Points de vue (2ème partie)

Ecrit le: Sam 07 Mai 2011, 06:55 par dolce vita, 0 commentaire
A peine dépassé l’antique clôture, l’intrépide, protégée par la luxuriante végétation de ces lieux originels, devenait invisible aux regards de la ville. Derrière un bosquet de fusains, elle découvrit un chemin finement dessiné par un artiste de génie. Il était le jardinier de Giverny mais alors, plus secret, cultivant la féérie, s’appliquant à faire disparaître toute trace de sa divine main… Les teintes chaudes répondaient aux froides à merveille, c’était une invitation de tous les sens et elle n’était pas femme à bouder son plaisir. Elle prit le temps, tantôt humant un parfum subtil tantôt enivrée par une fragrance capiteuse. La tête lui tournait délicieusement. Puis, sans s’y attendre, au détour d’un couloir de bambous, elle se retrouva face à la maison de pierre blanche qui brillait doucement sous la boule de feu.
Elle vit la grande terrasse, la porte fenêtre ouverte, les rideaux mollement bercés par la brise. Une musique discrète parvenait jusqu’à elle, d’où s’échappait-elle ? Du cœur sensible de la maison, cela à n’en pas douter. Elle s’enhardit jusqu’à gravir les degrés, parcourir les pierres palpitant sous la caresse de l’astre. Elle posa le pied jusqu’au seuil de la grand-salle, vaste, spacieuse, aux meubles de miel, aux étoffes brochées, au luxe non ostentatoire, des brassées de fleurs baignant dans une lumière exquise, la douceur de vivre et le plaisir des yeux. Un souffle sur la nuque. Venez...
Elle sentait les coussins moelleux et les divans profonds. Elle sourit à l’évocation du poème resurgi de sa mémoire tel un phénix. Mon enfant, ma soeur, songe à la douceur... L’invitation la transperça. Un murmure intime. Viens. Elle ouvrit la porte et se trouva dans un hall habillé de miroirs en pieds qui se renvoyaient les mille visages d’un patio andalou. Au centre, un bassin mauresque. Viens. Elle suivait sa jupe légère, calice dansant sur les jambes libérées des lourdes étoffes hivernales, les yeux grands ouverts pour ne rien perdre de cette fantaisie délectable. Deux gemmes, deux saphirs. Deux papillons. Son cœur battait doucement et lui-aussi les miroirs se le renvoyaient ainsi que la bouche, découvrant des perles de nacre et les bras s’ouvrant sur des doigts écartés…
La musique ; elle pouvait palper la musique. Ooooh, ces notes (!) suaves, pétillantes et tendres rythmaient son cœur affolé. Elle frissonna. Une porte. Entrebâillée. Elle vit. Un piano à queue. Un fauteuil. Lourd. Ni de dos, ni de face, il reposait, la tête inclinée vers un tableau dont elle percevait le cadre, trop absorbée par le mystérieux personnage pour chercher à en deviner le motif, secondaire. Elle avait posé sa main sur la poignée de porte pour éviter qu’elle ne grince et n’osait plus bouger de crainte de ne trahir sa présence. Le buste penché en avant, les jambes droites, elle était toute absorbée par sa contemplation, en équilibre. Témoin indiscret d’une scène intime et tendre. L’homme ne semblait pas soupçonner sa présence. Ses regards se perdaient dans la contemplation de la toile. Il portait, selon elle, une chemise en soie pongée, de teinte pâle, qui aurait très bien pu s’ouvrir sur un torse au modelé accueillant. Cela, elle n’aurait pu en jurer. Elle le savait, c’était tout. Elle voyait le col souple sur l’épaule. Le bras puissant descendant sur la main aux doigts longs. Ah, ces doigts ! Ils allaient et venaient sur la partie tendre de l’inconnu. Et quel membre ! Une éloge à la virilité ! Ils caressaient et se faisaient gourmands, précis, experts… Elle sentait en elle la naissance confuse d’une femme fontaine, du plus profond au plus épidermique, elle répondait avec délice aux caresses muettes. Viens. Elle mordit doucement ses lèvres pour ne pas laisser échapper un cri. Elle était troublée, elle sentait des regards langoureux sur son dos cambré tel un effleurement et sa jupe se relever sans qu’aucune main ne l’y invite. Elle restait figée, voyeuse et objet de contemplation. En proie à un désir sauvage…Pourtant, elle en était certaine, il n’y avait personne dans le hall lorsqu’elle l’avait traversé. Viens.

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L’amour fantastique

L’amour fantastique De Chrétien de Troyes qui célèbre l’amour courtois à grand renfort d’un merveilleux prenant place en la mythique Brocéliande à Audrey Niffenegger (The Time Traveler’s Wife), en passant par tous les Avatar de James Cameron, l’amour vous transporte parfois d’un quotidien désenchanté aux pays des merveilles. En clair, le fantastique est à portée de vos cœurs. Laissez couler le récit de ces histoires d’amour à en perdre le sommeil.
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