Je prends mon dernier rêve

Passi- Calogero
Citation:

Face à la mer,
J’aurais du grandir,
Face contre terre,
J’aurais pu mourir
Je me relève je prends mon dernier ...


Perdue depuis longtemps dans une vie que j’n’avais pas voulu
Petit fille je rêvais d’une vie de princesse, au milieu des pailettes et des strass
Le grand bal sans pantoufle de vair qui se casse
Sur le perron d’une maison, jardin, fenêtre sur rue
Cendrillon 92, le prince charmant, 130 chevaux dans la carcasse
Charmée par les sujets, reine du fou, poête disparu

Face à l’amer
J’aurais pu m’enfuir
Face qui se terre
J’aurais pu m’en fuir
Je me relêve, je prends mon dernier ...

C’est un conte comme on en lit dans les livres pour enfants
Ils sont jeunes et beaux, ont tout pour plaire
Le ciel leur sourit, la vie, ils l’engloutissent, inconscients
Bonnie and Clyde, Romeo et Juliette, tous crèvent dans leur misère
Ils défient les lois et les romances, sont des dieux, des géants
Les extrêmes furent leur quotidien, les théories relativisèrent
Le plongeon vers l’absolu, la noyade dans le néant
La ligne, ils la suivirent sur la glace, trace blanche, prendre l’air

Face à l’amer
J’aurais pu m’enfuir
Face qui se terre
J’aurais pu m’en fuir
Je me relêve, je prends mon dernier ...

Descente des amants maudits vers l’enfer
Leur amour s’étouffe et s’emprisonne
Des coups de fous, des coups à faire
De coups de gueule, des coups qui sonnent
Les escapades de nuit, les fuites vers un sanctuaire
Leur amour se distille, l’absynthe de leur corps se consomme
S’éclipser, totale, disparaitre, oublier ce calvaire

Face à l’amer
J’aurais pu m’enfuir
Face qui se terre
J’aurais pu m’en fuir
Je me relêve, je prends mon dernier ...



La marquise... comme Calo-Passi, trop jeune pour mourir
Mar 25 Mai 2004, 21:46 par la marquise de sade sur L'amour en vrac

Rêve

Rêve

L’avion s’élance sur la piste

Rêve

Je quitte ce pays gris et triste

Rêve

Le ciel azur illumine la cabine

Rêve

C’est vers toi que mon cœur se destine

Rêve

Groenland et Océan Atlantique

Rêve

De notre première rencontre hypothétique

Rêve

De te prendre dans mes bras

Rêve

De ton pays loin là-bas

Rêve

De tout ce temps, à six mille kilomètres de distance

Rêve

Que cela nous a appris la patience

Rêve

Et oui, une amitié comme la nôtre était rare

Rêve

Pourquoi maintenant n’y a-t-il plus d’espoir ????
Lun 10 Mai 2004, 14:16 par Beren sur Amour internet

La fraction d'un instant

J’ai croisé son regard en sortant de l’ascenseur, un instant a suffit pour qu’elle me perce le cœur.
Ces secondes d’éternité je les ai mainte fois revues. Parfois je me demande s’il ne s’agissait pas d’un . Je revois ces yeux brillants d’espièglerie, sa bouche fruitée et sa peau de bébé. Je la revois tourner la tête lorsque nous nous sommes croisés et son regard accroché au mien comme deux aimants surpris par leur pouvoir d’attraction. Je revois ses longs cheveux ondulants souplement au gré de ses pas. Je revois sa démarche féline, souple et énergique. Je sens encore son parfum chaud, à la fois épicé et sucré et parfois croyant en retrouver la fragrance dans un grand magasin, je scrute les alentours à la recherche de la belle inconnue. Je suis sûr que si le temps nous avait accordé un peu plus et si l’audace ne m’avait pas manqué, le reste de mon existence en aurait été changé.
Et pourtant j’en suis sûr, nous nous sommes mélangés..
Ven 07 Mai 2004, 10:34 par MiAngeMiDemon sur La séduction

Lundi soir, quelque part sur terre...

L’appartement est froid, la pièce est sombre. Un vaisseau de lumière provenant de la rue ouvre un couloir sur le carrelage. Le sapin a perdu ses milles reflets dorés, les lumières se sont tues, la neige plastifiée a gelé la magie de ses s de petite fille.
Luna, la petite chatte espiègle, est assise sur le sol chaud. Elle la regarde. Un curieux scintillement glisse le long de sa joue pour mourir dans son cou.
Quel étrange phénomène que ses reflets humides qui jaillissent de ses yeux.

Sa respiration est courte, sa poitrine se soulève bizarrement, secouée de spasmes. Elle s’est recroquevillée sur elle-même, ses mains serrent un petit morceau de papier cotonné...
Ses yeux fixent la fumée frivole d’une cigarette qui se consumme seule dans le cendrier...
Une cigarette qui part en fumée...
Un qui se consumme ...

Son visage est de cire, ses traits sont figés. Où est-elle?
Luna bondit sur le divan, glisse son museau entre ses doigts. Elle ne réagit pas... Elle s’installe sur sa hanche, attendant un mouvement, une caresse, un regard, ...
Sa peau est froide, ses mains inertes, elle est absente ... lui aussi.
Il n’est plus là.

Sa chaise est restée vide au diner. Elle n’a pas allumé la bougie sur la table ce soir. Son assiette est toujours là aussi, vide. Le plat est intact. Un verre de vin blanc porte la trace rosée de ses lèvres.
Il n’est pas là.


Ses joues ressemblent aux fenêtres lorsqu’il pleut ; de petites rivières les parcourent...
Il ne viendra plus.


La marquise... (janvier 2004)
Jeu 06 Mai 2004, 12:05 par la marquise de sade sur La vie à deux

De son côté à lui...

Les cheveux en bataille rejetés sur les épaules
ELLE est assise en tailleur sur le sol
Une feuille sur ses genoux, elle grifonne
Quelques phrases, quelques pardons, quelques je t’aime

Le coeur palpitant terré dans sa piaule
IL l’observe par dessus la rue, découvre son atoll
Suit le tracé de ses lettres, envie celui à qui elle se donne
Suit le tracé de ses lèvres, déteste cet être suprême.

Un mot qui se répète sans cesse, sans répit
ELLE voudrait qu’il le comprenne, le reprenne
Comme une même chanson, une promesse à jamais
Lui envoyer cette lettre, pour une fois, oser.

Une déchirure qui s’éternise, qui le ternit
IL voudrait qu’elle s’eprenne, le retienne
Comme une moitié, un toujours désormais
Lui avouer qu’il l’aime, pour une fois, traverser

Un soupir, encore, qui s’enfuit
ELLE n’en peut plus de celui qui vit
De l’autre coté de ses fenetres,
Qui jamais ne l’a vue, ignore l’emoi qui l’habite

Une envie, encore, qui l’envahit
IL n’en peut plus celle qui sourit
Tout au fond de son être
Qui jamais ne le voit, ne sait qu’il existe

ELLE a tourné son visage, IL l’a vue
ELLE a regardé ses fenêtres, l’a apercu
ELLE a fermé les yeux, l’a occulté
IL a espéré encore, rêvé...
Du bout des lèvres, IL lui: " Attendez..."




Un murmure dans le silence s’est fait entendre
Un frisson qui vient la pourfendre
Comme une vibration suave et tendre
Provenant d’un autre antre

Un dégoût monte de son ventre
Un revers qui lui donne envie de se pendre
Comme une brulure qui le réduit en cendres
Provenant de ce secret qu’elle doit apprendre ...
Mer 05 Mai 2004, 17:20 par la marquise de sade sur La séduction

De son côté à elle...

Allongé au soleil, les yeux fermés
IL aspire tout ce que le soleil a de beau
D’une main légère, il repousse ses quelques mèches
Qui descendent sur son front, frole ses yeux.

Cachée derrière sa fenêtre, dans l’ombre protégée
ELLE aspire à caresser du bout du souffle sa peau
D’un regard envieux, elle suit sa main de pêche
Qui laisse de larges sillons, replace ses cheveux.

Dans les premiers rayons de ce printemps précoce
IL a décidé de respirer la vie une nouvelle fois
D’oublier le stress de sa semaine de travail
De reprendre sa plume, guidé par les bruits de la ville.

Dans la pénombre de son petit appartement, une envie féroce
ELLE le voudrait rien qu’à elle, l’enlacer dans ses bras
Déposer sur son front un baiser, trouver la faille
L’aimer en plein jour, le rendre fébrile.

Entouré d’une olivier en pot, sur sa terrasse
IL griffonne quelques mots sur son cahier
Un début d’histoire, un poème, une romance
Une héroine comme il les aime, une belle, une muse.

Enfermée dans sa peur qui la terrasse
ELLE l’observe à la dérober, voudrait se manifester
Un coup d’oeil, un regard, juste voir son existence
Une ombre qu’on ne remarque pas, sa beauté qui s’use.

IL a souri, ELLE l’a vu
IL a regardé vers elle, l’a aperçue
IL a baissé les yeux, les a refermés
ELLE a rêvé encore, imaginé...
Du bout des doigts, ELLE lui envoit un baiser...




Un vent léger sur ses cheveux s’est posé
Une mèche le long de son front a glissé
Comme un souffle chaud et parfumé
Provenant de la rue, de l’autre côté...

Une nouvelle larme sur sa joue a coulé
Un revers de main l’a essuyée
Comme une pluie fine et glacée
Provenant de cet amour inavoué...
Mer 05 Mai 2004, 15:55 par la marquise de sade sur La séduction

Un soir

Mes yeux ont cru à tant de mirages
Ma bouche a prononcé tant de mensonges
Maintenant que vient l’orage
Je veux sortir de tous ses songes.

J’arpente des rues noires et ruisselantes,
Les néons et les devantures des magasins,
Je croise tant d’âmes en attente
Que je voudrais que mon tour arrive enfin !

La voix de Diana Krall résonne dans ma tête
Je de mon propre Casablanca
Piano bar et cigarettes
Au comptoir buvant une marguarita

Toutes les femmes que j’ai aimé m’observent
Les remords reviennent à la surface
Les pleurs sortent de leur réserve
Je ne veux plus faire face.

Je sens à nouveau la pluie couler dans mon dos
Je remonte mon col
J’ingurgite une goutte d’alcool
Bye bye . A bientôt
Sam 01 Mai 2004, 10:36 par Beren sur L'amour en vrac

Spleen d'un jour d'anniversaire

Je ne vis pas le moment présent
Je suis dans l’absence

Ma vie à l’odeur rance
Et pas le goût du safran.

Je suis ici et ailleurs
Entre rêvé et peur

Carpe Diem
Requiescat in Pacem

Je ne vis pas ici
Enfer et Paradis
Dim 25 Avril 2004, 20:33 par Beren sur L'amour en vrac

Les matrones

Ma vie est un cocon patiemment tissé
Toutes ces années ou le temps a glissé
Je suis celle qui assure
Celle qui rassure
A deux nous sommes plus qu’un
Tous les jours et les lendemains
Quoi que la vie fasse à nos corps
Nous serons chacun pour l’autre encore
L’être unique, le complément parfait
Celui qui ne se remplace vraiment jamais
Pourtant parfois le soir ou quand le temps s’arrête
Je à autre chose à un nouveau peut-être
Où dans une autre vie une autre destinée
Je ferais d’autres choses qui m’auraient attirée
Aurais d’autres talents une autre allure peut être
Serais cette inconnue un jour à sa fenêtre
Goûterais des plaisirs que je n’ai pas devinés
Donnerais à la vie un sens inopiné
Seule à en décider
Sans rien justifier
Mais cependant je reste là
Je ne tenterai pas l’aventure
Je ne risquerai pas la cassure
Quand j’aurai disparu
Ceux qui m’auront connue
Auront peut être un sourire
En souvenir
Sam 24 Avril 2004, 23:18 par virtuelle sur L'amour en vrac

Jeu de milles je...

Saviez-vous... Que...

Emmanuel Boundzéki Dongala a écrit:
L’érotisme, c’est quand l’imagination fait l’amour avec le corps.


Osons donc... Prendre appui sur la Lumière des philosophes de l’ère de Montesquieu, pour qui... Il n’y a de bonheur durable sans vertu.

Prenons donc les dispositions à faire le bien et à éviter le mal à travers les joutes corporelles...

Emmanuelle Arsan a écrit:
L’érotisme, ce triomphe du sur la nature, est le haut refuge de l’esprit de poésie, parce qu’il nie l’impossible.
Ven 23 Avril 2004, 16:23 par Rose sur Citations

Calins

Qu’il est doux de poser ma tête au creux de ton épaule.

Qu’il est doux de te serrer bien fort contre mon coeur.

Qu’il est doux de goûter tes lèvres qui s’offrent à mes lèvres,

Qu’il est doux de respirer ton souffle, de respirer ton être,

Qu’il est doux de caresser ton corps, ta chair, tes formes

Lentement, lentement,

Et sentir ce désir qui brûle en toi... et moi...

Et tes mains qui me cherchent, et ta bouche contre ma bouche,

Et tes yeux qui me cherchent... Et mes yeux qui te cherchent

Comme pour partir pour un mystérieux voyage

Sur une mer infinie qui s’appellerait tendresse,

Sans cri, sans fureur, dans un calme bonheur,

Comme dans un , un qui ne finirait pas...



Viens ! Viens un instant ! Viens une minute,

Viens faire un câlin...

Tout s’efface, tout s’oublie...

Un moment d’éternité.
Mar 20 Avril 2004, 08:07 par Mout sur L'amour en vrac

Pour toi

Quand je pense à toi
Mon coeur s’emballe de joie.
Je sens mon bonheur si grand
Que j’ai peur par moment.

Quand je vois ton sourire
Tu n’as qu’un seul désir.
Je vois dans ton visage
De merveilleux présages.

Quand j’attends ta voix
Mon coeur est en émoi.
J’écoute ton coeur plein de tendresse,
Pour me nourrir de richesse.

Quand je de cieux
Toujours tu es mon dieu.
Paradis ou sur terre
C’est toi que je préfère.

Quand je suis avec toi
Je sens cette folle passion
Tu me cherches à ta façon
Et dans mon coeur est gravé ton nom.
Mar 20 Avril 2004, 07:56 par Mout sur L'amour en vrac

Une journée de plus...

Hier soir,
J’ai fait un fou
Un voeu m’était donné,
Un désir m’était accordé,
Juste pour moi,
Il pouvait être pour quoique ce soit,
Je pouvais souhaiter,
N’importe quoi.
D’argent je n’ai pas demandé,
Non plus d’une maison j’ai désiré,
J’ai simplement rêvé,
D’une journée de plus avec toi.
Juste un jour,
Juste une fois,
Encore,
Juste un autre coucher de soleil,
Mais je connais ce ,
Ce qu’il ferait,
Le goût amer qu’il me laisserait,
Ce voeu silencieux,
De passer,
Encore avec toi,
Une autre journée.
Si ce privilège m’était accordé,
Une chose que je ferais,
Une prière j’adresserais,
Le temps j’arrêterais,
Le téléphone je débrancherais,
La télé je fermerais,
Dans mes bras je te serrerais,
Des millions de baisers je te donnerais,
Des millions de je t’aime je te dirais,
C’est ce que je ferais,
Pour un jour de plus avec toi.
Laisse-moi souhaiter encore pendant ce jour,
De passer une autre journée avec toi...
Mar 20 Avril 2004, 07:54 par Mout sur L'amour en vrac

Nuit de Décembre d'Alfred de Musset

Il est trés long mais prenez le temps de le decouvrir , il me fait toujours autant d’effet à chacune de mes lectures.
Je n’ai rien à ajouter : tout est dit ...


LE POÈTE

Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un .

A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;

A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;

A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;

Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;

Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;

Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.

Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !

Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !

J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?

Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.

Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?

Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?

LA VISION

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.

Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Lun 19 Avril 2004, 20:21 par MelKaena sur Citations

La réponse de Loyd

la marquise de sade a écrit:

" Quelle chose la plus incongrue vous a le plus séduit chez une femme/ un homme? "


Incongrue je n’en sais rien ahmoui mais il y a une chose clairement qui me seduit à m’en rendre un peu fou.
Les yeux, le regard, c’est beau, envoutant, intriguant...
Les mains, c’est enchanteur, révélateur, rêveur...
Je ne parle pas des paires si joliment évoquées par notre hôte...
Mais il y a une chose qui embrasse le tout (simple opinion personelle je le répète) et c’est la danse aime !!!
Je ne peux quitter du regard debile une demoiselle qui sait danser et en aliant ainsi tous les charmes précédemment cités, elle m’hypnothise. Un rythme qui vous met en transe, des mouvements sensuels, une joie que dis-je un plaisir charnel timide et suggestif.
Et, enfin, comble du bonheur, quand la charmante demoiselle jette son dévolu sur vous pour partager cette frénésie, il n’y a plus rien sur cette terre qui puisse exister sinon la complicité naissante...

Loyd qui en tous les soirs
Dim 11 Avril 2004, 23:46 par Loyd sur La séduction
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