying ?
Sam 28 Juil 2007, 22:47 par Xavier Huon sur Citations
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Ecrire sur luimême

Ecrire sur luimême L'amour véritable: magnifique!!!, Des vies à deux, Infinis, Dans un monde parfait, je t'écrirai ceci ..., Un sourire divin ?, Un nounours : signe d'amitié, La boulangerie..., Le cockpit d'un airbus..., Lettre à magali, Quand les mots se perdent..., Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie), Pastiche d'un extrait de la comédie humaine de balzac, Une réponse en poème, Le facteur., Ah si vous pouviez dire à Ying de rester Ying...,
Il y a 43 textes utilisant le mot luimême. Ces pages présentent les textes correspondant.

Bonne lecture !

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