L'unique

Une fois de plus nous entrons en conflit joli prince...

Mes propos ne traduisaient pas de l’amertume, qui suggéreraient que je garde une certaine colère. Or, point de colère, juste une déception, un regret. Le regret que l’écoute qu’il pouvait montrer, il ait fini par ne plus se l’accorder qu’à lui, que les soins qu’il pouvait prodiguer, il se les prodigua finalement à lui, et ainsi de suite. Je n’ai aucune rencoeur contre lui, à la limite je pourrais le plaindre. Le plaindre de passer à côté de tant de choses, et bien souvent à côté de lui même quand la carte du paraître prend la place du soi profond. De tels comportements, chez un homme, une femme, moi, et peut-être toi aussi, sont souvent liés à l’impression que l’on veut donner de soi aux autres. Non pas réellement à celui que l’on veut séduire, mais au "monde". Il est bien, MAIS ce n’est pas moi qui suis séduite, c’est lui. Je me sens bien avec lui, MAIS il ne peut se passer de moi. Tentant de cacher toutes nos faiblesses, de garder des remparts, de prévenir toutes souffrances avant même qu’elles ne se présentent.


Bien evidemment, et je te soupçonne de me provoquer, je ne pouvais pas ne pas réagir sur la séduction chasse... c’est cela la qui laisse cette amertume dont tu parles. Celle où il y a forcément un perdant et un gagnant, comme dans tout jeu, un gibier qui sera mis à mort, comme dans toute chasse, un trophée accroché quelque part. Je te laisse ce type de séduction, et espère que tu ne seras jamais la proie d’un de tes semblables alors. La séduction est un art, parce qu’elle ne doit comporter que des choses jolies, parce que chaque nouvelle séduction débouche sur une nouveauté, une nouvelle découverte. Elle ne doit laisser personne étendu sur le sol après son passage, juste quelques belles images, quelques tendres souvenirs qui embellissent deux vies. Aucun de mes amants, aucun de mes amours ne pourra me reprocher d’avoir joué un jeu avec lui. Je les ai tous aimés, passionément, pour 1h seulement pour 10 ans . Je les aime encore d’une certaine façon, même celui qui ne sait plus écouter, qui ne sait plus m’émouvoir, qui ne sait plus me faire rêver.

Cette séduction que tu décris, tout le monde peut effectivement la pratiquer, des plus stupides aux plus intelligents, même si je doute de l’intelligence réelle de ses adeptes. Tu ne comprends pas plus comment j’aime que d’autres devant qui tu as un jour pris ma défense. Il aurait fallu que je fasse de toi mon amant, que tu vois qu’en quelques heures, on peut donner plus de douceur qu’en une vie entière, même uniquement à travers un seul baiser, un seul regard.

Si je les avais "chasser" comme tu sembles faire, sans doute que lorsque nous nous rencontrons, je ne pourrais pas lire en eux tous ces instants uniques qui n’appartiennent qu’à nous, que je ne reproduirai sur aucun autre tableau, que je ne regarderai jamais avec ces mêmes yeux.

Me comprends-tu maintenant?
Mar 31 Août 2004, 11:45 par la marquise de sade sur La séduction

Séduire

Quelle amertume? Je n’ai aucune amertume sur les hommes que j’ai aimés ou qui m’ont aimée. Parfois un regard attendri, d’autres fois amusé, à certains moments quelques regrets. Mais jamais d’amertume. Si un jour ils m’ont plus, si un jour ils m’ont fait vibrer, c’est que quelque part il y avait quelque chose en eux... quelque chose qu’il avait inventé pour l’occasion, pour me séduire, pour se plaire à eux aussi sans doute. Je regrette qu’ils n’aient pas entretenu ce quelque chose, qu’ils n’aient pas su le préserver, ou peut-être moi le faire durer.

Ils se fardent de qualités comme nous nous fardons de poudre. A la différence qu’au réveil notre maquillage a disparu, et que certains gardent encore leur masque. Peut-être que ce qui est en dessous est trop laid à montrer, peut-être qu’ils manquent de confiance en eux, sans doute nous connaissent-ils mal et nous inventent des exigences que nous n’avions pas...

Dans l’amour, le plus beau moment est celui de la séduction. Non pas celui où nous nous fardons, cachés derrière de jolies voitures, de gros salaires, des dessous affriolants ou des séances d’esthéticienne, mais celui où peu à peu, nous nous effeuillons, laissant apparaitre l’émotion qui nous envahit, la douceur qui nous habite, la fragilité qui nous possède, la passion qui nous obsède. Quand tout cela disparait, il reste la possession, l’appartenance, la jalousie, les revendications, les attentes, les devoirs, les obligations. Tout ce qui fait qu’on devient laid, qu’on oublie que rien n’est jamais acquis, qu’aimer c’est bien plus dur qu’on ne le pense...

La première séduction est la plus simple, séduire au-delà du temps est un véritable art. Une oeuvre d’une vie entière, séduire une seule personne ou en séduire tant de différentes, peu importe, la beauté du tableau se verra sur les années où vous aurez séduits. Sur les amants qui deviennent des amis, les amis qui deviennent des amants, les amants-amis qui restent des amours.

Et s’il reste de l’amertume... c’est que vous n’avez pas été séduit, ou que vous-même n’avez jamais plu... c’est que pour vous, ce n’est qu’un jeu, et que vous êtes mauvais joueur.
Mar 31 Août 2004, 09:51 par la marquise de sade sur La séduction

Promenade.

Quel délice de l’accompagner dans ses balades estivales chaque matin. Un vrai régal. Elle ne marche pas, elle vole. Son corps si menu, ses mains si fines, ses lèvres fraîches et tendres sont la representation même de la perfection.
Aujourd’hui, elle a envie de parcourir les rues pavées de l’ancienne ville. Elle s’est vêtue d’une petite robe légère qui lui fait une seconde peau quand le vent frippon la colle contre son corps. Par une de ses courbes, pas un seul de ses muscles ne peut échapper au regard. En cette fin de matinée, une bise légère nous accompagne. De temps à autre, elle se glisse entre ses cuisses, remonte doucement et soulève un pan de sa robe, décachant ses jambes café au lait. A d’autres instants, c’est à son décolleté qu’elle s’attaque, écartant le tissu qui repose sur ses petits seins en pomme.
J’aimerais tant qu’elle me serre dans ses bras, qu’elle me tienne au chaud contre ses seins ronds et moelleux, qu’elle me laisse humer son parfum, gouter son cou... elle se laisse faire. Quand ma langue passe sous son menton, ça la fait sourire, je la chatouille me dit-elle.

Allez, j’utilise les grands moyens! Je me fige, je ne veux plus avancer, pas tant que je n’aurais pas senti la chaleur de ses mains sur moi!
Elle se baisse, passe ses doigts entre mes oreilles, me sourit, elle a compris.
"Petit polisson, tu ne veux plus te promener? Je vais devoir te porter jusqu’à la maison? Aurais-tu envie de te faire cajoler ?"
Elle comprend toujours ce que je veux, elle a du être chien dans une autre vie.

Ils ont tous la langue aussi longue que la mienne... il faut dire que penchée sur moi pour me caresser, le spectacle de la naissance de ses seins n’étaient pas qu’un plaisir pour moi! Aucun passant n’avait manqué ce délice, ni les clients du bistrot face à nous d’ailleurs. Aucun des clients du bar derrière non plus. Tous avaient vu le temps s’arreter quelques secondes, contemplant ce morceau d’eden qui se déployait devant eux.
Elle me prit à bout de bras, me serra contre sa poitrine parfumée à la rose, j’y passai ma langue légèrement, elle rigola. Elle était heureuse, j’étais au paradis, ils étaient sans voix.
Jeu 26 Août 2004, 20:49 par la marquise de sade sur Exercices de style

Que restera-t-il...

Que restera-t-il de vous mes amis virtuels
Quand le temps sera passé
Que nos conversations se seront espacées?
Oublierons-nous nos discussions délicates
Qui tournaient en fous rire complices
Ou nous emportaient au pays des délices?

Les amis trouvés au détour d’un clic
Restent-ils comme ceux que nous avions enfant
Ou disparaissent-ils au fil du temps?
Que restera-t-il de nos amours passées
S’envoleront-elles de nos mémoires
Pour ne laisser que du desespoir?

Vous qui peuplez mes jours ou mes rêves
Qui partagez mes peines et mes envies
Serez-vous toujours ici?
Dans vingt ans que sera-t-il advenu
De ces bouts de vies que nous aurons partagés
En virtuel, en vrai?

Continuerons-nous, décrépis
A refaire le monde et à nous écrire
A chanter, espérer et rire?
Echangerons-nous encore les polaroïdes
Histoires de vacances et découvertes
Photos des petits-enfants sur l’herbe verte?




Que restera-t-il de vous mes amis virtuels
Ces amis trouvés au détour d’un clic
Vous qui peuplez mes jours ou mes rêves
Continuerons-nous, décrépis
Tiendrons-nous nos promesses de toujours être amis...

... Ou nous éteindrons-nous d’un bouton de souris...
Mar 17 Août 2004, 21:28 par la marquise de sade sur Amour internet

Ciel_ayant_trouvé_une_étoile

...Flash back...


30 juillet 2003 - Bruxelles.

Nous avions imaginé ce rendez-vous des dizaines de fois. Se racontant notre premier regard, notre première parole, notre premier baiser. Tu imaginais bien plus que moi. Je ne voulais pas penser que tout ça pourrait se réaliser.
Je suis descendue du train, un peu perdue dans cette gare, te cherchant dans tous les passants. Remisant sans cesse mes cheveux, defroissant mon pantalon de ce long voyage en train, cherchant mon souffle, rassemblant mes pensées dans mon esprit euphorique.

Je t’ai appelé...
- Où es-tu? Viens me chercher, je traverse le pont, je prends les escaliers..
- Je suis là. Je t’attends, je descends les escaliers, je traverse le pont...

Nous nous sommes retrouvés face à face, téléphone en main, à nous y parler. Un peu coincés, ne sachant que faire, nous avons raccroché. Tu m’as prise dans tes bras, enlacée et embrassée. Je n’ai pas réfléchi si ça se faisait d’embrasser un inconnu comme ça à pleine bouche. Nous avions tant partagé, tant d’heures et de complicité.
Tu m’as emmené chez toi, nous avons peu parlé, nos baisers se sont transformés en caresses plus prononcées. Nous rattrapions les heures de frustration et de désir. Tu m’as fait visiter ta ville, dans mon pays qui t’a adopté, tu es Français. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup rêvé. Les fous rire, les instants tendres, les ballades, les marchés, les petits déjeuners, les larmes aussi, quand je suis repartie au bout de 3 jours.

Trois jours dans une autre galaxie, trois jours qui m’ont ramené à la vie.



30 juillet 2004.

Un an que je revis, profitant chaque jour de ce que je suis. De ce que j’étais et que tu as ranimé, ressucité. Oubliant le masque que je portais, déchirant le voile qui m’obstruait la vue, tu m’as accompagnée dans mes combats, tu m’as rassurée dans ma nuit noire, tu as ouvert les portes de ma cage et m’a laissé m’envoler. Tu veilles toujours sur moi, écoutant mes chagrins, rigolant de mes folies, me conseillant quand je doute.
Nous nous revoyons . Dans nos yeux reste un petit doute, un souvenir de ces quelques jours ensembles, de ces milliers d’heures au téléphone à contempler chacun de notre ville cette même lune qui nous veillait, de ces centaines de mp qui nous ont fait nous découvrir et nous aimer...


La Marquise.... Une_étoile_perdue_dans_la_nuit
Ven 30 Juil 2004, 17:25 par la marquise de sade sur Amour internet

Chemin des âmes...

...Petit bonbon...
Nous débutons
Doucement, quelques mots fragiles
Lentement, quelques pensées futiles
Gauchement, quelques phrases mutines

...Fleur bleue...
Nous écrivons mieux
Consciencieusement, quelques mots bien choisis
Librement, quelques pensées sur nos vies
Subrepticement, quelques phrases d’envie

...Rivière d’amour...
Nous poursuivons notre parcours
Scientifiquement, quelques mots de concours
Méthodiquement, quelques pensées pour les sourds
, quelques phrases d’au secours

...Torrent de charme...
Nous faisons du vacarme
Innocemment, quelques mots en épigramme
Passionnément, quelques pensées contre les armes
Sciemment, quelques phrases en télégramme


...Mer de bonheur...
Je le reçois avec honneur
Sans doute que mes mots, mes pensées, mes phrases
Distillés passionnément sans emphase
Livrés sans tabou déphasent.
C’est sans prétention, que je débite
Douceur, tendresse, colère, passions qui m’habitent
Quand le soir me viennent des envies subites.
Ven 30 Juil 2004, 16:20 par la marquise de sade sur Un monde parfait

L'amant prodigue

Te revoilà sacripan!

On peut dire que tu m’as fait attendre cette fois... j’ai même cru que je t’avais perdu, à tout jamais...

Je n’étais pas loin. Tu as hésité, je le sais. j’entendais tes pas près de ma porte, je pensais ...

... " Ca y est, il est revenu!
Fais-toi belle, prends l’air indifférente de celle qui savent qu’elles possèdent.
Prends la pose de celles qui viennent de se remplir d’un autre.
Sois magnifique, qu’il t’aime encore
"...

...mais chaque fois, tes pas s’arrêtaient en chemin et tu repartais, sans même avoir frappé à ma porte.

Mais ce soir, tu es là.
Tu es fier et conquérant comme toujours. Tes yeux sont plus fous, ton esprit plus vif, tes mains plus avides, tes lèvres plus assoiffées qu’auparavant.
Entre mon doux ami, mon bel amant, mon fils, mon frère. Entre dans ta demeure, dans mon logis. Reprenons le temps là où nous l’avions arrêté. Reparcourons le monde là où nous nous étions posés. Réinventons l’amour, recrééons l’univers, d’un big, d’un bang. Baisons toute la nuit à perdre haleine, à oublier le goût de leur peau, comme deux salauds, comme deux criminels, comme deux vieux amants.
Je serai ta reine, tu seras mon roi, nous vivrons heureux et n’aurons pas d’enfants.

Je suis ta reine, tu es mon Roi, ... moi qui suis ta compagne la plus aimée de toutes, moi ton âme soeur, moi ton présent, moi ta souffrance, moi ta magnifique, moi ton monde, moi ta Solitude...
Ven 30 Juil 2004, 00:58 par la marquise de sade sur La vie à deux

Le coup de foudre ... Quel est cet émoi

Et oui ... brûlant car qui s’y frotte s’y pique ... Déflagration amoureuse née du hasard (... perso je crois pas au hasard, je pense plutôt qu’il y a les chasseurs et les lapins, mais c’est toute une philosophie ...), le coup de foudre, moment magique si intense et absolument inévitable, se joue le plus souvent en duo, en solo ... Fugace, tenace ???


Quel est cet émoi ?

Certains spécialistes utilisent un vocabulaire du style "réactions chimiques, adrénaline, augmentation du rythme cardiaque, sensation de chaleur ...". Le coup de foudre, nous retiendrons cette invraisemblable hypothèse, est en général physique.

Mais alors, que fait-on du coup de foudre via Internet ... Echanges calfeutrés devant ordinateurs interposés, lumières douces et tamisés, musique de fonds ... Bon, évidemment cela ne peut être forcément réciproque ... Mais là, phénomène étrange, on n’est plus à deux ou en solo, on peut se la jouer trio ... ??

Enfin, bref, quoiqu’il en soit il ne se passe pas un mois voire une semaine sans que l’on apprenne un nouveau coup de foudre dans la presse people. Serait-ce à la mode ? Et si nous, Intenautes, lancions la mode des e-cf (non pas cf comme confère mais comme coup de foudre), un forum, des discussions et avec l’accord des auteurs, la publication de trois ou quatre échanges bien chauds, pas trop hard (protégeons nos petites têtes blondes);

De nombreux psy et sexologues (là, ça devient pour le coup plus intéressant), pensent que certains personnages de notre enfance jouent un rôle importnat et pourtant l’objet de votre désir ne ressemble ni à papa (maman), ni à oncle Gustave ou Tante Agathe (et heureusement pour nous ...). Nos fulgurances de coeur seraient-elles finalement de simples retrouvailles ?

A vous de nous le dire ... enfin, avec votre permission ...

A sens unique

Le coup de foudre ne vous a pas râté(e), vous l’avez frôlé ... si près qu’il est passé à un cheveu de votre cristallisation ... C’est la passion selon Stendhal. Vous êtes mal barré(e). Préparez une stratégie cheval de troie et infiltrer le bel éphèbe tant convoité ...

A double sens

Sans vouloir jouer les rabats-joie, inconditionnel(le) du coup de foudre, vous ne vous résignez pas à la métamorphose du torrent fougeux de la passion en fleuve paisible de l’amour et vous serez foudroyé(e) en moins de trois ...

C’est pour la vie :

Alors, bienvenue au club très privé de ceux qui ont su passer avec brio les épreuves de la foudre ... Ne soyez pas dupe ... Vous avez bien fini par repérer ses petites particularités (je n’en citerai aucune et vous laisserai ce soin dans vos commentaires, si vous en aviez, car je ne voudrai pas paraître scabreuse). Personne n’est parfait, mais ne jouez pas à la politique de l’autruche : sans vous apesantir sur ses défauts (le tube de dentifrice pas rebouché, sa radinerie, ses commentaires désobligeants sur vos amis, et j’en passe ...). Soyez réaliste et indulgent(e).

clap
Après tout, "ma plus belle histoire d’amour, c’est vous ".
Jeu 29 Juil 2004, 20:27 par ineslaure sur Amour internet

Incidence des échanges virtuels sur les rapports humains

Les études scientifiques récentes tendent à montrer que les rapports amoureux seraient basés, en grande partie, sur des échanges chimiques (phéronomes). Il apparaît au contraire, pour qui utilise internet, qu’il est possible de tomber amoureux d’une personne située à une distance telle qu’elle exclut la proximité physique comme rapport causal.
En soi, c’est plutôt une bonne nouvelle en cela qu’elle différencie définitivement l’homme du reste du règne animal. S’il reste d’actualité le fait qu’une jeune fille, par exemple de type bimbo, se trémoussant devant un de ses congénères mâle, suscitera invariablement chez celui-ci le désir sexuel, à l’instar de la parade amoureuse chez des espèces plus primitives, observable chez la plupart des mammifères mais aussi des insectes ou des oiseaux, il n’en est pas moins vrai que l’homme reste le seul être de la création dont le siège du désir se situe au niveau de l’intellect, et pas seulement de l’affect.
Cette théorie, que rien, a priori, n’empêchait de voir le jour lors des siècles passés, est mise en lumière par l’essor récent des échanges cybernétiques. Le projet Arpanet, développé par le département de la défense américain à la fin des années soixante, et son rejeton civil, internet, mais surtout son appropriation par le grand public au milieu des années quatre-vingt-dix (nonante) dû à la conjonction du développement du langage HTML (web) et de la réduction des coûts de production des puces de silicium (PC à mille euros), a permis à nombre d’utilisateurs (internautes) aux motivations diverses et variées (hasard, comportements inadaptés en société traditionnelle, goût du jeu, vie familiale morne, perversité) de devenir des consommateurs assidus de rencontres virtuelles.
Le principe, simple, consiste à se connecter à un serveur, lequel y trouve son compte en recettes publicitaires et analyse de méta-données comportementales recueillies à faible coût, et de choisir un(e) partenaire afin d’établir un dialogue virtuel. De ce dialogue virtuel s’ensuit , et, chose curieuse, plus souvent que dans les rapports issus de contacts réels, une relation amoureuse.
Cette relation diffère toutefois de la relation classique en cela qu’elle est basée à l’exclusive de tout rapport physique. Du fait de cette orientation purement intellectuelle, il serait aisé de penser que les rapports engendrés sont plus profonds, puisque installés sur des bases plus nobles, tendant à s’approcher de l’idéal de l’amour platonique. Las, la chair étant ce qu’elle est, bien souvent la réalité reprend ses droits, et ce qui aurait pu être une fin idéale devient souvent un moyen comme un autre d’atteindre le rapprochement physique. Chez l’homme comme chez tout animal, le mâle ressent le besoin irrépréssible de pénétrer, et, bien que la femelle se satisfasse souvent de la seule certitude qu’on désire la pénétrer [MH-1991], le coït apparaît in fine comme l’objectif commun.
Passée l’étape de la séduction virtuelle, pour peu que les protagonistes se soient mis d’accord, vient le moment de la rencontre réelle. Des théories [MqS-2004] avancent que cette rencontre ne peut être que source de désillusion, due, pour l’essentiel, à un malentendu lors de la phase précédente (séduction cybernétique), malentendu né de l’idéalisation excessive de l’autre, le virtuel gommant les aspects rédhibitoires du réel.
Certes, les progrès récents en matière de compression de données, d’amélioration technique des réseaux (ADSL et autres hauts débits) permettent de s’approcher tant que faire se peut du contact réel (webcams, cyber sex). Force est de constater cependant qu’aucune solution n’est à ce jour réellement satisfaisante. La rencontre est souvent un échec. La question reste de savoir si la proportion d’échecs pour ce type de rencontres issues du web est comparable à celui de rencontres amoureuses traditionnelles (chez des amis, sur le lieu de travail, au monoprix, en discothèque, ou, pour les ruraux, lors du bal du 14 juillet).
Tout laisse à penser que le dialogue virtuel préalable a déblayé le terrain, et que les sujets de fâcherie évidents (opinions politiques divergentes, avis diamétralements opposés sur Céline Dion ou Johnny) ont été évoqués et ne constitueront pas d’obstacle imprévu. De même, l’échange de photos a atténué l’inattendu potentiel, et, si une mauvaise surprise reste toujours possible (photos truquées, dévoilement de tatouages imprévus et rigolos), l’inverse est aussi vrai (pénis plus grand en vrai que sur la webcam pour les mâles, goût pour le port du string pour les femmes). En ce qui concerne les problèmes apparaissant sur le plus long terme (belle famille envahissante, ronflements, flatulences nocturnes), leur apparition peut être également facteur d’échec, mais il en va de même pour les rencontres classiques: à ce niveau, pas d’élément discriminant de différenciation.
L’ensemble de ces éléments devraient donc donner aux rencontres physiques issues de virtuel un taux de chance de réussite sinon largement supérieur, tout au moins significatif sur les rencontres traditionnelles. L’analyse sociologique de nombreux cas comparés montre pourtant qu’il n’en est rien, car, et c’est là le paradoxe, cet avantage concurrentiel est totalement gommé par l’effet "retour au réel". La concrétisation d’une rencontre virtuelle est en fait le pendant moderne de l’assouvissement d’un fantasme : un fantasme assouvi n’est plus un fantasme. Cet effet "retour au réel" peut être vécu avec fatalisme pour les plus aguerris, ou avec violence et dépression (à l’instar de candidats de télé-réalité à leur sortie du château) pour les plus faibles.


[MH-1991]: Michel Houllebecq Rester Vivant, éditions La Différence, 1991.
[MqS-2004]: Marquise de Sade, correspondance avec l’auteur, 2004

Gavroche. lunettes
Mar 13 Juil 2004, 20:58 par gavroche sur Amour internet

De dures convalescence en repas froid...

Graver sur un bout d’arbre… Les prières de votre havre…
Ecrit à la commissure de vos lèvres… Des paroles sorties de rêves…
Reflétant les histoires de nature… Les arbres se dressent lui faisant mur…

Une seconde encore, elle aurait raccroché… Une minute de plus, elle se serait mise à pleurer… Fallait-il qu’il l’appelle ce jour-là, fallait-il qu’elle soit celle qui le poussa à faire le pas…

Calmement énervée, énervement calmé… Elle l’écoutait, le consolait, le rassurait, sans secret, l’aimait. Elle du lui avouer, au détour d’un jour trop heureux, elle n’eu pu lui cacher plus des paroles qui les aurait transformer en « deux ».

Les licornes, pleine de magie, les fées, sous leurs guenilles, les lutins, par des tours de magie, les elfes, les ondins, musique et strapontins, lyriques pantins…

Elle s’allonge pour respirer, bien trop à l’étroit, elle se déshabilla… De cette main qui l’avait parcouru elle retrace la courbe de ses seins… Encore, provocante, elle se pose face au miroir. Plus fort, suivant la tangente, elle continue. En deux, partage la poire de ces gestes.

Sa jambe, elle remonte,
Quand de sa main, elle perd toute honte…

Son pied, dans le lit, elle plante,
Pour rappeler les esprits qui la hante…

La tête plongée dans les livres,
Les muscles tendus,
Le regard ivre,
La peau tremblante du pendu…

Elle se relève, attrape le téléphone, le regarde, jouant avec l’antenne du bout des doigts…

Le jette sur le mur, un cri de hyène déchire le jour, un hurlement démoniaque fini de lui prendre les tripes…

Un mois qu’elle n’avait de nouvelles… Quelques semaines pour faire naître sa haine… Certains jours, elle attendait réponse… Parfois une seconde, il réapparaissait, la tenaillait…

Ils avaient parcouru les quais à la poursuite d’un livre, s’enfoncèrent sous les portes cochères, laissaient glisser leur pied sous des tables de cafés, se jugeaient habillé, s’imaginant nu batifolant…

Elle l’aimait, il le savait… Il lui manquait, elle s’en doutait…
Elle, mais, lui… Attendra sur les quais…
Il, tait, elle… Patientera à son grès…

Une seconde, il leur fallu… Une minute, après, elle se mit en tête de l’appeler… Fallait-il qu’il se connecte cette fois ci, fallait-il qu’elle soit celle qui du se faire consoler pour une idiotie…

Qu’importe… Elle s’accrochera…

Féminine Icare, elle ne se brûlera les ailes… Méchamment Ariane, elle lui coupera le fil…

Elle devrait attendre, elle serait lui prendre… Qu’il ne lui fasse son petit air… Qu’elle ne prenne pas son air de princesse…

La vengeance est un plat qui se déguste froid… L’amour une blessure qu’elle ne s’infligera pas…
Jeu 08 Juil 2004, 20:10 par Rose sur Amour internet

De longues victoires en dures convalescences...

Il y a de minuscules choses qui font les grandes faiblesses…

Elle n’avait un caractère facile, loin de là, elle le savait depuis longtemps. Depuis le commencement elle avait réussi à l’en préserver, cachant derrière un visage radieux des peurs naissantes, une trouillarde sur patte, voilà comment elle aurait du se qualifier.

Elle attendait depuis quelques jours… Il avait du travail, des amis à voir… Elle attendra encore, se disait-elle… Elle dormait toujours calmement, elle avait simplement un peu plus froid… Elle rêvait encore, les nuits étaient juste un peu plus sombres…

Elle ne comprit pas pourquoi il décida de la protéger ainsi… Les choses étaient claires entre eux, il n’y avait rien pour que puisse naître une relation. Mais, elle se vexa facilement quand il lui expliqua : comment put-il avouer qu’il la protégeait en ne lui disant rien ! Elle vit s’effondrer en elle une confiance naissante, elle lui en voulu, elle lui pardonna en quelques secondes. Il avait peut être raison mais il avait, aussi, forcément tort. Elle lui avait fait promettre de ne plus recommencer ce jeu, elle en souffrirait peut être, et alors…

Ce n’était pas la première fois que le temps lui jouait ce tour. Il l’avait déjà dépecé plus d’une fois, la laissant nue sur le béton de la vie. Mais là, il n’y avait de raisons puisqu’il n’y avait de règles dans ce jeu, du moins pour l’instant… Elle était bien décider à prendre en mains la voiture qui la guiderait sur la route de sa vie…

Bien sur qu’elle lui faisait quelques promesses, bien sur qu’elle se tenait à carreaux devant son assemblée «d’amis», bien sur qu’elle ne jouait pas – encore – avec le feu. Face à cela, il répondait par des sourires, des mots doux, des pensées, des amitiés. Elle était persuadée qu’il avait peur, malgré son grand âge, de sa vision, de ses attentes, de ses envies. Elle serait le rassurer, le bercer chaques nuits, l’attendrir pour une gâterie, et le punir. Elle ne comptait pas changer son caractère, elle pouvait s’adapter mais non se métamorphoser.

Il la faisait sortir de ses gonds quand il ne comprenait pourquoi elle n’exprimait pas sa jalousie. Fallait-il qu’elle le dise clairement pour qu’il le ressente, lui qui pouvait lire dans ses mots comme dans un livre ouvert. Elle en jouerait donc, un peu, juste un peu… vraiment très peu… Juste comme lui, déjà, osait !

Pire faiblesse, son âme timide… Elle s’en doutait et non elle ne s’amusait pas de cela… Au contraire, il la charmait à la confiner dans son rôle de petite fille. Les gestes ne pouvaient s’avérer indécents et, comme un grand frère, il la remettait en place quand elle «dépassait les bornes des limites ».

Souvent elle rêvait d’île déserte et de sable chaud, elle tombait sur la grille, inerte après un mot de trop. Parfois elle sentait monter en elle un désir incalculable, souvent elle prenait sur elle pour ne pas en finir de son air insupportable…

Elle n’osait l’avouer en public mais je le su à son regard, à son sourire, à ses mains qui tremblaient, qu’elle venait de rechuter… Qu’elle venait de s’agenouiller devant le temple aux merveilles… A ce jour, je peux avouer qu’elle est amoureuse…
Mar 15 Juin 2004, 23:38 par Rose sur Amour internet

RTT

Depuis bientôt deux ans que nous nous connaissons, que notre relation s’est approfondie, que l’on a appris à se connaître, il fallait bien que cela arrive. Hier, j’ai décidé de te consacrer une journée de congés, afin que nous soyons enfin en tête à tête, seuls, sans témoins. Non pas que ceux qui nous entourent habituellement nous empêchent de nous aimer au grand jour, mais simplement parce que c’est ainsi, j’en ressentais le besoin.

Dès mon réveil je me faisais une joie de cette journée qui s’annonçait. Ma femme partie travailler, j’ai pu enfin me concentrer sur le programme. Implicitement, il était convenu que l’organisation me revenait. L’organisation, c’est pas mon fort, tu t’en apercevras bien assez tôt.

Je t’ai d’abord amenée prendre un café dans un café. C’est pas original, je l’admets, mais à Paris c’est comme ça. Et puis de toute façon t’as pas pris de café. Tu avais l’air heureuse, tout le monde se retournait sur toi, car je te concède que tu es très jolie. J’étais je l’avoue assez fier des regards qui se tournaient vers toi. Un peu agacé . C’est la rançon de la gloire.

Ensuite, tu as voulu faire les magasins. Juste pour regarder. Tu as voulu entrer quand même, mais juste pour essayer. Tu as essayé, et évidemment tu as voulu acheter. Ton regard énamouré m’a fait craquer. Bien sûr que je t’offre cette robe. grin

Au restaurant, la joie se lisait sur ton visage, tu irradiais comme jamais. En tout cas tu as un sacré appétit. Comment fais-tu pour rester si mince? :ohhh:

Tu as toujours vécu à Paris, pas comme moi. Pourtant tu ne connaissais pas le champ de Mars: on y est allé. Ca manque un peu d’originalité encore une fois mais ça ne semblait pas te préoccuper.
Tu étais d’humeur joyeuse, et moi aussi. Je t’ai proposé de partager une glace, tu as accepté, je m’y attendais. Et puis nos corps se sont rapprochés, tu m’as enlacé, tu m’as embrassé. Ta peau était fruitée, ta bouche était sucrée. Un goût de glace au chocolat. Mais ce baiser je le sentais n’était pas vraiment désintéressé. Mince t’as déjà eu une robe!

Encore une fois j’ai cédé. OK, Je t’offre un tour de manège, mais après on y va. Faut aller récupérer ton frère à l’école. Et puis t’as pas fait la sieste, tu vas être crevée.
Ven 11 Juin 2004, 22:06 par gavroche sur La première fois

Moi pour vous...

Elles étaient tombées, cette nuit là, de l’autre côté du miroir… Jouant Alice dans le pays de leurs rêves.

Elle avait les yeux verts…
Elle avait les yeux bleus…

Elle était plutôt grande, élancée…
Elle était de taille moyenne, un peu ronde…

Elle était plutôt douée en amour, en amitié, dans ses études…
Elle était égale à elle-même, solitaire, travaillant ce qu’il faut…

Elles avaient de la chance, un travail, des études, des amis, des sorties…

Elle avait de grands yeux aveugles…
Elle avait de petits yeux perçants…

L’une était belle… L’autre banale…
L’une aimait la mort… L’autre préférait la vie…
L’une avait tout pour elle… L’autre trimait pour obtenir…

L’une s’est donnée la mort… L’autre sourie encore…

Le réveil sonne… 6h et quelque… Toi tu te lèves… Moi je me réveille…

Nous sommes deux… Mais moi je suis seule quand toi tu es groupe… Un groupe qui suit la mode… Un groupe qui suit la mort...

Tu as pour toi tout ce que j’ai aussi… Parfois un peu de chance et même sans cela on s’en sort… Depuis des siècles on renaît pour un cycle, depuis des siècles, la lâcheté existe…

Si tu préfère son avenir… Et que tu craches sur le mien… Si tu préfères en finir… Et que tu t’apitoies sur ma vie… Si tu préfères cette solution…

Appelle-moi… Je t’en prie ! Je t’apprendrai à guider cette main vers ton corps, cette lame sur ton bras, cette arme sur ta tempe…

Rassure-toi, je ne te pleurerai pas… Ni moi, ni d’autres… Voilà quelques années que tu devins un petit enfant qui se croit chassé dans tous les sens… Sache que lui, eux, nous, moi sommes passés par-là… Mais nous… Nous avons eu l’intelligence de lever la tête… Et de comprendre que l’aide vient de soi avant de venir des autres… Nous, nous nous sommes taillés les veines aussi, nous nous sommes drogués, soûlés, nous avons pleuré… Mais nous, nous avons grandi, et nous nous sommes dits…

Que finir comme toi n’était pas une vie !
Mar 08 Juin 2004, 16:25 par Rose sur Un monde parfait

Portrait chinois

Si tu étais un dessert, tu serais une glace au citron.
Froid, amer, acide à la première bouchée,
Ta saveur tendre, douce et sucrée
Se dévoile et explose en mille neutrons

Si tu étais un personnage célèbre, tu serais le soldat inconnu.
Tous te connaissent et attestent de ta valeur,
Mais aucun ne connait tes combats, ce que recèlent tes profondeurs
Seul au milieu de tous, jamais tu ne mets ton âme à nu

Si tu étais un moment de la journée, tu serais la seconde avant le lever du soleil
Jamais totalement la nuit, jamais totalement le jour
Tu navigues entre deux mondes cherchant depuis toujours
La vie qui sera la tienne, tu attends l’éveil

Si tu étais un tableau, tu serais "La grande famille" ( Magritte)
Au milieu de ta tempète, perdu en pleine mer
Tu gardes au fond de toi, un petit coin de mystère
Un lieu de repos, une presqu’île

Si tu étais un phénomène naturel, tu serais la rosée
Tu apparais dans mes pensées le matin,
Comme un souvenir de mes rêves coquins
Qui me laisse humide et rassasiée

Si tu étais une chanson, tu serais "Le SOS d’un terrien en détresse"
Tu as trop les pieds sur terre
Te demandant où est ta place, tu t’enterres
Ecoute ma voix, oublie ta tristesse.



Et pour vous... que serait-il/elle ?
Dim 30 Mai 2004, 21:03 par la marquise de sade sur L'amour en vrac

La vie de Madeleine

Madeleine, je ne la connais pas si bien que ça pour tout dire. Je sais simplement qu’elle est blonde, de taille moyenne, avec un derrière rebondi et des seins en pomme. On prétend que Madeleine a les yeux si bleus que leur éclat en est presque insupportable. Insupportable, seulement à ce moment précis où votre cœur s’emballe à sa vue, et que le sien s’emballe de même.

Elle doit avoir dans les trente-six ans environ, et une vie amoureuse si l’on puit dire, qui remonte aux débuts de l’adolescence. Car, la vie amoureuse, selon Madeleine, est sans aucune concession. Pleine, intense, destructrice. Elle ne vit pas pour l’amour, mais elle ne le dédaigne pas. Fraîche et simple, aucun homme ne laisse courir son regard sur elle sans avoir une petite envie qui sourde. Comment dire. Madeleine s’habille simplement, une robe de coton souple pour les beaux jours, ou un pantalon et un haut simple pour les jours plus tristes sont sa mode à elle.

Madeleine, c’est une femme qui a eu un très grand amour, il y a très longtemps, au tout début. Au tout début de sa vie de femme. Elle en était très amoureuse, et lui, il parait qu’il s’en occupait bien. Pour les raisons que l’aventure amoureuse finit aussi souvent qu’elle perdure, celle-ci s’est terminée, assez abruptement. Et personne n’a su le fin mot de l’histoire. Madeleine qui riait, Madeleine qui souriait tout le temps, qui disait bonjour dans la rue, chez le boulanger, faisait toujours un baiser de ses lèvres fraîches au vieil Emile, Madeleine, qui par sa joie de vivre faisait finalement un peu la fierté du bourg, Madeleine s’est éteinte le jour où son bel amour s’est terminé.

Elle ne pleura pas, parce que cette femme avait la fierté et le courage des siens qui lui coulait dans les veines. Elle resta prostrée des jours et des jours, sans que rien ni personne ne puisse lui arracher une once de joie. Elle s’enfermât progressivement dans un mutisme obscur et sourd, et la vie du bourg en fut irrémédiablement atteinte.

On ne la vit plus que très occasionnellement, lorsqu’elle faisait ses courses à la superette. Elle répondait aux bonjours, mais ce n’était plus elle qui avec sa voix fluette les lançait la première comme une nuée de notes malicieuses à la compagnie.

Cet état dura à peu prés huit ans. Durant ces années, elle se consacra à sa maison, à son petit jardin potager, à ses lapins. Lorsque l’après-midi s’avançait sur sa maison à l’écart du bourg, elle se plongeait dans les livres dont regorgeait la fantastique bibliothèque de famille. Là, elle parlait à Montesquieu, écoutait Marc Aurèle, doutait de la relativité d’Einstein, pour mieux absorber celle de Lao Tseu. Elle reconstruisit des maisons avec les trois petits cochons, fit la guerre plein de fois au troisième Reich, découvrit l’Himalaya, traversa maintes fois le Sahara.

Ce n’est que lorsque sa douleur fut passée, qu’on la revit plus souvent flâner en ville, boire des cafés et des limonades en terrasse. De jeunes hommes lui parlaient, tentant leur chance sans trop vraiment insister. Bien souvent, ils repartaient après de longues discussions, ayant partagé rires et sourires avec elle. Toujours subjugués par la beauté que cette femme laissait paraître, dans son âme, par ses yeux.

Quelques fois, on les revoyait ses jeunes hommes, quelques jours, quelques semaines après qu’on les ai vus avec Madeleine à une terrasse. Dans leurs yeux, une grande tristesse d’un éclat magnifique. Dans leur cœur, des champs de fleurs se bousculaient avec des forêts immenses, et des cascades de miel ruisselaient sur des champs de fruits sauvages. Ils marchaient dans le bourg un peu hagards, un peu perdus. Malheureux probablement parce que Madeleine leur manquait, mais autre chose dardait dans leurs yeux. Comme une étrange lumière, celle qui rend tout possible.

On dit que Madeleine aurait découvert le secret de l’amour, et que celui-ci est si terrible qu’il rend fou ceux qui veulent le conquérir. On dit aussi, mais ça c’est autre chose, que Madeleine, est atteinte du mal sans nom, et qu’elle le transmet à ceux qui partagent un peu sa vie et goûtent un peu son cœur.

Ce soir c’est moi, qui ai rendez vous avec Madeleine, à huit heures à la Terrasse du Merle Rouge. Je crois que je suis amoureux.
Ven 28 Mai 2004, 11:06 par PetitPrince sur L'amour en vrac
Page 19 sur 23 Aller à la page Précédente  1, 2, 3 ... 18, 19, 20, 21, 22, 23  Suivante

Ecrire sur parfois

Ecrire sur parfois L'unique, Séduire, Promenade., Que restera-t-il..., Ciel_ayant_trouvé_une_étoile, Chemin des âmes..., L'amant prodigue, Le coup de foudre ... Quel est cet émoi, Incidence des échanges virtuels sur les rapports humains, De dures convalescence en repas froid..., De longues victoires en dures convalescences..., RTT, Moi pour vous..., Portrait chinois, La vie de Madeleine,
Il y a 339 textes utilisant le mot parfois. Ces pages présentent les textes correspondant.

Bonne lecture !

Derniers textes

Livres recommandables

Celle qui couche avec les autres
Catsig
J'ai lu
Extases de femmes
Collectif
Pocket
Éloge des femmes mûres: Les souvenirs amoureux d'András Vajda
Stephen Vizinczey
Folio
Le carnet de Rose : Suivi Sept nuits et l'exclue
Alina Reyes
Pocket
Cinquante nuances de Grey
E L James
JC Lattès
L'Ile des Gauchers
Alexandre Jardin
Gallimard
On ne badine pas avec l'amour
Alfred de Musset
Pocket
La Pharmacienne
Esparbec
La Musardine
Les fables de l'Humpur
Pierre Bordage
Editions 84
Grammaire érotique
Jacques Laurin
La Musardine


Retrouvez toutes nos bonnes lectures sur : La boutique des âmes tendres

La citation d'amour

L'homme adultère laboure le champ d'autrui et laisse le sien inculte.

Plaute.

Qui est en ligne ?

  • Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
  • La date/heure actuelle est Mar 30 Déc 2025, 02:09
  • Nos membres ont écrit un total de 4446 textes
    Nous avons 1234 membres enregistrés
    L'utilisateur enregistré le plus récent est brancher
  • Il y a en tout 49 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible, 49 Invités et 0 Bots   [ Administrateur ]   [ Modérateur ]
  • Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 569 le Mer 10 Déc 2025, 10:02
  • Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Aucun
    Bots : Aucun
  • Ces données sont basées sur les utilisateurs actifs des cinq dernières minutes
  Connexion
Nom d'utilisateur:
Mot de passe:
Se connecter automatiquement à chaque visite