Un site d'écriture sur l'amour: séduction, tendresse, et façon de le dire, la délicatesse de l'expression mêlée à la violence des pulsions - Ecrire sur passion - Page 6 sur 15
La musique des coeurs
Il aimait les silences.
Quand il composait, il prenait soin de les placer avec beaucoup d’attention. Dans son écriture, chaque nouvelle note décrivait un sentiment, une nuance intime d’un coeur en émoi. Rien n’était superflu. Il voulait que ses notes vivent leur vie à travers un instrument. Exigeant, il laissait peu de personnes toucher à ses compositions. Il exigeait un esprit créatif, capable de passion, capable de faire parler ses notes. Il voulait un trio parfait : un instrument ayant du coeur, un musicien entendant son coeur et une partition. Au jeu du musicien, il pouvait déceler la qualité de son coeur. Grâce aux silences. ’ Le langage se réalise en brisant le silence ’. Le respect du silence marque un temps d’arrêt. Il suspend son expression pour réfléchir. Par la qualité de ce silence, il pouvait voir si le musicien comprenait sa musique. Les notes sont des mots qui se respectent. Les silences prolongent leur expression dans leur profondeur. Si ce silence manquait, il sentait ses notes s’affoler, s’asphyxier et finir par mourir sous la main assassine du musicien.
Voilà pourquoi il aimait les silences.
Quand il composait, il prenait soin de les placer avec beaucoup d’attention. Dans son écriture, chaque nouvelle note décrivait un sentiment, une nuance intime d’un coeur en émoi. Rien n’était superflu. Il voulait que ses notes vivent leur vie à travers un instrument. Exigeant, il laissait peu de personnes toucher à ses compositions. Il exigeait un esprit créatif, capable de passion, capable de faire parler ses notes. Il voulait un trio parfait : un instrument ayant du coeur, un musicien entendant son coeur et une partition. Au jeu du musicien, il pouvait déceler la qualité de son coeur. Grâce aux silences. ’ Le langage se réalise en brisant le silence ’. Le respect du silence marque un temps d’arrêt. Il suspend son expression pour réfléchir. Par la qualité de ce silence, il pouvait voir si le musicien comprenait sa musique. Les notes sont des mots qui se respectent. Les silences prolongent leur expression dans leur profondeur. Si ce silence manquait, il sentait ses notes s’affoler, s’asphyxier et finir par mourir sous la main assassine du musicien.
Voilà pourquoi il aimait les silences.
Mar 16 Fév 2010, 04:00 par
Solina sur Histoires d'amour
Un sourire divin ?
Quand le coeur se trouve dans la confusion de ses propres sentiments, il confère à la moindre attention une source infinie d’amour. Il cherche le sourire divin, reflet d’un amour sincère. Ce sourire rayonne d’une chaleur dans laquelle il cherche à s’envelopper. Cette chaleur maternelle nous rassure.
La cruauté humaine joue d’artefacts pour tromper les êtres faibles d’Amour. Quand un être découvre un sourire de marionnette, il ne parvient plus à rêver d’amour. Son coeur pleure sa blessure.
Combien d’êtres pleurent de cette tromperie ?
Croire dans la bonté divine d’un sourire noye son propre coeur dans une profonde joie. Il se plonge dans la passion la plus parfaite mais aussi la plus destructrice qu’elle soit. Nous vendons corps et âme pour cette divine matrone, l’Amour. Nous devenons des fidèles aveugles de bon sens. Le bon sens n’existe plus dans la folie des croyances. Quand ce coeur découvre que ce fut une harmonie de pacotille, il met lui-même au bûcher des hérétiques ses propres croyances de païens. L’Amour parfait n’est qu’un mensonge. Brûlons les amours !
Nous sommes dévorés par notre passion. Nous mourrons tous de notre passion.
Voilà pourquoi les sourires divins sont si beaux mais si cruels dans le monde des hommes !
Tant que nos coeurs gardent leurs divins secrets d’alcôve, nos sourires demeurent aussi beaux et éternels que ceux des tableaux de Fragonard mais peuvent s’enlaidir à leurs révélations comme dans le portrait de Dorian Gray.
Combien de coeurs laids se cachent derrière de divins sourires ? Combien d’entre nous sommes des Dorian Gray ?
La cruauté humaine joue d’artefacts pour tromper les êtres faibles d’Amour. Quand un être découvre un sourire de marionnette, il ne parvient plus à rêver d’amour. Son coeur pleure sa blessure.
Combien d’êtres pleurent de cette tromperie ?
Croire dans la bonté divine d’un sourire noye son propre coeur dans une profonde joie. Il se plonge dans la passion la plus parfaite mais aussi la plus destructrice qu’elle soit. Nous vendons corps et âme pour cette divine matrone, l’Amour. Nous devenons des fidèles aveugles de bon sens. Le bon sens n’existe plus dans la folie des croyances. Quand ce coeur découvre que ce fut une harmonie de pacotille, il met lui-même au bûcher des hérétiques ses propres croyances de païens. L’Amour parfait n’est qu’un mensonge. Brûlons les amours !
Nous sommes dévorés par notre passion. Nous mourrons tous de notre passion.
Voilà pourquoi les sourires divins sont si beaux mais si cruels dans le monde des hommes !
Tant que nos coeurs gardent leurs divins secrets d’alcôve, nos sourires demeurent aussi beaux et éternels que ceux des tableaux de Fragonard mais peuvent s’enlaidir à leurs révélations comme dans le portrait de Dorian Gray.
Combien de coeurs laids se cachent derrière de divins sourires ? Combien d’entre nous sommes des Dorian Gray ?
Ven 12 Fév 2010, 01:57 par
Solina sur Un monde parfait
Sans plus
Comme j’aimerais aussi mais le coeur vit avec passion et ne supporte pas la demi mesure.
Mer 03 Fév 2010, 02:00 par
Solina sur La première fois
Pas de calais - fiction amoureuse 1 à 5
1 – La mer
La mer est une mère qui accueuille dans ses bras qu’importe le nom, la race, l’origine ethnique. La mer ouvre ses bras et accueuille les cœurs désamparés et blessés. La mer est généreuse et donne son amour inconditionnel, qu’importe qui la demande et comment.
Je me suis jettée de plein fouet dans ls bras accueuillants de la mer du nord de la Bretagne, espérant et souhaitant que les eaux froides rafraichiraient les brûlures de mon cœur.
Les vagues roulaient comme pour mieux m’accueuillir, elles grondaient un genre de bienvenue rauque et à demi étouffé, mais mon cœur lui, comprenait le doux chant des sirènes.
« Viens, viens à nous cœur éplorée et déplorée, viens que nous te berçions dans nos bras. Nous te ferons oublier tes soucis et tes chagrins. Nous sommes tes sœurs, ta mère, ta confidente. Nous sommes là pour toi, pour appaiser ta peine. »
J’écoutai ces paroles enchanteresses et mes pas, comme guidés par une force indépendante de ma volonté, dirigeaient bon gré malgré le reste de mon corps vers les vagues qui écumaient de passion dévorante. Elles aussi ont aimé. Elles aussi ont un éternel amour déçu.
L’eau était froide. Presque glaciale contre la chaleur intime de mon corps, mais plus j’avançai, plus un bien être indescriptible me prenait et plus l’envie d’avancer plus loin devenait intensément forte.
Il me sembla que la première vague voulait me repousser vers la plage, mais c’était une petite vague immature, et la seconde, plus grande, plus autoritaire et beaucoup plus forte m’attira avec une telle puissance qu’il me fut impossible à ce moment là de reculer, de faire demi tour. La vague suivante confirma les efforts de la seconde et m’entraîna encore plus loin dans la mer houleuse. Soudain, la plage était loin, et la réalisation des efforts qu’il me faudrait pour nager vers la terre sainte et ferme de mes anciens espoirs me fit paniquer. J’étais en enfer et je ne le réalisai qu’à moitié.
Or, la seule et unique chose à ne pas faire en mer est bel et bien de ne pas paniquer. Le corps reprend le contrôle sur les désespérances du cœur et s’agite comme un poisson dans un fillet … ou plutôt comme un triste poulet jetté à la mer. La peur sauvage s’empare des sens, les bras gesticulent, les yeux se ferment, ils refusent de regarder la triste réalitée en face. Les pieds, comme dans un espace aérien liquide, perdent de leur utilité, habitude de milliers d’années acquises chèrement à marchant sur la terre solide gouvernée par une loie gravitationnelle très différente de celle de la mer.
La bouche s’ouvre, avale de l’eau salée, la recrache aussitôt, trop salée, trop froide. Trop.
Là haut, dans le ciel azur, le soleil brille et aveugle, témoin silencieux, caméraman sans équipe de plateau.
Là en bas, l’actrice principale se noie, les éléments sont contre elle, les vagues l’avalent tout rond et elle est presque foutue.
« Est-ce que tu es folle ? »
Il avait hurlé ça à qulques reprises avant que je ne l’entende.
Au début, il y avait à peine la voix lointaine, à demi étouffé par le grondement des vagues. Puis la voix devint de plus en plus présente et claire.
Contact visuel : c’était un homme, un jeune homme, blond, avec des soupçons de rouille tons pastel, délavé. Tout devient délavé après un contact aussi passioné avec la mer. Il nageait vers moi, comme s’il fonçait sur moi. Il répétait sa question, mais je ne répondais pas. De toute façon c’était clairement une évidence : oui j’étais folle. Est-ce qu’une personne saine d’esprit irait s’offrir une petite trempette dans les eaux furieuses et glaciales de la mer ?
2 – L’homme
Un bras solide et déterminé, pour ne pas dire socialement archarné, s’enroula autour de ma poitrine et une force tout aussi déterminée m’attira contre son corps. Une main d’homme solide trouva position sur ma gorge, sous mon menton et comme d’instinc ou d’expérience, poussa mon visage pour le haut – pour m’empêcher d’avaler trop d’eau salée, ce qui par le fait même me força a recracher la dernière gorgée.
Une jolie quinte de toux digne d’une bonne pneumonie me prit et sur le coup je pensais que mon bon Sammaritain avait fait sa part, féliciations, mais que peut-être il était trop tard de toute façon.
« Respire, gamine! Respire ! »
Gamine ? C’était moi qu’il appelait gamine ? Et de quel droit, Monsieur ? Je n’ai eue qu’une dizaine de seconde pour le regarder mais il n’était pas si vieux, pas plus de quelques années de plus que moi … ou plus jeune avec une maturité et une force tranquille ancienne ancrée dans son être, comme un héritage très ancien et très solide.
Son autre bras, celui qui ne s’archarnait pas à me maintenir à la surface de l’eau, faisait des mouvements rotatifs pour aider le reste de son corps à nager vers la plage. Je pouvais sentir la puissance de ses jambes qui poussaient son corps et un poids presque mort à contre courant, contre les vagues déchaînées, furieuses, froides, pour nous ramener à la terre ferme. Je me sentais totalement idiote.
Le grondement des vagues devint de plus en plus lointain, distant, presque comme un souvenir qu’on perd, qu’importent les efforts pour le garder vif. Et mon corps redevint d’une lourdeur insuportable quand mon sauveur me déposa sur le sable humide et frais, mais bien moins froid quel’eau.
Il s’était penché sur moi, son ombre me protégeait du soleil et sans le dire, j’en étais reconnaissante.
Une main derrière ma nuque me fit lever le menton, et pendant que deux doigts me pinçaient sans ménagement le nez, deux autres doigts tout aussi forts me pinceaient la bouche pour forcer mes lèvres à s’ouvrir.
Mes yeux s’ouvrirent d’un coup, comme sous une impulse électrique.
« Je vais bien. J’en ai pas besoin. »
Une quinte de toux me vint encore et il m’aida à me tourner sur le côté pour recracher le restant d’eau salée que j’avais au fond de la gorge.
« Tu n’en as pas besoin, mais tu ne vas pas bien non plus ! »
Il avait ce genre de voix mi profonde, mi tendre, très rassurant pour un homme, dont les subtilités de la variation dépendaient uniquement du ton et du contenu. Et à ce moment là, je n’étais pas en position de marchander ou de remettre son autorité en question.
Et quand on ne peut remettre en question les paroles d’un homme, on peut encore moins remettre en question ses actions.
Il se releva comme si de rien n’était et me prit avec la même souplesse et force que si je n’étais qu’une enfant en bas age et commença à marcher.
3 – L’eau brûlante
Après les aux froides de la mer, la tropicalité quasi brûlante de sa douche coulait sur ma peau comme une onction bénite. Sa voix résonnait agréablement dans ma tête; « Ne me force à venir te rejoindre. » Sur le coup j’en souris comme une adolescente qui se serait fait draguer par un garçon plus âgé, mais je savais que c’était une menace plaisantine sans fondement, ce n’était pas le genre d’homme à abuser de son statut, de l’autorité et des points d’avance juste parceque l’occasion était lui était donné sur un plateau d’argent.
Le fait qu’il cogna pour s’enquérir de l’eau, de mon état moral et physique ne me surprit donc pas.
« Je t’ai apportée des serviettes et des fringues. Je n’ai que des chemises et des pantalons d’homme … »
Je glissai la porte de verre pour le regarder, mais il me tournait le dos, regardant la porte avec une dévotion digne d’une apparition de la Sainte Vierge. Les vêtements en question étaient posés sur le couvercle descendu de la cuvette de toilette : une chemise à carraux bleu, un pantalon bleu marine sombre, des chaussettes. Pas de sous vêtements.
« Je peux te prêter un de mes caleçons si tu y tiens. »
« J’apprécirais … beaucoup. »
Petit bruit discret de la porte qui s’ouvre et se referme.
L’eau qui coulait sur ma nuque et mon dos, glissait sur les courbes de ma féminité et me fit soudain réaliser, comme une épiphanie : c’était un homme et il était beau.
Je le revoyais dans la mer, sous le soleil, les cheveux qui brillaient, même s’ils étaient mouillés, sa barbe de deux semaines … je me demandais comment ça aurait été de ne pas refuser le bouche à bouche ?
Je me laissai aller contre les tuilles de la douche. Non, c’était idiot tout ça. De toute façon, folie passagère passée, l’embassade me trouvera un hôtel confortable, mes problèmes seront vite reglés et je partirai et je l’oublierai.
C’est fou comme la vie peut vous donner des claques sur la gueule quand on se laisse aller.
4 – L’eau réconfortante
« Je me suis presque suicidée et tu me donnes du sirop contre la toux ? »
« Avec la quantité d’eau froide que tu as avalée, ca ne peut pas te faire de tort. »
Une voix posée, calme, mais autoritaire et bienveillante.
J’ouvrai la bouche, pris le contenu de la cuillière et sitôt la bouche refermée, je sentais la force de sa main contre ma bouche. Le goût était fort, atroce, dégoûtant, piquant, mais avec cette main qui pressait avec une telle fermeté, impossible de recracher. Et ses yeux me regardaient si tendrement … pourquoi ? Pourquoi ses yeux m’encourageaient-ils à aller de l’avant, même si dans le présent très concret c’était vraiment difficile pour ne pas dire épouvantable.
J’avalai finalement, pris une grande respiration par le nez et serrai l’édredon du lit comme si forcer les muscles de mes mains allaient me faire oublier ce goût de rat alcolisé dans ma bouche.
Une autre respiration. Les yeux me piquaient et j’avais envie de pleurer. Il retira doucement sa main mais ne me quitta pas des yeux quand j’eus la grande idée de prendre une goulée d’air frais qui me fait tousser d’avantage. J’avalais encore, ma salive était pourtant plus que teintée de ce goût huileux et pestinentiel.
« C’est quoi cette vacherie que tu m’as donné ? »
« Syrop contre la toux de marin. Tu auras envie de courir un marathon demain. »
Je me laissais aller contre l’oreiller. Demain, c’est demain.
Aujourd’hui j’ai envie de mourir.
« Je vais aller te faire du café ou du thé, ça va alléger le goût. »
Mais il ne bougea pas d’un pouce.
« Thé, s’il te plaît. »
Il sourit et se leva.
La chambre était typiquement cette chambre qui hantait ma mémoire et mon imaginaire depuis toujours : la fenêtre à ma gauche, la porte à quelques pas au bout du pied du lit, le mur de droite couvert comme une mosaique tout en relief de textures et de matériaux différents.
La fenêtre en bois, style ancien, avec des rideaux sombres et lourds en velours bleu fond de mer, presque noir, et les rideaux blancs légers, en dentelle travaillée – sûrement faite par des mains patientes et entrainées. J’aurais voulue savoir comment c’était de se réveiller dans ce lit, et regarder vers la fenêtre, comment ce serait d’entendre l’orage au travers de cette fenêtre, comment ce serait d’ouvrir la fenêtre en été pour laisser l’air marin rentrer dans la pièce ?
Une petite porte discrète, presque cachée par le peignoire accroché en soin coin, et que l’œil ne repérait qu’après s’être longuement perdue à regarder par la fenêtre, donnait sur une petite salle de bains privée mais pratique. Presque collé à la porte de cette fameuse salle de bains, la commode, en bois sombre et verni, d’allure officiellement européenne et ancienne, peut-être même un rescapé du siècle dernier, se tenait devant moi, l’allure fière et austère. Sur le sommet de sa tête, une petite télé moderne, à écran plat, lecteur DVD et une chaîne stéréo, les hauts parleurs se dressaient fièrement sur le sol, de chaque côté de la commode, comme des guardes encores plus fiers. Je souris à la vue d’une cravate cloué aux deux extremités du second tiroir et qui servait de corde à linge pour hameçons de différentes tailles et couleurs.
Le mur, de l’autre coté de la porte qui donnait sur le corridor, qui ensuite donnait sur le salon ou la cuisine, était le plus chargé, pour ne pas dire surchargé de décorations. Un énorme poisson verni et empaillé tenait dans sa gueule une chainette en avec un pendentif de croix en fleur de lys, tandis qu’à son aileron dorsale était accrochée une autre chaîne dont le pendentif représentait un petit petit bateau de pêcheur.
« Moi je suis pêcheur d’hommes »
L’homme qui m’avait sauvé de moi même l’était aussi.
Il revenait avec un plateau sur lequel deux tasses à thé et un pot formaient comme la petite communauté du social.
Il s’installa en face de moi, comme pour mieux me garder à l’oeil d’une nouvelle éventuelle bêtise et me tendit l’une des tasses.
5 – Mon Histoire
Il prit une grande cuillière du contenu du pot et la glissa dans ma tasse – du miel. Ohhh, comme la douceur de cet onctueux délice me donnait envie !
Il s’adossa contre la pièce de bois qui formait la tête du lit, se croisa les jambes et demande, de la même manière qu’un HR vous demanderait de lui résumer les points forts de votre carrière, il me demanda les circonstances qui m’ont pour ainsi dire, jetté dans les filets de ses bras.
« Ça va être long. Et ennuyant et très touristique.»
« J’ai pas entendue une bonne histoire depuis la mort de mon père. Éblouis-moi. »
Une première gorgée de thé, comme tout bon conteur se le doit de faire, et j’essayai de trouver le bon moment où commencer mes mésaventures.
Soupir.
« Eh bien, ça a commencé par un voyage de groupe. Nous partageons la photographie comme point commun, et sur un des nombreux forums sur lequel je m’étais éparpillée, un des membres a proposé de faire un voyage en Europe.
L’Europe en tant que tel … est bien merveilleux mais immense et ca m’a pas follement tentée. Et puis une autre femme a proposée de faire plusieurs voyages, par pays. Le processus a commencé par un vote : quelle région de l’Europe, puis quel pays. Le premier voyage était évidement en Italie. Vingt personnes ont formé le premier groupe. Succès total et incontestable. Trois mois plus tard, la Pologne a conquis un second groupe.
Et finalement, au septième tour, la Bretagne. »
« Old Lucky Seven. Et tu crois que ça t’a portée chance ? »
Un professeur d’université n’aurait pas mieux formulé la phrase, mieux modulé sa voix que lui, entre deux gorgées silencieuses.
Je souris avant de reprendre.
« J’ai assistée à un concert d’un groupe local dans un pub, j’ai mangée plus de poisson en une semaine que durant la totalité de ma vie – et ça c’est un miracle en soi – j’ai vue la mer ! »
Ton extatique malgré moi, les vagues, le bruit, la force de l’eau en mouvement, le ciel, les oiseaux. Je fermai les yeux pour mieux savourer le souvenir de cette première rencontre. C’est comme rencontrer une idole, on se sent en pamoîson, prêt à déclarer n’importe quelle imbécibilité romantique mais soudain, là, devant l’idole, on est à bout de mots. Rien ne sort. Que l’air salin qui rentre à plein régime par les narines, la bouche, par tous les pores de la peau.
Il but plus de thé. Je me demandai s’il avait envie de rajouter un commentaire, mais il ne dit rien. Pas la peine de tourner le couteau dans la plaie.
« Et puis vendredi après-midi est venu, comme un traître. La fin du rêve. Le voyage du retour. L’adieu. L’avion partait … il est parti ce matin, vers les 6 heures. Et je n’y étais pas.
« Et ton groupe ? »
« La majorité, si. Il y avait un groupuscule de moutons noirs dans le groupe. Deux autres Québecois, un Berbère, et moi. »
Commentaire tue, j’en étais certaine. Il but trois longues gorgées de thé.
« Nous avons décidé de passer la soirée dans un pub du coin, pour ne pas gâcher ces quelques heures dans notre hôtel. Nous voulions profiter au maximum de cette opportunité. »
À mon tour de prendre une longue gorgée de thé, pour mieux revivre les évenements
à suivre ;)
La mer est une mère qui accueuille dans ses bras qu’importe le nom, la race, l’origine ethnique. La mer ouvre ses bras et accueuille les cœurs désamparés et blessés. La mer est généreuse et donne son amour inconditionnel, qu’importe qui la demande et comment.
Je me suis jettée de plein fouet dans ls bras accueuillants de la mer du nord de la Bretagne, espérant et souhaitant que les eaux froides rafraichiraient les brûlures de mon cœur.
Les vagues roulaient comme pour mieux m’accueuillir, elles grondaient un genre de bienvenue rauque et à demi étouffé, mais mon cœur lui, comprenait le doux chant des sirènes.
« Viens, viens à nous cœur éplorée et déplorée, viens que nous te berçions dans nos bras. Nous te ferons oublier tes soucis et tes chagrins. Nous sommes tes sœurs, ta mère, ta confidente. Nous sommes là pour toi, pour appaiser ta peine. »
J’écoutai ces paroles enchanteresses et mes pas, comme guidés par une force indépendante de ma volonté, dirigeaient bon gré malgré le reste de mon corps vers les vagues qui écumaient de passion dévorante. Elles aussi ont aimé. Elles aussi ont un éternel amour déçu.
L’eau était froide. Presque glaciale contre la chaleur intime de mon corps, mais plus j’avançai, plus un bien être indescriptible me prenait et plus l’envie d’avancer plus loin devenait intensément forte.
Il me sembla que la première vague voulait me repousser vers la plage, mais c’était une petite vague immature, et la seconde, plus grande, plus autoritaire et beaucoup plus forte m’attira avec une telle puissance qu’il me fut impossible à ce moment là de reculer, de faire demi tour. La vague suivante confirma les efforts de la seconde et m’entraîna encore plus loin dans la mer houleuse. Soudain, la plage était loin, et la réalisation des efforts qu’il me faudrait pour nager vers la terre sainte et ferme de mes anciens espoirs me fit paniquer. J’étais en enfer et je ne le réalisai qu’à moitié.
Or, la seule et unique chose à ne pas faire en mer est bel et bien de ne pas paniquer. Le corps reprend le contrôle sur les désespérances du cœur et s’agite comme un poisson dans un fillet … ou plutôt comme un triste poulet jetté à la mer. La peur sauvage s’empare des sens, les bras gesticulent, les yeux se ferment, ils refusent de regarder la triste réalitée en face. Les pieds, comme dans un espace aérien liquide, perdent de leur utilité, habitude de milliers d’années acquises chèrement à marchant sur la terre solide gouvernée par une loie gravitationnelle très différente de celle de la mer.
La bouche s’ouvre, avale de l’eau salée, la recrache aussitôt, trop salée, trop froide. Trop.
Là haut, dans le ciel azur, le soleil brille et aveugle, témoin silencieux, caméraman sans équipe de plateau.
Là en bas, l’actrice principale se noie, les éléments sont contre elle, les vagues l’avalent tout rond et elle est presque foutue.
« Est-ce que tu es folle ? »
Il avait hurlé ça à qulques reprises avant que je ne l’entende.
Au début, il y avait à peine la voix lointaine, à demi étouffé par le grondement des vagues. Puis la voix devint de plus en plus présente et claire.
Contact visuel : c’était un homme, un jeune homme, blond, avec des soupçons de rouille tons pastel, délavé. Tout devient délavé après un contact aussi passioné avec la mer. Il nageait vers moi, comme s’il fonçait sur moi. Il répétait sa question, mais je ne répondais pas. De toute façon c’était clairement une évidence : oui j’étais folle. Est-ce qu’une personne saine d’esprit irait s’offrir une petite trempette dans les eaux furieuses et glaciales de la mer ?
2 – L’homme
Un bras solide et déterminé, pour ne pas dire socialement archarné, s’enroula autour de ma poitrine et une force tout aussi déterminée m’attira contre son corps. Une main d’homme solide trouva position sur ma gorge, sous mon menton et comme d’instinc ou d’expérience, poussa mon visage pour le haut – pour m’empêcher d’avaler trop d’eau salée, ce qui par le fait même me força a recracher la dernière gorgée.
Une jolie quinte de toux digne d’une bonne pneumonie me prit et sur le coup je pensais que mon bon Sammaritain avait fait sa part, féliciations, mais que peut-être il était trop tard de toute façon.
« Respire, gamine! Respire ! »
Gamine ? C’était moi qu’il appelait gamine ? Et de quel droit, Monsieur ? Je n’ai eue qu’une dizaine de seconde pour le regarder mais il n’était pas si vieux, pas plus de quelques années de plus que moi … ou plus jeune avec une maturité et une force tranquille ancienne ancrée dans son être, comme un héritage très ancien et très solide.
Son autre bras, celui qui ne s’archarnait pas à me maintenir à la surface de l’eau, faisait des mouvements rotatifs pour aider le reste de son corps à nager vers la plage. Je pouvais sentir la puissance de ses jambes qui poussaient son corps et un poids presque mort à contre courant, contre les vagues déchaînées, furieuses, froides, pour nous ramener à la terre ferme. Je me sentais totalement idiote.
Le grondement des vagues devint de plus en plus lointain, distant, presque comme un souvenir qu’on perd, qu’importent les efforts pour le garder vif. Et mon corps redevint d’une lourdeur insuportable quand mon sauveur me déposa sur le sable humide et frais, mais bien moins froid quel’eau.
Il s’était penché sur moi, son ombre me protégeait du soleil et sans le dire, j’en étais reconnaissante.
Une main derrière ma nuque me fit lever le menton, et pendant que deux doigts me pinçaient sans ménagement le nez, deux autres doigts tout aussi forts me pinceaient la bouche pour forcer mes lèvres à s’ouvrir.
Mes yeux s’ouvrirent d’un coup, comme sous une impulse électrique.
« Je vais bien. J’en ai pas besoin. »
Une quinte de toux me vint encore et il m’aida à me tourner sur le côté pour recracher le restant d’eau salée que j’avais au fond de la gorge.
« Tu n’en as pas besoin, mais tu ne vas pas bien non plus ! »
Il avait ce genre de voix mi profonde, mi tendre, très rassurant pour un homme, dont les subtilités de la variation dépendaient uniquement du ton et du contenu. Et à ce moment là, je n’étais pas en position de marchander ou de remettre son autorité en question.
Et quand on ne peut remettre en question les paroles d’un homme, on peut encore moins remettre en question ses actions.
Il se releva comme si de rien n’était et me prit avec la même souplesse et force que si je n’étais qu’une enfant en bas age et commença à marcher.
3 – L’eau brûlante
Après les aux froides de la mer, la tropicalité quasi brûlante de sa douche coulait sur ma peau comme une onction bénite. Sa voix résonnait agréablement dans ma tête; « Ne me force à venir te rejoindre. » Sur le coup j’en souris comme une adolescente qui se serait fait draguer par un garçon plus âgé, mais je savais que c’était une menace plaisantine sans fondement, ce n’était pas le genre d’homme à abuser de son statut, de l’autorité et des points d’avance juste parceque l’occasion était lui était donné sur un plateau d’argent.
Le fait qu’il cogna pour s’enquérir de l’eau, de mon état moral et physique ne me surprit donc pas.
« Je t’ai apportée des serviettes et des fringues. Je n’ai que des chemises et des pantalons d’homme … »
Je glissai la porte de verre pour le regarder, mais il me tournait le dos, regardant la porte avec une dévotion digne d’une apparition de la Sainte Vierge. Les vêtements en question étaient posés sur le couvercle descendu de la cuvette de toilette : une chemise à carraux bleu, un pantalon bleu marine sombre, des chaussettes. Pas de sous vêtements.
« Je peux te prêter un de mes caleçons si tu y tiens. »
« J’apprécirais … beaucoup. »
Petit bruit discret de la porte qui s’ouvre et se referme.
L’eau qui coulait sur ma nuque et mon dos, glissait sur les courbes de ma féminité et me fit soudain réaliser, comme une épiphanie : c’était un homme et il était beau.
Je le revoyais dans la mer, sous le soleil, les cheveux qui brillaient, même s’ils étaient mouillés, sa barbe de deux semaines … je me demandais comment ça aurait été de ne pas refuser le bouche à bouche ?
Je me laissai aller contre les tuilles de la douche. Non, c’était idiot tout ça. De toute façon, folie passagère passée, l’embassade me trouvera un hôtel confortable, mes problèmes seront vite reglés et je partirai et je l’oublierai.
C’est fou comme la vie peut vous donner des claques sur la gueule quand on se laisse aller.
4 – L’eau réconfortante
« Je me suis presque suicidée et tu me donnes du sirop contre la toux ? »
« Avec la quantité d’eau froide que tu as avalée, ca ne peut pas te faire de tort. »
Une voix posée, calme, mais autoritaire et bienveillante.
J’ouvrai la bouche, pris le contenu de la cuillière et sitôt la bouche refermée, je sentais la force de sa main contre ma bouche. Le goût était fort, atroce, dégoûtant, piquant, mais avec cette main qui pressait avec une telle fermeté, impossible de recracher. Et ses yeux me regardaient si tendrement … pourquoi ? Pourquoi ses yeux m’encourageaient-ils à aller de l’avant, même si dans le présent très concret c’était vraiment difficile pour ne pas dire épouvantable.
J’avalai finalement, pris une grande respiration par le nez et serrai l’édredon du lit comme si forcer les muscles de mes mains allaient me faire oublier ce goût de rat alcolisé dans ma bouche.
Une autre respiration. Les yeux me piquaient et j’avais envie de pleurer. Il retira doucement sa main mais ne me quitta pas des yeux quand j’eus la grande idée de prendre une goulée d’air frais qui me fait tousser d’avantage. J’avalais encore, ma salive était pourtant plus que teintée de ce goût huileux et pestinentiel.
« C’est quoi cette vacherie que tu m’as donné ? »
« Syrop contre la toux de marin. Tu auras envie de courir un marathon demain. »
Je me laissais aller contre l’oreiller. Demain, c’est demain.
Aujourd’hui j’ai envie de mourir.
« Je vais aller te faire du café ou du thé, ça va alléger le goût. »
Mais il ne bougea pas d’un pouce.
« Thé, s’il te plaît. »
Il sourit et se leva.
La chambre était typiquement cette chambre qui hantait ma mémoire et mon imaginaire depuis toujours : la fenêtre à ma gauche, la porte à quelques pas au bout du pied du lit, le mur de droite couvert comme une mosaique tout en relief de textures et de matériaux différents.
La fenêtre en bois, style ancien, avec des rideaux sombres et lourds en velours bleu fond de mer, presque noir, et les rideaux blancs légers, en dentelle travaillée – sûrement faite par des mains patientes et entrainées. J’aurais voulue savoir comment c’était de se réveiller dans ce lit, et regarder vers la fenêtre, comment ce serait d’entendre l’orage au travers de cette fenêtre, comment ce serait d’ouvrir la fenêtre en été pour laisser l’air marin rentrer dans la pièce ?
Une petite porte discrète, presque cachée par le peignoire accroché en soin coin, et que l’œil ne repérait qu’après s’être longuement perdue à regarder par la fenêtre, donnait sur une petite salle de bains privée mais pratique. Presque collé à la porte de cette fameuse salle de bains, la commode, en bois sombre et verni, d’allure officiellement européenne et ancienne, peut-être même un rescapé du siècle dernier, se tenait devant moi, l’allure fière et austère. Sur le sommet de sa tête, une petite télé moderne, à écran plat, lecteur DVD et une chaîne stéréo, les hauts parleurs se dressaient fièrement sur le sol, de chaque côté de la commode, comme des guardes encores plus fiers. Je souris à la vue d’une cravate cloué aux deux extremités du second tiroir et qui servait de corde à linge pour hameçons de différentes tailles et couleurs.
Le mur, de l’autre coté de la porte qui donnait sur le corridor, qui ensuite donnait sur le salon ou la cuisine, était le plus chargé, pour ne pas dire surchargé de décorations. Un énorme poisson verni et empaillé tenait dans sa gueule une chainette en avec un pendentif de croix en fleur de lys, tandis qu’à son aileron dorsale était accrochée une autre chaîne dont le pendentif représentait un petit petit bateau de pêcheur.
« Moi je suis pêcheur d’hommes »
L’homme qui m’avait sauvé de moi même l’était aussi.
Il revenait avec un plateau sur lequel deux tasses à thé et un pot formaient comme la petite communauté du social.
Il s’installa en face de moi, comme pour mieux me garder à l’oeil d’une nouvelle éventuelle bêtise et me tendit l’une des tasses.
5 – Mon Histoire
Il prit une grande cuillière du contenu du pot et la glissa dans ma tasse – du miel. Ohhh, comme la douceur de cet onctueux délice me donnait envie !
Il s’adossa contre la pièce de bois qui formait la tête du lit, se croisa les jambes et demande, de la même manière qu’un HR vous demanderait de lui résumer les points forts de votre carrière, il me demanda les circonstances qui m’ont pour ainsi dire, jetté dans les filets de ses bras.
« Ça va être long. Et ennuyant et très touristique.»
« J’ai pas entendue une bonne histoire depuis la mort de mon père. Éblouis-moi. »
Une première gorgée de thé, comme tout bon conteur se le doit de faire, et j’essayai de trouver le bon moment où commencer mes mésaventures.
Soupir.
« Eh bien, ça a commencé par un voyage de groupe. Nous partageons la photographie comme point commun, et sur un des nombreux forums sur lequel je m’étais éparpillée, un des membres a proposé de faire un voyage en Europe.
L’Europe en tant que tel … est bien merveilleux mais immense et ca m’a pas follement tentée. Et puis une autre femme a proposée de faire plusieurs voyages, par pays. Le processus a commencé par un vote : quelle région de l’Europe, puis quel pays. Le premier voyage était évidement en Italie. Vingt personnes ont formé le premier groupe. Succès total et incontestable. Trois mois plus tard, la Pologne a conquis un second groupe.
Et finalement, au septième tour, la Bretagne. »
« Old Lucky Seven. Et tu crois que ça t’a portée chance ? »
Un professeur d’université n’aurait pas mieux formulé la phrase, mieux modulé sa voix que lui, entre deux gorgées silencieuses.
Je souris avant de reprendre.
« J’ai assistée à un concert d’un groupe local dans un pub, j’ai mangée plus de poisson en une semaine que durant la totalité de ma vie – et ça c’est un miracle en soi – j’ai vue la mer ! »
Ton extatique malgré moi, les vagues, le bruit, la force de l’eau en mouvement, le ciel, les oiseaux. Je fermai les yeux pour mieux savourer le souvenir de cette première rencontre. C’est comme rencontrer une idole, on se sent en pamoîson, prêt à déclarer n’importe quelle imbécibilité romantique mais soudain, là, devant l’idole, on est à bout de mots. Rien ne sort. Que l’air salin qui rentre à plein régime par les narines, la bouche, par tous les pores de la peau.
Il but plus de thé. Je me demandai s’il avait envie de rajouter un commentaire, mais il ne dit rien. Pas la peine de tourner le couteau dans la plaie.
« Et puis vendredi après-midi est venu, comme un traître. La fin du rêve. Le voyage du retour. L’adieu. L’avion partait … il est parti ce matin, vers les 6 heures. Et je n’y étais pas.
« Et ton groupe ? »
« La majorité, si. Il y avait un groupuscule de moutons noirs dans le groupe. Deux autres Québecois, un Berbère, et moi. »
Commentaire tue, j’en étais certaine. Il but trois longues gorgées de thé.
« Nous avons décidé de passer la soirée dans un pub du coin, pour ne pas gâcher ces quelques heures dans notre hôtel. Nous voulions profiter au maximum de cette opportunité. »
À mon tour de prendre une longue gorgée de thé, pour mieux revivre les évenements
à suivre ;)
Dim 31 Jan 2010, 00:32 par
Ailime sur La vie à deux
La boulangerie...
Madame Carraba avançait sur le trottoir, suivie de sa petite chienne qu’elle appelait « sa fille » . Elle s’était installée dans ce petit village du Sud-Ouest quelques années auparavant, et ses habitudes vestimentaires, même si l’élégance n’en était pas absente, faisaient un peu « tâche » dans cette paisible bourgade : On l’aurait beaucoup mieux imaginée dans un salon de thé du 16ème arrondissement parisien… Beaucoup, au village l’avaient baptisée « La Rose », mais personne ne savait si c’était à cause de la broche qu‘elle portait au revers de sa veste, ou au contraire à cause de ses remarques toujours acerbes qui évoquaient les épines de cette belle fleur.
Les enfants, plus directs, l’avaient baptisée « la fée Carabosse » tant son sale caractère était devenu légendaire dans le village.
Elle poussa la porte de la boulangerie, faisant tinter la cloche antédiluvienne fixée au-dessus. Malgré l’écriteau « nos amis les animaux restent dehors », la petite chienne la suivit… Fidèle à son habitude, elle ne crut pas vraiment utile de glisser le moindre « bonjour » au mitron, qui s’affairait derrière le comptoir. « Ces gens là », comme elle les appelait parfois, n’étaient pas de sa classe…
« Deux baguettes, et pas trop cuites » grinça t’elle sèchement, en posant sa monnaie déjà préparée sur le comptoir. Les formules de politesse ne l’encombraient pas vraiment, mais les habitants en avaient pris leur parti…
Curieusement, le mitron parut gêné, et la boulangère, dans l’arrière boutique, éclata de rire… Il est vrai que, ce matin là, les baguettes rangées contre le mur avaient l’air d’avoir pris un sérieux coup de chaud, et en trouver deux « pas trop cuites » comme l’exigeait la petite vieille acariâtre aurait été un exploit !
Le mitron, qui était devenu tout rouge, dût bien admettre cette évidence, et ne savait trop que répondre à cette cliente toujours cassante… La boulangère vit cette gêne, et vint à son secours :
« Madame Carraba, la prochaine fournée sera prête dans un petit quart d’heure et sera moins cuite, repassez donc en revenant de l’épicerie, je vous en mettrai deux de côté »
Mais pour bien comprendre l’atmosphère si particulière qui régnait dans la boulangerie par ce beau matin d’août, il fallait remonter un peu en arrière…
Alain, le mitron…. Né au village, il y avait grandi. Ses parents cultivaient la terre, mais lui s’était pris de passion pour les pâtes feuilletées.... Alors, quand à la fin de sa formation en alternance, il avait pu obtenir un stage auprès de la boulangerie de son propre village, il n’avait pas hésité un instant. D’autant que le patron lui avait clairement laissé entendre qu’il l’embaucherait ensuite.
Il vivait heureux dans son village, et y était parfaitement intégré… Bien bâti, il faisait partie de l’équipe de rugby locale, ainsi que de l’équipe de sapeurs pompiers volontaires. Il était aussi la coqueluche des filles du coin, et avait une petite amie depuis quelques mois dans une ferme non loin de là. Comme tout se sait dans ces petits villages, beaucoup d’habitants le « plaisantaient » un peu là dessus, mais cela restait de bon ton, car tous deux étaient appréciés…
Magali, la boulangère… Le geste vif, la quarantaine pétillante, la bonne humeur personnifiée…Toujours un sourire, un clin d’œil, un mot gentil, elle était très aimée de tous. Je crois que même s’il n’y avait pas eu de pain, les villageois seraient quand même venus partager la bonne humeur qu’elle entretenait dans sa boulangerie…
Son mari était parti en Alsace la veille, pour récupérer leurs enfants qui avaient débuté les vacances chez leurs grands-parents. Mais comme les petits commerces de village ne peuvent fermer, il avait été décidé qu’il irait seul, et y resterait quelques jours pour visiter sa famille si lointaine. Magali était parfaitement à l’aise dans sa boulangerie, et Alain, le jeune mitron, avait maintenant le métier bien en main : juste un bon « coup de collier » à donner pendant quelques jours. Mais la fierté d’avoir la confiance de son patron venait largement le récompenser de cet effort.
Ce matin là, il était donc arrivé de très bonne heure, plein d’énergie. En effet, si le pétrissage de la pâte était mécanisé, toutes les autres opérations étaient restées manuelles dans cette petite boulangerie de village. Cela ne l’effrayait pas : il était fort physiquement, et il aimait ce contact sensuel avec la pâte.
Malgré l’heure matinale, il régnait déjà une chaleur torride dans le fournil. La température extérieure, d’abord, était caniculaire en ce début août. Mais il avait fallu allumer bien à l’avance le feu de bois. Et il s’affairait à préparer les pâtons pendant que le four montait en température. Torse nu, comme à son habitude, il ruisselait de sueur ; le boulanger avait aménagé une douche au fond du local, qui lui permettrait d’assurer plus tard le service au magasin, dans une fraîcheur acceptable…
Il était à l’heure sur le plan de marche qu’il s’était fixé, la première fournée allait pouvoir être lancée dans quelques minutes…
Etait-ce la canicule ? ou le souci de voir si tout allait bien ? Magali, elle, s’était levée de bonne heure, et était descendue très discrètement au fournil. Affairé, Alain ne l’avait même pas remarquée… Elle s’était installée dans un vieux fauteuil posé là, et observait dans l’immobilité la plus parfaite. La lumière du feu faisait luire ce torse, ce torse musclé et ruisselant qu’elle admirait en silence…
D’un côté, elle avait beaucoup d’affection pour ce garçon fort sympathique qui n’était finalement guère plus âgé que son fils aîné… et pourtant, la vue de ce corps souple et musclé la troublait de plus en plus, elle ressentait jusque dans son ventre ce désir qui montait inexorablement en elle…
Alain s’était maintenant arrêté un instant, pour se désaltérer avant d’enfourner la première série de pâtons… Aussi, fut-il surpris d’entendre un « je vais vous aider » d’une voix chantante qui lui était familière… Il se retourna, vit le sourire de Magali qui avait déjà empoigné le chariot qui servait à cette manœuvre…
A deux, l’opération fut donc vite faite… Magali s’était rapprochée de lui, et commençait à lui masser les épaules ruisselantes de transpiration. Prévenante, elle s’était placée derrière lui, pour qu’il n’ait pas à croiser son regard immédiatement car elle devinait sa gêne. Elle aimait sentir cette musculature puissante sous ses mains, et l’odeur de cette sueur saine ne la dérangeait pas, contribuait peut-être même à l’excitation du moment… Ses mains avaient très vite glissé dans son dos, puis entouré son torse et caressaient maintenant sa poitrine…
Lui n’osait pas bouger… Non pas qu’il ne ressentit rien, bien au contraire, mais cette situation était inattendue, et même si Magali était une femme douce, splendide et rayonnante, c’était quand même « la patronne »…
Elle, toujours derrière lui, avait laissé glisser au sol la robe de chambre qu’elle portait comme seul vêtement, et avait maintenant collé sa peau contre la sienne, comme pour partager sa transpiration qui avait redoublé. Elle appréciait cette sensation des peaux qui s’unissent, qui glissent ainsi l’une sur l’autre. Elle prenait du plaisir à écraser sa belle poitrine contre son dos, pendant qu’elle caressait de ses mains tout le torse et le bas ventre d’Alain. Lui n’en pouvait plus : il avait de lui-même déboutonné son pantalon, devenu bien trop serré, pour ouvrir largement la route aux mains expertes qui le parcouraient… Même les douces caresses qu’ils se prodiguaient avec sa petite amie étaient loin de la fougue qu’il découvrait maintenant…
Le pantalon ayant rejoint au sol la robe de chambre, Magali entreprit, sans jamais cesser les caresses, de l’orienter vers la réserve ou s’empilent les sacs de farine. Délicatement, sans la moindre brusquerie, elle le fit basculer vers l’avant, la face contre des sacs qui étaient au sol. Elle comprit son émoi et voulut le rassurer. « Laisse toi faire, tu es fatigué » dit-elle ; il ne protesta pas…Abandonné sur son sac de farine, il avait légèrement écarté les jambes… Magali lui massait délicieusement les cuisses et fesses, et y prenait manifestement beaucoup de plaisir… Petit à petit, ses pouces se rapprochaient du sillon fessier, commençaient très doucement à l’entrouvrir… et lorsque les deux mains se rejoignirent, bien au centre, il eut un gémissement… Il n’avait visiblement rien connu de si délicieux.
Elle avait ensuite entrepris de le masser avec sa poitrine, faisant glisser ses seins ronds sur ses fesses et son dos inondé de sueur… Elle l’avait enlacé de ses bras, de ses jambes, prenant plaisir à onduler contre lui, avec lui, toujours collés par leur sueur…
Dans ce simulacre de lutte, ils avaient maintenant glissé au sol. Alain était sur le dos, son ventre et ses cuisses blanchis de la farine que la sueur avait collée… et cette magnifique colonne de chair, tournée vers le ciel, donna un frisson à Magali…
Mais si elle était bien décidée à offrir et prendre du plaisir avec lui, elle comprenait aussi la gêne qu’il pouvait ressentir. A la fois parce qu’Alain avait une petite amie, mais aussi parce que, étant « la patronne », elle pensait qu’aller trop loin aurait été abuser de cette position… Elle était joyeuse, joueuse, sensuelle, un peu délurée sans doute mais en rien perverse, et ne voulait donc pas mettre Alain dans une situation trop embarrassante pour lui, qu’il n’aurait peut être pas su gérer. Elle se résolut donc à ne pas aller jusqu’à une pénétration, qui aurait peut-être été « le pas de trop », qu’elle aurait pourtant pu faire sans peine tant il semblait s’abandonner… Bien plus expérimentée, elle considérait que c’était à elle de conduire les opérations, ce qu’Alain aurait été bien en peine de lui contester. Elle savait donc bien où aller, où ne pas aller…
Alors elle redoubla ses caresses, laissa glisser sa chevelure le long de ce torse d’athlète, qui frissonna… sans lâcher de ses mains la base de son membre, ses lèvres, sa langue avaient maintenant entrepris d’en caresser l’autre extrémité… elle dosait méticuleusement tous ses gestes, tous ses baisers pour prolonger ce moment si intense. En ressentant les spasmes puissants de ses abdominaux, elle perçut que, manifestement, Alain était maintenant à bout… Elle entoura alors son sexe dressé de ses seins d’albâtre, l’enserrant ainsi dans un étui chaud et douillet, puis rythma ses gestes pour bien accompagner son plaisir… Jusqu’à une longue explosion qui inonda leurs corps. Ils durent rester ainsi unis quelques longues minutes, sans dire un mot, sans bouger. Leurs corps maintenant apaisés étaient maculés de sueur, de farine et de sa semence abondante… Ils se dirigèrent jusqu’à la douche, où il se laissa délicieusement savonner, masser, rincer, essuyer. Il savourait les gestes experts de sa patronne…
Elle souriait toujours ; lui semblait un encore un peu gêné mais s’était enhardi à la regarder dans les yeux et à lui rendre un sourire. Il aurait même volontiers prolongé cette douche partagée, bienfaitrice et rafraîchissante, quand les sept coups du clocher de l’église le ramenèrent brutalement à la réalité : la fournée ! Nu, il se précipita vers le four, l’air catastrophé… Elle le suivit, de son pas toujours rapide et gracieux, plus belle encore dans sa nudité…
Ils retirèrent très vite le chariot d’enfournage… Les pains, sans être brûlés, avaient tout de même pris un sérieux coup de chaud… Il contemplait ce qu’il considérait être une catastrophe ; elle l’avait maintenant entouré de ses bras presque maternellement : « Ne t’inquiète pas, Alain…C’est le métier qui rentre » lui dit-elle avec douceur, sans jamais lâcher un instant sa bonne humeur…Elle déposa même un baiser dans son cou, comme pour le consoler
Juste le temps de laisser un peu refroidir cette première fournée, préparer la suivante et transporter les pains jusqu’à la boutique, et il serait temps d’ouvrir. Et il savait bien que certains clients, comme madame Carraba, arrivent dès l’ouverture et n’aiment pas attendre… Magali l’aida dans cette tache, afin de le mettre plus à l’aise…
Alors, maintenant, vous comprendrez mieux l’émoi d’Alain et l’éclat de rire de Magali quand madame Carraba désirait, avec son air pincé, ses baguettes « pas trop cuites »…
Et vous comprendrez aussi pourquoi, quand je rentre dans une boulangerie où la patronne est avenante, je jette toujours un coup d’œil à la couleur du pain !
Les enfants, plus directs, l’avaient baptisée « la fée Carabosse » tant son sale caractère était devenu légendaire dans le village.
Elle poussa la porte de la boulangerie, faisant tinter la cloche antédiluvienne fixée au-dessus. Malgré l’écriteau « nos amis les animaux restent dehors », la petite chienne la suivit… Fidèle à son habitude, elle ne crut pas vraiment utile de glisser le moindre « bonjour » au mitron, qui s’affairait derrière le comptoir. « Ces gens là », comme elle les appelait parfois, n’étaient pas de sa classe…
« Deux baguettes, et pas trop cuites » grinça t’elle sèchement, en posant sa monnaie déjà préparée sur le comptoir. Les formules de politesse ne l’encombraient pas vraiment, mais les habitants en avaient pris leur parti…
Curieusement, le mitron parut gêné, et la boulangère, dans l’arrière boutique, éclata de rire… Il est vrai que, ce matin là, les baguettes rangées contre le mur avaient l’air d’avoir pris un sérieux coup de chaud, et en trouver deux « pas trop cuites » comme l’exigeait la petite vieille acariâtre aurait été un exploit !
Le mitron, qui était devenu tout rouge, dût bien admettre cette évidence, et ne savait trop que répondre à cette cliente toujours cassante… La boulangère vit cette gêne, et vint à son secours :
« Madame Carraba, la prochaine fournée sera prête dans un petit quart d’heure et sera moins cuite, repassez donc en revenant de l’épicerie, je vous en mettrai deux de côté »
Mais pour bien comprendre l’atmosphère si particulière qui régnait dans la boulangerie par ce beau matin d’août, il fallait remonter un peu en arrière…
Alain, le mitron…. Né au village, il y avait grandi. Ses parents cultivaient la terre, mais lui s’était pris de passion pour les pâtes feuilletées.... Alors, quand à la fin de sa formation en alternance, il avait pu obtenir un stage auprès de la boulangerie de son propre village, il n’avait pas hésité un instant. D’autant que le patron lui avait clairement laissé entendre qu’il l’embaucherait ensuite.
Il vivait heureux dans son village, et y était parfaitement intégré… Bien bâti, il faisait partie de l’équipe de rugby locale, ainsi que de l’équipe de sapeurs pompiers volontaires. Il était aussi la coqueluche des filles du coin, et avait une petite amie depuis quelques mois dans une ferme non loin de là. Comme tout se sait dans ces petits villages, beaucoup d’habitants le « plaisantaient » un peu là dessus, mais cela restait de bon ton, car tous deux étaient appréciés…
Magali, la boulangère… Le geste vif, la quarantaine pétillante, la bonne humeur personnifiée…Toujours un sourire, un clin d’œil, un mot gentil, elle était très aimée de tous. Je crois que même s’il n’y avait pas eu de pain, les villageois seraient quand même venus partager la bonne humeur qu’elle entretenait dans sa boulangerie…
Son mari était parti en Alsace la veille, pour récupérer leurs enfants qui avaient débuté les vacances chez leurs grands-parents. Mais comme les petits commerces de village ne peuvent fermer, il avait été décidé qu’il irait seul, et y resterait quelques jours pour visiter sa famille si lointaine. Magali était parfaitement à l’aise dans sa boulangerie, et Alain, le jeune mitron, avait maintenant le métier bien en main : juste un bon « coup de collier » à donner pendant quelques jours. Mais la fierté d’avoir la confiance de son patron venait largement le récompenser de cet effort.
Ce matin là, il était donc arrivé de très bonne heure, plein d’énergie. En effet, si le pétrissage de la pâte était mécanisé, toutes les autres opérations étaient restées manuelles dans cette petite boulangerie de village. Cela ne l’effrayait pas : il était fort physiquement, et il aimait ce contact sensuel avec la pâte.
Malgré l’heure matinale, il régnait déjà une chaleur torride dans le fournil. La température extérieure, d’abord, était caniculaire en ce début août. Mais il avait fallu allumer bien à l’avance le feu de bois. Et il s’affairait à préparer les pâtons pendant que le four montait en température. Torse nu, comme à son habitude, il ruisselait de sueur ; le boulanger avait aménagé une douche au fond du local, qui lui permettrait d’assurer plus tard le service au magasin, dans une fraîcheur acceptable…
Il était à l’heure sur le plan de marche qu’il s’était fixé, la première fournée allait pouvoir être lancée dans quelques minutes…
Etait-ce la canicule ? ou le souci de voir si tout allait bien ? Magali, elle, s’était levée de bonne heure, et était descendue très discrètement au fournil. Affairé, Alain ne l’avait même pas remarquée… Elle s’était installée dans un vieux fauteuil posé là, et observait dans l’immobilité la plus parfaite. La lumière du feu faisait luire ce torse, ce torse musclé et ruisselant qu’elle admirait en silence…
D’un côté, elle avait beaucoup d’affection pour ce garçon fort sympathique qui n’était finalement guère plus âgé que son fils aîné… et pourtant, la vue de ce corps souple et musclé la troublait de plus en plus, elle ressentait jusque dans son ventre ce désir qui montait inexorablement en elle…
Alain s’était maintenant arrêté un instant, pour se désaltérer avant d’enfourner la première série de pâtons… Aussi, fut-il surpris d’entendre un « je vais vous aider » d’une voix chantante qui lui était familière… Il se retourna, vit le sourire de Magali qui avait déjà empoigné le chariot qui servait à cette manœuvre…
A deux, l’opération fut donc vite faite… Magali s’était rapprochée de lui, et commençait à lui masser les épaules ruisselantes de transpiration. Prévenante, elle s’était placée derrière lui, pour qu’il n’ait pas à croiser son regard immédiatement car elle devinait sa gêne. Elle aimait sentir cette musculature puissante sous ses mains, et l’odeur de cette sueur saine ne la dérangeait pas, contribuait peut-être même à l’excitation du moment… Ses mains avaient très vite glissé dans son dos, puis entouré son torse et caressaient maintenant sa poitrine…
Lui n’osait pas bouger… Non pas qu’il ne ressentit rien, bien au contraire, mais cette situation était inattendue, et même si Magali était une femme douce, splendide et rayonnante, c’était quand même « la patronne »…
Elle, toujours derrière lui, avait laissé glisser au sol la robe de chambre qu’elle portait comme seul vêtement, et avait maintenant collé sa peau contre la sienne, comme pour partager sa transpiration qui avait redoublé. Elle appréciait cette sensation des peaux qui s’unissent, qui glissent ainsi l’une sur l’autre. Elle prenait du plaisir à écraser sa belle poitrine contre son dos, pendant qu’elle caressait de ses mains tout le torse et le bas ventre d’Alain. Lui n’en pouvait plus : il avait de lui-même déboutonné son pantalon, devenu bien trop serré, pour ouvrir largement la route aux mains expertes qui le parcouraient… Même les douces caresses qu’ils se prodiguaient avec sa petite amie étaient loin de la fougue qu’il découvrait maintenant…
Le pantalon ayant rejoint au sol la robe de chambre, Magali entreprit, sans jamais cesser les caresses, de l’orienter vers la réserve ou s’empilent les sacs de farine. Délicatement, sans la moindre brusquerie, elle le fit basculer vers l’avant, la face contre des sacs qui étaient au sol. Elle comprit son émoi et voulut le rassurer. « Laisse toi faire, tu es fatigué » dit-elle ; il ne protesta pas…Abandonné sur son sac de farine, il avait légèrement écarté les jambes… Magali lui massait délicieusement les cuisses et fesses, et y prenait manifestement beaucoup de plaisir… Petit à petit, ses pouces se rapprochaient du sillon fessier, commençaient très doucement à l’entrouvrir… et lorsque les deux mains se rejoignirent, bien au centre, il eut un gémissement… Il n’avait visiblement rien connu de si délicieux.
Elle avait ensuite entrepris de le masser avec sa poitrine, faisant glisser ses seins ronds sur ses fesses et son dos inondé de sueur… Elle l’avait enlacé de ses bras, de ses jambes, prenant plaisir à onduler contre lui, avec lui, toujours collés par leur sueur…
Dans ce simulacre de lutte, ils avaient maintenant glissé au sol. Alain était sur le dos, son ventre et ses cuisses blanchis de la farine que la sueur avait collée… et cette magnifique colonne de chair, tournée vers le ciel, donna un frisson à Magali…
Mais si elle était bien décidée à offrir et prendre du plaisir avec lui, elle comprenait aussi la gêne qu’il pouvait ressentir. A la fois parce qu’Alain avait une petite amie, mais aussi parce que, étant « la patronne », elle pensait qu’aller trop loin aurait été abuser de cette position… Elle était joyeuse, joueuse, sensuelle, un peu délurée sans doute mais en rien perverse, et ne voulait donc pas mettre Alain dans une situation trop embarrassante pour lui, qu’il n’aurait peut être pas su gérer. Elle se résolut donc à ne pas aller jusqu’à une pénétration, qui aurait peut-être été « le pas de trop », qu’elle aurait pourtant pu faire sans peine tant il semblait s’abandonner… Bien plus expérimentée, elle considérait que c’était à elle de conduire les opérations, ce qu’Alain aurait été bien en peine de lui contester. Elle savait donc bien où aller, où ne pas aller…
Alors elle redoubla ses caresses, laissa glisser sa chevelure le long de ce torse d’athlète, qui frissonna… sans lâcher de ses mains la base de son membre, ses lèvres, sa langue avaient maintenant entrepris d’en caresser l’autre extrémité… elle dosait méticuleusement tous ses gestes, tous ses baisers pour prolonger ce moment si intense. En ressentant les spasmes puissants de ses abdominaux, elle perçut que, manifestement, Alain était maintenant à bout… Elle entoura alors son sexe dressé de ses seins d’albâtre, l’enserrant ainsi dans un étui chaud et douillet, puis rythma ses gestes pour bien accompagner son plaisir… Jusqu’à une longue explosion qui inonda leurs corps. Ils durent rester ainsi unis quelques longues minutes, sans dire un mot, sans bouger. Leurs corps maintenant apaisés étaient maculés de sueur, de farine et de sa semence abondante… Ils se dirigèrent jusqu’à la douche, où il se laissa délicieusement savonner, masser, rincer, essuyer. Il savourait les gestes experts de sa patronne…
Elle souriait toujours ; lui semblait un encore un peu gêné mais s’était enhardi à la regarder dans les yeux et à lui rendre un sourire. Il aurait même volontiers prolongé cette douche partagée, bienfaitrice et rafraîchissante, quand les sept coups du clocher de l’église le ramenèrent brutalement à la réalité : la fournée ! Nu, il se précipita vers le four, l’air catastrophé… Elle le suivit, de son pas toujours rapide et gracieux, plus belle encore dans sa nudité…
Ils retirèrent très vite le chariot d’enfournage… Les pains, sans être brûlés, avaient tout de même pris un sérieux coup de chaud… Il contemplait ce qu’il considérait être une catastrophe ; elle l’avait maintenant entouré de ses bras presque maternellement : « Ne t’inquiète pas, Alain…C’est le métier qui rentre » lui dit-elle avec douceur, sans jamais lâcher un instant sa bonne humeur…Elle déposa même un baiser dans son cou, comme pour le consoler
Juste le temps de laisser un peu refroidir cette première fournée, préparer la suivante et transporter les pains jusqu’à la boutique, et il serait temps d’ouvrir. Et il savait bien que certains clients, comme madame Carraba, arrivent dès l’ouverture et n’aiment pas attendre… Magali l’aida dans cette tache, afin de le mettre plus à l’aise…
Alors, maintenant, vous comprendrez mieux l’émoi d’Alain et l’éclat de rire de Magali quand madame Carraba désirait, avec son air pincé, ses baguettes « pas trop cuites »…
Et vous comprendrez aussi pourquoi, quand je rentre dans une boulangerie où la patronne est avenante, je jette toujours un coup d’œil à la couleur du pain !
Dim 03 Jan 2010, 23:18 par
piertiteuf sur L'amour en vrac
Départ...
Prose d’errance
Douce brise à l’horizon son cœur est un canon
Il pleure à chaque coup porté à l’ennemi
Ennemi bien-aimé, cet amour envolé
Vient de changer de front
Et cette guerre des sentiments
Le brise en mille fragments…
Images d’antan, souvenirs délavés, instants trépassés
Assise près du sofa ses larmes ne coulent pas
Non, pas ce soir, les yeux dans le vague elle se souvient ;
Enchantement de ces matins, élans de tendresse,
Mots et aveux qui déjà n’en sont plus
Confessions, émotions qui s’étiolent presque
Se dirigent au royaume du « plus rien »
Violente tempête en ce cœur trop aimant
Qui se hisse au mat de sa solitude
Fier dans sa décadence
Comme ces vieux chênes qui ne plient pas
Pour croire, espérer, songer
A ces retrouvailles qui n’en seront jamais
Il fait froid en ce mois de mai
Amour impossible, ardeur consumée
Dame Passion poursuit sa lente agonie
Brulant à son passage des champs d’amours dévastés
Déchéance de ce crépuscule sans main à tenir
Dans la cheminée il n y a plus que des cendres…
Douce brise à l’horizon son cœur est un canon
Il pleure à chaque coup porté à l’ennemi
Ennemi bien-aimé, cet amour envolé
Vient de changer de front
Et cette guerre des sentiments
Le brise en mille fragments…
Images d’antan, souvenirs délavés, instants trépassés
Assise près du sofa ses larmes ne coulent pas
Non, pas ce soir, les yeux dans le vague elle se souvient ;
Enchantement de ces matins, élans de tendresse,
Mots et aveux qui déjà n’en sont plus
Confessions, émotions qui s’étiolent presque
Se dirigent au royaume du « plus rien »
Violente tempête en ce cœur trop aimant
Qui se hisse au mat de sa solitude
Fier dans sa décadence
Comme ces vieux chênes qui ne plient pas
Pour croire, espérer, songer
A ces retrouvailles qui n’en seront jamais
Il fait froid en ce mois de mai
Amour impossible, ardeur consumée
Dame Passion poursuit sa lente agonie
Brulant à son passage des champs d’amours dévastés
Déchéance de ce crépuscule sans main à tenir
Dans la cheminée il n y a plus que des cendres…
Sam 02 Jan 2010, 22:27 par
Sarah sur L'amour en vrac
Rencontre avec un ange...
Un autre lieu, une autre vie,
Rien de prévu,
On ne prévoit rien dans ces cas là.
Juste une ballade entre amis,
Et je t’ai vu,
Attiré inexorablement vers toi
J’ai rencontré un ange...
Normal n’est pas le bon sentiment,
Mais nous nous sommes rapprochés
Comme des aimants attirés
Normal est un ressentiment ignorant
De ce que j’ai pu éprouver
Comme des amants désirés
J’ai rencontré un ange...
La timidité m’a submergé
Cette soirée on nous avons parlé
Bord de plage, lune en fond
La passion m’a rattrapé
Te regardant dormir à mes côtés
Je n’osais pas émettre un son
J’ai rencontré un ange...
Hésitant je t’ai embrassé
Et tu m’a rendu ce baiser
La flamme est devenu brasier
Ta main ne m’a plus quittée
Et ensemble nous avons continué
Peu de temps nous restait
J’ai rencontré un ange...
Au revoir, mon corps chancelle
Tu m’as serré dans tes bras
Mon cœur lacéré d’une séparation
Les pleurs pour unique chandelle
Désormais mon âme sans toi
Attendra ta prochaine résurrection
J’ai rencontré un ange...
Rien de prévu,
On ne prévoit rien dans ces cas là.
Juste une ballade entre amis,
Et je t’ai vu,
Attiré inexorablement vers toi
J’ai rencontré un ange...
Normal n’est pas le bon sentiment,
Mais nous nous sommes rapprochés
Comme des aimants attirés
Normal est un ressentiment ignorant
De ce que j’ai pu éprouver
Comme des amants désirés
J’ai rencontré un ange...
La timidité m’a submergé
Cette soirée on nous avons parlé
Bord de plage, lune en fond
La passion m’a rattrapé
Te regardant dormir à mes côtés
Je n’osais pas émettre un son
J’ai rencontré un ange...
Hésitant je t’ai embrassé
Et tu m’a rendu ce baiser
La flamme est devenu brasier
Ta main ne m’a plus quittée
Et ensemble nous avons continué
Peu de temps nous restait
J’ai rencontré un ange...
Au revoir, mon corps chancelle
Tu m’as serré dans tes bras
Mon cœur lacéré d’une séparation
Les pleurs pour unique chandelle
Désormais mon âme sans toi
Attendra ta prochaine résurrection
J’ai rencontré un ange...
Mer 25 Nov 2009, 01:11 par
Loyd sur Histoires d'amour
C’était le printemps
Je t’ai aperçu un beau jour de printemps
Déjà mon cœur te devins dépendant
C’était sans doute le jour le plus important
Quand le temps c’est arrêté pendant un instant
Ton visage parfait te donnait l’allure d’un enfant
Le regardait n’était plus une envie mais une obsession
Après, ma vie s’est transformée en un feuilleton
Toujours la même image, toujours la même passion
Quand tu parle, moi je crie pour que tu m’entend
Quand tu marche, moi je cour interminablement
Rien que pour sentir ton odeur de femme charmant
Je serais ton esclave enchaîné dans ton rêve insolant
Avec ton regarde aussi vaste que l’océan
Ainsi que ton sourire broder comme un feston
Tu ma fais renaître de ce corps de charbon
Et avec tes flammes tu la brûlé tel un volcan
Le vent d’été souffle et me prive de la belle saison
Qu jadis te revoir était ma seule raison
Aujourd’hui ta présence me manque terriblement
Et le charme de ton visage rayonnant
Sache que mon cœur t’appartient éternellement
Toi qui l’as libéré de tout ces sentiments
Déjà mon cœur te devins dépendant
C’était sans doute le jour le plus important
Quand le temps c’est arrêté pendant un instant
Ton visage parfait te donnait l’allure d’un enfant
Le regardait n’était plus une envie mais une obsession
Après, ma vie s’est transformée en un feuilleton
Toujours la même image, toujours la même passion
Quand tu parle, moi je crie pour que tu m’entend
Quand tu marche, moi je cour interminablement
Rien que pour sentir ton odeur de femme charmant
Je serais ton esclave enchaîné dans ton rêve insolant
Avec ton regarde aussi vaste que l’océan
Ainsi que ton sourire broder comme un feston
Tu ma fais renaître de ce corps de charbon
Et avec tes flammes tu la brûlé tel un volcan
Le vent d’été souffle et me prive de la belle saison
Qu jadis te revoir était ma seule raison
Aujourd’hui ta présence me manque terriblement
Et le charme de ton visage rayonnant
Sache que mon cœur t’appartient éternellement
Toi qui l’as libéré de tout ces sentiments
Jeu 12 Nov 2009, 09:45 par
Radski sur Parler d'amour
Les aveux
Trois mots hors du commun
Pour celle dont tu tiens la main
Aveu timide d’un sentiment
D’un corps désormais vibrant
Promesse d’une autre dimension
Pour se laisser aller a la passion
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te murmurer...
Certains le disent pour te faire plaisir
Quant ils le lisent dans ton désir
Par le passé j’ai vécu cette maladie
Le résultat fut mon cœur meurtri
J’attends aujourd’hui d’être submergé
Pour oser demain te l’avouer
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te lâcher...
Ces mots tabous inexprimés
Dans une autre langue les révéler
Perçois le de mes mains
Et ce jusqu’au petit matin
Si mes yeux pouvaient parler
Ils te l’auraient surement crié
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te crier...
Accepter de tomber la carapace
Il y a souvent des conséquences hélas
Mesdemoiselles vous les prenez
Comme si c’était pour l’éternité
Associé trop vite à des toujours
Sauras tu le prendre juste pour un jour
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à le libérer...
Je...
Je ...............
Pour celle dont tu tiens la main
Aveu timide d’un sentiment
D’un corps désormais vibrant
Promesse d’une autre dimension
Pour se laisser aller a la passion
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te murmurer...
Certains le disent pour te faire plaisir
Quant ils le lisent dans ton désir
Par le passé j’ai vécu cette maladie
Le résultat fut mon cœur meurtri
J’attends aujourd’hui d’être submergé
Pour oser demain te l’avouer
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te lâcher...
Ces mots tabous inexprimés
Dans une autre langue les révéler
Perçois le de mes mains
Et ce jusqu’au petit matin
Si mes yeux pouvaient parler
Ils te l’auraient surement crié
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à te crier...
Accepter de tomber la carapace
Il y a souvent des conséquences hélas
Mesdemoiselles vous les prenez
Comme si c’était pour l’éternité
Associé trop vite à des toujours
Sauras tu le prendre juste pour un jour
Lorsque je suis face à toi
J’ai enfin le cœur qui bat
Il me vient alors cette envie
De t’avouer ces mots que je fuis
Arrêter un instant de respirer
Et réussir à le libérer...
Je...
Je ...............
Lun 09 Nov 2009, 12:24 par
Loyd sur La déclaration d'amour
Pas de retour.
Chapitre 1
En sueur et essoufflé, Arthur n’en avait pas moins le sourire.
Un sourire franc et lumineux, qui ne manquait jamais d’étonner. Si Patrick Brun le connaissait bien, ce sourire, jamais il ne s’en lassait. « Décidément - pensait-il en regardant son élève - ce gosse a tout pour lui : talentueux, intelligent, gentil comme tout, beau gosse et jamais la grosse tête. Comme j’aimerais qu’ils soient tous comme lui… »
Patrick Brun était instructeur de taekwondo depuis une quinzaine d’années, déjà. Il avait la chance d’exercer son métier par passion et non pas, uniquement, pour recevoir son chèque en fin de mois. A l’âge de 20 ans, désœuvré comme la plupart de ses acolytes de la cité, il a découvert le taekwondo par pur hasard, dans un minuscule dojang (nom donné aux centres d’entraînement dédiés) de sa ville, Bagnolet. Le maître des lieux était un Coréen, ne payant pas de mine, sachant au plus 10 mots de français mais qui excellait pour communiquer la technique et la philosophie de cet art martial. Dès sa première session, Patrick sut que le taekwondo ferait partie intégrante de sa vie, comme la drogue, l’alcool ou la violence gratuite formaient le lot quotidien d’une grande majorité des jeunes de son âge. Il avait trouvé sa voie et avait investi sa vie dans la pratique de cet art qui commençait a peine à se développer, à l’époque. Il participait aux tournois organisés en France et en Europe et gagnait très souvent. Il a même eu l’occasion de séjourner en Corée du Sud pendant un mois et de se mesurer aux champions du coin. Il avait été loin d’être ridicule et son Maître - qui l’avait accompagné pour le voyage - même s’il ne disait rien était fier de son disciple et du fait d’avoir reçu les félicitations des grands pontes de la World Taekwondo Federation pour le travail accompli hors des frontières. A 25 ans, Patrick Brun a décidé d’arrêter la compétition pour se consacrer à l’instruction. Il avait repris le dojang de son Maître - reparti dans son pays - et l’avait développé, avec le succès grandissant du taekwondo en Occident.
Par le biais de son Club, Patrick avait éduqué des centaines d’enfants, leur évitant ainsi de tomber dans les dérives trop faciles des cites ouvrières, et sorti certains d’entre eux pour alimenter son département « Elites », dédié spécifiquement à la compétition. Le nombre de médailles gagnées dans les différentes catégories de jeunes l’avait définitivement aidé à recruter de plus en plus d’élèves. A 40 ans, il vivait plutôt bien de son activité et pouvait dédier 80% de son temps au suivi des « Elites », laissant la formation de base aux mains expertes de ses différents instructeurs.
Arthur était la vedette de ce groupe d’élites, composé d’une vingtaine de pratiquants de haut niveau, âgés de 10 à 20 ans. Il pratiquait depuis l’âge de 5 ans, poussé par ses parents qui croyaient dans les vertus des arts martiaux. Très tôt, Arthur avait montré des dispositions physiques exceptionnelles pour le Taekwondo : souplesse, puissance, rapidité et coordination. A cela s’ajoutait un mental très fort, malgré son très jeune âge. Fait exceptionnel, il n’avait jamais perdu un tournoi auquel il avait participé, aussi bien en France que dans les autres pays d’Europe. Depuis l’âge de 10 ans, il avait récolté 50 médailles d’or !
Bien entendu, ce parcours ne s’est pas réalisé sans sacrifices. Encore aujourd’hui, à 15 ans, il s’entraîne deux heures, après l’école ; sans compter sa participation à l’instruction des plus jeunes que Patrick impose a toutes les ceintures noires. « Les arts martiaux vous ont apporté, entre autres, une philosophie de la vie. Maintenant, c’est à vous de redonner un peu au taekwondo. Et cela passe par l’instruction », aimait-il à répéter. Mais Arthur ne se plaignait pas de cette discipline. Il adorait les compétitions et découvrait, depuis 2 ans, les joies et bienfaits personnels de l’instruction.
La salle d’entraînement était lumineuse et spacieuse. Quatre tatamis bleus de 9mètres carrés divisaient l’espace. Des punching bags pendaient à différents endroits et l’on pouvait entendre le bruit mat de chaque coup de pied lancé par les autres élites, en plein effort. Des appareils de musculation tout neufs trônaient dans le fond, à gauche, à côté du bureau de Patrick. Les murs blancs recevaient des cadres montrant toute une série de personnages, dont le créateur coréen des lieux, Grand Maître Park Chung-hee et certains jeunes champions du Club – dont Arthur. A droite de l’espace, vers la zone de sparring, les murs présentaient 5 cadres rapprochés, chacun définissant (en hangul – alphabet coréen – et en français) une des 5 vertus du taekwondo : respect, maîtrise de soi, esprit indomptable, humilité et persévérance. Patrick insistait énormément sur ces concepts, à chacune de ses sessions d’entraînement. « Je ne veux pas donner des armes à un futur criminel », répétait-il. « Si vous ne respectez pas et n’implémentez pas ces vertus, ici et dans la vie en général, vous pouvez partir » clamait-il à tous ses étudiants et il soulignait plus particulièrement la notion de « respect », qu’il estimait comme étant la base d’un homme honnête. La salle bénéficiait de plafonds très hauts, amplifiant cette impression de grandeur.
- Alors, c’est bien vrai, coach ? Je pars pour Singapour ?
Patrick sourit, content de son effet.
- Oui, mon petit gars. Tu pars avec trois autres combattants et, bien sûr, moi. Et, je te l’ai déjà dit : arrête de m’appeler « Coach ».
- Oui, co… Euh… Patrick… C’est vraiment génial !
- Le tournoi débute dans quinze jours. Comme d’habitude, j’ai concocté un programme spécifique pour vous quatre. On commence demain.
- Pas de problème. Je serai prêt ! Au fait, qui sont les trois autres ?
- La Fédération a retenu notre club pour ce tournoi international et j’ai choisi Victor, Ali et… Mathilde…
Patrick avait fait exprès de temporiser avant d’annoncer la participation de Mathilde. Il savait bien qu’Arthur avait plus qu’un faible pour cette jeune fille qui, de son côté, ne semblait pas indifférente. Mais, à 15 ans, on ne sait pas trop comment exprimer ce genre de sentiments, tellement nouveaux…
Le visage d’Arthur s’était illuminé à l’évocation du nom de Mathilde, ce qui ne faisait que confirmer l’observation de Patrick.
Chapitre 2
Michael Ong observait l’effervescence qui régnait au siège de la STF (Fédération Singapourienne de Taekwondo). Il savait que le tournoi international débuterait dans quinze jours mais, en tant que membre de la commission d’organisation chargé de la sécurité, il n’avait aucune inquiétude à avoir : son pays était l’un des plus sûrs du monde et tout était déjà mis en place. Cela n’avait présenté aucune difficulté. En effet, sa qualité d’inspecteur du département des investigations criminelles lui permettait de faire bouger ses relations internes plus vite que n’importe qui d’autre…
Michael faisait aussi partie de la fédération en tant que détenteur d’une ceinture noire 4eme dan et instructeur au sein des forces de police. A l’occasion, plus jeune, il avait représenté son pays dans quelques tournois militaires et intra forces de police mais cela ne l’avait jamais vraiment intéressé. Ce qui le passionnait, dans le taekwondo, c’était l’aspect art martial plutôt que le côté sportif. Et, à bientôt 40 ans, il était toujours aussi engagé dans sa quête perpétuelle.
Il vit arriver vers lui Lee Boon Tat, le responsable des inscriptions. Michael perçut tout de suite son anxiété.
- Michael, je peux te parler un instant ?
- Bien sûr. Tu m’as l’air soucieux… Des problèmes avec les participations ?
Boon Tat avait le regard fuyant et Michael n’aimait décidément pas ça…
- Oui, il y a quelque chose qui me perturbe avec les inscrits…
- Quoi ? Un pays indésirable a fait une demande de participation ?
- Non, le problème vient plutôt d’ici…
Michael ne manqua pas de marquer son étonnement.
- Ici ? Dis m’en plus... Je ne vois pas, là…
- 3 athlètes du club de Geylang se sont inscrits.
- Comment ? Mais qui a permis à ces voyous de participer au tournoi ?, s’emporta Michael.
- Ils sont affiliés à la fédération et les combattants sont licenciés. Personne ne peut leur interdire de participer.
Pendant que Boon Tat parlait, Michael repensa au Geylang Fighting Team. Il se remémora les différents problèmes occasionnés par la plupart des membres de ce club, non seulement lors de tournois locaux mais, aussi et surtout, dans la rue. Le Geylang Fighting Team était notoire pour les activités illégales de ses membres : racket, prêts usuriers, contrôle de la prostitution (Geylang est LE quartier abritant la prostitution, à Singapour), trafic de cigarettes, etc… En clair, il s’agissait d’un gang bien connu des services de police. Michael les a connus lorsqu’ils ont participé à leurs premiers tournois, démontrant leur mépris des règles de fair play et n’hésitant pas à s’en prendre aux arbitres, juges ou adversaires quand les décisions ou l’issue des combats leur étaient défavorables.
Bien entendu, très vite, la fédération avait pris la décision officieuse de bannir le club mais la police lui avait demandé de n’en rien faire, arguant du fait que tant qu’ils participaient aux divers tournois organisés à Singapour, il serait plus facile de les observer. A partir de cette intervention du gouvernement, la fédération n’avait plus son mot à dire sur le sujet… De leur côté, les policiers, dont Michael Ong, avaient pris le problème à bras le corps et avaient opéré un nombre impressionnant d’arrestations mais cette activité n’avait jamais eu pour effet de désorganiser le gang qui continuait à sévir grâce au recrutement permanent de nouveaux membres, tous adeptes de taekwondo.
- Bon ! fit Michael. Je vais en parler au président de la fédération.
Boon Tat ne put réprimer un sourire de dépit.
- Je l’ai déjà vu, Michael. Il ne peut rien faire. C’est lui qui m’a demandé de voir ça avec toi… Apres tout, c’est bien vous qui avez refusé de les bannir, non ?
Boon Tat avait raison et Michael ne pouvait que l’admettre, même s’il avait été contre cette intervention de ses supérieurs.
- OK, Boon Tat. Je vais en référer à mes chefs. Je vais voir si on peut faire quelque chose. Entre-temps, as-tu la possibilité de retarder leur inscription ?
- Tu plaisantes ? La clôture a lieu ce soir !
Michael pestait intérieurement. Il pensait pouvoir regarder tranquillement le tournoi et le voilà, maintenant, à devoir gérer une situation potentiellement dangereuse…
- Qui sont les athlètes inscrits ? demanda-t-il.
Boon Tat se décida, finalement, à regarder Michael droit dans les yeux.
- Min Yi Er, Gopal Sanchin et… Azhar…
« Ben, voyons ! » réagit Michael en entendant le dernier nom. Azhar était le bras droit du chef de gang, l’exécuteur des basses œuvres. Il n’avait que 19 ans ! Un fou furieux, violent et, qui plus est, champion national de taekwondo. Ni Michael, ni ses collègues n’avaient encore réussi à l’appréhender. Il était assez malin pour faire porter le chapeau par un de ses hommes, à chaque intervention de la police. Cela ne les empêchait pas de savoir à qui ils avaient à faire… Mais, le pire pour Michael et beaucoup d’autres membres de la fédération, était qu’à cause de lui, Singapour détenait un triste record ; celui du premier pays au monde - depuis que le taekwondo est devenu sport olympique - à déplorer un mort pendant un tournoi dûment encadré par les règles de sécurité édictées par la WTF. Un incident qui a fait le tour du monde, au grand dam du gouvernement singapourien. « Un meurtre » corrigea Michael. Il y était. Il a vu Azhar s’acharner sur son adversaire pendant que l’arbitre, stupéfait devant tant de violence concentrée, ne savait comment réagir. Il a senti, avant qu’il ne se produise, le coup de pied circulaire qui visait la tempe de sa pauvre cible, tenant à peine sur ses jambes. Il a prévu l’issue fatale de ce dernier coup porté avec une énergie surnaturelle, avant que l’arbitre n’intervienne. Un frisson d’horreur l’a secoué avant que l’adversaire d’Azhar ne se relève pour s’écrouler, deux secondes plus tard, et ne jamais sortir d’un coma stade 4… Un sentiment de haine, fulgurant, est apparu lorsqu’il a regardé Azhar lever les bras en signe de victoire et faire un clin d’œil vers les membres de son gang qui applaudissaient à tout rompre et criaient son nom… Six mois ! Six mois que cet « assassinat » a eu lieu ! Personne n’a pu faire quoi que ce soit. Ni la fédération, ni le gouvernement. Après tout, le cadre du combat était tout ce qu’il y avait de plus légal ; les fameux formulaires de dégagement de responsabilité étaient proprement remplis et signés ; et, surtout, les associés d’Azhar avaient été très clairs auprès de la famille du défunt âgé d’à peine 17 ans… « Et, maintenant, le revoilà… », gambergea Michael. « Dans un tournoi international ! Et sil tue un adversaire étranger ? Qu’est ce qui va se passer ? Il faut que je trouve un moyen d’empêcher sa participation ! »
(A suivre...)
En sueur et essoufflé, Arthur n’en avait pas moins le sourire.
Un sourire franc et lumineux, qui ne manquait jamais d’étonner. Si Patrick Brun le connaissait bien, ce sourire, jamais il ne s’en lassait. « Décidément - pensait-il en regardant son élève - ce gosse a tout pour lui : talentueux, intelligent, gentil comme tout, beau gosse et jamais la grosse tête. Comme j’aimerais qu’ils soient tous comme lui… »
Patrick Brun était instructeur de taekwondo depuis une quinzaine d’années, déjà. Il avait la chance d’exercer son métier par passion et non pas, uniquement, pour recevoir son chèque en fin de mois. A l’âge de 20 ans, désœuvré comme la plupart de ses acolytes de la cité, il a découvert le taekwondo par pur hasard, dans un minuscule dojang (nom donné aux centres d’entraînement dédiés) de sa ville, Bagnolet. Le maître des lieux était un Coréen, ne payant pas de mine, sachant au plus 10 mots de français mais qui excellait pour communiquer la technique et la philosophie de cet art martial. Dès sa première session, Patrick sut que le taekwondo ferait partie intégrante de sa vie, comme la drogue, l’alcool ou la violence gratuite formaient le lot quotidien d’une grande majorité des jeunes de son âge. Il avait trouvé sa voie et avait investi sa vie dans la pratique de cet art qui commençait a peine à se développer, à l’époque. Il participait aux tournois organisés en France et en Europe et gagnait très souvent. Il a même eu l’occasion de séjourner en Corée du Sud pendant un mois et de se mesurer aux champions du coin. Il avait été loin d’être ridicule et son Maître - qui l’avait accompagné pour le voyage - même s’il ne disait rien était fier de son disciple et du fait d’avoir reçu les félicitations des grands pontes de la World Taekwondo Federation pour le travail accompli hors des frontières. A 25 ans, Patrick Brun a décidé d’arrêter la compétition pour se consacrer à l’instruction. Il avait repris le dojang de son Maître - reparti dans son pays - et l’avait développé, avec le succès grandissant du taekwondo en Occident.
Par le biais de son Club, Patrick avait éduqué des centaines d’enfants, leur évitant ainsi de tomber dans les dérives trop faciles des cites ouvrières, et sorti certains d’entre eux pour alimenter son département « Elites », dédié spécifiquement à la compétition. Le nombre de médailles gagnées dans les différentes catégories de jeunes l’avait définitivement aidé à recruter de plus en plus d’élèves. A 40 ans, il vivait plutôt bien de son activité et pouvait dédier 80% de son temps au suivi des « Elites », laissant la formation de base aux mains expertes de ses différents instructeurs.
Arthur était la vedette de ce groupe d’élites, composé d’une vingtaine de pratiquants de haut niveau, âgés de 10 à 20 ans. Il pratiquait depuis l’âge de 5 ans, poussé par ses parents qui croyaient dans les vertus des arts martiaux. Très tôt, Arthur avait montré des dispositions physiques exceptionnelles pour le Taekwondo : souplesse, puissance, rapidité et coordination. A cela s’ajoutait un mental très fort, malgré son très jeune âge. Fait exceptionnel, il n’avait jamais perdu un tournoi auquel il avait participé, aussi bien en France que dans les autres pays d’Europe. Depuis l’âge de 10 ans, il avait récolté 50 médailles d’or !
Bien entendu, ce parcours ne s’est pas réalisé sans sacrifices. Encore aujourd’hui, à 15 ans, il s’entraîne deux heures, après l’école ; sans compter sa participation à l’instruction des plus jeunes que Patrick impose a toutes les ceintures noires. « Les arts martiaux vous ont apporté, entre autres, une philosophie de la vie. Maintenant, c’est à vous de redonner un peu au taekwondo. Et cela passe par l’instruction », aimait-il à répéter. Mais Arthur ne se plaignait pas de cette discipline. Il adorait les compétitions et découvrait, depuis 2 ans, les joies et bienfaits personnels de l’instruction.
La salle d’entraînement était lumineuse et spacieuse. Quatre tatamis bleus de 9mètres carrés divisaient l’espace. Des punching bags pendaient à différents endroits et l’on pouvait entendre le bruit mat de chaque coup de pied lancé par les autres élites, en plein effort. Des appareils de musculation tout neufs trônaient dans le fond, à gauche, à côté du bureau de Patrick. Les murs blancs recevaient des cadres montrant toute une série de personnages, dont le créateur coréen des lieux, Grand Maître Park Chung-hee et certains jeunes champions du Club – dont Arthur. A droite de l’espace, vers la zone de sparring, les murs présentaient 5 cadres rapprochés, chacun définissant (en hangul – alphabet coréen – et en français) une des 5 vertus du taekwondo : respect, maîtrise de soi, esprit indomptable, humilité et persévérance. Patrick insistait énormément sur ces concepts, à chacune de ses sessions d’entraînement. « Je ne veux pas donner des armes à un futur criminel », répétait-il. « Si vous ne respectez pas et n’implémentez pas ces vertus, ici et dans la vie en général, vous pouvez partir » clamait-il à tous ses étudiants et il soulignait plus particulièrement la notion de « respect », qu’il estimait comme étant la base d’un homme honnête. La salle bénéficiait de plafonds très hauts, amplifiant cette impression de grandeur.
- Alors, c’est bien vrai, coach ? Je pars pour Singapour ?
Patrick sourit, content de son effet.
- Oui, mon petit gars. Tu pars avec trois autres combattants et, bien sûr, moi. Et, je te l’ai déjà dit : arrête de m’appeler « Coach ».
- Oui, co… Euh… Patrick… C’est vraiment génial !
- Le tournoi débute dans quinze jours. Comme d’habitude, j’ai concocté un programme spécifique pour vous quatre. On commence demain.
- Pas de problème. Je serai prêt ! Au fait, qui sont les trois autres ?
- La Fédération a retenu notre club pour ce tournoi international et j’ai choisi Victor, Ali et… Mathilde…
Patrick avait fait exprès de temporiser avant d’annoncer la participation de Mathilde. Il savait bien qu’Arthur avait plus qu’un faible pour cette jeune fille qui, de son côté, ne semblait pas indifférente. Mais, à 15 ans, on ne sait pas trop comment exprimer ce genre de sentiments, tellement nouveaux…
Le visage d’Arthur s’était illuminé à l’évocation du nom de Mathilde, ce qui ne faisait que confirmer l’observation de Patrick.
Chapitre 2
Michael Ong observait l’effervescence qui régnait au siège de la STF (Fédération Singapourienne de Taekwondo). Il savait que le tournoi international débuterait dans quinze jours mais, en tant que membre de la commission d’organisation chargé de la sécurité, il n’avait aucune inquiétude à avoir : son pays était l’un des plus sûrs du monde et tout était déjà mis en place. Cela n’avait présenté aucune difficulté. En effet, sa qualité d’inspecteur du département des investigations criminelles lui permettait de faire bouger ses relations internes plus vite que n’importe qui d’autre…
Michael faisait aussi partie de la fédération en tant que détenteur d’une ceinture noire 4eme dan et instructeur au sein des forces de police. A l’occasion, plus jeune, il avait représenté son pays dans quelques tournois militaires et intra forces de police mais cela ne l’avait jamais vraiment intéressé. Ce qui le passionnait, dans le taekwondo, c’était l’aspect art martial plutôt que le côté sportif. Et, à bientôt 40 ans, il était toujours aussi engagé dans sa quête perpétuelle.
Il vit arriver vers lui Lee Boon Tat, le responsable des inscriptions. Michael perçut tout de suite son anxiété.
- Michael, je peux te parler un instant ?
- Bien sûr. Tu m’as l’air soucieux… Des problèmes avec les participations ?
Boon Tat avait le regard fuyant et Michael n’aimait décidément pas ça…
- Oui, il y a quelque chose qui me perturbe avec les inscrits…
- Quoi ? Un pays indésirable a fait une demande de participation ?
- Non, le problème vient plutôt d’ici…
Michael ne manqua pas de marquer son étonnement.
- Ici ? Dis m’en plus... Je ne vois pas, là…
- 3 athlètes du club de Geylang se sont inscrits.
- Comment ? Mais qui a permis à ces voyous de participer au tournoi ?, s’emporta Michael.
- Ils sont affiliés à la fédération et les combattants sont licenciés. Personne ne peut leur interdire de participer.
Pendant que Boon Tat parlait, Michael repensa au Geylang Fighting Team. Il se remémora les différents problèmes occasionnés par la plupart des membres de ce club, non seulement lors de tournois locaux mais, aussi et surtout, dans la rue. Le Geylang Fighting Team était notoire pour les activités illégales de ses membres : racket, prêts usuriers, contrôle de la prostitution (Geylang est LE quartier abritant la prostitution, à Singapour), trafic de cigarettes, etc… En clair, il s’agissait d’un gang bien connu des services de police. Michael les a connus lorsqu’ils ont participé à leurs premiers tournois, démontrant leur mépris des règles de fair play et n’hésitant pas à s’en prendre aux arbitres, juges ou adversaires quand les décisions ou l’issue des combats leur étaient défavorables.
Bien entendu, très vite, la fédération avait pris la décision officieuse de bannir le club mais la police lui avait demandé de n’en rien faire, arguant du fait que tant qu’ils participaient aux divers tournois organisés à Singapour, il serait plus facile de les observer. A partir de cette intervention du gouvernement, la fédération n’avait plus son mot à dire sur le sujet… De leur côté, les policiers, dont Michael Ong, avaient pris le problème à bras le corps et avaient opéré un nombre impressionnant d’arrestations mais cette activité n’avait jamais eu pour effet de désorganiser le gang qui continuait à sévir grâce au recrutement permanent de nouveaux membres, tous adeptes de taekwondo.
- Bon ! fit Michael. Je vais en parler au président de la fédération.
Boon Tat ne put réprimer un sourire de dépit.
- Je l’ai déjà vu, Michael. Il ne peut rien faire. C’est lui qui m’a demandé de voir ça avec toi… Apres tout, c’est bien vous qui avez refusé de les bannir, non ?
Boon Tat avait raison et Michael ne pouvait que l’admettre, même s’il avait été contre cette intervention de ses supérieurs.
- OK, Boon Tat. Je vais en référer à mes chefs. Je vais voir si on peut faire quelque chose. Entre-temps, as-tu la possibilité de retarder leur inscription ?
- Tu plaisantes ? La clôture a lieu ce soir !
Michael pestait intérieurement. Il pensait pouvoir regarder tranquillement le tournoi et le voilà, maintenant, à devoir gérer une situation potentiellement dangereuse…
- Qui sont les athlètes inscrits ? demanda-t-il.
Boon Tat se décida, finalement, à regarder Michael droit dans les yeux.
- Min Yi Er, Gopal Sanchin et… Azhar…
« Ben, voyons ! » réagit Michael en entendant le dernier nom. Azhar était le bras droit du chef de gang, l’exécuteur des basses œuvres. Il n’avait que 19 ans ! Un fou furieux, violent et, qui plus est, champion national de taekwondo. Ni Michael, ni ses collègues n’avaient encore réussi à l’appréhender. Il était assez malin pour faire porter le chapeau par un de ses hommes, à chaque intervention de la police. Cela ne les empêchait pas de savoir à qui ils avaient à faire… Mais, le pire pour Michael et beaucoup d’autres membres de la fédération, était qu’à cause de lui, Singapour détenait un triste record ; celui du premier pays au monde - depuis que le taekwondo est devenu sport olympique - à déplorer un mort pendant un tournoi dûment encadré par les règles de sécurité édictées par la WTF. Un incident qui a fait le tour du monde, au grand dam du gouvernement singapourien. « Un meurtre » corrigea Michael. Il y était. Il a vu Azhar s’acharner sur son adversaire pendant que l’arbitre, stupéfait devant tant de violence concentrée, ne savait comment réagir. Il a senti, avant qu’il ne se produise, le coup de pied circulaire qui visait la tempe de sa pauvre cible, tenant à peine sur ses jambes. Il a prévu l’issue fatale de ce dernier coup porté avec une énergie surnaturelle, avant que l’arbitre n’intervienne. Un frisson d’horreur l’a secoué avant que l’adversaire d’Azhar ne se relève pour s’écrouler, deux secondes plus tard, et ne jamais sortir d’un coma stade 4… Un sentiment de haine, fulgurant, est apparu lorsqu’il a regardé Azhar lever les bras en signe de victoire et faire un clin d’œil vers les membres de son gang qui applaudissaient à tout rompre et criaient son nom… Six mois ! Six mois que cet « assassinat » a eu lieu ! Personne n’a pu faire quoi que ce soit. Ni la fédération, ni le gouvernement. Après tout, le cadre du combat était tout ce qu’il y avait de plus légal ; les fameux formulaires de dégagement de responsabilité étaient proprement remplis et signés ; et, surtout, les associés d’Azhar avaient été très clairs auprès de la famille du défunt âgé d’à peine 17 ans… « Et, maintenant, le revoilà… », gambergea Michael. « Dans un tournoi international ! Et sil tue un adversaire étranger ? Qu’est ce qui va se passer ? Il faut que je trouve un moyen d’empêcher sa participation ! »
(A suivre...)
Lun 09 Nov 2009, 09:32 par
Arthis sur Mille choses
La rupture de deux amants déchirés.
Elle a quitté son marin lui ayant dit "au revoir" au bout du chemin qu’elle poursuivait.
Elle s’est séparée de lui, tombant peu à peu dans l’oubli jusqu’à la fin de sa vie.
Lui ne cessait de songer à elle, cette belle hirondelle qu’il trouvait si charnelle, lui qui hallucinait à son charme sensuel qui s’était envolé avec elle, partie loin dans sa citadelle enfermée dont elle seule possédait les clefs, où elle resterait à jamais close, emmurée dans un monde éternel qui jamais ne se brisera sous le joug sempiternel de leur amour qui devint si cruel qui ne put survivre à tant de déchirements qui rongèrent incessamment leur coeur aimant rêvant au règne de l’innocence berçant les sentiments de ces deux amants dont fut éteinte l’étincelle de la flamme de leur amour.
S’effaçant dans leur esprit, les braises brulèrent leur regard devenu aveugle quand les éclairs lumineux de la foudre prirent feu enfouissant leur passion dans le cratère du vide qui comblait désormais leur coeur, qui les éloignait des deux côtés de la rive que nul ne pouvait rapprocher.
Pleurant la perte de son adorée. Gémissant. Criant. Se déchirant sans que le temps passant elle ne revienne, se libérant de son ermitage du haut de sa tour que nul n’apercevait, il se transforma en lambeaux, ne voyant que dans le vagabondage le remède à ces tortures qui le dévoraient de jour en jour. Les vagues marines voguant lentement avivaient en son âme l’apaisement dont il avait besoin. Il s’embarqua donc sur un navire où il découvrit les mystères de la mer profonde.
En secret, dans l’imaginaire de ce matelot, ces deux êtres séparés s’aimaient dans son imaginaire. Il n’avait pu l’annihiler de son esprit.
Pour elle, il regardait l’horizon. A elle seule, il racontait ses aventures. Devant lui, elle était présente. Il voyait son essence flotter devant ses yeux il l’a sentait. Il l’a ressentait. A ses côtés, elle était toujours.
Pendant ce temps, la dame se morfondait dans sa forteresse pensant au passé heureux que lui avait offert son damoiseau...
A suivre.
Ven 19 Juin 2009, 11:38 par
Nyssia sur Histoires d'amour
Le prince charmant
Bon d’accord, je ne suis pas une fille. Ceci étant acquis, il ne faudra pas s’étonner si mes propos sont décalés par rapport au sujet qui nous préoccupe, enfin qui vous préoccupe, vous, les princesses, à savoir, Le Prince Charmant. Ou plutôt : quand est-ce que ce mufle va enfin se décider à venir frapper à votre porte, et qui, quand cette dernière s’ouvrira, se jettera sur ce qui est derrière, vous, en l’occurrence ? Il n’est donc pas question d’ouvrir la princesse... Et pourtant, quand on y pense, si je dois ouvrir quelque chose, ben une porte, c’est pas ça qui me botte. Mais bon, je ne suis qu’un PetitPrince.
Revenons à nos moutons, la princesse attend. Un prince. Charmant si possible, présent ce serait déjà bien. Le dernier prince, il est parti et ce n’était pas tant un prince que ça. Et sous ses airs un peu charmeurs, il n’était pas vraiment charmant non plus, tout juste aimant, enfin, quand il le voulait bien. Et quand il est parti, la porte, il l’a claquée. Si on ouvre une porte comme on imagine qu’une princesse s’ouvre, on ne ferme pas toujours une porte comme il conviendrait de fermer une princesse ...
Revenons encore à nos moutons que notre princesse compte peut-être maintenant sur sa couche endormie. Pas la couche, la princesse, question de grammaire. Le verbe, parlons-en, car de la porte, c’est souvent lui la clé. (hummm, on se comprend, hein !) "Belle demoiselle, d’émoi vos yeux me font pâlir, et de de ma passion je veux vous entretenir. Non ne rougissez pas, ou plutôt si, rougissez. Je ne sais plus ce que je dis, c’est vous ça." Patati, patata, et patatras, on se retrouve dans les draps, de sales draps (hummm, on se comprend toujours, hein ?!). Ah, le verbe, ca sert à conjuguer les draps.
Plus aucun mouton, la Princesse s’est endormie, elle rêve peut-être d’attendre encore, le charme d’un homme aux allures de prince qui bricolerait ses impossibles serrures (tiens, j’ai un roi qui pourrait coller), derrière lesquelles elle ne demande qu’à s’ouvrir.
Peut-être que parler pour ne rien dire, c’est aussi utile que d’attendre derrière un porte, pour s’ouvrir.
Revenons à nos moutons, la princesse attend. Un prince. Charmant si possible, présent ce serait déjà bien. Le dernier prince, il est parti et ce n’était pas tant un prince que ça. Et sous ses airs un peu charmeurs, il n’était pas vraiment charmant non plus, tout juste aimant, enfin, quand il le voulait bien. Et quand il est parti, la porte, il l’a claquée. Si on ouvre une porte comme on imagine qu’une princesse s’ouvre, on ne ferme pas toujours une porte comme il conviendrait de fermer une princesse ...
Revenons encore à nos moutons que notre princesse compte peut-être maintenant sur sa couche endormie. Pas la couche, la princesse, question de grammaire. Le verbe, parlons-en, car de la porte, c’est souvent lui la clé. (hummm, on se comprend, hein !) "Belle demoiselle, d’émoi vos yeux me font pâlir, et de de ma passion je veux vous entretenir. Non ne rougissez pas, ou plutôt si, rougissez. Je ne sais plus ce que je dis, c’est vous ça." Patati, patata, et patatras, on se retrouve dans les draps, de sales draps (hummm, on se comprend toujours, hein ?!). Ah, le verbe, ca sert à conjuguer les draps.
Plus aucun mouton, la Princesse s’est endormie, elle rêve peut-être d’attendre encore, le charme d’un homme aux allures de prince qui bricolerait ses impossibles serrures (tiens, j’ai un roi qui pourrait coller), derrière lesquelles elle ne demande qu’à s’ouvrir.
Peut-être que parler pour ne rien dire, c’est aussi utile que d’attendre derrière un porte, pour s’ouvrir.
Jeu 16 Avril 2009, 20:21 par
PetitPrince sur Citations
Kâli
Kâli, déesse de mon temps, femme de sublimation
Autant créatrice de mon amour que de sa destructrice
Tu tiens dans tes mains ce qui me reste de passion
Entends mon dernier souffle dans ton meilleur supplice
Loyd
Autant créatrice de mon amour que de sa destructrice
Tu tiens dans tes mains ce qui me reste de passion
Entends mon dernier souffle dans ton meilleur supplice
Loyd
Mar 24 Mars 2009, 18:54 par
Loyd sur Parler d'amour
Anniversaire
Avec l’imprévisibilité des vagues, le vent chaud d’un nouvel été courbait inlassablement ces champs d’herbe. Le souffle du temps délavait le vert foncé de ces étendues pour les peindre d’un vert clair. La danse naturelle des brins mêlés au son continu du feuillage rendait les arbres, alentour, immobiles, comme les témoins du changement des années. La lumière inlassable de cette journée virevoltait rapidement entre les passages d’ombre laissés par les feuilles de ces géants presque intemporels, aux corps durs et rugueux, recouverts par endroits d’une douce mousse, d’un vert foncé et parfois grisâtre, celui des aléas de la nature. Ses yeux battaient au rythme irrégulier des lances du soleil. Cela le fatiguait presque malgré la chaleur agréable qui tanne la peau du visage et marque de façon indélébile du cycle vertigineux des âges. Dans cette légère cadence azurée, il apercevait, par intermittences, la folle cabriole des nuages qui ne cessaient de se former et de se déchirer avec le papillonnement quasi ostentatoire de la jeunesse.
Comme pour cueillir un souvenir, il s’était promis de s’arrêter un instant dans cette campagne verdoyante ou dans le clair-obscur des sous-bois. Dans l’ocre des clairières dormaient intactes les couleurs de son passé. D’autres allaient l’attendre, aujourd’hui, pour se consacrer au rituel du passage. Mais il était là, seul, pour se laisser perdre par les dates inscrites, avec ou sans son consentement, sur la mosaïque de sa mémoire.
Il marcha jusqu’à l’orée d’une échappée silencieuse où chacun semblait présent et cela, malgré l’étendue des différences et des origines qui les marquaient : leurs branches s’entrecroisaient par endroit. Et ce mélange, passant du brun crème, pâle, au brun fauve, formait une continuité de liens qui l’entouraient maintenant.
Dans ce calme, il se souvint des gens qui l’avaient accompagné, qu’il avait rencontrés. Certains lui étaient encore proches, d’autres étaient restés très vivaces dans son esprit. A ses pieds, des grappes de fleurs avaient poussé çà et là avec l’insouciance des jours. Certaines capucines illuminaient de leur rouge, très légèrement orangé, la brise dont le souffle calmait, par endroits, comme un repos accordé à l’existence périssable de ces pétales de passion, les ardeurs insupportables du soleil : ce soleil qu’il avait toujours adoré pour son éternel éclat, mais aussi redouté de par sa tendance imprédictible à brûler, en fonçant et mêlant de rouge, ses pensées les plus intimes.
Il sentit le bout de ses doigts écraser, tout en le roulant, un brin de lavande, parme, dans le fond de sa poche, pour en extraire cette odeur si familière à sa vie, à ses souvenirs. Comme une clef des champs. Il porta à son nez l’essence de ce brin d’habitude et mêla ce bleu lavande à l’odeur vivace des plantes qui lui ouvrirent, alors, au contact de ces fleurs bleues séchées et toujours odorantes, le verger de ses émotions rubescentes passées.
Au milieu de ces arbres fruitiers, il se souvint de l’anniversaire de ses trente ans ; de l’énergie que la préparation de ce passage lui avait demandée. Avec la lenteur du temps, les pigments oubliés de la lumière revinrent doucement re-colorer le tableau de cette soirée. La nuit avait tapissé la terrasse de son ombre chatoyante, et, très rapidement, les bulles de champagne avaient illuminé les visages de ses invités. Dans cette accolade d’arbres fruitiers, les fruits offraient leurs plus belles robes comme un appel à être cueillis, goûtés et à laisser le souvenir d’une douce bouchée sucrée. A terre, dans une vague d’herbes, un fruit aux reflets pêche, déjà bien mûr, se présenta avec les dernières lueurs de sa peau satinée ; alors, comme lorsque l’on perçoit un souvenir éloigné dans sa mémoire vagabonde, avant qu’il ne s’échappe et ne disparaisse dans la pénombre d’un autrefois, l’homme le ramassa et savoura timidement les premières saveurs d’une réminiscence. Puis, en un instant, un fou bruissement de lumière en éclaira les teintes cachées : des phrases prononcées résonnèrent dans cet émoi inattendu. Son père avait parlé de lui, lui avait parlé, il avait réussi à rendre le tangible inutile ; le matériel s’était recouvert d’une obscurité impénétrable comme pour survivre à cette éclipse éblouissante, à ces paroles d’un père à son fils.
Maintenant qu’il avait soixante ans, il se souvenait, il était venu pour se souvenir, il repensait à la bienveillance de ces paroles immortelles. A travers les yeux de son père, elles avaient retracé l’histoire de sa vie d’enfant et d’homme ; elles avaient clos mais aussi parlé de ce qui l’avait forgé, façonné, comme un socle posé pour soutenir le reste des années à venir. Le vent se leva, secoua les branches et lui rappela par sa force et son endurance, l’effet que celui-ci avait sur toutes ces pierres entassées, inégales, et maintenant déformées, et alignées en un muret qui ne resterait jamais le même mais supporterait solidement les frasques du temps : elles formaient un tout solidaire dont chacune avait construit l’équilibre de la suivante et ainsi en allait-il pour toutes les autres. Ces trente dernières années passées avaient été la suite incontestable des choix et non choix faits jusqu’à ses trente ans. Il avait déjà perçu, peu avant la trentaine, les effets de ses décisions antérieures et l’importance de celles qui suivirent. Sous ce chapeau tressé offert par sa mère, ce même jour, témoin rescapé du temps, il comprit pleinement l’intuition qu’il avait eu en réunissant ses amis et toute sa famille ; il s’était vu dans le regard des autres ce soir-là, il avait eu la pleine perception de son existence : l’instantané de son monde et de ses liens.
Il marchait avec hésitation et, après avoir enjambé un petit mur de roche et de plantes grimpantes recouvert par l’abandon de l’homme, délivré du temps, il s’enfonça dans un bocage dont le feuillage filtrait une lumière lointaine et attirante. Derrière lui s’évapora le parfum des souvenirs anciens en un léger nuage d’oubli qui ombra, pour en cacher l’entrée, le clos intime de ses pensées. Son allure reprit sa forme habituelle et les branches lézardées par la chaleur des journées craquèrent sous ses pas lourds d’une nostalgie passagère peu familière ; il était entouré d’arbres dont les longs et vieux branchages tenaient par la force, chaque année, de nouvelles feuilles, de nouvelles pousses vertes et fraîches, insouciantes du sommeil profond de l’hiver.
Dans un étonnement presque attendu, l’horizon se peignit d’un jaune blé, un champ sans limite gonflé par les rondeurs d’une colline bordée d’un chemin de terre sèche s’étirait lentement ; les bosquets s’allongeaient sous la houle de nuages cernés d’un bleu presque violacé par cette fin d’après-midi. Dans l’enchevêtrement des derniers jets de lumière, une silhouette à l’allure cadencée perçait le calme du paysage. Comme à la venue imprévisible d’une déesse, il s’assit sur une pierre aux arrêtes arrondies par la patience des observateurs et fixa sa venue allongée par les lignes fuyantes des peupliers, gardiens de ce sentier habillé d’herbes folles. Elle courrait de toute sa fraîche candeur et suait presque avec plaisir. Malgré son élan et sa concentration pour respirer, elle croisa dans le regard de cet homme âgé, la profondeur d’une décision lointaine, celle de ne pas attendre le trépas, mais de se préparer à vieillir. Sa vieillesse semblait belle, il semblait s’être préparé et construit de l’expérience nourrissante de la vie, au vu de ses doux yeux. Un instant, il crut voir sa course ralentir avec le flou d’un mirage mais seul, lors de son passage, resta le parfum mêlé de ses gouttes suaves et de sa peau chauffée par le soleil. Il se souvint avoir lui aussi couru pour sentir la pleine force vivante de son corps. Le galbe de ses jambes se confondit bientôt avec le dernier tumulte de la végétation, et, derrière elle, il emboîta le pas comme pour profiter de cette bourrasque impromptue qui l’aiderait à rejoindre ceux qui l’attendaient.
Pour ce soir, il savait que son frère - peut-être le plus beau présent que ses parents lui avaient offert, une personne qu’il sentirait à ses côtés toute sa vie, malgré les tempêtes de celle-ci - l’attendait avec sa famille et ses amis, pour honorer ce jour.
Comme pour cueillir un souvenir, il s’était promis de s’arrêter un instant dans cette campagne verdoyante ou dans le clair-obscur des sous-bois. Dans l’ocre des clairières dormaient intactes les couleurs de son passé. D’autres allaient l’attendre, aujourd’hui, pour se consacrer au rituel du passage. Mais il était là, seul, pour se laisser perdre par les dates inscrites, avec ou sans son consentement, sur la mosaïque de sa mémoire.
Il marcha jusqu’à l’orée d’une échappée silencieuse où chacun semblait présent et cela, malgré l’étendue des différences et des origines qui les marquaient : leurs branches s’entrecroisaient par endroit. Et ce mélange, passant du brun crème, pâle, au brun fauve, formait une continuité de liens qui l’entouraient maintenant.
Dans ce calme, il se souvint des gens qui l’avaient accompagné, qu’il avait rencontrés. Certains lui étaient encore proches, d’autres étaient restés très vivaces dans son esprit. A ses pieds, des grappes de fleurs avaient poussé çà et là avec l’insouciance des jours. Certaines capucines illuminaient de leur rouge, très légèrement orangé, la brise dont le souffle calmait, par endroits, comme un repos accordé à l’existence périssable de ces pétales de passion, les ardeurs insupportables du soleil : ce soleil qu’il avait toujours adoré pour son éternel éclat, mais aussi redouté de par sa tendance imprédictible à brûler, en fonçant et mêlant de rouge, ses pensées les plus intimes.
Il sentit le bout de ses doigts écraser, tout en le roulant, un brin de lavande, parme, dans le fond de sa poche, pour en extraire cette odeur si familière à sa vie, à ses souvenirs. Comme une clef des champs. Il porta à son nez l’essence de ce brin d’habitude et mêla ce bleu lavande à l’odeur vivace des plantes qui lui ouvrirent, alors, au contact de ces fleurs bleues séchées et toujours odorantes, le verger de ses émotions rubescentes passées.
Au milieu de ces arbres fruitiers, il se souvint de l’anniversaire de ses trente ans ; de l’énergie que la préparation de ce passage lui avait demandée. Avec la lenteur du temps, les pigments oubliés de la lumière revinrent doucement re-colorer le tableau de cette soirée. La nuit avait tapissé la terrasse de son ombre chatoyante, et, très rapidement, les bulles de champagne avaient illuminé les visages de ses invités. Dans cette accolade d’arbres fruitiers, les fruits offraient leurs plus belles robes comme un appel à être cueillis, goûtés et à laisser le souvenir d’une douce bouchée sucrée. A terre, dans une vague d’herbes, un fruit aux reflets pêche, déjà bien mûr, se présenta avec les dernières lueurs de sa peau satinée ; alors, comme lorsque l’on perçoit un souvenir éloigné dans sa mémoire vagabonde, avant qu’il ne s’échappe et ne disparaisse dans la pénombre d’un autrefois, l’homme le ramassa et savoura timidement les premières saveurs d’une réminiscence. Puis, en un instant, un fou bruissement de lumière en éclaira les teintes cachées : des phrases prononcées résonnèrent dans cet émoi inattendu. Son père avait parlé de lui, lui avait parlé, il avait réussi à rendre le tangible inutile ; le matériel s’était recouvert d’une obscurité impénétrable comme pour survivre à cette éclipse éblouissante, à ces paroles d’un père à son fils.
Maintenant qu’il avait soixante ans, il se souvenait, il était venu pour se souvenir, il repensait à la bienveillance de ces paroles immortelles. A travers les yeux de son père, elles avaient retracé l’histoire de sa vie d’enfant et d’homme ; elles avaient clos mais aussi parlé de ce qui l’avait forgé, façonné, comme un socle posé pour soutenir le reste des années à venir. Le vent se leva, secoua les branches et lui rappela par sa force et son endurance, l’effet que celui-ci avait sur toutes ces pierres entassées, inégales, et maintenant déformées, et alignées en un muret qui ne resterait jamais le même mais supporterait solidement les frasques du temps : elles formaient un tout solidaire dont chacune avait construit l’équilibre de la suivante et ainsi en allait-il pour toutes les autres. Ces trente dernières années passées avaient été la suite incontestable des choix et non choix faits jusqu’à ses trente ans. Il avait déjà perçu, peu avant la trentaine, les effets de ses décisions antérieures et l’importance de celles qui suivirent. Sous ce chapeau tressé offert par sa mère, ce même jour, témoin rescapé du temps, il comprit pleinement l’intuition qu’il avait eu en réunissant ses amis et toute sa famille ; il s’était vu dans le regard des autres ce soir-là, il avait eu la pleine perception de son existence : l’instantané de son monde et de ses liens.
Il marchait avec hésitation et, après avoir enjambé un petit mur de roche et de plantes grimpantes recouvert par l’abandon de l’homme, délivré du temps, il s’enfonça dans un bocage dont le feuillage filtrait une lumière lointaine et attirante. Derrière lui s’évapora le parfum des souvenirs anciens en un léger nuage d’oubli qui ombra, pour en cacher l’entrée, le clos intime de ses pensées. Son allure reprit sa forme habituelle et les branches lézardées par la chaleur des journées craquèrent sous ses pas lourds d’une nostalgie passagère peu familière ; il était entouré d’arbres dont les longs et vieux branchages tenaient par la force, chaque année, de nouvelles feuilles, de nouvelles pousses vertes et fraîches, insouciantes du sommeil profond de l’hiver.
Dans un étonnement presque attendu, l’horizon se peignit d’un jaune blé, un champ sans limite gonflé par les rondeurs d’une colline bordée d’un chemin de terre sèche s’étirait lentement ; les bosquets s’allongeaient sous la houle de nuages cernés d’un bleu presque violacé par cette fin d’après-midi. Dans l’enchevêtrement des derniers jets de lumière, une silhouette à l’allure cadencée perçait le calme du paysage. Comme à la venue imprévisible d’une déesse, il s’assit sur une pierre aux arrêtes arrondies par la patience des observateurs et fixa sa venue allongée par les lignes fuyantes des peupliers, gardiens de ce sentier habillé d’herbes folles. Elle courrait de toute sa fraîche candeur et suait presque avec plaisir. Malgré son élan et sa concentration pour respirer, elle croisa dans le regard de cet homme âgé, la profondeur d’une décision lointaine, celle de ne pas attendre le trépas, mais de se préparer à vieillir. Sa vieillesse semblait belle, il semblait s’être préparé et construit de l’expérience nourrissante de la vie, au vu de ses doux yeux. Un instant, il crut voir sa course ralentir avec le flou d’un mirage mais seul, lors de son passage, resta le parfum mêlé de ses gouttes suaves et de sa peau chauffée par le soleil. Il se souvint avoir lui aussi couru pour sentir la pleine force vivante de son corps. Le galbe de ses jambes se confondit bientôt avec le dernier tumulte de la végétation, et, derrière elle, il emboîta le pas comme pour profiter de cette bourrasque impromptue qui l’aiderait à rejoindre ceux qui l’attendaient.
Pour ce soir, il savait que son frère - peut-être le plus beau présent que ses parents lui avaient offert, une personne qu’il sentirait à ses côtés toute sa vie, malgré les tempêtes de celle-ci - l’attendait avec sa famille et ses amis, pour honorer ce jour.
Dim 04 Jan 2009, 22:27 par
Bertrano sur Mille choses
Les amours...
Les amours qui naissent sont des boutons de rose
Qui, comme des caresses, sur le cœur se posent.
Je les garde en moi, je ferme les yeux,
Flotte au dessus de moi un voile merveilleux.
L’amour ? Ne pas confondre, au delà des passions
Au delà du désir, il y a la raison :
La morale de la vie freine un peu les envies
La passion, elle, consume avec ses fantaisies !
Mais, pour ne pas blesser et aussi protéger,
Sa famille, ses enfants, ceux qu’on ne peut laisser,
Alors, les amours volées deviennent délétères
Mais sont-elles des amours ou passions éphémères ?
Les amours ? C’est si vaste ! Bien plus que l’amitié,
Ils remplissent les cœurs, ne sont pas limités
Et s’ils comblent les corps, ils grandissent les âmes :
Dès que je pense à elle, tout mon ego s’enflamme !
En effeuillant la rose on garde le parfum.
On voudrait qu’elle s’ouvre ; c’est le vœu de chacun !
S’il y a restrictions, la bouche devient amère
Aux yeux du souvenir ne reste qu’ombre chère.
A ces larmes qui coulent aux yeux du souvenir
Je ne sais que répondre qu’il n’y a plus d’avenir,
Et que pour l’amour vrai - le plus beau des spectacles -
Pour deux êtres qui s’aiment il faut un pur miracle ...
Jan
Qui, comme des caresses, sur le cœur se posent.
Je les garde en moi, je ferme les yeux,
Flotte au dessus de moi un voile merveilleux.
L’amour ? Ne pas confondre, au delà des passions
Au delà du désir, il y a la raison :
La morale de la vie freine un peu les envies
La passion, elle, consume avec ses fantaisies !
Mais, pour ne pas blesser et aussi protéger,
Sa famille, ses enfants, ceux qu’on ne peut laisser,
Alors, les amours volées deviennent délétères
Mais sont-elles des amours ou passions éphémères ?
Les amours ? C’est si vaste ! Bien plus que l’amitié,
Ils remplissent les cœurs, ne sont pas limités
Et s’ils comblent les corps, ils grandissent les âmes :
Dès que je pense à elle, tout mon ego s’enflamme !
En effeuillant la rose on garde le parfum.
On voudrait qu’elle s’ouvre ; c’est le vœu de chacun !
S’il y a restrictions, la bouche devient amère
Aux yeux du souvenir ne reste qu’ombre chère.
A ces larmes qui coulent aux yeux du souvenir
Je ne sais que répondre qu’il n’y a plus d’avenir,
Et que pour l’amour vrai - le plus beau des spectacles -
Pour deux êtres qui s’aiment il faut un pur miracle ...
Jan
Mer 31 Déc 2008, 18:14 par
j.r.garou sur Histoires d'amour
Ecrire sur passion

Il y a 224 textes utilisant le mot passion. Ces pages présentent les textes correspondant.
Bonne lecture !
Les thèmes
- La séduction
- Amour internet
- La ballade amoureuse
- La première fois
- Un monde parfait
- Citations
- Le grimoire d'amour
- Les liaisons sulfureuses
- L'amour en vrac
- Parutions
- La vie à deux
- Histoires d'amour
- Articles
- Parler d'amour
- Mille choses
- Annonces
- La déclaration d'amour
- L’amour fantastique
- Textes à jalons
- Exercices de style
Derniers textes
Le Dim 08 Août 2021, 15:15 par martin
Le Jeu 05 Août 2021, 14:40 par martin- A la poursuite de milou
Le Dim 01 Août 2021, 14:52 par martin - Noel
Le Sam 31 Juil 2021, 23:34 par martin - Sentir les printemps
Le Mar 17 Mars 2020, 13:45 par caressedesyeux - Haiku
Le Sam 08 Fév 2020, 15:10 par caressedesyeux - Délivrance( suite du texte je m'en vais)
Le Mer 11 Déc 2019, 14:29 par caressedesyeux - Les roseaux
Le Ven 05 Avril 2019, 18:24 par caressedesyeux
Le Jeu 24 Jan 2019, 15:48 par FB- Sexcape game
Le Dim 03 Juin 2018, 20:57 par Bridget - Sade's girls
Le Mer 30 Mai 2018, 21:45 par Bridget - Tendrement
Le Mar 10 Jan 2017, 00:58 par JadeLightnore - Se froler du regard
Le Dim 25 Déc 2016, 19:42 par caressedesyeux - Ses cheveux longs
Le Ven 11 Nov 2016, 16:05 par caressedesyeux - Dans le train
Le Mer 26 Oct 2016, 17:44 par FB - Dans le train
Le Mer 26 Oct 2016, 17:41 par FB - Dans le train
Le Mer 26 Oct 2016, 17:41 par FB - Dans le train
Le Mer 26 Oct 2016, 17:20 par FB - Flic ou vuyou
Le Sam 22 Oct 2016, 23:28 par Bridget - Le champs de tournesol (duo)
Le Ven 30 Sep 2016, 19:16 par caressedesyeux
Dans les nuages
- aime
- aimer
- amour
- beau
- belle
- besoin
- bonheur
- bouche
- bout
- bras
- coeur
- corps
- cœur
- devant
- douce
- doux
- d’amour
- d’être
- désir
- envie
- femme
- fort
- homme
- jours
- larmes
- loin
- l’amour
- l’autre
- lèvres
- main
- mains
- monde
- mots
- nuit
- parfois
- peau
- peur
- plaisir
- porte
- pourtant
- regard
- rêve
- sens
- soleil
- sourire
- tête
- visage
- vivre
- yeux
- âme
Livres recommandables
![]() | Le Parfum Le Livre de Poche |
![]() | Journal intime de mon sexe |
![]() | Cinquante nuances de Grey (Fifty Shades, Tome 1) JC Lattès |
![]() | Éloge des femmes mûres: Les souvenirs amoureux d'András Vajda Folio |
![]() | ITINERAIRE D UNE SCANDALEUSE |
![]() | Des désirs et des hommes |
![]() | LE JOYAU Blanche |
![]() | Grammaire érotique La Musardine |
![]() | Infidèles : Nouvelles érotiques J'ai lu |
![]() | CARNET DE RROSE |
Retrouvez toutes nos bonnes lectures sur : La boutique des âmes tendres
La citation d'amour
L'amour est à la portée de tous, mais l'amitié est l'épreuve du coeur.
A. d'Houdetot.
A. d'Houdetot.
Qui est en ligne ?
- Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
- La date/heure actuelle est Lun 14 Juil 2025, 01:56
- Nos membres ont écrit un total de 4446 textes
Nous avons 1234 membres enregistrés
L'utilisateur enregistré le plus récent est brancher - Il y a en tout 29 utilisateurs en ligne :: 0 Enregistré, 0 Invisible, 29 Invités et 0 Bots [ Administrateur ] [ Modérateur ]
- Le record du nombre d'utilisateurs en ligne est de 483 le Mar 25 Fév 2025, 16:25
- Utilisateurs parcourant actuellement ce forum : Aucun
Bots : Aucun - Ces données sont basées sur les utilisateurs actifs des cinq dernières minutes