Une fin sans début

Elle est inerte. Incapable du moindre mouvement, elle fixe les trois petits mots qui s’affichent dans sa fenêtre de conversation. Elle n’ose même pas cligner des yeux, craignant d’attiser encore plus la douleur qui lui serre la gorge. Des larmes roulent sur ses joues pâles, intarissables. Dehors il pleut. Elle entend les gouttes tomber par fenêtre grande ouverte. Le ciel pleure avec elle.

Elle relit cette phrase. Encore et encore… Priant pour que ce ne soit qu’une mauvaise plaisanterie. Mais au fond, elle sait que ce n’en est pas une. Elle l’a deviné depuis longtemps. Elle le connaît trop bien. Il ne sait pas mentir, ni dissimuler ses sentiments.

XXX dit :
Je suis amoureux
Elle dit :
Je sais, j’avais deviné


Oui, il est amoureux. Mais pas d’elle. D’une autre, une amie qu’ils avaient rencontrée à la fac. Bien plus jolie et plus affirmée qu’elle. Elle, elle n’est rien. Rien d’autre qu’une amie. C’est son rôle, l’étiquette indélébile collée sur son front. Elle n’est pas le genre de fille dont on tombe amoureux. Trop ronde pour être belle, trop complexée pour être féminine, trop timide pour être remarquée. Elle est celle à qui on se confie. A qui on raconte ses secrets, ses chagrins, ses tourments. Elle est trop gentille. Elle le sait. Toujours prête à résoudre les problèmes des autres sans penser aux siens.

Elle se maudit. Elle se trouve bête. Pourquoi ne lui avait-elle pas dit ? Elle n’en sait rien, elle ne sait plus. Ce n’est pas vrai, elle se souvient. Elle garde en mémoire chaque détail des instants passés avec lui. Comme un trésor inestimable. Elle avait peur. Peur qu’il ne l’aime pas et que leur amitié en pâtisse. C’est la dernière chose qu’elle souhaitait. A défaut de pouvoir avoir son amour, elle désirait garder son amitié. Elle réalise maintenant à quel point c’était stupide. Parce que ces moments qu’ils ont partagés, ces instants rien qu’à eux, ils seront à présent pour cette fille. Il n’aura plus besoin d’elle. Et inexorablement, leur lien commencera à s’effilocher. Lentement, ils s’éloigneront. Jusqu’au jour où il n’y aura plus rien.

Elle se déteste, se méprise. Elle n’a pas le droit d’être jalouse de cette fille ou de souhaiter son malheur. Elle n’y est pour rien, ce n’est pas de sa faute. Alors elle pleure, parce qu’il n’y a plus rien d’autre à faire. C’est trop tard. Elle a perdu. Elle est toujours la perdante. La bonne poire qui supporte tout sans jamais broncher ou montrer un signe de faiblesse. Elle n’en a pas le droit car elle est l’éternelle optimiste. Celle qui donne de l’espoir même quand tout semble aller de travers. Sauf que maintenant, elle n’est plus certaine de parvenir à sourire.
Jeu 15 Mai 2008, 19:58 par Analen sur L'amour en vrac

Pourquoi tu pars ?

Texte écrit sur le vif à mes enfants. Trop petits pour l’instant, je leur lirai lus tard...

Mes petits bouts, pleins de vie, tous fous, tous choux, on était bien là, tous ensemble. Maman et moi à vous regarder grandir, vous, à ne vous soucier de rien, à profiter de tout. Combien de fous rires j’ai pu avoir devant vos grimaces? Combien de parties de cache-cache on a pu faire ? Vous, les mains sur les yeux, vous croyant cachés de tous.

Comme tout enfant de votre âge, vous voulez être déjà grand, c’est des "Je suis grand maintenant", des "je sais le faire maintenant" à longueur de journée. Je m’émerveille devant votre soif de grandir, mais je vous dis que vous avez bien le temps de mûrir de profiter du moment présent. Parce que la vie n’est pas aussi facile que vous le croyez : c’est normal, à votre âge, ce n’est pas votre problème mais plutôt ceux des adultes. Vous voyez, c’est pas toujours marrant d’être un adulte !

Vous vous imaginez sans doute qu’être amoureux, c’est être comme papa et maman. Normalement, ça doit être comme cela. Normalement... On ne vous dit rien, mais ce n’est pas ma conception de l’amour. Je veux vous offrir une autre image de ce sentiment si merveilleux et pour cela, maman et moi avons pris des chemins qui nous ont séparés. Nous voulons nous aussi être heureux. Et... ca arrive parfois, notre bonheur est ailleurs. C’est pour cela que je pars, je m’en vais le chercher. Et maman aussi le trouvera aussi. Vous l’aurez compris, je ne pars pas à cause de vous, vous n’avez rien fait de mal, même pas une toute petite bêtise de rien du tout. J’ai seulement envie que vous grandissiez dans un foyer plein d’amour, d’un vrai amour pas d’un pour faire semblant, dans une famille sans tempête ni orage. Je sais que vous avez peur de l’orage, permettez-moi de trouver le bonheur, je soufflerai alors sur ces gros nuages noirs.

Ne soyez pas tristes, je reste votre "papou chéri d’amour" pour toujours, quoiqu’il arrive. Tout comme toi xxx, n’oublie pas que xxx restera toujours ton frère, même s’il te donne tout le temps des coups de pieds. Et toi Ethan, ton grand frère sera toujours là pour toi, quand tu le cherches d’un regard perdu et inquiet, tout seul, dans la cour d’école. Soyez bien assurés que je ne vous abandonne pas, je ne vous abandonnerai jamais mes chéris. Je pars juste un peu plus loin, mais pas trop loin quand même. En tout cas, je reste tout près de votre coeur et je viendrai toutes les nuits dans vos rêves pour chasser les loups qui font peur.


Et maintenant, combien de fois j’ai le coeur en pensant à vous ? Combien de fois je retiens mes larmes en vous regardant jouer ? A chaque moment, je veux vous épargner ma peine. Tout le temps, je veux vous dire que je vous aime.

Papa
Lun 29 Oct 2007, 07:05 par AuBonheurDeMaDouce sur Parler d'amour

La croisière bleue...

suite...

Après un silence, j’ai repris :
- Quelquefois on reprendrait bien les vers connus d’un Poète en les adaptant un peu à l’idée présente. Par exemple, j’ai envie de te dire : « Ange plein de beauté…tu ne connais pas les rides – La peur de vieillir, et ce hideux tourment – De lire la secrète horreur du dévouement – Dans les yeux ou longtemps burent nos yeux avides ? »
Mais elle s’est encore récriée, les yeux à nouveau humides, alors je l’ai e plus fort et oubliant les regards des passants, j’ai couvert son visage de baisers…

Bibi, j’aurais tant voulu te garder ainsi, toute petite dans mes bras, surtout que tu as hoqueté :
- Je t’aime, je t’aime, comme je n’ai jamais aimé…dis-moi que je suis folle !
Il était temps de partir, main dans la main, vers la gare routière. Sur le parking d’attente, nous avons enlevé nos sacs à dos, et je l’ai à nouveau e dans mes bras, l’embrassant tendrement, affectueusement…Mais elle a voulu plus, nos bouches goulûment se sont unies : le monde autour de nous n’existait plus !
Ensuite, éperdue, elle m’a dit :
- Je t’en supplie, écris-moi…sur ce petit carton, je t’ai mis deux adresses : celle de la Fac, et celle de la maison…
- Et Ralph ?
- Rien n’a d’importance vis à vis de ces heures passées ensemble aujourd’hui…prolonges les, je t’en prie !
Elle en oubliait, ses : non ? Habituels…Elle avait l’air si malheureux que j’allais acquiescer, promettre…Heureusement, le car arrivait, on s’est dépêché d’en approcher.
Avant d’y monter, elle s’est retournée, prenant ma main elle l’a attirée sur son sein gauche, disant :
- Je t’Aime et tu resteras là, toute ma Vie !
Je n’ai pas eu le temps de lui dire :
-Bibi, je t’aime aussi, je peux te le dire ! C’est tellement plus qu’une simple coucherie, ce qui nous est arrivé aujourd’hui…
Et, je n’ai pas pu, non plus, boire ses larmes. Elle était déjà à l’intérieur...
Dans le couloir, elle s’est encore retournée, ne cachant pas ses larmes, et elle a fait avec la main le geste d’écrire…J’ai fait : « Oui » de la tête, mais le car démarrait, la secouait…
Avait-t-elle vu mon geste ? Je suis rentré le cœur et l’âme en deuils, pensant : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé… » Ce matin, je ne la connaissais pas, c’est fou tout çà ! Je rêve ? Je vais me réveiller…


*


Ce soir là, dans un brouillard d’idées emmêlées, j’ai à nouveau entendu parler de cars…mais aussi de Toulon, de sa rade, de son porte-avions ( le Charles de Gaulle ), etc…La télé était allumée, mais je ne voyais rien de précis, je n’entendais rien qui accroche mon entendement…Couché, je me suis vite endormi, et encore plus vite, réveillé…Une angoisse atroce, incontrôlable…des idées qui se bousculaient dans ma tête :
- J’aurais du accepter qu’elle m’écrive en Poste Restante, comme elle me l’avait proposé…Dés demain, je vais lui écrire…
J’ai continué longtemps à penser à ‘Elle’…à tout ce qui m’en séparait : Plus de quarante ans cette fois…Sa Vie dont elle était loin d’être à l’apogée, alors que j’étais en fin de périgée ! Peut-être, et çà valait mieux, m’oublierait-elle très vite, se demandant, elle aussi si elle n’avait pas rêvé tout çà ?

Le lendemain matin…

J’aurais cru être plus fatigué : Au contraire, j’étais nerveux, excité…Je suis sorti marcher, prenant mon périple habituel à l’envers. Après le Port de Bormes les Mimosas, j’ai continué, traversé la grande plage jusqu’aux rochers du Cap Bénat. J’ai chantonné Trénet :
« La mer qu’on voit danser – le long du golfe clair…a des reflets d’argent… »
Au sud est, il y avait l’Ile du Levant, plein sud, celle de Port Cros… mais cachée par le Cap Bénat, au sud-ouest, il y avait Porquerolles, c’est surtout là que se fixaient mes souvenirs…
A cette même heure, la veille, nous voguions, cap sur la première île, et le bateau n’avait pas encore piqué du nez avant de se cabrer, durant qu’elle filmait la côte…et moi, je repassais tout le film ! Je pourrais bien refaire cent croisières bleues sans rencontrer une autre ‘Bichette’ aussi charmante, ni encore moins jouer au chevalier servant ! Dans cette petite crique de l’Oustaou de Diou, quel petit Diou malin nous a accompagnés jusqu’au mont Salin ou, de Paul et Virginie, nous sommes devenus Tristan et Iseut ! Une Iseut attendue par son Roi Marc
( Ralph, en l’occurence ! ) C’est dans l’ordre des choses…

Il fallait que je la protège, fut-ce contre elle-même…J’ai rageusement déchiré le petit carton ou elle avait griffonné les deux adresses possibles ou lui écrire. J’ai éparpillé les morceaux en les lançant dans la mer, à mes pieds. Ils ont dansé un moment, surfant sur les vaguelettes qui s’écrasaient contre les rochers. Mon cœur était comme par un étau : Cette fois je l’avais tout à fait perdue…
Je suis revenu à grands pas, dans une fuite en avant, pensant et triturant de la poésie dans ma tête :
- A une certaine Barbara – Qu’il ne connaissait pas – Le Poète Jacques Prévert – A dit : « Que c’est con la guerre » – A Toi, ma Bibi Chérie – Je dis : Que c’est con la Vie !

J’ai ressassé tout ce qui était déjà…‘hier’ ! Grâce à Elle, je savais déjà que j’allais désormais, mieux m’accepter : Moins triste d’être maintenant le lièvre de la fable, enfermé dans la carapace de la tortue, et n’allant plus qu’au pas …

Le samedi et le dimanche, j’ai évoqué son voyage à Avignon et aux Baux de Provence, parce que je savais qu’elle penserait à moi, chaque fois qu’elle verrait un paysage et des lieux que je lui avais déjà décrits, comme à visiter…
Puis le lundi après midi, j’ai encore évoqué. L’avion de Swiss Air, en escale à Nice d’où elle devait décoller. A partir de ce moment, je me suis interdit d’ ‘imaginer’…

Je sais trop par expérience que la réalité est toujours la seule chose qu’on n’aurait su imaginer !
FIN reflexion

Jan rolleyes
Ven 31 Août 2007, 14:11 par jan goure sur Les liaisons sulfureuses

Amour sans retour

Il est là, comme tout les jours. Ponctuel. L’instant d’un rêve, d’une trêve dans sa vie de paumé. Un arc en ciel à sa solitude. Une parenthèse. Sylvain, attend dans sa voiture. Garé sur le parking il piaffe d’impatience, comme un adolescent qui va découvrir sa première expérience silencieuse mais tapageuse. L’heure passe et elle n’est pas là. Vide absolu. Il rue de doute et de colère.

Chaque jour de la semaine il se lève, déjeune seul et vite. Un brin de toilette et un rasage minutieux vient accentuer les traits radieux d’un matin plein de déclaration. Il accourt plein d’entrain sur ce lieu de rendez vous clandestin, pour parfaire son matin. Pour donner à ces nuits la tiédeur d’un souvenir. Pour nourrir ses nuits de parfum, de couleur de femme. D’une femme.

Mais aujourd’hui elle n’est pas là.

Pas de camionnette blanche aux rideaux à fleurs garée à la vue des hommes à la dérive du temps. . Pas de porte qui s’ouvre avec un sourire d’ailleurs, pour inviter ce dernier à monter dans l’Estafette du plaisir fardé. Ce matin, il sent une certaine moiteur rouler le long de son dos. Ce matin, il sent son visage rougir d’agacement sous cette attente mal venue, pas prévue. Pas envisageable. Raison désordonnée. Pensée instable. Débâcle des sentiments mielleux.

Où est-elle ? L’a-t-elle oublié ? N’a-t-il pas son importance dans sa vie ?

Elle sait combien ce moment charnel a sa place dans ces matins , dans ses mains, dans ses pas, dans ses lectures, dans ses humeurs. Elle doit s’en douter, depuis six mois il est là lorsque les rayons du soleil balayent la camionnette pour chasser la rosée qui se pose sur les vitres. Il n’a jamais manqué un matin. Pour lui c’est un rendez-vous timide pour chasser la solitude de sa chair. Il n’est pas un client comme les autres, il est lui.
Cette fille de rien, cette putain, le fait attendre. Celle qui lui appartient a l’audace de ne pas être sur le parking, à sa place. Pourtant il sait tout d’elle. Les premiers mots, les premières phrases. Les premiers gestes pour glorifier son attelage. Il sait la moue qu’elle fera lorsque sa bouche saisit son édifice. Il sait aussi la couleur de son vernis sur ces doigts experts quand ceux-ci habillent son désir pour jouer la finale d’un moment fugace mais monnayable. Tout a un rythme, une perfection dans ses gestes. Il la voit remettre à la hâte ses bas, il connaît ses manies pour les dérouler sur ces cuisses. Il en connaît la matière, le nylon, le goût, l’odeur pour les avoir contre lui dans un instant égarement. Elle est son histoire d’amour. Hier encore il lui a dit à demain. C’était une promesse, un soupir. Une majuscule où chaque mot prend un élan. Un élan, un soupir. Elle est lui, il est elle.
La rosée s’agglutine sur les vitres pour faire suffoquer la chaleur des rayons de soleil.

Son cœur vibre, ronfle, respire de façon décousue, saccadée. Une panique s’installe dans ses gestes, dans ses pensées.
Une odeur de transpiration aigre se dégage de tout son corps, Sylvain perdu dans ces horaires est en sueur. Sueur d’impatience, aiguë.
Le soleil depuis longtemps a bu la rosée de ce matin de velours usé, passé.

Demain matin, Sylvain déjeunera lentement et seul parce que personne ne l’attendra.
La rosée aura pris son temps pour disparaître ce matin-là.

Fille du peuple
Ven 30 Mars 2007, 10:43 par Fille du peuple sur L'amour en vrac

Les mains d'argent

Comme un ballon gonflé, narquois, il attend. Semblable à une grenouille prête à éclater, il jubile. Mathilde le repère. Posé sur le coin d’une commode, gonflé à outrance pour être pris. Son petit monde, il nargue. Tirant la langue, insolent, il brave. Géraldine du regard le capte. Sophie de ses petites mains agiles le saisit. Eric, délicatement, l’ouvre. Les pièces d’argent couleur d’amertume tressaillent, Benjamin les voit. Furieuse de souvenirs acides, Mélanie s’en empare. Dans le fond de sa chaussette, Emilie les calfeutre. Grelottante d’émotion et d’impatience, à la garderie d’enfant, Adeline en transe, danse. De pied en main, la bourse, clinquante de piécettes, transite. Son butin dans la paume de sa main, Rémi s’éclipse. Le porte-monnaie boursouflé de pièces dégueulantes de promesses, Yasmina, tremblante de vie, plus vite que la flamme d’une allumette, disparaît. Dans le magasin de bibelots, Claudine rêve au vent, fourmille. Pour une fête des mères irréprochables, sur une étagère belle de verre, milles trésors, bavant de symboles accablants, s’étalent. L’objet admiré de tous, Tony de ses dix doigts crispés de folie, le cercle. La boîte à musique convoitée par les autres, Justine l’acquière. Une danseuse fière de sa renommée, accompagnée d’une mélodie singeant le « lac des cygnes », impunément tourne. De brèves éclaboussures de souvenirs dans les yeux malicieux de Tony rejaillissent. La caisse à musique Pauline la paye. La musique sous la capeline, Delphine, suante d’espoir, court. Le lourd portail grinçant de fer rouillé, Pascaline l’ouvre. A travers tous ces lits de pierres allongés, les uns à côté des autres jamais défaits, désespérément bien étriqués, Céline marche. Timothée cherche un visage. Un visage doux, Apolline déniche. Aurélie épelle un joli prénom. Le prénom et le sourire. Elsa les réunit. Aline s’agenouille. Catherine pleure. La boîte à musique sur le lit où le portrait d’une femme sourit, Angélique la place. Le mécanisme, doré de pensées, Pierre le remonte. Dans la grande chambre où tout le monde paraît sagement endormi, la ballerine continue de tourner. Capucine se lève. Martine se retire. La porte de l’immense dortoir où l’on dort sans cesse, Jacqueline doucement la referme.

Sophie, Yasmina, Pierre et tous les autres ont juste acheté un mirage incendiaire. Un ballon gonflé, un orphelinat, se sont offerts un doux visage, une boîte à musique, pour une maman choisie. Un simple repère dans une vie en dessus-dessous..

Fille du peuple.
Ven 19 Jan 2007, 02:17 par Fille du peuple sur L'amour en vrac

Sourire à la vie.

La montagne, crépite de gaîté, explose de lumière. Des torrents de larmes de bonheur jaillissent, éclaboussent les prés. Des perles nacrées câlinent les crocus, les pâquerettes, les myosotis qui s’éveillent peu à peu à la galanterie native du printemps . Les nouvelles pousses des pâturages chassent la poussière de l’hivers. Bientôt des chevrettes, sottes de pirouettes viendront tailler cette étendue vert clair, mouchetée de vert plus sombre, où des tapis, de fleurs, de mousses sauvages s’allongent tout à leur aise Au loin, un pic-epêiche éternue sa mélodie...

Petit caillou magique. Petit point dans l’immensité d’un paysage fleuri. Long, gris, plat et lisse. Petit galet. Une rivière insouciante, couleur bonbon à la menthe, cours et chante au pied de la montagne. Une passerelle de bois, entre les deux les rives, se balance paisiblement. Elle offre aux promeneurs une page blanche et les invite à écrire une poésie galbé de bouton d’or. Sur la berge, Adeline se tient debout provoquant le soleil levant, le galet du destin dans la paume de la main. Elle se penche, et le lance . Celui-ci lâché, ricoche, ricoche. Des ondes dentelées et éphémères apparaissent à la surface de l’eau. Deux , puis trois, de plus en plus infimes. Galet léger, galet évadé. Au troisième rebond, il plonge, s’enfonce dans le miroir opaque et lointain. Adeline contemple le vide. De jolis yeux sans âme, sans coloriage_ Elle n’entend pas le bruissement des feuilles des bouleaux qui bordent la rivière. Elle regarde, accroupie, les yeux dans ses songes. Elle n’entend pas les clochettes des digitales, ballottées par la brise du vent, tintiner joyeusement dans toute la montagne, oasis de douceur.

Le galet, jeté au hasard, a éveillé les poissons endormi dans la mémoire d’Adeline à la triste saison. Des familles de saumons malicieux sautent éparpillés . Les saumons esquivent quelques cabrioles maladroites, pour se parfaire dans des sauts périlleux frétillants et capricieux. Apeurés mais libres. Dociles mais sauvages. Adeline regarde. Aucune étincelle dans ses yeux égarés. Elle regarde sans saisir ce spectacle de lumière aux teintes orangés. Éclats de liberté, de pépites diamantées se déroule sous ses yeux en transhumance.

Tandis que les ailes du soleil déploient ses rayons sur la montagne, les yeux d’Adeline s’entrouvrent légèrement sur une verte vallée voilée d’ une cascade de couleur. Lentement, elle réagit et revient peu à peu dans un monde imaginaire d’arôme, de sons. La vie se joue devant elle.
Elle sourit devant ces images, main tendue à elle. Elle sourit à la vie. Elle sourit en regardant la berge où repose tant de galets. Elle imagine, alors tous les galets rebondir sur les draps de ce lit, couleur bonbon à la menthe. Elle sourit à la pensée de milliers de sphères sur ce miroir au ton incertain. Elle sourit à la valse de tous les saumons, invitants les carpes, les libellules, les têtards à se joindre dans cette ronde de plaisir. Elle sourit et s’imagine ballerine en jupon de mousseline blanche au coeur de ce ballet. Elle s’imagine toupie bras tendus vers le ciel happant tous les nuages pour les sentir se couler le long de son corps meurtri.
Un simple galet jeté au hasard, dans une main à réveillé un sourire.


Fille du peuple.
Jeu 04 Jan 2007, 10:30 par Fille du peuple sur Mille choses

Des notes et des mots

Un violon, une rose, un patio. Une brume légère. Un puits, une roue en bois, une sérénade.
Une grenouille, un nénuphar, un îlot. Un voile de parfum. Un rouet, une vieille femme, un frisson.
Des caresses pour des mots, du vent pour des notes. Des do pour des notes, des si pour des mots.
Le violon joue. Un rêve effrité, basculé, bousculé. Les doigts courent sur des touches blanches
et noires. Rien n’est dit, tout est retenu. Des doigts longs et agiles agonisent de ne pouvoir mettre des mots sur des mi bémol ou des fa dièse. Des silences plus lourds que des paroles. Des silences
plus secret que des notes.

Sage.

Une accélération. Des flots de paroles muettes. Des fa si do, des mi ré sol. Des accentuations freinent des éclaboussures. Des tourbillons. Répétés. Le même rythme. Plus soutenu. Les doigts longs et agiles s’évertuent à répéter des mots. Rien que des mots qui s’agitent dans tout les sens. Mots sourds. À pas perdus vers un abysse. Timide de beauté, murmure de délicatesse, les doigts longs et souples galopent sur des touches blanches et noires. Des mots soufflés. Des mots happés. Des mots au son parfait et pur, sans voyelles ni consonnes. Juste des notes. Des notes qui épinglent des mots, des mots qui étriquent des notes. Des doigts qui serrent des mots et des notes. Une prison de mots et de notes, bouche aux barreaux d’acier. Un son aigu, des mots feutrés. Une ceinture en cuir serre trop un ventre. Des notes et des mots feutrés, seulement, surgissent de la bouche béante. Des notes s’interdisent toute frivolité gourmande. Des mots se taisent. Les doigts fouillent la chair
des notes et violent les mots. Ricochet de pensées âpres. Des mots à contresens, des notes à contre-courant. Des mots s’essoufflent, des notes dérapent. Suivant l’instant, suivant la saison, les notes
exhalent de la vase d’une mare le parfum d’une cavalière.
Une cascade de notes pour un torrent de mots. Juste une note à côté d’une autre note. Une note
broie une autre note. Une croche noire galbe les formes d’une ronde blanche.
Parjure de notes et de mots.
Sans m’apitoyer. Ne rien laisser paraître. Se laisser aller.
Une blanche vaut bien une noire. Des doigts longs et souples courent encore sur une marelle. Simple jeu. Jeu acide. Mots habituels. Lassitude. Errance. Ne rien connaître des notes et des mots
pour ne pas laisser sa colère déborder. Lire les notes, c’est peut-être lire des mots.

J’arrête,
Trop de mots, pas assez de notes.

Non.

La caresse du vent glisse sur les mots, sur mes notes. Le désir du vent se pose ailleurs mais jamais sur mes mots, sur les notes. Jamais. Gueule d’écume dégorgeant un amour bavant sur papier buvard. Une noire hache une blanche, la blanche glapit. Une lettre boisée brame une plénitude,
tandis qu’une note de rubis roule dans un abîme de fraîcheur. Note bafouée, mot balayé.
Note espiègle contre mot platonique.

Toujours se taire. Encore se taire.
Tout casser.

La colère monte et monte. Passer les brassées de mots et de notes à travers une vitre pour le son
de l’éclat du cristal. Lacérer des sonorités. Miroir qui explose. Des serpents n’arrêtent pas de
s’entortiller jusqu’au cou de passage.
Des notes alvéolées. Encore des notes. Des mots, des notes.
Chacun entend les mots, les notes, comme il veut. Elle, cela lui dure depuis longtemps, trop longtemps qu’elle scalpe sa colère contre elle-même. Elle maudit cette avalanche de sons. Trop rusées
vos notes. Merci. Trop de bruit. Pas assez de mots. Elle craque. En a-t-elle le droit ?

Non.

Les notes cognent, s’entrechoquent. Dormir à l’infini. Une croche noire vaut bien un mot froissé. Le droit de quoi ? Taper une note. Un mot fait une croche à une noire. Des mots résonnent
des notes suspendues dans le couloir d’un dortoir. Jouer un mot, écrire une note. Composer
une plainte, s’endormir dans cri strident. Hurler tout en haut d’une montagne glacée, tonner des notes et des mots. Les touches usées, les mots n’ont plus de sens. Le violon ne possède pas de touches, juste des cordes. Plus rien ne hasarde, le pantin se désarticule. Le piano n’a pas de cordes, juste
des touches noires et blanches sans ardeur. Les doigts fous déchaînent le vent. Les doigts
ne protestent pas, ils jouent une complainte sans fêlure. Le pantin n’a plus de fils. Les fils
sont des notes. Le pantin n’est plus un polichinelle dont les mots s’épuisent sur une bouche,
grimace ou sourire, pauvre demi-soleil sans mots. Des mots trop longs, des notes trop courtes.
Le pantin, juste du bois, se consume dans l’âtre rouge flamboyant. Les notes sont mortes, les mots sont vides. Des aréoles de mots et de notes font danser les flammes de la partition et valser
le pantin. Plus de clé de sol, plus de majuscule. Une gamme de mots pour une page de note.
Des mots sans images, des notes sans mélodie. Un violon pour écrire des mots, un parchemin pour composer une symphonie.
Deux croches pour faire une blanche, deux noires pour faire une croche.
Deux ailes pour faire une elle, une elle pour faire la sève.
Une vieille femme défraîchie tient un violon dans une main, dans l’autre une marionnette sans fils. Éventail de mots, de notes. Epouvantail de sentiments posés sur l’herbe bleue d’un mois ignoré
du calendrier. Violon éventré, archer jeté, les notes grincent. Plume brisée, encrier vidé, les mots cinglent. Les mots sont doux, les notes sont mélodieuses. Les doigts rayent un ventre qui se tord,
un ventre de nœuds et de double-nœuds. Les doigts jouent une gamme sur un ventre agonisant.
Les notes sont lancéolées, les mots, électriques. Les cordes détendues, le violon se tait. Les mots rayonnent ailleurs. Le vent d’une caresse sur une joue, trop souvent humide, efface les derniers mots.
Les mots invitent les notes pour une valse. Les mains refusent.

Tout se rejoue, tout se récrit…

Une histoire sans tiroirs, sans butoir. Des blanches charnues, des noires sabrées. Un mot oisif s’enroule autour d’une note qui se sculpte exquise. Tout reste fluide, tout devient rigide. Des blanches en cratères, des noires fiévreuses. Une note essoufflée, un sourire frappé. Prison de notes, mots échappés. Une neige de petites notes froides décline en petits mots. Une note poivrée dédaigne
un mot acidulé.
La vieille femme corrige son chignon de laine et de paille dégringolant. Malicieuses, les mains approuvent. De ses doigts vivants, elle amende son avalanche de fils grisonnants. Elle ne meurt plus. Elle badine du violon, une marionnette de vie s’agite près d’un feu dans la cheminée. Les mots et les notes sont en audace. Une blanche épouse une noire, une noire s’aligne sur une blanche, tout est foisonnement. Le tourbillon des mots anime une farandole de couleurs. La vieille femme saisit sept crayons de pastel gras et ébauche l’écharpe de Vénus pour épanouir son cœur.
Un violon ose une mélodie dans un patio où s’étirent des roses anciennes…
Des pétales ourlés d’un rose délicat glanent, sur fond velouté, une blancheur candide d’imagination.

Fille du peuple.
Mar 02 Jan 2007, 20:05 par Fille du peuple sur Mille choses

Sombre Perte

Sombre perte en ce jour où la pluie tombe. Sombre perte et je sens mes larmes qui perlent. La pluie coule, ruisselle sur ma peau, mes joues, mes paupières.
Sombre perte en cette nuit d’automne. Et moi, immobile sous la pluie funeste. Je serre les poings, fuyant la réalité qui pèse. Hors d’haleine, hors d’atteinte, hors de moi.
Sombre perte en ce jour où la pluie reste. Le soleil cachant ses rayons trop doux sous les nuages gris et leur noble courroux. Ils ont pitié de moi, de mes sentiments mortels, de ma peine à leurs yeux si leste. Des larmes de sel qui marquent mes yeux, des lames de fer qui percent mon cœur.
Sombre perte en ce jour où la nuit conteste. Je suis perdue, entre ses rideaux liquides, sur de vaisseaux humides, mes pieds n’osent plus bouger, soudés sous la force de l’amertume. La nuit d’encre couvre mes yeux, voulant sans doute m’accompagner dans mon pèlerinage de la mort.
Sombre perte dans cette nuit où rien ne reste. Tout me fuit, tout glisse de mes mains, l’orage ruisselle, laissant couler sa haine, dégoulinant son horreur et sa peine. A présent,je n’ai plus rien à perdre, à présent,je n’ai plus rien à vivre.
Sombre perte dans cet orage qui nous déteste. Sombre perte où moi à présente je ne suis plus rien sans toi.
Jeu 02 Nov 2006, 03:15 par Lindsey sur L'amour en vrac

Ma main quitta la sienne

Ma main quitta la sienne. Allongés tous les deux, sur son grand lit, j’ai tout à coup réalisé. Je ne l’aimais pas. Je me suis levée avec la plus grande des douceurs, je me suis glissée hors des draps. J’entendais sa respiration lente et régulière. Je pris mes affaires et m’en alla, en laissant un mot sur la commode. Il était bref, dénué d’émotions que ce soit la compassion ou la tendresse. Je ne l’aimais pas. Ce sont des choses contre lesquelles on ne peut lutter. Comment aurais-je pu savoir que je partais à un moment critique de sa vie ? Peut être aurais-je du faire semblant encore un peu ? Aurais-je du lui dire en face, d’une plus douce et moins blessante ?
Mon cœur s’est quand j’ai passé le seuil, que je suis parti. Mon cœur s’est noué très fort lorsque, le lendemain, j’ai vu son corps pendre à ma fenêtre.
Jeu 26 Oct 2006, 20:26 par Lindsey sur Histoires d'amour

Combattre encore et toujours pour ne pas retomber

La douleur intérieure est éphémère.
Les blessures profondes,
Le cœur se serre,
L’estomac se noue.
La faim apaise le mal interne.
Manger gonfle le mal être,
Elle estompe mes angoisses.
Est-ce le mal de vivre, ou plutôt le mal être ?
La blessure physique est vue,
Mais la douleur intérieure est cachée.
Ne plus penser au mal être ;
Mal ! Oui, mais là dedans, dans le cœur.
L’estomac vide, mais la tête lourde.
La nourriture pèse et alourdit
Ce corps que je regarde d’un œil.
Dans le miroir, c’est mon intérieur qui reflète,
Rempli de douleurs enfuies, de chagrins cachés,
De blessures tantôt cicatrisées, tantôt réouvertes.
Lourdeur de solitude et de tristesse.
Mon corps peut paraître plume,
Mais l’intérieur est un lieu où tout se garde.
Parfois les secrets, les souvenirs enfuis ressurgissent.
L’enfant et l’adolescente que j’étais
Ne sont que peines et blessures.
L’adulte que je suis maintenant
S’est construite de ce mal et de beaucoup d’espoir.

Aller au plus profond de moi, c’est la douleur qui revient.
Vivre autour de la haine, de la colère, de la violence, du mensonge….
Combattre encore et toujours pour ne pas retomber.
J’en ai montées des marches ! Mais la chute fait mal.
Se rattraper, s’accrocher à un petit rien
Pour ne plus descendre au fond du gouffre.
C’est un soulagement d’extérioriser ce mal.
C’est difficile de faire semblant pour ne pas blesser.
Paraître bien pour ne pas faire souffrir.
Se cacher, s’enfuir vers d’autres horizons.
Eloigner les pensées néfastes pour se rapprocher de l’espoir.
Ne plus faire mal, cacher ses angoisses
Qui rongent l’esprit et le corps, encore si fragiles.
Paraître forte et ne pas laisser ses idées noires prendre le dessus.
Faire semblant, tricher mais ne pas trahir.
Difficile mais pas impossible.
Reculer pour sûrement,
Avancer vers un futur peut-être plus clair.
La vie est faite de chemins incertains.
Parfois il suffit d’un petit rien,
Pour prendre le mauvais.
Les directions sont multiples,
Etre guidé peut aider.
Ne pas s’enfermer dans cette bulle atroce et sans issue,
Peut paraître impossible à certains moments.
Le destin nous amène vers d’autres horizons.
Une autre porte s’ouvre ! Est-ce la bonne ?
La franchir tant qu’il est encore temps !
Oui, difficile ! Mais pas impossible.
L’espoir est toujours là.
Lun 21 Août 2006, 23:36 par joullia sur Mille choses

En haut de la montagne

J’ai écrit à coeur perdu, bouteille à la mer qui n’est jamais arrivée jusqu’à toi... J’ai écrit et qu’en reste-t-il ? Le silence.

Ma soif de dire, mes mots, mes soifs, ma faim, tout s’est suspendu en plein vol, je ne peux plus, il ne reste qu’un cri immobilisé dans ma gorge.

J’ai écrit pour faire naître l’amour pour conjurer le sort pour refuser de ne plus y croire... Pour espérer.

Mes gestes se sont figés dans l’épouvante de ces instants que je n’aurais crû jamais devoir vivre.. Mon coeur s’est devant l’horreur humaine.

Qu’est-il advenu de lui ? Quelle bête infame a raison de son coeur, a raison de son âme ? Il en a oublié toute son humanité. Quelle sombre bête l’anime ?

J’ai pris mes tous petits et les ai conduits en haut de la montagne, plus loin que ne pourrait aller aucune bête sauvage pour leur faire goûter le repos troublé par ceux d’en bas...

Je les ai placés dans ta lumière, dans ton amour, dans ta paix, dans ta douceur, loin des ténèbres hostiles, je suis tombée à genou et j’ai prié.
Mar 01 Août 2006, 07:20 par dolce vita sur Mille choses

La jeune fille du train

Moi, les femmes, je les ai toujours aimées. Leurs charmes, leur gentillesse, leurs beautés... Je ne dis pas par-là que je suis un véritable Don Juan mais je dois admettre que j’ai toujours beaucoup apprécié la compagnie des femmes. Parfois ce n’était que de petites aventures sans lendemain, des flirts comme on les appelle. Mais quelque fois la relation durait plus longtemps.
En revanche, je n’ai réellement été amoureux qu’une seule fois. Le destin applique sa sentence à bien des situations inexplicables. Inutile d’être expert en la matière pour voir que la vie nous cache le bonheur. Elle a ses plans, ses ambitions. Nous avons beau essayer de les contourner elles nous rattrapent à chaque fois.
Alors, si je suis amoureux, on peut trouver cela bien. Car l’on va pouvoir se nourrir de mon bonheur. D’un bonheur qui ne m’a jamais sourit. Du bonheur que je n’ai jamais eu avec elle. Celle dont j’ai été amoureux.

Je suis un jeune homme. Ni beau, ni laid. Sans autre actuelle pensée que celle d’être heureux, comme tous les jeunes hommes de mon âge. L’âge de l’amour? Non. L’âge d’un pseudo-bonheur.
Je suis au lycée, j’ai ma routine hebdomadaire. Je suis à l’internat. Chaque lundi matin, je prends le train qui m’emmène auprès de mon école. Chaque matin, dans ce train, je vis autre chose que ma routine. Chaque matin, dans ce train, je ne suis personne, tout comme les autres personnes dans ce même train ne sont personne. Ce train est un lieu de théâtre. Une scène où se jouent des pièces silencieuses, muettes et intimes. Un endroit où toutes les semaines je revis la même pièce.

Merveilleuse histoire que celle qui ne dure pas. Elle s’engouffre par une fissure de notre vie. Un instant où nous sommes coupés du reste du monde. Un moment où nous nous retrouvons seuls, confrontés et accompagnés par des centaines de personnes qui ne sont personne. Une bribe de temps où nous sommes vulnérables, mais réceptifs à certaines sensations inconnues à la vie ordinaire.

Le jeune garçon de 16 ans que j’étais, attend sur le quai. Le vent glacé de la région lui donne la chair de poule et l’envie que le train arrive. Il attend encore un peu. Il arrive. La porte coulissante du wagon s’ouvre et le jeune garçon entre à l’intérieur. Le train est remplit mais il reste encore quelques places ici et là.
Il en choisit une et s’assied. Il y a une femme en face de lui. Une jeune femme, plutôt, se dit-il après un nouveau coup d’œil. En fait, elle a peut-être le même âge que lui. Ou est-elle plus jeune? Il ne sait pas. Curieux qu’il ne puisse pas s’empêcher de la regarder! Elle n’est pas tellement belle. Mais elle a un charme inouï. En fait elle est magnifique. Ses longs cheveux rouges sombres tombent dans une cascade aphrodisiaque de chaque côté de son corps et de part et d’autre de sa tête. Son visage, quoique d’apparence neutre, semble figé dans une expression de modestie naturelle. Son regard est fixé sur le sol, ses yeux sont noirs, intenses et leur maquillage n’est ni trop gras, ni trop fin. Ce noir marque un regard violent, mais doux à la fois... il est vide, désespérant. Il possède une fougue si triste, si enfouie. D’une lividité emplit de mélancolie et d’amertume. Mais neutre. Son nez n’est ni long ni court, il est magnifique. Il appartient lui aussi au miracle.
Pendant une fraction de seconde leurs regards se croisent. Elle aussi l’a remarqué, elle non plus ne le connaît pas. Elle aussi le trouve ni beau ni laid, magnifique. L’instant de se premier regard est unique, éternel. Dépourvu de tout sens moral. Un laps de temps éphémère où ni l’un ni l’autre n’avait cherché à se cacher. Une force invisible s’était installée entre eux durant la longue durée de cet infime instant.
La bouche de la jeune fille s’entrouvrit, puis se referma aussitôt. Inutile, il n’y a rien à dire.
Le voyage est court, à peine plus d’une demi-heure. Les deux jeunes gens n’ont pas arrêté de se titiller du regard. A chaque fois que l’un posait les yeux sur l’autre, ce dernier détournait les yeux. Ils jouaient spontanément et inconsciemment à un jeu. Un jeu où il n’y avait aucun perdant. Mais que des gagnants. Le train s’arrêta. Le jeu était terminé.

Je n’aime pas dire que ce que j’éprouve à quelqu’un. Je n’est jamais dit "je t’aime" à une femme. Sauf à une, je ne pense pas que je l’aimais au début. A ce moment, elle devait être pour moi semblable à toutes les autres. Mais j’ai appris à l’aimer, j’ai appris à aimer. Je ne savais pas ce que c’était. J’aurais voulu ne jamais le savoir.
Aimer quelqu’un, c’est tout remettre en question. Sa vie, ses amis... soi-même. Aimer c’est être tellement attiré par une personne que l‘on touche la mort du doigt. On vit pour désirer la mort. Je l’ai aimée, je l’ai trop aimée, je l’ai aimée à l’en tuer. Et elle m’a aimée à s’en tuer, à en vouloir que je la tue. Elle est celle pour qui il vaut encore la peine de rester ici, même si elle est déjà partie.

Je la rencontre au lycée. Elle, un an de moins que moi. Elle n’a pas connu ce lycée sans moi autant que je ne l’ai connu sans elle. Elle est apparue pour moi, semblable à des dizaines d’autres qui arrivent tous les ans. Elle m’a découvert en même temps que l’immensité d’une nouvelle vie. Dès le premier instant, elle m’avait aimé. Au bout de trois semaines je l’avais repérée. Du haut de mon arrogance. Accompagné par des dizaines d’amis. Recherchant la fraîcheur de la jeunesse. C’est trop! Je me dégoûte. Qui suis-je pour pouvoir traiter cette jeune fille de cette façon? Qui suis-je pour revendiquer mes droits au sein de cette communauté dans le seul but de trouver une fille avec qui je passerai du bon temps et à qui je croirais faire passer du bon temps?
La jeune fille que j’avais repérée était discrète et incroyablement jolie. Parfaite. Elle parlait avec ses copines. Des filles superficielles. Non. Des filles normales. Je n’avais pas le droit de les juger par référence à ce que j’étais.
Je fis sa connaissance. Il s’agira d’une relation prometteuse. Je pensais à l’époque que je ne m’en lasserais pas avant au moins 2 mois. Imbécile!

Tous les matins, le jeu recommence, toujours les mêmes titillements. Toujours ces expressions vides, ne pouvant refléter ce qui se passait dans la vie extérieure. Il la regarde, elle le voit, tourne les yeux. Il les détourne à son tour. Merveilleux. Il oublit tout. Il oublit qu’il est un coureur de fille. Il oublit qu’il veut sortir avec la jeune fille moins âgée que lui, celle qu’il apprendra à aimer, celle qui le fera changer. La seule, l’unique.

Je suis pressé. Depuis le temps que je la connais, si seulement je pouvais l’embrasser. C’est la première fois qu’une fille me donne autant de fil à retordre. J’ai déjà passé suffisamment de soirées en tête à tête avec elle. J’aurais déjà dû passer à l’action.
Mes amis commencent à se poser des questions. Pourquoi ne se passe t-il rien? Pourquoi n’y a t-il eu rien de fait encore? J’ai honte. La réputation qui me précède désormais devient de plus en plus ridicule. Il faut que je la lâche pour en trouver une autre moins difficile.
Non. Je ne peux pas. Je suis attiré. C’est avec elle que je veux être ! Cela fait maintenant deux mois que nous nous connaissons. C’est long. Elle trouve des excuses. Elle veut être sûre. Mais je le suis déjà. Elle est timide. Je ne le suis pas.

Aujourd’hui, elle est bien au rendez-vous. Elle y est toujours d’ailleurs. Elle n’en manque jamais. Elle est toujours dans le même wagon, toujours mais cette fois elle n’est pas à la même place. Il y a quelque chose d’anormal. Elle est là, la symbiose se déroule toujours selon le même plan, cependant il y a une différence il ne sait pas se que c’est mais quelque chose ne va pas, il en est certain. Ce n’est pas chez la jeune fille du train, c’est plutôt dans sa véritable vie.
Mais pire que tout, il a vu un autre détail surprenant. Dans les yeux de la jeune fille normalement vide de toute expression, il a trouvé une larme.

Je suis seul avec elle, encore une fois. Je commence à douter qu’une relation entre nous deux puisse existée.
Il fait noir. Nous sommes au sous-sol, sous un escalier. Nous aimons cet endroit. Nous parlons. Peu, mais nous parlons. Je ne la vois pas. Je distingue juste ces traits dans la pénombre. Je l’entends renifler. Je lui demande ce qu’elle a. Elle me répond qu’il n’y a rien. Ça va passer. Et puis elle éclate en sanglots. Elle m’attrape. Je la prends dans mes bras. Je la serre et l’entend pleurer. Je sens la chaleur de son corps blottit contre moi. C’est la première fois que nous sommes aussi proches. Je lui demande une nouvelle fois ce qui ne va pas et elle me dit qu’elle m’aime. Elle dit qu’elle n’a jamais aimé personne autant que moi. Elle dit encore qu’elle en est malade, qu’elle m’aime à en mourir, et que c’est sans doute ce qui va finir par arriver s’y elle continue de m’aimer.
Je ne comprends pas. Je suis déconcerté. Je lui dis que nous pouvons nous aimer, je lui dis que moi aussi je l’aime...
Première défaillance, je me suis rendu compte plus tard de ce que je lui avais dit.
Elle me répond qu’elle ne peut pas m’aimer, elle me répond que je ne peux pas non plus. Et elle pleure. C’est atroce de voir son petit corps tout frêle, tout innocent dans cet état. Je lui demande pourquoi nous ne pouvons pas nous aimer? Elle me répond que toutes les excuses qu’elle m’avait dites jusqu’à présent étaient fausses. Elle me dit que si elle ne peut pas m’embrasser, c’est parce qu’elle est malade. Elle est atrocement malade. Elle risque de mourir. Et elle ne peut pas m’embrasser, sinon elle est sera certaine d’en finir. Elle saura si elle peut m’embrasser au moment où sa maladie la fera mourir si elle ne peut pas.
Je suis abattu. Quel choc ! Je remonte seul dans m’a chambre, alors que la même larme que celle qui tombait des yeux de la jeune fille du train tombe à présent sur mes joues.

Au fond de son lit, il est désorienté, confus. Il voit la lune à travers la fenêtre. L’astre l’entraîne encore un peu plus dans son propre désespoir de la nuit. Elle le plonge dans son abîme pour l’y noyer dans son jus de chagrin. Il n’a jamais été comme ça. Cette épreuve n’a pas fini de le changer. Que doit-il faire? Réagir comme il l’aurait fait avant: laisser tomber cette fille et en trouver une autre ? Non. Il ne peut pas. Il a changé. A présent il a des sentiments. Il le sent, il aime cette fille. Il ne la laissera pas tomber. Il l’aime. Il lui a dit.

La jeune fille du train l’avait bien prédit, il y avait bien quelque chose d’anormal. Savait-elle ce que c’était. J’en doute. Elle n’est que la fille du train. Celle dont je suis l’unique à connaître. Elle est toujours vide d’expression. Elle ne pleure plus. L’heure est venue de se battre ; c’est ce qu’il faudra que je fasse. Me battre pour celle que j’aime. Celle à qui j’ai dit "je t’aime". La seule, l’unique. Se battre... Pour qu’elle ne meurt pas. Mais y pouvons-nous vraiment quelque chose? La fille du train est toujours là. Elle ne manque jamais à son à devoir de me guider. Pas directement. Mais juste pour que je ne quitte jamais le droit chemin de la décence.

Je suis malheureux, et je partage ma peine avec celle que j’aime. Nous avons tout de même décidé de nous aimer. Au-delà de la maladie. Au-delà de la désespérance de notre condition. Nous nous aimons. Nous nous étreignons, nous sommes constamment dans les bras l’un de l’autre. Mais jamais nous nous ne nous embrassons. Atroce. C’est une autre épreuve à traverser. Plus insoutenable encore. Mais nous tenons. Nous n’avons pas le choix.

Je la regarde, abattue, je ne vois en elle aucun espoir. Aucune force de se battre. Seulement l’envie, le désir de m’embrasser. Plusieurs fois nous avons frôlé la catastrophe. Plusieurs fois nos lèvres on faillit se toucher. Plusieurs fois la haine nous est apparue contre l’amour, la haine d’avoir à endurer cette épreuve, de devoir nous confronter à cet obstacle. De ne plus avancer, de stagner toujours au même endroit. Arrêtés à jamais sur notre chemin.
Que faire? Attendre les trois mois qui restent. Attendre et peut-être la voir mourir, sans qu’elle en ait profité. Sans qu’elle n’ait profité de mes lèvres et sans que je n’aie profité des siennes ! Où bien tenter. La vie est un jeu, après tout, mais si nous tentons, alors elle devra attendre que je la rejoigne, là-haut, vers elle.
J’ai compris. Les mots seuls ne suffisaient pas. J’ai vu au-delà du corps de la belle et innocent petite jeune fille de 15 ans. J’ai vu que je l’aimais. Elle me l’a fait comprendre. Pour la première fois de ma vie, j’aime, et je suis malheureux d’aimer.
Je ne veux pas tenter. Je ne veux pas la voir mourir. Elle ne sait pas. Elle est partagée.
Notre amour n’est pas commun. Elle m’aime. Mais elle m’aime à en mourir.

Depuis le début de cette fable, l’espoir se tarit dans l’ombre. L’avoir dans ses bras sans pouvoir la posséder, il en veut à toute l’humanité de lui avoir concédé un seul grand amour à travers celle que jamais, jamais il ne pourra embrasser.

La jeune femme aux cheveux rouges dans le train, elle, ne l’aime pas. Lui non plus d’ailleurs. Ils sont le divertissement l’un de l’autre. Ils ne s’aiment pas, ils aiment l’attrait que l’un a pour l’autre. Ils aiment l’histoire du train, le jeu du regard, du titillement.
Elle est là, vide, indifférente. Seulement en apparence, en fait elle attend la venue de l’autre, de l’homme du train. Celui avec qui elle joue à un jeu. Aujourd’hui il est triste. Il y a une larme au coin de son œil droit. Mais il fait son possible pour paraître comme d’habitude. Mais la jeune fille voit bien qu’il n’est pas pareil. Elle voit bien qu’il est désespéré.
Mais rien n’y paraît, ils jouent encore.

Il fait nuit. Il ne devrait pas être dehors. S’il se fait prendre, il sera punit. Qu’est ce qu’il s’en fout ! Il est dehors car il a besoin de crier. Il y a toujours cette lune qui le regarde. Il lui hurle sa détresse. Il lui chante sa complainte. Astre de la nuit. Piédestal de la lamentation ! Entend les cris de cet homme. Pour lui le bonheur s’arrêtera bientôt. Il a vu dans ses rêves, l’immonde faucheuse d’âmes de la mort. Elle ne le désigne pas. Elle le regarde. Elle rit. Elle chante, qu’elle est heureuse. Et le jeune garçon s’effondre sur le sol, sous le regard de la l’astre de minuit, sous les regards de millions d’étoiles. Il tombe à terre devant la puissance de ce dilemme.
Il aime. Il ne veut pas du plus beau cadeau de dieu, l’amour. Il se relève. Il hait ce dieu que vénèrent ses parents, il l’insulte, lui lance des pierres. Il veut que ce dieu reprenne son amour. Il n’en veut pas. Ou alors qu’il reprenne sa maladie, il n’en veut pas n’ont plus. Ses yeux sont rouges à cause de la colère. Il voit le sang. Le sang des innocents. Pourquoi ce même sang doit-il toujours couler ?
Il ne veut plus rejoindre ce dieu. Il préfère l’enfer. Il haïra dieu aussi longtemps qu’il vivra et même un peu plus.

Tu m’a élevé, toute ma vie tu m’a fait comprendre que seul le bonheur comptait, le bonheur qui fait des heureux, le seul bonheur, qui existe et celui dont je suis malheureux. Je t’aimais, donc je mentais. Je te mens, toi le destin, mais j’aime. J’aime réellement. J’aime cette fille, l’innocente qui m’aime, mais j’aime aussi te détester. J’aime te mépriser. Je te méprise autant que tu as essayé de m’aider. Car tu n’as pas emprunté le bon chemin. Puisse-tu être renvoyé à dieu, avec ta cousine, la fatalité. Je n’avais pas pour habitude de t’avoir en horreur mais l’éducation que tu m’as donnée m’a appris à dédaigner la médiocrité. Tu m‘arrachais le cœur, tu m’écorchais la peau, tu m’a tué... alors je t’ai tué, je t’ai écorché de ma peau, je t’ai arraché de mon cœur! Tu m’as dominé, mais je domine mon destin. Être où ne pas être amoureux de son destin, être amoureux de soi, aimer se haïr. Haïr d’être amoureux... et d’être malheureux.

Elle n’est pas là. Où est-elle? Elle qui n’a jamais raté leur rendez-vous. Où est-elle? La fille du train. L’histoire s’est donc arrêtée. Elle est partie! Que se passera t-il maintenant? Reviendra-t-elle? C’est trop tard. Elle ne peut plus revenir. Ce ne sera plus elle. La fille du train a disparu !

Je suis dans ses bras. Elle ne tient plus, elle veut m’embrasser. Nous n’avons plus que deux semaines à tenir pour avoir la réponse. Mais si cette réponse n’est pas bonne... Le dilemme. Encore là. Saleté! Je ne veux pas la voir mourir, mais nos désirs de s’embrasser sont trop forts. C’est trop dur! Elle veut m’aimer, m’aimer pour toujours, que notre baiser soit le seul témoin de notre amour. Qu’elle me quitte ! Arrachez-la moi ! Vous n’arriverez jamais à faire disparaître notre amour. Au-delà de la mort, nous sommes plus fort que vous. Prenez-moi mon malheur ! Vous ferez peut-être alors des heureux. Ignoble !
Elle tourne la tête vers moi. Je la regarde. Elle me regarde. Ses yeux sont emplis de larmes. Elle me dit qu’elle veut mourir. Elle me dit qu’elle va mourir parce qu’elle m’aime. Elle veut que je l’aime. Que notre amour persiste. Elle me redit qu’elle m’aime à en mourir, qu’elle en mourra.
Elle s’approche de moi. Ses douces lèvres se posent sur les miennes. Une détresse si belle, si pauvre, mais preuve d’un amour intangible. Nos bouches s’entremêlent dans une dernière mélopée d’amour, dans le requiem du désir de deux jeunes adolescents qui s’aiment au-delà de la mort. Nous nous embrassons. Personne ne pourra alors plus nous dire que nous ne nous aimons pas. Nous sommes liés par le temps et l’espace. Par la fatalité.
Je sens le goût de ses lèvres jusqu’au bout, jusqu’à ce que ses lèvres froides lâches les miennes. Jusqu’au moment où sa tête tombe en arrière. Où je la retiens. Où je la regarde dans les yeux. Pour la voir partir, définitivement. Pour nous. Graver dans mon âme les derniers instants de celle que j’aimerais toujours. Celle que j’ai aimée au-delà de la mort. Celle qui est morte dans mes bras. Elle, la seule que j’ai jamais aimée et que j’aimerais jamais

La jeune fille du train n’a sans doute jamais existé. Sans doute n’est-elle que le produit de mon imagination. Mais elle subsiste en moi, en tant que ma création. Ce serait trahir son ego que de prétendre qu’elle est une personne semblable à des dizaines d’autres dans ce train. Elle est ma muse, mon inspiration. Je l’adore, mais ne l’aime pas. Je ne veux pas connaître sa personnalité, son regard me suffit. Elle n’a pas influencé mes choix sentimentaux, elle m’a seulement permis d’y voir plus clair. Et c’est déjà beaucoup…

Cette image n’aurait jamais dû existée. L’image d’un jeune homme de 16 ans qui porte dans ses bras la jeune fille de 15 ans qu’il a tuée. Celle qui lui avait dit qu’elle voulait mourir pour lui, pour eux. La fille innocente. La fille qu’il a aimé à l’en tuer. L’image de ce jeune garçon, et de cette jeune fille, morte d’amour.
Jeu 15 Juin 2006, 10:36 par Neus sur Histoires d'amour

Mont des brumes (2)

Un paysage que l’on devine dans la brume du matin. Il fait un froid humide, le soleil est loin de la ville, il ne peut percer la moiteur feutrée que l’on sent peser sur la citée... Dès l’aube, les bruits des voitures à chevaux se succèdent et envahissent la scène, se répercutent sur les immeubles, jusqu’au chapeau pointu de la dame de fer, immobile... Un homme, jeune, passe en chantant, sa voix forte est assurée. Son visage d’une joie réjouie qui se communique aux éboueurs et autres palefreniers qu’il rencontre. Il salue courtoisement les dames. Sur son dos un sac lourd, semble-t-il, mais qui à priori ne pese pas sur les robustes épaules ; de même au côté, porté sous le bras un paquet enveloppé de papier brun. Il est passé par le mont mais n’a pas dépassé le Chat Noir, enfin je ne sais plus, juste jeté un coup d’œil furtif ce me semble vers l’esplanade, trop occupé pour faire le détour. Plus tard... Machinalement, il serre plus fort son paquet. Il hâte le pas tandis que Notre Dame sonne Prime. C’est le printemps. Dans le cœur de Frédéric aussi. Il revient de Barbizon, où Camille l’a présenté à Millet et à Claude. C’est sous leur inspiration qu’il a peint. Un pari fou. Oui, oui, les paysans au champs... Un Millet plus Millet que Millet... Et ça a marché. Il faut dire qu’ils avaient drôlement bu. D’où est venu la gageure ? Il ne savait plus bien comment le ton avait monté mais il avait fini par dire que de rendre de l’impression lui il ferait ça en trois heures s’il voulait. « Pari tenu, il est fou, mais qu’il essaye seulement ». Oui, ils avaient vraiment bu. Mais même sous l’emprise de l’alcool, la technique du « jeune » était encore parfaite. Cela avait dessoûlé Jean-François qui n’arrêtait pas de répéter « c’est pas possible, on dirait que c’est moi qui l’ai peint »... Oui, c’était possible et la preuve il l’avait Frédéric, là, sous son bras. Maintenant, il devait aller sonner à cette maison de maître et donner à l’intention de la maîtresse des lieux le billet de Millet et « sa » toile. Et puis, attendre. Malgré l’heure matinale et sa tenue bohème, il fallait qu’il aille jusqu’au bout de ce pari stupide. Il n’allait pas reculer maintenant...
Lun 29 Mai 2006, 20:21 par dolce vita sur Histoires d'amour

L'amour avec toi

L’amour avec toi
c’est boule de feu
qui s’élève comme un soleil
dans mon coeur et dans mon ventre
c’est l’amour matin
celui qui donne faim
c’est l’amour câlin
tes lèvres qui embrassent les miennes
sans cesse
pendant que les miennes cherchent les tiennes
tout le temps
l’amour avec toi
c’est l’amour abandon
c’est ce désir qui ne veut plus partir
celui qu’est toujours là
l’amour avec toi
c’est ton plaisir qui vient, si plein
et le mien qui jamais ne s’assoupit
l’amour avec toi
c’est tes seins qui frissonnent dans mes mains
l’amour avec toi
c’est quand mon coeur se serre
quand tu pars pour d’autres bras
mais l’amour avec toi
c’est quand je touche partout... partout
vraiment
c’est je t’aime ... vraiment
pour d’la vraie
sans frime
avec mes rimes à deux balles
c’est quand j’me’ perds dans tes yeux lagunes
c’est quand tu ruisselles sur moi
c’est quand j’suis terriblement ton amour
tandis que tu es tellement le mien
c’est quand tu me dis je t’aime
n’importe quand
et que j’suis n’importe où
c’est quand j’te dis
viens dans mon île
comme à la création du monde
et entre mes lèvres
juste un souffle comme une prière
"garde nous... mon amour "
Dim 09 Avril 2006, 07:27 par Tanit sur Les liaisons sulfureuses

Aline

Un ami très cher a perdu son amour.
Après s’être battue contre la maladie,
Aline a fermé les yeux sur la souffrance.
Aline a quitté la vallée des larmes...
Je viens d’apprendre la triste nouvelle
Et mon coeur se serre de douleur
Pour ces amoureux séparés.
Pour celui qui demeure.
Aline s’est envolée
Et mon ami se meurt.
Il ne sait plus où est parti son cœur,
Il ne sait plus lui-même où il en est...
Les larmes coulent et ne peuvent rien arranger.
Aline s’est envolée...
Elle a rejoint l’éternité.
L’amour ne passe pas,
Il reste bien vivant dans le cœur de l’amant,
Il reste bien vivant dans le coeur de l’aimée.
Leur amour est mort
Leur amour est né.
Jeu 30 Mars 2006, 11:36 par dolce vita sur Mille choses
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Ecrire sur serré

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La citation d'amour

Quand on aime, ventre affamé n'a pas faim.

Plaute.

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